28/12/2010

Colonisation 2.1.


Chapitre 2. Les dieux descendus du ciel


Las paléolingüistes de l'Université de La Lagune, à Ténérife, et de quelques autres universités à niveau mondial, avaient travaillé plus de deux ans á traduire les fameuses plaques trouvées dans les "catacombes" de Los Órganos, une fameuse falaise du nord de Ténérife (voir "Omyx: Encuentro Interplanetario"). Et les techniciens en microfilms, joints aux experts en informatique, avaient travaillé presqu'autant de temps pour agiliser la transposition des microarchives omyxiennes en documents que les lingüistes puissent lire.

Les plaquettes, dont on trouva des milliers, étaient faites d'un matériel semblable à du verre, parfaitement rectangulaires et presqu'entièrement noires. Mais, avec attention, on pouvait découvrir de petits points translucides, qui leur donnait l'apparence de microfiches. En utilisant des agrandisseurs photographiques, on avait découvert alors que chaque point translucide était en réalité l'équivalent d'un micropoint rempli d'une sorte d'écriture. Les premières études montrèrent qu'il s'agissait d'une espèce de forme primitive de grec combinée avec des pictogrammes de style égyptien, et l'on put déterminer -grâce à quelques substances qui leur étaient adhérées, qu'elles devaient avoir une antiquité supérieure à six mille ans. Le matériel des plaques elles-mêmes ne put être totalement identifié: il s'agissait d'une espèce de céramique, mais plusieurs de leurs composants étaient totalement inconnus sur Terre. Personne ne put expliquer comment avait pu être obtenue la transparence des points et moins encore comment ils avaient pu être microgravés.

La presse, qui sut de la découverte mais pas du contenu, baptisa rapidement l'ensemble comme "Bibliothèque de l'Atlantide", car l'une de légendes des Îles Canaries prétendaient qu'elles étaient le vestige de cette zone engloutie. Les paléontologues qui étudiaient les écrits mis à jour furent énormémement surpris et déroutés par leur variété et complexité. En appelant au cunéiforme, au grec primitif et à l'égyptien le plus ancien, ils pouvaient traduire près de quatre-ving pour cent des mots, mais même ainsi la plupart des textes restaient incompréhensibles pour eux. Ils contenaient beaucoup de formules apparemment mathématiques ou chimiques et des schémas de physique. Les graphiques et dessins étaient généralement plus faciles à interpréter et ce furent finalement des physiciens et des mathématiciens qui aidèrent le plus à interpréter le matériel découvert et à développer un nouveau dictionnaire. Il fallut des années pour reproduire les textes trouvés et des universités du monde entier constituèrent des équipes interdisciplinaires destinées à l'étude des microfiches. C'est ainsi qu'apparut un ensemble de plaques qui racontait l'histoire de ceux qui les avaient confectionnées.

Ce qui suit est la traduction des "Chroniques de la colonisation du système solaire" par les omyxiens.

* * *

La grande nef des colons était arrivée finalement au système Shamash et était repassée de la quatrième à la troisième dimension. L'appareil, de plus d'un kilomètre de long, enmenait près de vingt mille personnes, toutes spécialistes dans divers secteurs du savoir, et l'équipement dont elles pourraient avoir besoin pour travailler sur de nouvelles planètes. Le voyage leur avait pris dix mois de la quatrième dimension de l'espace, en utilisant la seule façon pratique -à cette époque- pour aller d'un système stellaire à l'autre sans perdre de nombreuses années. Cela était possible grâce à leur connaissance des six dimensions de l'espace-temps et à l'existence des moteurs hyperlumineux combinés avec les champs antigravitationnels.

Dans le navire voyageaient des représentants des deux peuples qui habitaient Omyx: les kentois (centaures) et les néfiliens (nefilim). Les kentois avaient été des guerriers et étaient les spécialistes en travaux lourds et utilisation de machines. Les néfiliens étaient des spécialistes des arts et des sciences mentales: depuis la philosophie jusqu'à l'informatique. Ils dominaient aussi l'astronomie, et celle-çi combinée avec les mathématiques, leur avait permis de résoudre les problèmes des voyages interstellaires.

Les scientifiques néfiliens savaient depuis longtemps que l'espace n'a pas trois dimensions mais cinq, malgré que nous ne sommes capables de n'en observer que trois avec nos sens et que les autres dimensions n'ont aucune importance au niveau local. Mais cette connaissance et celui du comportement fluctuant de la quatrième dimension spatiale était fondamentale pour les voyages spatiaux à longue distance. Dans la quatrième dimension, les distances de l'espace qui nous semblent planes dans les différentes directions apparaissent en réalité comme formées par une suite alternée de courbes, comme les vagues de la mer. Mais ces "vagues" ne sont pas statiques: elles se meuvent constamment, s'applatissant ou se relevant, se rapprochant ou s'éloignant. Ainsi, la géographie astronomique montre de constantes variations en matière de distances relatives. Si nous prenons une carte sur papier avec quelques systèmes stellaires et nous faisons que cette feuille forme des plis comme un accordéon, nous pouvons voir que quelques étoiles se rapprochent. Les unes seront sur le haut d'une crête et les autres dans un creux. Ainsi, le meilleur moyen de voyager d'une étoile à l'autre, écourtant la route (et le temps de voyage) est de la faire par la quatrième dimension quand les deux étoiles sont sur le haut de leur vague et quand ces vagues se rapprochent le plus.

Cela implique, évidemment, de disposer d'une technologie qui permette de traverser les barrières de la troisième dimension et d'utiliser la quatrième. Mais, même ainsi, le voyage pourrait être très long si l'on utilisait les moyens de transport conventionnels. Bien que les néfiliens connaissaient déjà les bases de la translation quantique, ce système n'était pas encore applicable à des vaisseaux de passagers. Ni même à des nefs d'exploration automatique, car la transformation quantique nécessaire affectait les mémoires artificielles. Mais ils connaissaient parfaitement la technologie de lévitation magnétique et, avec celle-çi, ils avaient développé la capacité de construire des vaisseaux à capacité antigravitatoire, ce qui permettait que personne, à l'intérieur, ne sente les effets de l'accélération, aussi élevée soit elle. Cela permettait aussi le déplacement à basse vitesse dans la proximité d'une planète, mais n'y permettait pas l'aterrissage car les nefs étaient nécessairement énormes et, en éteignant les moteurs, pouvaient s'enfoncer dans le sol si elles ne disposaient pas de plateformes de grande résistance.

Pour le voyage interplanétaire, ils avaient développé le moteur hyperluminique et l'avaient testé sur des fusées automatiques qui n'avaient pas besoin d'antigravitation. Mais elles devaient développer une accélération maxima pour atteindre et dépasser de 20% la vitesse de la lumière si on voulait écourter le temps de voyage.

[Note: On a effectivement prouvé récemment en laboratoire que, dans des conditions spéciales, la lumière peut voyager à une vitesse supérieure à la limite connue. Cela ne veut pas dire qu'on pourrait "aller plus vite que la lumière", mais bien que la lumière peut être accélérée.]

Seule une forte accélération permet de profiter réellement de la vitesse luminique pour voyager vers d'autres étoiles et d'en revenir en une période de temps humainement utile. Ainsi, les néfiliens construisirent des vaisseaux automatiques hyperluminiques qui, en passant par la quatrième dimension, leur permirent d'explorer les systèmes solaires les plus proches où leurs astronomes avaient découvert des systèmes planétaires où la vie serait possible.

Ayant découvert avec ces sondes, à une distance tridimensionnelle de vingt années lumière, un système qu'il appelèrent Shamah, ils obtinrent des données très prometeuses sur trois des neuf planètes de ce système. Alors que les quatre extérieures étaient gaseuses et les deux plus centrales trop petites et trop chaudes, les trois restantes réunissaient des conditions adéquates pour abriter la vie. [Une des trois devrait disparaître plus tard, laissant les deux que nous connaissons aujourd'hui: la Terre et Mars.] Il n'y avait là-bas aucun indice de civilisation technologique. Et la troisième planète à partir du soleil montrait une énome extension d'eau. Cette découverte mit en marche les plans de construire la nef hyperluminique antigravitatoire capable d'emporter une grande dotation d'omyxiens avec la mission de commencer la colonisation des trois planètes habitables.

21/12/2010

Colonisation 1.4.

De retour à son bureau de Bruxelles, Trompel alluma son ordinateur et y passa les dossiers copiés à Louvain. Il se connecta ensuite au Registre de la Population pour chercher les membres de la famille de Pollion. Ainsi, il découvrit que ses parents étaient morts deux ans auparavent et qu'il ne lui restait qu'une soeur vivant à Namur. Il passa à la connexion spéciale de la PJF avec la compagnie téléphonique et obtint le numéro de Joséphine Pollion. Comme il était déjà plus de six heures du soir, il comptait la trouver chez elle et elle lui répondit en effet immédiatement. Il se présenta et lui demanda si elle avait des nouvelles de son frère.

- Il est parti à la mi-juillet pour l'Arabie Séoudite. A ce que je sais, il devait s'y embarquer pour réaliser des explorations sous-marines dans le Golfe Persique et devait revenir les derniers jours d'août pour reprendre ses cours à l'université début septembre. Pourquoi la police me demande-t'elle cela? Il lui est arrivé quelque chose?
- Le fait est qu'il n'est pas arrivé pour commencer ses cours et le doyen de sa faculté s'est inquiété, nous dénonçant sa possible disparition. Votre frère n'aurait pas dû vous avoir contacté à son retour?
- Oh, c'est le typique savant distrait! S'il a trouvé quelque chose d'enthousiasmant, il aura été obnubilé par sa trouvaille et la publication qu'il pourrait en faire. Comme cela est arrivé plus d'une fois, je ne trouve rien d'étrange s'il se passent deux ou trois mois sans rien savoir de lui, surtout lorsqu'il part en expédition.
- Je comprends alors que son retard ne vous inquiétait pas.
- Pas du tout. Mais s'il ne s'est pas présenté à l'université, je m'inquiète maintenant. Il était très respectueux de ses obligations envers ses étudiants. Sans doute que son assistant, à la faculté, devrait pouvoir vous aider: il doit être au courant de son calendrier et de ses plans.
- J'ai déjà parlé avec elle, et c'est elle qui a alerté le doyen de son absence.
- Je le regrette beaucoup. J'espère que vous pourrez le trouver et que rien de grave ne se sera passé. Je vous en prie: maintenez-moi au courant! Maintenant, vous m'avez sérieursement inquiétée.
- Vous pouvez y compter. Merci, madame Pollion.
- Au revoir, inspecteur.

Trompel calcula l'heure et pensa que c'était une bonne heure au Mexique pour parler avec Gordon Harris. Il avait obtenu ses numéros de téléphone et, à cette heure, il devait être chez lui. Quelqu'un lui répondit d'abord en espagnol, langue qu'il parlait suffisemment bien pour expliquer qu'il désirait parler personnellement avec l'archéologue et comprendre qu'on lui demandait de patienter. Quelques minutes plus tard, il commençait la conversation avec l'intéressé, lui expliquant les raisons de son appel et l'inquiétude surgie à l'université.

Gordon s'étonna du retard mais explica qu'il avait laissé Pollion à Dubai, où il photografiait les tablettes trouvées au fond du Golfe Persique, et travaillait avec le docteur Kauffman à leur traduction. C'était le 15 août et Pollion avait sa date de retour fixée pour le 24.
- Peut-être qu'il s'est enthousiasmé avec une découverte dans ces textes et il est même possible qu'ils soient retournés en mer. Ils parlaient de louer le bateau pour une semaine de plus, parce que l'expédition eut beaucoup plus de succès que prévu et ils voulaient râtisser une zone subaquatique plus ample que l'initiale.
- Ils avaient découvert quelque chose de si important pour retourner inmédiatement et chercher encore plus?
- Nous avons trouvé les fondations d'une grande construction et, à l'intérieur, une espèce de petit dépôt de tablettes précunéiformes. A ce que j'ai pu lire de celles qu'avait déjà traduites Müller, un texte disait que "les dieux vinrent du ciel et divisèrent la mer" et que le créateur était "au coeur du ciel". Il avait créé le monde par étapes (comme le dit la Bible) et il y eut plusieurs essais ratés de création de l'homme, avec de la boue et du bois, jusqu'à ce qu'il combina "une semence et du sang". Le premier homme pouvait voir toute la Terre, qui était ronde, et cela ne plut pas aux dieux qui lui réduisirent la vision. Il fut créé pour rendre culte aux dieux et les servir (travailler pour eux). Vous ne croyez pas que cela pouvait nous pousser à chercher davantage? Nous savons qu'il y eut cinq villes avant le déluge. Ce que nous avons trouvé correspond sans aucun doute à l'une d'elles, peut-être la première, et il faudra d'autres expéditions pour chercher les autres. Mais nous avons trouvé un édifice. N'y en a-t'il pas d'autres tout près? Ayant encore du temps, Pollion et Kauffman, avec ce qu'ils ont traduit, pourraient bien avoir convaincu Ben Rachid de leur financer une autre semaine en mer.
- D'accord. Donc Kauffman est celui qui peut en savoir le plus maintenant au sujet de Pollion.
- Probablement.
- J'essayerai de le contacter. A propos, avez-vous trouvé quelque chose qui relie les sumériens au Mexique? L'assistante de Pollion à l'université m'a dit que vous cherchiez ce genre d'information.
- Il y a en effet des textes présumériens qui désignent les travailleurs humains comme "têtes noires". Mais, à ce que j'ai pu lire maintenant, rien n'indiquait des voyages vers le couchant.
- Je le regrette. J'espère que vous aurez plus de chance dans l'avenir. Merci pour vos informations.
- Si je puis encore vous être utile, ne doutez pas de m'appeler. ET informez-moi de vous progrès, je vous prie. Le retard de mon ami me cause aussi de l'inquiétude.
- Je vous maintiendrai au courant. Au revoir.
- Au revoir.

Trompel passa à son propre ordinateur les dossiers de son pendrive. Il ne pouvait les lire tout de suite car il avait aussi d'autres affaires à suivre. Vu l'heure, il les laissa pour le lendemain. Comme l'avait siggéré Marguerite Luyckx, il commença alors par la farde "Bib-Atlantide", qui le surprit énormément. C'était un matériel qui n'avait pas encore été publié. Et ce sont les premiers chapitres qui suivent.

15/12/2010

Colonisation 1.3.

- Je suis fort surpris que vous pensez établir des relations entre les mayas et les sumériens -dit Trompel, qui avait quelques connaissance d'histoire de l'art-. Il y a vraiment des indices ou c'est une idée folle de cet américain?
- Le docteur Harris n'a rien de fantaisiste. Il y a efectivement des indices sûrs que tant les africains comme des gens de l'est de la Méditerrannée ou de la zone mésopotamique sont arrivés en Amérique il y a des milliers d'années. Je vous recommande de jeter un coup d'oeil, si vous en avez le temps, sur les têtes olmèques, qui ont sans aucun doute des traits clairement africains, et les têtes de Tres-Zapotes, qui ont des traits sémitiques. Le livre "Gateway to Atlantis" [ "Les routes de l'Atlantide" ], de Andrew Collins, peut vous illustrer en détail sur ce sujet. Et, malgré son titre, il ne traite d'aucune fantaisie sur l'Atlantide. Laquelle, d'ailleurs, est de moins en moins considérée comme un mythe bien que sa localisation reste objet de controverse.


[ Note: On ne sait rien de l'arrivée d'africains en Amérique avant Colomb,
ce qui fait des têtes olmèques un grand mystère. ]


- L'Atlantide n'est pas un mythe?
- Tout semble indiquer que non. Vu que l'histoire du déluge universel apparait dans de nombreuses cultures, tant en Inde qu'en Amérique et en Asie Mineure, les probabilités de ce que non seulement de petits villages mais aussi des vraies villes aient été submergées par les flots ne sont pas simplement hautes sinon très sérieusement établies, comme dans le cas de la première colonisation mésopotamique qu'étudie mon professeur. J'ai ici une reproduction qui vous montrera que le déluge doit avoir été connu, par exemple, par les mayas: on l'appelle "le Noé maya".

[Reproduction adjointe, de D.Childress: "Les technologies des dieux", p.62]

Luyckx continue à expliquer:
- Le récit du déluge le plus connu est celui de la Bible, mais nous sommes assez convaincus que ce dernier est une version tardive d'un récit sumérien bien plus ancien. Les excavations géologiques démontrent que la Méditerrannée et la Mésopotamie souffrirent une grande inondation entre les années 4.000 et 3.500 a.C., appellée la Transgression Flandrienne, qui fit monter de trois mètres le niveau des mers. Cette inondation ne put détruire les villes et ne correspondrait donc pas au vrai déluge, qui daterait plutôt d'il y a 10.000 ans, époque de la fin de la dernière grande glaciation, quand le détroit d'Ormuz s'ouvrit et laissa entrer la mer. S'il y avait là des villes ou groupements humains, elles furent rasées. Les côtes actuelles du Golfe Persique datent de 8.000 a.C.

L'une des plus anciennes tablettes sumériennes qu'on ait trouvées, où l'on parle du "navire royal qui descendit du ciel" et de la fondation des cinq premières cités, dit que les dieux se fâchèrent pour les fautes des hommes et décidèrent leur châtiment par le déluge. Mais l'un des dieux eut pitié et dit à Zisudra -le Noé sumérien-:
"Prend ma parole, écoute mes instructions: une inondation couvrira les centres de culte pour détruire la semence de l'humanité. C'est la décision, la parole de l'assemblée des dieux." Il manque ensuite un morceau de tablette, probablement avec des instructions pour que Zisudra construise un bateau, puis le texte continue: "Toutes les tempêtes, exceptionnellement puissantes, attaquèrent ensemble et le déluge couvrit les centres de culte. Pendant sept jours et sept nuits, le déluge couvrit le pays et le grand bateau fut secoué par la temête sur les grandes eaux." Cela concorde de façon extraordinaire avec le récit biblique sur Noé (Genèse 6,13-17), bien que le déluge y dure quarante jours au lieu de sept. (S.N.Kramer: "History begins at Sumer", Univ.of Pennsylvania Press, 1991)

Ces anciens textes sumériens nomment cinq villes construites "avant le déluge": Eridu, Badtibira, Larak, Sippar et Shurrupak. On a trouvé des ruines de plusieurs de ces villes en Irak, mais la plus ancienne, Eridu, date de 5.000 a.C., ce qui signifie que tant elle comme les autres ont été construites après le déluge et bien plus au nord de leur position originale. Ce sont les ruines prédiluviennes que le professeur Pollion espère trouver sous les eaux du golfe.

- Vous avez accès au bureau du professeur et à ses documents? A son ordinateur?
- Bien sûr, vu que je dois parfois le remplacer. Vous voulez les voir?
- Cela me semble indispensable. C'est le premier endroit où je dois chercher des pistes maintenant, car je n'ai rien trouvé à son domicile. Après, je tenterai de toucher ses conpagnons de voyage. J'espère que vous pourrez m'indiquer comment les contacter.
- Nous trouverons ces informations dans son bureau. C'est au deuxième étage. Je vous y mène. Je ne m'étonne pas de ce que vous n'ayez rien trouvé chez lui: à peine s'il y dort. Il est toujours ici, dans son bureau, à la bibliothèque ou en classe. Ou en expédition.

Ils montèrent par l'escalier, lequel -à son arrivée au palier du deuxième étage- ouvrait sur deux longs couloirs remplis de portes de chaque côté.
- Celui-çi est l'étage des professeurs d'histoire -dit la jeune fille, en avançant vers la gauche-. Le bureau de mon tuteur est presqu'au bout.

Arrivés face à la porte 223, elle sortit une clé et ouvrit. La pièce était petite, de pas plus de deux mètres sur trois, avec une table, deux chaises et des étagères sur deux des murs, alors qu'une fenêtre envoyait le plus de lumière vers le mur qui était face à la porte. Comme dans tous les bureaux d'académiciens, les planches étaient pleines de livres et de documents, sauf de rares espaces réservés à une grande carte du Moyen Orient et à quelques photos de cités en ruines et une reproduction qui semblait être un agrandissement d'une tablette couverte de caractères cunéiformes. Le professeur ne pouvait mieux proclamer sa spécialité.

- Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de papiers qui puissent vous être utiles -lui dit-elle alors-. Tout le travail du professeur est dans son ordinateur avec une copie dans le serveur de sécurité de l'université. Il doit aussi, bien sûr, avoir emporté le plus important dans son portable, pour l'expédition.
- Puis-je consulter sa machine?
- Il ne devrait pas y avoir d'inconvénient. Il n'encryptait pas ses archives. Son password d'entrée est "nefilim", un mot sumérien très suggestif pour lui. Je suis sûrement la seule à le connaître, pour pouvoir accéder à ses notes de cours en cas de son absence.

Trompel s'assit face à l'ordinateur, l'alluma, se susprit en voyant qu'il n'ouvrait pas un écran Windows sinon Linux -système d'exploitation généralement réservé à de plus experts mais excellent pour manipuler des bases de données interactives-, séleccionnat l'accès "General" et écrivit la clé "nefilim". Plusieurs dossiers apparurent, l'un desquels avait comme nom "Bib-Atlantide" et un autre "golfepersique". Il montra celui-çi du doigt:
- C'est le directoire de son expédition?
- Oui. Et dans cet autre, marqué "En cours", vous trouverez les dernières choses qu'il a fait et son calendrier.
- D'accord. Je ne voudrais pas vous quitter plus de temps et il n'y aurait pas de sens à ce que je reste ici à étudier tout cela. Je vais copier ces deux dossiers sur mon pendrive et je les explorerai à mon bureau. Si vous découvrez autre chose qui puisse m'aider, téléphonez-moi -et il lui passa une carte de visite-. Si j'ai besoin d'autre chose, je vous avertirai. Comment pourrais-je vous toucher?
- Vous pouvez me laisser un message auprès de la secrétaire de la faculté ou m'envoyer un courriel à joluyckx@ucl.be. Je vous suggère de copier aussi le "Bib-Atlantide": il y a là des éléments clés au sujet des dernières découvertes historiques faites à Ténérife et qui ont été un des principaux motifs qui ont poussé le docteur Pollion à mettre en route son expédition.
- D'accord. Merci. Bonne chance pour vos cours!
- Merci aussi. Pourvu que vous nous rameniez le professeur! C'est un brave homme et un grand expert!

07/12/2010

Colonisation 1.2.

Après avoir déjeûné (dîné, selon la nomenclature belge), il se rendit à la Gare Centrale pour prendre un des trains qui, chaque demi-heure, menaient à la petite ville universitaire de Louvain-la-Neuve. A la place Blaise Pascal se trouvait la Faculté de Philosophie, Arts et Lettres, dont dépendait le Département auquel était adscrit Jean Pollion. Le doyen, qui l'attendait, renvoya une autre visite et le reçut immédiatement, lui expliquant que l'académicien aurait dû être revenu d'une expédition archéologique dans le Golfe Persique, à laquelle il participait durant les mois de vacances afin de ne pas perturber le programme d'enseignement. Mais il ne s'était pas présenté ni avait envoyé de ses nouvelles. L'expédition comptait avec l'appui officiel de la Faculté, mais le financement provenait exclusivement des Émirats Arabes et, à part les techniciens, deux autres enseignants accompagnaient le professeur: le docteur Gordon Harris, de l'Université Nationale Autonome de Mexico et le professeur Heinz Kauffman, un éminent lungüiste allemand, expert dans les anciennes langues de Mésopotamie.

- Vous avez tenté de contacter ces personnes? -demanda Trompel.
- Bien sûr. Mais ils sont introuvables. Le téléphone de Kauffman ne répond pas et à l'UNAM on répond que le docteur Harris est en vacances aux Etats-Unis et rentrera la semaine prochaine.
- Quel était l'objectif du voyage au Golfe Persique?
- Jean Pollion est un expert en sumériens et recherche les origines de la civilisation dans cette région. Il en a étudié divers documents qui parlent de colonisateurs venus avant l'innondation du golfe, ce qui l'a porté à penser qu'il pourrait y avoir là des ruines submergées des premières villes, qui seraient alors les plus anciennes du monde.
- Et quand devait-il être de retour?
- Comme vous le savez, nous inaugurons l'année académique le premier lundi de septembre, soit il y a une dizaine de jours. La coutume est que tous les professerus titulaires soient présents à la cérémonie, mais ce n'est pas obligatoire. Nous ne nous sommes pas inquiétés jusqu'à ce que son assistante m'a averti qu'il n'était arrivé à aucune des deux premières classes et que son téléphone donnait toujours un ancien message. C'est alors que j'ai décídé de faire appel à la police.
- Il aurait donc dû revenir du Golfe fin août?
- Exact. Je ne sais pas la date exacte. Il est possible que son assistante en sache plus. Elle pourra aussi vous informer plus en détail sur le programme de recherche et les plans du professeur. Je lui au demandé de venir pour que vous puissiez l'interroger. Elle doit vous attendre maintenant dans l'antichambre. Si l'unversité peut faire quelque chose de plus pour vous, avertissez-moi. Mais je suis sûr qu'elle pourra vous être plus utile que moi pour aider à trouver le professeur et découvrir ce qui s'est passé.
- D'accord et merci. Je ferai mon possible pour tout combiner avec elle. Au fait, comment s'appelle-t'elle?
- Marguerite Luyckx.
- Bien. Au revoir.
- Merci monsieur Trompel et bonne chance. Pourvu que vous puissiez nous le ramener sains et sauf!

Marguerite Luyckx attendait effectivement le détective auprès de la secrétaire du doyen. C'était une jeune fille de vingt-cinq ans, frêle, blonde et avec de grands yeux verts. Pendant qu'elle conduisait Trompel au bureau où elle travaillait, elle lui expliqua qu'elle préparait son doctorat en histoire et que le docteur Pollion était son directeur de thèse car elle recherchait les éléments qui unissaient entr'elles toutes les premières civilisations, depuis l'Asie jusqu'à l'Amérique, en passant par le Moyen Orient. C'est pour cette raison qu'elle avait été admise comme assistante l'année antérieure et avait collaboré à ses classes. En l'absence de son mentor, elle s'était vue obligée de le remplacer pour dicter la matière correspondante au semestre, en se basant sur le plan de l'an dernier.

Trompel lui demanda quels étaient les plans de l'expédition de Pollion. Elle explica alors qu'elle avait été préparée pendant un an et que le voyage avait été fixé pour juillet et août pour ne pas perturber le programme de cours des trois chercheurs: Pollion, Harris et Kauffman. Gordon Harris était un archéologue américain installé au Mexique, qui travaillait pour l'UNAM et pour le Musée National d'Archéologie. Il explorait les relations entre les sumériens et les mayas, thème sur le lequel il disposait de plusieurs indices. Heinz Kauffman, de Berlin, les accompagnait pour les aider à relire et interpréter les copies des plaquettes sumériennes qui leur servaient de pistes et, éventuellement, traduire celles que -avec de la chance- ils espéraient trouver au fond de la mer.

Ils avaient loué pour un mois un navire d'exploration des entreprises Cousteau, avec un équipement électronique d'exploration et cartographie sous-marine ainsi qu'un groupe d'hommes-grenouilles pour les aider en cas de trouver les ruines qu'ils cherchaient au fond du Golfe Persique.

Elle lui parla aussi des difficultés qu'ils avaient rencontrées pour obtenir les autorisations: la localisation exigeait des permis d'Irak, des États-Unis (encore chargés de la sécurité de ce pays) et de l'Arabie Séoudite, qui contrôlaient tous le golfe. Gordon Harris avait obtenu l'autorisation américaine grâce à ses contacts avec des sénateurs qui patrocinaient quelques uns de ses projets et, par ce conduit, aussi d'Irak. L'expédition étant financée par Ben Rashid, un important sheik propriétaire de puits de pétrole, l'autorisation de l'Arabie -autrement impossible d'obtenir- provint grâce à ce dernier.

30/11/2010

Colonisation 1.1.

Chapitre 1. Disparu

Le commissaire Servais avait reçu ce jour-là un avis peu commun: un professeur de l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve n'était pas apparu pour dicter ses cours, au début de l'année académique, et les autorités de sa faculté n'avaient pas réussi à le contacter. Comme il n'y avait pas de bureau de la PJF dans cette petite ville universitaire, la communication avait été reçue à la centrale de Bruxelles et le rapport avait été remis au bureau de Servais. Il indiquait que l'auteur de l'appel était André Machtens, le doyen de la Faculté de Philosophie, Arts et Lettres de l'UCL, de qui dépendait le Département d'Histoire et Archéologie auquel appartenait le professeur perdu, de nom Jean Pollion.

Servais téléphona alors au numéro signalé et se fut mis en rapport avec le doyen Machtens.
- Le professeur Pollion aurait dû commencer ses cours la semaine dernière -expliqua se dernier-, mais il ne s'est présenté ni pour la cérémonie d'inauguration de l'année académique ni pour les deux premières classes. Il n'a pas plus averti son assistante, comme il aurait dû le faire au cas où il serait malade, pour que ce dernier le remplace. L'assistante a téléphoné chez lui, mais personne ne répond, sauf le répondeur automatique qui continue à avertir que le professeur est en cours d'expédition archéologique et rentrera fin août. La jeune fille m'a donc averti, pensant que je pourrais contacter un membre de la famille qui aie quelque nouvelle du professeur. Mais nous n'avons aucune donnée au sujet de sa famille, ce qui ne nous a pas permis d'en savoir plus, et ceci m'a poussé à recourrir à vous pour dénoncer ce qui semble être une disparition.
- Vous avez bien fait malgré que vous n'auriez peut-être pas dû attendre aussi longtemps. Les pistes, malheureusement, tendent à s'effacer avec le temps ou de "se refroidir", comme nous disons, nous.
- Il est fréquent qu'un professeur manque à une classe et ce n'est pas une raison pour dénoncer sa disparition. A peine ais-je su qu'il avait manqué une seconde fois et que son téléphone n'était pas à jour, j'ai fait la démarche.
- D'accord. Je vais vous envoyer un inspecteur pour que vous lui donniez tous les détails possibles et pour qu'il parle avec l'assistante. Cet après-midi même, cela vous convient?
- D'accord. Je l'attendrai et lui donnerai priorité. J'espère que rien de grave ne sera arrivé au docteur Pollion et qu'on le retrouvera sain et sauf. C'est notre meilleur expert en cultures antiques.
- Bien. Racontez tout cet après-midi à mon inspecteur. Entre-temps, j'enverrai aussi un de mes hommes à investiguer la résidence du professeur. Vous pourriez me donner son adresse?
- Je vous passe ma secrétaire: elle pourra vous la donner.
- Merci. Au revoir!
- Au revoir!

Après avoir reçu l'adresse, Servais appela un de ses subordonnés, l'inspecteur Jef Trompel, et lui raconta la conversation, le chargeant de l'enquête. Il devait aller tout de suite à la maison du professeur puis, après, à l'université.

L'archéologue vivait à l'avenue des Dryades, à la commune de Boitsfort. Trompel prit le bus 33 qui le menait jusqu'aux "Trois Tilleuls", à deux pâtés de maisons. Jean Pollion vivait seul, ayant hérité la maison de ses parents. Mais il avait une servante du magreb qui allait faire le nettoyage deux fois par semaine et s'occupait aussi de porter le linge sale au lavasec et de l'en retirer. Elle était heureusement là à ce moment, et Trompel n'eut pas à forcer la porte, bien qu'il eut du mal à obtenir que la femme le laisse entrer. Sa carte de police finit par la convaincre, mais elle ne répondit à ses questions qu'à demi-mots, clairement effrayée par le policier.

Il n'y avait pas trace de l'occupant et la femme de ménage confirma qu'elle ne l'avait pas vu depuis deux mois. Le détective chercha inutilement un ordinateur. Sans doute avait-il un portable et l'aurait emporté. Ou bien il travaillait uniquement sur l'ordinateur de l'université. Tout était en ordre dans la maison et rien ne permettait de penser à un séquestre. L'employée confirma que le propriétaire aurait déjà dû être de retour et était fâchée parce qu'il ne lui avait pas payé le dernier mois. Mais Trompel ne put rien en tirer de plus. Il rentra ainsi bredouille à son bureau, prit quleques notes pour son rapport, et se prépara à partir pour Louvain.

23/11/2010

Colonisation

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Colonisation
(Il y a 10.000 ans)
Avertissement

Bien que ce roman puisse paraître à certains moments une nouvelle de science fiction, il n'en est pas ainsi. Comme le lecteur pourra l'apprécier au cours de sa lecture, il s'agit plutôt d'un roman de semi-fiction archéologique, avec quelques allusions technologiques, mais basé sur des découvertes réelles. Une très bonne synthèse en français de ces découvertes et bases scientifiques peut être trouvée dans le livre "La race de la Genèse", de Will Hart. Nous l'avons lu après avoir terminé la rédaction du présent roman, mais nous avons eu accès à de nombreuses autres sources, connues aussi par cet auteur, source que nous citerons de temps à autre. Quelques sources citées sont de versions espagnoles, qui furent les plus accessibles pour nous.

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Pour différencier les sources des textes reproduits ici, nous utiliserons la couleur habituelle pour notre propre rédaction, le vert pour les citations d'auteurs modernes, et le rouge pour la traduction de légitimes textes antiques.
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¡Bonne lecture!
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Prologue


"Pendant de nombreux millions d'années de son interminable commencement, l'Homme a été un fils sauvage de la nature; il survivait en cueillant des aliments qui croissaient librement, chassait des animaux sauvages, capturait des oiseaux et des poissons. Mais, juste quand les rassemblements humains étaient sur le point de disparaître, juste quand ils abandonnaient leurs foyers, quand leurs premiers développememnts "techniques" et artistiques s'estompaient, juste alors (entre 27.000 et 11.000 a.C.), tout à coup, sans motif apparent et, sans qu'on ne connaisse de période intermédiaire de lente préparation, l'Homme est devenu agriculteur. [..]

Les études génétiques confirment les découvertes archéologiques et ne laissent aucune place au doute de ce que l'agriculture a commençé exactement là où l'Homo Sapiens avait surgi auparavent avec sa première et tosque civilisation: au Proche Orient. Jusqu'à présent, il n'existe aucun doute que l'agriculture s'étendit dans le monde depuis l'arc formé par les montagnes et les hautes terres du Proche Orient. [...] En pas plus de 3.000 ans -une nuit, pour l'extension temporelle de cet interminable commencement- l'Homme est devenu agriculteur et domestica les plantes et les animaux sauvages. [...]



Vers le septième millénaire a.C., l'arc de civilisation du Proche Orient était innondé de cultures de la glaise et de la céramique, qui élaboraient un grand nombre d'ustensiles, ornements et statuettes. Vers 5.000 a.C, au Proche Orient on créait des objets de glaise et céramique d'excellente qualité et aspect. Mais, une fois de plus, le progrès se ralentit et, vers 4500 a.C, selon les évidences archéologiques, il y eut une nouvelle régression. [...]

Après, subitement, de façon inespérée et inexplicable, el Proche Orient fut témoin du fleurissement de la plus grande civilisation imaginable, une civilisation dans laquelle plongent fortement nos racines. Une main mystérieuse sortit l'Homme, une fois de plus, de son déclin et l'éleva à un niveau de culture, de connaissances et de civilisation bien supérieur. En Mésopotamie."

(Extrait traduit de Z. Sitchin: "El 12º Planeta", pp.7-10)

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"La différence cruciale entre les dieux et les extraterrestres à l'allure de dieux ne réside pas dans leurs propriétés mais dans leur provenance. Les entités suffisamment complexes pour être intelligentes résultent d'un processus évolutif. Si semblables à des dieux qu'elles puissent paraître quand nous les rencontrons, elles n'ont pas débuté comme des dieux."
(R.Dawkins)

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Du Livre de la Genèse, Chapitre 6:

"Les fils des dieux virent que les filles des hommes étaient bien, et prirent pour épouses à celles qu'ils préféraient centre celles-là. [...] Les nefilim étaient sur la Terre, en ces jours là et aussi après, quand les fils des dieux cohabitaient avec les filles d'Adam et elles leur donnaient des fils. Ils furent les puissants de l'Étermité, le Peuple du Shem."


Du II Livre des Rois, Chapitre 21:

"Manases ... se prosterna devant toute l'armée du ciel et lui rendit culte."


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Bref dictionnaire sumérien important ici

L'ancien langage sumérien date d'il y a plus de 6.000 ans. On trouvera communément dans notre texte les mots suivants, dont nous précisons ici le sens originel:

- "Adama" (Adam) vient de adamatu (terre rouge obscure) et adatnu (sang), ce qui signifie "fait de boue et sang"
- "Abzu" (d'où provient 'abysme'): Monde Inférieur, Pays des Mines (sud de l'Afrique)
- "Dyaus", vient de 'din.gir', «les purs des fusées ardentes»; d'où l'on dériva Zeus, Deus, Dios et Dieu, comme aussi Jupiter (à partir de Dyaus-Piter, un des dyaus)
- "Nefilim" (terme qui apparait aussi dans la Bible): derivé de la racine sémitique NFL («être lancé vers le bas»), signifie «ceux qui furent lancés à la Terre», «fils des divinités qui, aux temps primitifs, tombèrent des Cieux à la Terre»
- "Shem" = nef spatiale (habituellement mal traduit, par refus de son sens originel)
- "Igigi": «ceux qui tournent et voient», «trop hauts pour l'Hummanité»: ceux qui ne descendaient pas des véhicules spatiaux
- "Anunnaki": «ceux qui descendirent du Ciel à la Terre», dieux (dyaus) "de base", chargés du travail sur la Terre.
[Selon Sitchin, "El 12º Planeta", p.91]

La semaine prochaine commence le récit

16/11/2010

La conspiration - Fin

Epilogue

Le Tribunal Électoral décida de charger des ingénieurs de l'Université Catholique de Louvain pour revoir le processus d'élections électroniques et vérifier s'il était possible d'obtenir les résultats réels sans répéter la votation. Comme la PJF disposait du logiciel originel et de la version adultérée, ils purent calculer avec exactitude ces résultats, qui étaient évidemment inférieurs. Mais comme les machines avaient été installées dans un nombre de bureaux inférieur au tiers du total -vu qu'il s'agissait justement de réaliser une expérience pilote- le résultat fut que le PNI ne perdit pas plus de cinq sièges. Si la votation avait été influencée par la propagande, il n'était pas possible d'y porter remède.

Mais le procès contre le parti conduisit à l'annulation de sa personnalité juridique, ce qui créait un sérieux problème pour les députés élus: ils n'appartenaient plus à aucun parti, chose assez rare en Belgique. La majorité opta alors pour s'affilier au Parti des Verts et quelques uns à d'autres partis. La domination du PNI sur la Chambre fut ainsi réduite à néant.


Un an après...

Le journal La Dernière Heure titulait à la une: "Députée Darbée se marie avec le policier qui dénonça le PNI".


Cinq ans après...

Accomplie la sentence de prison pour sa participation à la conspiration, Oblensky devait être déporté en Russie, qui avait demandé son extradition pour le juger pour d'autres crimes. Trompel devait l'accompagner en avion pour le remettre à Moscou aux autorités russes. Le vol Bruxelles-Berlin-Moscou devait passer par l'espace aérien de la Bordurie, un petit pays qui avait appartenu à l'orbite soviétique et se maintenait encore sous un régime communiste sévère. Peu après être entré dans cet espace aérien, le pilote reçut un appel de la tour de contrôle de Stalinava, la capitale du pays.
- Vous venez de pénétrer dans l'espace aérien bordurien. Vous avez à bord un dangereux enemi du peuple et nous exigeons que vous aterrissiez pour nous le remettre.

Le pilote au copilote:
- Nous avons assez de combustible pour éviter l'espace bordurien?
- Pas pour en sortir et continuer vers Moscou par une autre route: le détour est long. Nous devrions retourner à Berlin.
- Cela n'est pas une solution valable: nous devons continuer vers Moscou.
- Alors il faut aterrir.
- Pilote à tour de contrôle: Comment s'appelle cette personne?
- Estepan Andronikov.
- Nous allons vérifier la liste de passagers.

...
- Il n'y a personne à bord avec ce nom. Nous ne pouvons donc vous satisfaire.
- Nous avons vérifié à Bruxelles qu'il est monté à bord. Il doit être sur la liste avec une autre identité. Vérifiez les documents des passagers. Si vous ne le trouves pas, tous devront débarquer ici et nous accuserons votre équipage d'encouvrement et d'attentat contre la sécurité nationale. Et nous saurons bien l'identifier. N'essayez pas de sortir de notre espace aérien: nous avons deux Mig qui vont à votre rencontre.
- Vous ne pouvez pas faire cela: c'est contre les normes internationales du transport aérien!
- Les vôtres peut-être. Ici, nous avons nos propres lois et nous les appliquerons comme il nous semble.
- Nous ferons ce que nous pourrons. Vol SB1542 roger.

- Ces borduriens sont fous! Nous menacer de nous abattre pour une seule personne!
- Eux, non: leur président. C'est le dernier dictateur communiste et il n'a jamais accepté la glasnost. Son service de sécurité est pire que la STASI et la KGB ensemble. Tout le pays est un grand camp de concentration. Je n'ai jamais aimé de devoir passer par ici et encore moins de faire escale a Stalinava. Quelque chose comme ceci devait arriver un jour ou l'autre.
- Que faisons-nous?
- Que les hôtesses révisent les passeports. Ceux de l'Union Européenne ne peuvent pas être falsifiés. Qu'elles nous apportent les autres. Nous passerons la liste à Interpol.

Quand Trompel vit qu'on demandait les passeport et qu'une des hôtesses arriva à sa hauteur, il demanda ce qui se passait.
- Ordre du capitaine. Il semble que les autorités borduriennes ont demandé à vérifier la liste des passagers, en particulier les non-unioneuropéens.
- Puis-je parler avec le capitaine?
- Non, monsieur. Vous devez savoir qu'aucun passager ne peut entrer dans la cabine, par mesure de sécurité. Et le capitaine est trop occupé pour répondre aux passagers.
- Je ne suis pas un passager quelconque: je suis en mission spéciale d'Europol -et il montra sa carte de police-. Je peux peut-être vous aider.
- Je vais avertir le capitaine. Attendez-moi.

Un moment plus tard, elle revenait et lui dit de l'accompagner à la cabine. Lorsqu'elle frappa à la porte de celle-çi, le capitaine en sortit et referma la porte.
- Vous êtes de la police? Que voulez-vous?
- Dites-moi ce qui se passe. Il n'est pas normal de vérifier les passeports à bord durant le vol.
- Bien sûr que non. Mais il n'est pas plus habituel que les borduriens nous somment d'aterrir pour leur remettre un passager dont le nom n'est pas sur la liste et qu'ils traitent de criminel. Ils affirment qu'ils sont sûrs qu'il a abordé ce vol à Bruxelles et qu'il apparait sans doute sur la liste avec un autre nom.
- Cela pourrait être l'homme que je conduis à Moscou. C'est un traficant d'armes qui a été extradé après avoir purgé une peine en Belgique et qui va être jugé en Russie. Quel nom vous a-t'on donné?
- Estepan Andronikov.
- Permettez-moi de consulter l'expédient que j'ai avec moi. Nous le connaissons comme Oblensky, mais il pourrait être connu sous d'autres noms ailleurs, et cela pourrait y être mentionné. Je vous avertirai par l'hôtesse.

Un moment plus tard, Trompel trouvait une liste de noms et autres passeports utilisés ocasionnellement par Oblensky: Andronikov était l'un d'eux.

L'aterrissage devait se faire "à l'ancienne": basé uniquement sur la vue, car l'aéroport de Stalinava n'avait pas le plus simple ILS pour guider les avions. La camionette-guide mena l'appareil vers un simple hangar, près duquel attendait un important contingent militaire. Bien que le capitaine avait annoncé par radio qu'il avait identifié Andronikov, la tour de contrôle lui ordonna de faire descendre tous les passagers. Quatre homme poussèrent une vieille échelle vers la porte arrière et un officier monta à bord. Il ordonna -en mauvais allemand- aux hôtesses de faire descendre tout le monde en file indienne et de leur dire de se diriger ver le hangar.

La troupe avait formé une double file et les passagers avancèrent par ce couloir, peu rassurés par les mitraillettes pointées vers eux. A la porte du hangar, un autre officier qui regardait avec attention les visages leur faisait signe d'entrer. Quand Trompel arriva avec Oblensky, l'officier joignit les talons et salua le détenu, lui parlant en langue locale. Ensuite, ils se donnèrent une poignée de main, l'officer le baisa à la russe. Trompel protesta:
- ¡Hey: je dois mener cet homme à Moscou!
- Il n'ira pas à Moscou. Il est arrivé où il appartient et il est bienvenu ici.

Il lança un ordre en bordurien et deux soldats pointèrent leur mitraillete dans l'estomac de Trompel. La file de passagers s'était arrêtée. L'officier qui était monté à bord arriva en ce moment. Il échangea quelques mots avec son supérieur et cria ensuite que tous pouvaient retourner à bord.
- Et que se passe-t'il avec le criminel que vous cherchiez -lança Trompel, déjà libéré, vers l'officier supérieur.
- Ce n'est pas votre affaire. Allez-vous en, si vous ne voulez pas des ennuis!

Tous retournèrent à bord, sans recevoir aucune excuse, et l'avion reçut l'autorisation de décoller. L'inspecteur arriverait à Moscou sans son prisonnier.

FIN


La semaine prochaine, nouveau roman: "Colonisation"

09/11/2010

La conspiration 7.7.

A la maison de la rue de la Prospérité étaient restés deux agents pour arrêter quiconque s'y présenterait. Le même jour que Servais interrogeait Moens, entra un homme qui en avait la clé. Les agents, préparés, lui passèrent les menottes avant qu'il se rende compte de quoi que ce soit. Connaissant la photo, ils se rendirent compte de ce que c'était Oblensky lui-même. Il n'avait pas su que son refuge avait été perquisitionné et était tombé dans la trappe. Et n'avait pas eu l'idée d'établir un code avec ses compères de l'intérieur pour s'assurer avant d'entrer de que la voie était libre. Il tombait enfin aux mains de la police. Il resta inmutable, confiant -comme toujours- qu'il n'y aurait aucune preuve contre lui. Il prétendit être un honnête homme d'affaires, mais sans préciser le genre d'affaire. Il fut donc conduit à la centrale de la PJF, où on le laisser méditer quelques heures dans une cellule.

Ensuite, le commissaire Servais préféra limiter son accusation à l'essentiel et son interrogatoire à ce qui était le plus évident: l'arme donnée à l'homme qui avait tiré sur le cardinal. La vente de cet type d'arme était interdite en Belgique, duquel fait on le considérerait complice d'une tentative d'assassinat. Oblensky protesta, reconnaissant cependant qu'"ocasionnellememnt" il vendait l'une ou l'autre arme à des "collectionneurs". L'ami qui le recevait dans sa maison de la rue de la Prospérité avait reçu la demande de cette arme et lui l'avait obtenue et remise personnellement à l'acheteur pour s'assurrer de ce que celui-çi la connaissait et "ne commettrait pas l'imprudence de l'utiliser pour un acte illégal". Servais préféra ne pas approfondir et attendre les autres arrestations pour le confronter et obtenir des informations plus substantielles.

Le lendemain se produisait l'arrestation de tous les membre du "Noyau" du PNI. Bertrand fut le premier à être introduit au bureau de Servais pour un interrogatoire. Mais il se limita à parler des objectifs officiels du PNI alors que le commissaire insistait sur les objectifs réels, préférant ne pas aborder, pour le moment, le thème de Moens. Quand il termina ce premier -et inutile interrogatoire-, il fit conduire Bertrand dans une petite salle d'interrogatoire où avait déjà été conduit Oblensky. Il resta à les observer par le mirroir polarisé et nota clairement le sursaut de Bertrand quand il aperçut son complice. Cependant, aucun des deux ne fit mine de reconnaître l'autre. Ils se savaient évidemment observés et tout échange leur serait préjuiciable. Ils ne prononcèrent donc pas un mot et ne se regardèrent même plus après le premier contact visuel. Oblensky était assis sur la seule chaise présente et Bertrand dut rester debout. Servais ordonna de les laisser ainsi pendant des heures et passait de temps en temps pour voir comment ils se comportaient. Alors qu'Oblensky semblait dormir, Bertrand tournait comme un lion en cage ou bien s'appuyait quelques minutes de dos au mirroir, tentant peut-être d'attirer l'attention de son complice. Mais celui-çi ne lui prètait pas la moindre attention.

Habitué à commander et se croyant privilégié par son grade, l'ex-général commença à réclamer à renfort de cris d'abord qu'on lui donne de l'eau, puis à manger et, finalement, qu'on le sorte de là. C'est alors que commença une conversation entre les deux détenus.
- Calmez-vous! Ces cris ne servent à rien. C'est ce que veulent ces policiers: que vos nerfs vous trahissent.
- Qu'est-ce que vous en savez?
- J'ai un peu d'expérience.
- De problèmes avec la justice?
- Oh, non. De policiers idiots qui vous arrètent sans aucune preuve et essayent d'obtenir des confessions.
- En cela, je suis d'accord. Je suis général en retraite. J'ai toujours servi mon pays comme le meilleur des patriotes. Et maintenant, ils m'accusent de conspiration et de trahison. Va-t'on voir!
- Et, comme militaire, vous ne savez rien de tactiques d'interrogatoire?
- Je n'ai travaillé ni en intelligence ni à la police militaire. Je m'occupais d'armement. Et d'administration et logistique.
- Alors on vous a arrêté pour vendre des armes? Ou toucher des pots de vin?
- Mais pas du tout! Ils disent que j'ai conspiré pour tuer des aristocrates, pour altérer le processus électoral et prendre le pouvoir. Dans un pays si petit et qui, même ainsi, s'est transformé en fédération! Quel absurde! Et vous, pourquoi êtes-vous ici?
- Ils disent que j'ai vendu une arme et qu'elle a été utilisée pour tirer sur quelqu'un d'important. Même si je l'ai vendue, qu'ais-je à voir avec ce qu'on a fait avec elle?

Bertrand apprenait ainsi pourquoi Oblensky avait été arrêté. Et de ce que le lien avec lui, au travers du tireur Moens, avait été établi. Une chose que Servais ne lui avait pas révélé. Il se rendit compte alors de ce que sa situation était bien plus grave qu'il ne l'avait d'abord pensé. Et préféra guarder silence.

02/11/2010

La conspiration 7.6.

A son bureau, Trompel, pour sa part, analysait de nouveau toutes les données qu'il avait réuni sur les attentats, le blog républicain et les groupes de Facebook, y ajoutant les mouvements de fonds de Durand, Bertrand, Verstappen et Ibn Sahlad à la Bancque Lambermont. Il disposait maintenant du logiciel Parsifal, qui permettait de "croiser" des données d'origine et de formats différents, et que la police avait acquis récemment pour découvrir des menaces terroristes et les agissements des narcotrafiquants. Après quelques minutes d'attente, pendant lesquelles défilaient sur l'écran les entêtes des documents et des tables consultées, commencèrent à apparaître des messages d'alerte. Ils montraient qu'après chaque attentat s'étaient produits des virements qui partaient de plusieurs comptes de la banque Lambermont et qu'ils suivaient le même chemin, pour terminer dans une banque des îles Caïman. Les comptes de départ appartenaient à Ibn Sahlad et Verstappen. Il y avait aussi eu un gros payement de la part de Durand pour Walckiers et des payements de Bertrand qui, après un tour dans des banques étrangères, étaient revenus à un officier du Registre de la Population, au sous-chef de sécurité de l'hôtel Lambermont, Philippe Moens, et aussi à un technicien en communications de la PJF elle-même. Les dates coïncidaient chaque fois, avec quelques jours de retard, à des faits suspects connus maintennant de la PJ.

Quand il passa son rapport au commissaire Servais, ce dernier ne put cacher sa satisfaction.
- Nous avons identifié ainsi les espions et ils nous mènent à Bertrand. Et le compte des Îles Caïman sera sans doute celui d'Oblensky. Le gouvernement de là-bas ne tardera pas à autoriser l'investigation des comptes bancaires: il lui est de plus en plus difficile de résister à la pression internationale. Nous ajouterons notre demande à la longue liste qu'a déjà Interpol. Tôt ou tard, nous saurons quelque chose.
- Si nous n'obtenons pas d'Oblensky qu'il se confesse avant.
- Nous allons arrêter Moens, le guarde de l'hôtel. Je crois qu'il sera moins dur qu'Oblensky. Après, nous arrêterons les têtes pensantes et les financiers. Nous en finirons avec le PNI!
- Et les types de la Population et de nos communications?
- Bien sûr! Ceux-là se mettront vite à table: ils ont trop à perdre.

Dans la soirée, deux agents se présentèrent à l'hôtel Lambermont. C'était l'heure où, comme ils avaient découvert, Philippe Moens terminait sa journée de travail. Ils l'arrêtèrent quand il sortait et le menèrent au commissariat civil le plus proche. Il l'informèrent qu'il était accusé de l'attentat contre le cardinal de Villers et le laissèrent penser à sa situation toute la nuit dans une cellule froide et solitaire. Le matin suivant, après un petit-déjeûner très frugal, on le mena à la centrale de la PJF où le commissaire Servais l'attendait avec à sa disposition une preuve irréfutable: on avait vérifié qu'à l'heure de l'attaque l'homme se trouvait dans la chambre où l'on avait trouvé l'arme. Et il avait été le seul à en sortir dans les minutes suivantes. Servais le confronta avec ces faits et avec l'important payement qu'il avait reçu, provenant de Bertrand malgré avoir passé par diverses banques étrangères.

Moens finit par accepter que Bertrand l'avait payé pour tirer mais prétendit que son but était seulement de blesser le prélat, comme il était arrivé. Interrogé sur l'origine du fusil Kalashnikov qu'il avait utilisé, il finit aussi par reconnaître qu'il avait dû aller le chercher à une maison de la rue de la Prospérité et l'avait reçu des mains d'un russe dont il ne connaissait pas le nom. Mais il reconnut Oblensky sur une photo que lui montra Servais. Finalement, la police avait une preuve qui liait formellement le russe à la conspiration.

26/10/2010

La conspiration 7.5.

Le commissaire Servais fut finalement informé que le motard qui avait été blessé quand il tentait de tuer l'aide de camp du roi était en condition d'être interrogé sévèrement. Il se rendit donc à l'hôpital, se faisant accompagner de Trompel déjà totalement remis... et déguisé. Ils informèrent tout de suite le délinquant qu'il était inculpé de tentative d'assassinat et de conspiration subversive. Et qu'ils connaissaient sa véritable identité ainsi que ses activités antérieures à la RDA. Après avoir purgé sa longue peine en Belgique, s'il était encore vivant, il serait extradé et devrait répondre en Allemagne pour les crimes commis comme agent de la STASI. L'homme voulut nier son identité, mais Servais lui montra les preuves envoyées par la police allemande. Il lui offrit alors de retirer l'accusation de conspiration s'il dénonçait qui l'avait engagé et donnait des preuves qui permettraient d'accuser l'auteur intellectuel.

- Vous n'auriez pas été envoyé par Oblensky, par hasard? C'est un homme très intéressant pour nous, qui a eu des contacts avec la STASI. Vous devriez l'avoir connu là-bas! Ou non?

Le bandit tâcha de cacher sa surprise, mais Servais était un observateur consommé et vit qu'il avait donné dans le mille. Mais, même ainsi, l'assassin refusa de parler. Trompel sortit alors un pot de café soluble de sa poche et demanda à une infirmière d'apporter de l'eau bouillante pour en préparer. Le blessé commença à monter de la nervosité.
- Nous allons prendre un peu de café. Vous d'abord. Cela vous fera du bien. Je suppose que vous aimerez cette marque -lui dit Trompel, montrant l'étiquette identique à celle trouvée dans le bureau de Walckiers. Quand il l'ouvrait et allait en retirer une cuillerée, l'assassin sursauta:
- Ne le faites pas! Je ne veux pas de café!
- Qu'est-ce qui se passe? Vous n'aimez pas cette marque?
- Vous voulez me tuer? Je préfère la prison! Mais vous devez arrêter Oblensky, sinon il me fera tuer. Il pourrait déjà l'avoir fait. Il a beaucoup de ressources. Comme ce café asphyxiant.
- Du café asphyxiant? Qu'est-ce que c'est que cette histoire?
- Vous le savez très bien. Vous l'avez apporté à propos. Oblensky l'a employé plus d'une fois. Il en avait à la maison de la rue de la Prospérité. Je l'ai vu l'utiliser là avec un agent imprudent, comme il l'avait déjà fait à Berlin-Est.
- C'est donc là qu'il se cache et vous avez été là!
- C'est là qu'Oblensky se réunit avec ses agents. Il n'y reste jamais plus de quelques heures. Personne ne sait où il réside vraiment.
- A la rue de la Prospérité? Comment arrive-t'il là?
- Comme tout le monde: à pied.
- Et comment part-il?
- De la même façon. Quelle drôle de question! Vous croyez qu'il sait s'envoler?
- Comment vous communiquez-vous avec lui?
- Normalement, c'est lui qui appelle. Mais s'il y a un problème, nous avons un numéro de téléphone, qu'on nous a recommandé de n'employer qu'en cas d'extrême urgence et en employant des métaphores et des clés.

Les policiers annotèrent le numéro, qu'il analyseraient. Ils firent encore quelques questions sur les autres personnes que l'homme avait vu là. Tous utilisaient des pseudonymes, ce qui n'était pas très utile. Et personne ne parlait de ses activités. Les conversations avec Oblensky avaient lieu sans témoin. Et la façon dont celui-çi s'éclipsait était inconnue de tous. Mais ces nouvelles informations étaient suffisante pour lancer un mandat de perquisition pour la maison et un mandat d'arrêt contre lui et aussi contre les autres occupants.

Le numéro de téléphone était de ligne fixe et correspondait effectivement à la maison de la rue de la Prospérité. On observa celle-çi encore un jour, puis on décida de passer à l'action. Une équipe complète de policiers envahit l'immeuble avec les mandats correspondants et arrêta les personnes qui semblaient vivre là en permanence: un couple avec un fils de douze ans et deux autres personnes, l'une desquelles été entrée une heure auparavent. Le couple et l'enfant avaient été observés allant et venant dans le quartier depuis le début de la vigilance. Tous furent conduits au poste de la PJ le plus proche, où ils passèrent les contrôles d'identité et furent ensuite durement interrogés un à un.

Entre temps, une équipe technique inspectionnait tout le contenu de la maison et relevait les empreintes digitales. Elle étudia aussi en détail les caves où, sous le couvercle apparent d'un puit artésien, on trouva une échelle puis un étroit tunnel de plus de cinquante mètres. Une autre échelle permettait d'accéder à une autre cave appartenant -comme on le soupçonnait- à une maison de la rue Darimont. On arrêta alors l'unique occupant de cette demeure.

19/10/2010

La conspiration 7.4.

A Charleroi, entretemps, la PJ interrogeait le personnel de nettoyage qui avait travaillé durand la nuit et, en particulìer, les deux femmes qui étaient entrées dans le bureau de Walckiers, comme l'on voyait sur les vidéos de surveillance. On leur demanda de rendre compte de tout ce qu'elles avaient fait, sans oublier aucun détail. L'une d'elles mentionna alors qu'après être entrée elle "avait changé le pot de café soluble" de la table derrière le bureau. Le détective insista alors:

- Vous changez ce pot tous les jours?
- Bien sûr que non. Nous en portons plusieurs sur la table roulante de nettoyage, pour les divers bureau, afin de remplacer ceux qui seraient vides.
- Et celui de monsieur Walckiers était vide?
- Pas du tout. Mais quand j'allais entrer dans le bâtiment pour commencer mon travail, son épouse s'est approchée de moi et m'a donné un nouveau pot, me demandant de le mettre dans le bureau de son mari, comme surprise, parce qu'il lui avait dit récemment qu'il préférait cette autre marque à celle que mettait la firme. C'est pourquoi je l'ai emporté et je l'ai mis à la place de l'ancien.
- Vous connaissez bien madame Walckiers? Vous l'aviez rencontrée auparavent?
- Non. Elle s'est présentée.
- Je suppose qu'elle ne vous a donné aucune preuve de qui elle était.
- Pourquoi aurait-elle dû le faire? Il faut se méfier de tout le monde?
- Il vaut toujours mieux se méfier un peu et vérifier. Vous ne vous rendez pas compte que monsieur Walckiers est mort? J'espère que ce ne sera pas à cause de ce fameux café, parce que ce qui arrivé est très suspect!
- Mais monsieur Walckiers n'est pas mort d'un infarctus?
- Je ne vous interrogerais pas si cela était le cas, vous ne croyez pas?
- Mon Dieu! Il a été assassinné?
- Je ne peux pas vous l'assurer, mais c'est malheureusement possible. Maintenant, s'il vous plait, n'allez pas raconter cela ailleurs et, surtout, ne parlez à personne du pot de café. Vous en avez changé un autre la nuit passée?
- Oh, non, monsieur. Aucun.
- Heureusement!

Le policier renvoya la femme de ménage en lui recommendant une fois de plus la réserve. Il ne prit pas garde à ce qu'elle avait un nom arabe. Beaucoup d'employés du nettoyage appartenaient à la communauté musulmanne. Mais le commissaire Servais, lui, y prêta attention lorsqu'il reçut le rapport. Ce dernier venait accompagné des résultats de l'autopsie et de l'analyse de laboratoire de ce qui avait été trouvé dans le bureau de Walckiers. L'autopsie avait démontré qu'il n'y avait aucune trace d'infarctus. La seule chose qui pouvait sembler relativement anormale était l'aspect des lobes de ses poumons: ils paraissaient comprimés, comme si l'homme avait été asphyxié. Mais leur analyse chimique ne montrait aucune substance toxique. La conclusion était "arrêt respiratoire spontané ou attribuable à une asphyxie pour cause inconnue". Le légiste demandait une information complémentaire sur le milieu ambiant du défunt ou de l'endroit qu'il aurait visité peu avant sa mort.

La réponse se trouvait dans les analyses de laboratoire des objets du bureau, et tout spécialement du pot de café soluble. En analysant les couches supérieures des grains, on trouva des molécules d'une substance étrangère. Quand on la mettait avec le café dans de l'eau bouillante, elle produisait un gas qui se mêlait à la vapeur et absorbait l'oxygène de l'air, laissant un mélange irrespirable. Ainsi, quand Walckiers se prépara son café et que la vapeur lui arriva au visage, il dut sentir de la difficulté pour respirer. Il essaya sans doute de boire, absorbant davantage de gas et se suffoquant encore plus. Les chimistes avaient pu capter la réaction mais n'avaient pu analyser le gas produit: il s'évaporait et se décomposait en quelques secondes. Et il ne restait pas assez de ce composant dans le pot. On n'en n'avait sans doute mis qu'au-dessus. Si Walckiers s'était préparé un café plus fort, on n'aurait peut-être rien trouvé. L'assassin avait dû mettre seulement une ration sûre et juste suffisante pour arriver à ses fins.

En unissant ce rapport à celui de l'autopsie, on arrivait à un cadre clinique bien clair: Walckiers avait été exposé à un gas qui éliminait l'oxygène ou se combinait avec lui, anesthésiant d'une certaine façon les cellules pulmonaires chargées de transférer l'oxygène au sang, empêchant leur fonctionnement adéquat. En d'autres mots, il avait été asphyxié au moyen d'une technqiue sophistiquée, créée peut-être dans un laboratoire destiné à fabriquer des armes chimiques. Quelque chose que quelqu'un comme Oblensky pouvait avoir obtenu dans l'ex-URSS.

Évidemment, le pot n'avait pas d'empreintes digitales, sauf celles de Walckiers et de la femme de ménage. Et, comme il fallait s'y attendre, l'épouse de l'ingénieur n'avait jamais demandé qu'on lui change son café. On interrogea de nouveau l'employée, qui insista sur sa version. Elle ne put reconnaître la photo de l'épouse et assura qu'elle serait incapable d'aider à faire un portrait-robot de la femme qui l'avait abordée: il faisait nuit, et elle portait des lunettes sombres et un chapeau qui lui couvrait en partie la figure.

On passa alors au peigne fin les antécédents de la femme de ménage. Elle était la fille d'un immigré venu de Turquie, qui vivait aussi à Charleroi et y tenait un petit restaurant... où se réalisaient les réunions du PNI local. Elle ne vivait pas avec son père, mais il était évident qu'il y avait là une connexion. Interrogée sur ses relations avec le parti, elle reconnut que son père l'avait convaincue de s'y associer et qu'elle assistait aux réunions quand son travail le lui permettait. Elle reconnut qu'elle s'y était rencontrée plusieurs fois avec Walckiers et que, pour cela même, elle était disposée à lui "faire des faveurs". On lui demanda alors si la femme qui lui avait donné le café pouvait aussi être membre du parti. Elle sembla douter, tenta de se rappeller, mais niat finalement, assurant à nouveau qu'elle croyait que s'était la femme de l'ingénieur et qu'elle ne l'avait jamais vue auparavent. Ce témoignage restait douteux, et il n'y avait pas moyen de l'approfondir. Mais une chose était claire: les assassins ne disposaient pas seulement d'extraordinaires moyens techniques, mais ils pouvaient aussi trouver très rapidement la personne adéquate pour réaliser la mission, ce qui signifiait qu'ils disposaient de beaucoup d'informations antérieures. Qui pouvait réunir ces conditions au PNI? De nouveau Bertrand et Oblensky!

12/10/2010

La conspiration 7.3.

Au retour de son dîner, le commissaire trouva le détective de Charleroi qui l'attendait dans son bureau. Malgré ses multiples questions, il ne parvint pas à savoir plus que ce qu'il avait lu dans le résumé écrit. En tous cas, Walckiers n'avait pas semblé particulièrement inquiet et n'avait pas parlé de la nécessité de protection pour lui. Il semblait qu'il ne pensait pas que les conspirateurs pourraient douter de lui. Mais il était évident que son interrogateur s'était trompé de point de vue, se centrant plus sur l'affaire de la fraude électorale que sur la dénonciation des intentions d'assassinat de la députée. Il était aussi clair qu'il semblait que c'était la première fois que Walckiers avait entendu ce genre de chose.

Servais reprit le détective et lui signala que cette erreur serait inscrite sur sa feuille de service. Puis il le renvoya, lui rappelant qu'il devrait l'informer immédiatement de quelque résultat ou découverte qui serait faite dans ce cas à Charleroi. Il ouvrit ensuite l'enveloppe de Walckiers et se mit à lire.

Le pli contenait trois documents différents: une feuille relative à la façon dont se réalisait la fraude électorale, une série de pages imprimées qui était une sorte de journal de bord de réunions et une autre paire de pages écrites à la main qui rendaient compte de la dernière réunion des directeurs du PNI où il avait été question de l'assassinat de Paula Darbée. Signées par Walckiers, ces pages manuscrites appuyaient l'accusation qu'il avait faite verbalement à la PJ de Charleroi. Il l'introduisait signalant qu'il écrivait à la main pour des raisons de sécurité, car il ne voulait laisser aucune trace de cela dans son ordinateur et voulait assurer au maximum son authenticité au cas où cela serait nécessaire. Il disait que si l'on parlait ainsi de Darbée et que si on avait déjà ordonné -comme il soupçonnait maintenant- de tuer le journaliste Trompel qui l'avait interrogé sur la sécurité du système de vote électronique, sa propre sécurité pourrait être compromise dans l'avenir. C'était aussi la raison pour laquelle il laissait ces documents dans son coffre-fort. La lettre avait la date de la veille de sa mort.

L'information sur la fraude était très brève: elle indiquait les numéros des lignes de code en langage C++ qui devaient être effacées pour restituer l'intégrité du code original. Entre les milliers de lignes de code, il aurait été très difficile de détecter les lignes apocryphes sans cette indication. Etant donné que le programme s'installait dans les machines après avoir été compilé, il était impossible de corriger ces copies: il était indispensable de corriger le programme-source (conservé dans un coffre-fort de la firme) et de le recompiler avant de l'installer à nouveau dans les machines.

Servais se dédia ensuite à lire le document le plus long: le journal qui résumait les conversations des réunions des deux dernières années. Les assistants étaient toujours les mêmes: Bertrand, Durand, Verstappen, Ibn Sahlad, Daems et Walckiers. Il était clair que c'étaient eux qui contrôlaient le PNI et que Daems, bien qu'officiellement président, n'était qu'un comparse, de même que le propre Walckiers. Les vrais chefs étaient Bertrand, Durand et Verstappen, ce que l'ingénieur appelait "le noyau". Pour lui, n'étaient pas clairs les intérêts de Ibn Sahlad, qui agissait comme co-financier et, semblait-il, assurait l'appui de la communauté musulmanne.

A part les délits signalés par Walckiers, qui apparaissaient dans les dernières réunions, il était aussi évident que le PNI avait un programme différent et bien plus radical que celui qui était diffusé dans le public. C'était ce que Trompel avait détecté dans les messages des "républicains", totalement cohérents avec ce qui était discuté dans les réunions résumées par l'ingénieur. Il ne mentionnait pas les ordres d'assassinnat, mais la thématique de la "suppression de l'aristocratie" et les félicitations dans les cas d'attentats revenaient régulièrement, renforçant l'hypothèse de "travaux" mandés par ce "noyau", probablement au travers de Bertrand et Oblensky.

06/10/2010

La conspiration 7.2.

**Le fragment suivant manquait lors de l'insertion du 7.2.**

Bertrand, à peine au courant, téléphona au mobile d'Oblensky. Il eut la chance de ce que celui-çi était en Belgique et ils fixèrent le rendez-vous pour trois heures plus tard. Ils se réunirent comme d'habitude à "La Mort Subite". Et, comme les autres fois, ils furent observés par un des détectives de la DST qui surveillait Bertrand. Cet homme savait qu'Oblensky n'était pas une blanche colombe et que, sans aucun doute, ils devaient préparer un mauvais coup. Averti de l'importance de trouver le domicile bruxellois d'Oblensky et de connaître ses activités, il avertit par GSM à la centrale de la DST et une petite équipe fut envoyée pour assurer la filature du russe. Ce dernier, qui n'avait jamais pu être surpris dans un acte illicite, savait sûrement découvrir une filature courante, ce qui obligeait à un travail très précis, coordonné par radio.

- Je te remercie pour ce que tu as fait avec le journaliste. Tu dois avoir reçu la paye convenue -dit Bertrand au russe, après s'être assis avec lui et avoir commandé une bière-. Mais nous avons un nouveau problème. Walckiers, l'ingénieur qui s'occupait des machines à voter, nous a trahi. Il a tout raconté à la Police Judiciaire: la fraude électorale et la conversation que nous avons eue sur un possible attentat contre notre députée. Et il a donné les noms de ceux qui, avec moi, contrôlent le parti Nouvelle Indépendance. Heureusement, il ne sait rien des contacts que nous avons avec toi ni de nos actions contre les aristocrates. Mais il est évident que la police va nous interroger. Je m'étonne même qu'elle ne l'aie pas encore fait. Il est indispensable que nous défassions de Walckiers pour qu'il ne continue pas à parler. mais cela ne peut pas paraître un assassinat. Cela doit être une mort naturelle ou un accident qui ne paraisse aucunement suspect.
- Aucun problème. Tu sais que nous avons beaucoup de ressources. Et les spécialistes pour cela ne manquent pas. Pour quand veux-tu la solution?
- Le plus tôt sera le mieux, vu que la police pourrait le convoquer n'importe quand pour l'interroger plus à fond.
- D'accord. Nous le ferons au plus tôt.
- Bien. mais que ce ne soit pas comme le premier attentat contre le journaliste. Pas d'erreur!
- Tu peux ètre tranquille. mais cela te coûtera plus cher.
- Si les résultats sont satisfaisant, cela vaudra la peine.

Oblensky fixa un prix que Bertrand accepta. Ils finirent leur bière puis se séparèrent.

L'équipe de détectives suivit le russe par plusieurs ruelles du centre. Il entra dans plusieurs bàtiments à sorties multiples, s'arrêtant brusquement, retournant sur ses pas, traversant des rues en courrant: des techniques classiques pour se défaire d'un suiveur, mais bien connues par ses poursuivants qui anticipaient ses mouvements. Finalement, après un bref trajet en métro, il sortit à la station Compte de Flandres, suivit par la rue Sainte-Marie et tourna dans la rue de la Prospérité, où il entra au numéro 17. Peu après, un de ses suiveurs passait discrètement par là regardant les façades d'en face, cherchant où installer un poste d'observation. Une heure plus tard arrivait en moto un détective camouflé en messager de TNT avec une lettre destinée au numéro 17. Une microcaméra grava les noms des boîtes aux lettres pendant qu'il pressionnait une des trois sonnettes etdemandait après la personne dont le nom était sur l'enveloppe. Evidemment, personne ne le connaissait. Il s'excusa et partit. mais tout avait été enregistré.

Pendant qu'ils cherchaient le meilleur moyen de contrôler de façon permanente le domicile, les agents secrets installèrent des camionettes avec des observateurs cachés aux deux extrêmes de la rue. Si Oblensky sortait, il serait suivi à nouveau. Entrer avec des appareils, même cachés dans l'une ou l'autre valise, à la maison d'en face pourrait facilement lever des soupçons, raison pour laquelles ils cherchèrent une maison avec vue sur la façade arrière, à la rue Darimont, une impasse dont la dernière maison donnait justement sur le jardin correct. Ils vérifièrent les antécédents du propriétaire et obtinrent la permission d'entrer et d'occuper une pièce où ils installèrent des lasers qui détecteraient les vibrations des vitres des fenêtres d'en face et, de cette façon, pourraient entendre toutes les conversations qui auraient lieu dans les les pièces visibles. Ils n'auraient pas accès à celles qui donnent sur la rue de la Prospérité mais, avec un peu de chance, ils pourraient sûrement capter des choses intéressantes. Ils se connectèrent aussi au cable téléphonique de la maison et mirent un ausculteur des transmissions mobiles.

Mais les jours passèrent et ils ne purent détecter de nouveau Oblensky. Il devait disposer sans aucun doute d'une autre voie d'échappement, peut-être par l'une des maisons de l'impasse Darimont. Ils décidèrent alors de contrôler aussi discrètement toutes les personnes qui sortaient de cette rue.

**Insertion originale (où manquait le fragment antérieur) **

Le 4 novembre, Servais lut finalement le rapport de Charleroi sur les accusations formulées par Walckiers et s'alarma parce que le détective qui le reçut n'informait d'aucune mesure de protection ni pour la députée ni pour l'ingénieur lui-même. Il était évident qu'il ne savait rien des activités problématiques du PNI et n'avait pas été capable de soupeser les risques. Le commaissaire téléphona tout de suite à Charleroi, obtenant confirmation de ce qu'aucune protection n'avait été disposée en faveur de Walckiers. Il ordonna alors qu'on alla le chercher et qu'on l'accompagna à Bruxelles pour un interrogatoire à fond. Il disposa aussi qu'un de ses hommes accompagne à partir de ce moment la députée Darbée pour la protéger. Il appella celle-çi par téléphone et la mit au courant de la mesure en réponse à des "menaces de mort" desquelles la police avait eu vent, sans lui révéler l'origine exacte de celles-çi.

Quand l'appel de Servais fut reçu à la PJ de Charleroi, on téléphona aux bureaux des ACEC, confirmant que Walckiers y était arrivé, mais on ne demanda pas à parler avec lui. Il valait mieux lui expliquer la situation face à face. L'inspecteur qui l'accompagnerait à Bruxelles alla donc le visiter. Quand il présenta sa carte de police et demanda qu'on le conduise au bureau de l'ingénieur, la réceptionniste tenta d'avertir celui-çi par téléphone intérieur, mais il ne répondit pas.
- Il visite peut-être l'un ou l'autre des ateliers ou est en réunion avec un technicien. Pourriez-vous attendre pendant que j'essaye de le trouver?
- Je préfèrerais que vous m'indiquiez où est son bureau et je l'attendrai là-bas -répondit le policier, qui préférait ne pas rester en vue à la réception.
- D'accord. Montez au troisième. C'est la deuxième porte à droite. Si le téléphone sonne à la ligne 1, prenez-le: je vous y avertirai si j'ai trouvé monsieur Walckiers.
- D'accord. Merci.

Le détective prit l'ascenseur et s'en fut au bureau indiqué. Il frappa à la porte et entra sans attendre de réponse puisqu'il n'espérait trouver personne. Et, au premier moment, il ne vit effectivement personne. Mais, en s'approchant du bureau, il vit que les pieds de quelqu'un dépassaient d'un côté du meuble. Il en fit le tour et trouva, couché par terre, celui qui devait être l'occupant de la pièce. Il lui prit le poul: il n'y avait plus de signe de vie. Mais le corps était encore chaud: il était donc mort quelques minutes auparavent. Il essaya de le réanimer avec un masssage cardiaque, mais en vain. Il se mit alors des gants de latex et appela par téléphone le bureau de la PJ, demandant l'envoi des techniciens forins. Puis il avertit la récepcioniste de ce qu'il avait trouvé l'ingénieur mais qu'il avait souffert d'un infarctus et qu'une ambulance était en route pour le prendre. Il demanda aussi si Walckiers avait reçu une visite après être arrivé, mais la secrétaire lui répondit que personne n'avait demandé à le rencontrer. Un autre appel fut pour le commissaire Servais, qui fut mis au courant des événements.
- Nous sommes arrivés trop tard -se lamenta ce dernier-. Je ne crois pas du tout que ce soit un cas fortuit. Gardez tout ce qui est en vue sur le bureau et tout ce que Walckiers a pu toucher. Nous avons déjà eu un cas d'empoisonnement par contact avec la peau. Et que l'on fasse au plus tôt une analyse biochimique de tous les liquides corporels. Cela peut être un poison de disparition rapide.

Après avoir coupé la communication, il ajouta pour lui-même:
- Il y a une fuite et quelqu'un a averti les maudits consporateurs.

Il appella alors les équipes qui surveillaient la maison de la rue de la Prospérité (où avait disparu Oblensky) et les alentours, et ordonna d'arrêter et interroger quiconque sortirait de la maison, sauf ses habitants habituels, ainsi que tout inconnu qui sortirait du cul-de-sac de derrière.

Au bureau de Walckiers, pendant que travaillaient les techniciens, le détective inspectionna le bureau. Sur la table, il y avait plusieurs documents et un agenda. L'agenda ne mentionnait aucun rendez-vous pour ce matin et il semblait donc que Walckiers n'avait assisté à aucune réunion. Sur le sol, près du corps, était tombée une tasse à café et la moquette avait absorbé le liquide: ils devraient découper la tache pour l'analyser. Il ferait analyser aussi l'agenda et les papiers, sans oublier le téléphone et la cafetière, comme lui avait recommendé son supérieur de Bruxelles. Mais il était très surpris de ces instructions: il s'agissait sûrement d'un "gros" cas, des tenants duquel il ne savait rien.

Les techniciens prirent les empreintes digitales mais, comme il fallait s'y attendre, n'en trouva aucune différente de celles de la victime. Les vidéos de sécurité et les contrôles d'accès ne montraient aucune intrusion anormale. Si quelqu'un avait, d'une façon ou d'une autre, empoisonné Walckiers, cela devait avoir été quelqu'un de la firme, qui pouvait entrer dans le bureau sans causer aucun soupçon. Et il avait dû le faire entre le moment de la sortie du personnel la veille et l'arrivée de Walckiers ce matin. Cela portait les soupçons directement vers les employés chargés du nettoyage. Il fut donc décidé de les interroger et de regarder les vidéos du contrOle nocturne des couloirs.

Dans le bureau, il y avait un coffre-fort. La police obtint la clé et, en présence du spérieur de Walckiers, retira et classa le contenu. C'étaient presque tous des documents confidenciels relatifs à des recherches et projets en cours. Ils furent remis à leur place quand apparut une enveloppe scellée avec la mention "Rapport personnel - Uniquement pour la police, en cas d'urgence". Elle ne fut pas ouverte sur place et, une fois Servais consulté, elle fut portée personnellement à Bruxelles par l'agent qui avait reçu la déposition de Walckiers. Servais voulait l'interroger à fond sur son entrevue et lui reprocher son manque de diligence.

28/09/2010

La conspiration 7.1.

Chapitre 7 Dénonciations

Ce 1er novembre, le journal 'La Dernière Heure' annonçait à la une en grandes lettres: "Journaliste de LDH assassiné dans son appartement". A l'intérieur du journal était l'information qui avait été offerte par la PJ: "Notre journaliste, Joseph Trompel, a été trouvé inconscient avant-hier dans son appartement de l'avenue des Gaulois. Il est décédé hier sans recouvrer la conscience. Le laboratoire de la PJF a établi qu'il a été empoisonné par un produit qui avait été mis sur les touches de son ordinateur et qui pénètre par la peau. Ce type de procédé est très peu courant et la PJ considère que l'attentat ne peut être que le fait d'un expert, probablement pour le compte d'un groupe qui se sentait attaqué par l'une ou l'autre des publications de notre reporter." L'on ajoutait que les funérailles se réaliseraient en privé le mercredi suivant, sans signaler ni l'heure ni l'endroit.

Paula Darbée lut la nouvelle dans le journal et se sentit envahie par une grande peine. Elle se rendit compte alors qu'elle était progressivement devenue amoureuse du "journaliste". Elle appela le central téléphonique du journal pour essayer de savoir où et quand aurait lieu l'enterrement, mais on ne voulut lui donner aucune information. Le détective fut informé de cet appel et ressentit aussi beaucoup de peine pour elle, se promettant de rétablir le contact à peine le cas soit éclairci et qu'il lui soit permis de reparaître en public.

Walckiers, qui était ces jours-là à Charleroi, vit aussi la nouvelle de première page en passant devant un kiosque à journaux et, se souvenant de son entrevue avec Trompel, acheta un exemplaire pour savoir les détails. Une fois au courant, il se souvint que lui-même avait averti ses amis conspirateurs de cette visite et de l'article qui en fut le fruit. Et il se mit à penser que si on avait parlé d'assassiner Darbée, il serait bien possible qu'on aie aussi pensé à se défaire de ce journaliste trop curieux et qu'il pouvait donc être une victime du Noyau du PNI. Cela l'inquiéta et, pendant toute la journée, il pensa à ce qu'il devait faire. Il décida d'informer le lendemain la police de ce qu'il savait. Il ne voulait en aucun cas être le complie d'un assassinat. Ainsi, avant d'aller à son bureau au siège central des ACEC, il se dirigea au bureau local de la PJ, où il raconta les conversations du Noyau du PNI auxquelles il avait assisté, le travail qu'on lui avait assigné pour falsifier les résultats des votes électroniques et le projet d'assassinat de la députée Darbée.

Le détective qui reçut sa déclaration ne prit pas fort au sérieux ses accusations contre Bertrand, Durand et Verstappen. Il ne pouvait pas croire que des gens si connus et importants puissent planifier sérieusement un assassinat. Cependant, il considéra plus sérieusement la référence, très technique, à la fraude électorale. Comme beaucoup, il avait été surpris par les résultats obtenus par le PNI et se les expliquait maintenant. En conséquence, il fit plusieurs questions sur les procédés utilisés et termina en remerçiant l'ingénieur et lui disant qu'en cas de nécessité il serait invité à une nouvelle entrevue. Entre temps, il lui demanda la plus grande réserve. Mais il ne pensa nullement à établir pour lui des mesures de protection.

Après l'avoir vu partir, il rédigea un rapport détaillé mais ne mencionna que brèvement, à la fin, que Walckiers "croyait" que les dirigeants du parti "pourraient penser à provoquer" l'assassinat de la députée Darbée pour créer un "martyr". Il envoya une copie du rapport, sans cette observation finale, au Tribunal Electoral, et la version complète à la Direction Centrale de la PJF à Bruxelles. Ainsi, elle passa d'un bureau à l'autre et n'arriva que deux jours après à celui du commissaire Servais, chargé de tout ce qui avait rapport avec le PNI, lequel envoya aussitôt une copie à la DST. Mais la copie qu'il reçut était passée par bien des mains et un de ses lecteurs avait pris le téléphone et l'avait lue au général Bertrand, qui sut tout bien avant Servais. Le détective de Charleroi ne se próccupa plus de l'affaire. Il avait envoyé son rapport aux autorités compétentes et cela lui parut suffisant.

21/09/2010

La conspiration 6.6.

Après avoir téléphoné à son chef, le détective se mit à préparer un nouvel article pour le journal. Il avait l'habitude de réunir des informations et de dactylographier ses rapports avec un vieil ordinateur Apple qu'il possédait depuis qu'il avait rédigé sa thèse de licence de l'université. Il l'utilisait presque exclusivement pour cela et pour voir son courriel du fait qu'il faisait à son bureau et sur l'ordinateur de la police tout ce qui était strictement policier. Ce jour-là, alors qu'il rédigeait le nouvel article, il commença à se sentir malade. Il téléphona au service d'urgence et une ambulance vint le chercher. Il perdit connaissance à peine à bord. Il avait eu le temps de montrer sa carte de police et son chef fut averti lorsqu'il arriva à l'hôpital.

Il se réveilla le jour suivant dans un lit de l'unité de soins intensifs de l'hôpital Saint-Pierre. Le médecin, qui le visita peu après, l'informa de ce qu'il avait été empoisonné et qu'il s'était sauvé uniquement grâce à avoir appelé immédiatement l'ambulance et avoir reçu les soins à temps. On avait pu établir que le poison lui était entré au travers de la peau et ses collègues, avertis, révisaient son appartement à le recherche de traces du poison. Après deux ou trois jours de traitement à l'hôpital, il pourrait reprendre ses activités et sa vie normale.

Quelques heures plus tard, Servais venait le visiter.
- Tu t'es sauvé presque par miracle -lui dit-il-. On a utilisé un poison très rare et très puissant. Les techniciens l'ont trouvé sur les touches de ton ordinateur. Il faudra que tu changes son clavier. Ton ordinateur est si vieux que tu ferais même mieux de le changer complètement: le plus probable est qu'il n'y ait pas de pièces de rechange. Et personne ne devrait le toucher sans la plus grande précaution.
- Il m'a été fidèle durant des années: il m'accompagne depuis que je suis sorti de l'université.
- C'est bien pourquoi il serait temps que tu le changes. De toutes façon il tombera en panne d'un moment à l'autre.
- Et on a trouvé une piste chez moi? Des empreintes digitales? Un inconnu qu'on a vu entrer?
- L'administrateur dit qu'un inconnu a demandé après toi quand tu n'étais pas là puis est parti. Il pourrait être revenu sans être vu, vu que l'administrateur n'est pas tout le temps face à l'entrée. Nous avons sa description. Mais il n'y avait pas d'empreintes chez toi, ce qui était à attendre vu le souvenir qu'on t'a laissé. Et il a dû avoir un de ces petits appareils spéciaux pour ouvrir la serrure Yale.
- C'était donc un professionnel. Et nous ne pourrons pas le trouver.
- Cela me semble évident. Mais cela veut dire que tu ennuyes quelqu'un et que tu t'approches de quelque chose d'important.
- Si important que c'est la deuxième fois qu'on tente de me tuer.
- Et peut-être qu'il ont découvert que tu es policier ou, tout au moins, un informant. Officiellement, nous communiquerons ta mort, pour qu'ils ne le tentent plus de nouveau. Il vaudra donc mieux que tu abandonnes ta façade de journaliste et, quand tu sortiras d'ici, ne retournes pas chez toi et change d'aspect. Je t'enverrai un maquilleur.
- D'accord.
- Entre temps, comme tu as le temps de penser, essaye de résumer tout ce que tu sais et de faire croiser les pistes. A propos, Interpol nous a envoyé l'information sur l'homme qui a été écrasé en tentant de te pousser sous le camion. La police allemande a découvert qu'il avait été agent de la STASI, la police secrète de l'ancienne Allemagne Démocratique. Et il en va de même du motocycliste qui a attenté contre l'aide de camp de Burlet.
- Des ex-agents communistes! Peut-être qu'ils sont liés à cet Oblensky que rencontre Bertrand et qui peut avoir été un agent de la KGB. Il me semble que nous sommes en train de compléter le puzzle. Et vous n'avez rien pu tirer de ce motocycliste?
- Les médecins nous ont empêché de l'interroger pendant plusieurs jours. Après, il est resté muet comme une tombe. Et il n'est pas encore en condition de souffrir des pressions.
- Si Oblensky contrôle les assassins, Bertrand pourrait aussi être impliqué. Unit cela avec ce qui apparait sur le compte du groupe "République belge" de Facebook et son blog, où ils célèbrent les attaques contre les aristocrates. Bertrand et Oblensky pourraient être derrière ceux-çi...
- Ce qui impliquerait que tout soit une stratégie du PNI: attaquer physiquement autant que verbalement et créer ainsi une alarme publique pour réunir des voix en faveur de son projet de législation beaucoup plus dure et d'état policier. Tu as raison: tout cela semble avoir un sens. Prépare une bonne analyse. Je tâcherai de réunir plus de preuves et nous enverrons cela à la DST. Il nous faut unir nos forces pour mettre ces conspirateurs en évidence et déjouer leurs plans.
- Dommage que pour le moment il s'agisse seulement d'une bonne hypothèse de travail et que nous ne pouvons pas encore les arrêter.
- Nous fermerons peu à peu l'étau. Et nous pouvons avoir un coup de chance. Au train où vont les choses, nous en avons besoin: leurs précautions sont réellement efficaces.

14/09/2010

La conspiration 6.5.

Le lendemain, Trompel rendit compte au commissaire Servais que ce qu'il avait appris. L'ex-général Bertrand avait donc été le responsable de la fausse accusation contre la gendarmerie. Cela s'ajoutait aux autres antécédents déjà accumulés par la PJ et la DST. Bertrand était un suspect qui gagnait chaque jour en importance, surtout suite à ses rencontres avec Oblensky. Mais les réunions chez lui avec Durand -maintenant un financier confirmé du PNI- et d'autres magnats donnaient l'idée d'une superstructure qui maniait en coulisse les fils de ce parti.

Servais avait aussi des nouveautés à lui communiquer. Il avait reçu en leur temps les rapports sur les attentats contre les ambassadeurs belges à l'étranger et il avait demandé de lui envoyer les fragments des bombes qui purent être trouvés. Cela avait pris du temps car les laboratoires des pays des faits, les uns plus minucieux que les autres, avaient dû les chercher et les étudier d'abord et, dans certains cas, obtenir une autorisation judiciaire pour les envoyer en Belgique. Mais ils étaient finalement arrivés et avaient été comparés. Dans tous les cas, le matériel explosif était du même type de "plastic" et on avait découvert des composants d'un appareil de radio-fréquence, ce qui avait poussé les policiers locaux à croire à une mise à feu à distance. Mais un des techniciens belges eut l'idée d'unir les fragments des divers appareils et fit une découverte surprenante: il ne s'agissait pas d'un simple récepteur, mais d'un émetteur-récepteur, du type utilisé pour lire les étiquettes de radiofréquence "RFID". Et tous les ambassadeurs portaient le nouveau passeport avec ce type de puce. On savait que le sénateur de Croix d'Heuchin portait aussi son passeport quand le tua la bombe. C'est ce qui donna au technicien l'idée que cela pouvait être l'élément commun. Et il eut la chance d'avoir accès à la plus grande quantité de fragments, vu que la PJ avait analysé ce dernier cas depuis le début.

Ainsi donc, les victimes avaient été identifiées par leur passeport et c'est ce dernier qui avait servi de détonateur. [Des études techniques ont démontré la factibilité de ce système au point que sur Internet circulent des vidéos qui le démontrent.] Un système si sophistiqué exigeait un programmateur expert et aussi l'accès de quelqu'un aux données contenues dans l'étiquette. Il devait donc y avoir quelqu'un avec accès au Registre Civil belge qui avait filtré ces données. Une preuve claire de conspiration de haut niveau.

Servais suggéra ainsi à Trompel de préparer un article pour son journal sur les puces RFID et leur sécurité, révélant ce que la police belge avait découvert. L'article fut publié deux jours plus tard, rendant encore plus furieux le général Bertrand. Bien que la police ne le savait pas, c'était celui-çi qui avait obtenu l'information du registre Civil.

07/09/2010

La conspiration 6.4.

Information de presse
  • Bruxelles, 7 novembre (Agence Belga) - L'aide de camp royal Henri de Burlet a été victime d'une tentative d'assassinat quand il sortait en voiture de son domicile à Braine-le-Château. Un motard arriva à hauteur du véhicule et tira des coups de feu, mais le chauffeur l'avait vu sortir son arme lorsqu'il s'approchait et il freina brutalement pour, ensuite, se mettre à poursuivre la moto. L'aide de camp, qui est colonel de l'armée, sortit aussi son arme et réussit à blesser son agresseur, qui collisionna avec un poteau. Ce dernier a été dérivé à un hôpital local, où il est soumis à une opération et restera sous surveillance policière.
Le jeudi, après six heures du soir, Trompel était au café où il avait rendez-vous avec Darbée. Installé près de la vitrine, il la vit arriver de loin et se réjouit de voir qu'elle venait vêtue d'un court pardessus et d'une jupe de couleur claire, ce qui lui donnait un air très juvénile. Il l'avait toujours vue avec veste et pantalon. Il admira aussi ses jambes, qui lui parurent exquises et activèrent un flux inattendu de testostérone. Quand elle entra, il lui fit signe et, quand elle arriva à sa table, il se donnèrent un baiser et il la félicita pour son aspect.
- Tu as changé de style! Je ne t'avais jamais vu en jupe. C'est enchantant!
- Merci! C'est que je ne viens pas du Parlement. Là, je vais toujours en pantalon, tout comme aux assemblées de campagne. Une simple précaution. Il y a tellement de voyeurs!
- Aussi à la Chambre?
- Tu ne les connais pas? Il y a pas mal d'intéressés!
- C'est que je n'ai pas ton expérience. De la gallerie, il est difficile d'observer la qualité des regards...
- Bon, changeons de sujet, je te prie. Je suis heureuse de te voir. Mais je suppose que tu auras une raison professionnelle pour ton invitation. Je me trompe peut-être, mais ce ne serait pas suite à l'affaire des bracelets électroniques?
- J'aurais aimé de t'inviter sans aucune raison particulière. Mais tu as raison: tu dois avoir lu ce que j'ai écrit dans le journal. Et je voulais te demander si tu sais d'où vous avez obtenu votre information et pourquoi vous l'avez lancée juste avant les élections. Il est évident que c'était un truc de propagande.
- Tu as raison en ce que c'était pour faire de la propagande. Et ce qui s'est passé ne m'a pas plu. Si l'information était fausse, nous perdrons du prestige. Daems vient de nous raconter ce qui s'est passé. Je viens de la réunion des dirigeants avec les candidats élus. Il avait reçu l'information de général Bertrand, qui l'avait obtenue d'un expert qui avait travaillé à la compagnie qui fabrique l'équipement. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est que les ordinateurs centraux ne sont unis à aucun réseau, ce qui rend impossible d'y faire pénétrer un virus. La seule façon de suprimer le contrôle, c'est d'éteindre en même temps tous les ordinateurs qui, pour des raisons de sécurité, ne sont pas tous au même endroit. Il a été trompé par cet expert, qui l'avait convaincu qu'il était facile de corrompre le système en y pénétrant par Internet et lui avait promis de le démontrer de ces jours-çi, pour convaincre les autorités de changer de fournisseur.
- Faire confiance à un travailleur mécontent qui a changé d'entreprise me semble une mauvaise politique, et lancer l'accusation sans vérifier est encore pire. Cela me semble étrange de la part de Bertrand.
- Je crois que la pire erreur a été de Daems. Ce que lui a dit Bertrand l'a enthousiasmé. Il y a vu l'occasion de faire un coup d'éclat dans la presse qui nous serait favorable et il s'est trompé. Grandement. Cela te donne une idée de l'audace qu'il a. Je crois que de cette façon il peut faire beaucoup de tort au parti. Il nous faudrait quelqu'un de plus pondéré.
- Il y a un candidat?
- Je ne le vois pas. Derrière le trône se trouvent Durand et Bertrand. Ce sont eux qui tirent les ficelles, sans se montrer. La plupart des gens ne le savent pas, mais rien ne se fait -je crois- sans leur accord.
- Ils ont tant de pouvoir?
- Ils contrôlent les finances du parti. Tout l'argent passe par la banque Lambermont. Et Bertrand est celui qui dispose de la meilleure information sur le thème de la délinquance et de la sécurité publique qui est, comme tu sais, au centre de notre politique.
- Et ils sont sans doute de fervents partisans de la "républicanisation" du pays?
- Evidemment.
- Cela ne t'inquiète pas?
- Cela me semble naturel. Quel parti peut survivre sans des financistes? Et si nous en avons qui partagent notre idéal républicain et égalitaire, quoi de mieux?
- Tu as raison. Je crois que je me suis laissé emporter par ma fureur pour cet erreur sur les bracelets. Mais je trouve grave que le président du parti se laisse pousser à commettre une erreur d'un tel calibre. Je suis d'accord avec toi qu'un changement viendrait à point.
- Il y aura un congrès général du parti un peu avant les élections fédérales. Peut-être y obtiendrons-nous un changement. Je pense sonder à ce sujet les nouveaux députés. Ensemble, nous pourrons peut-être avoir le poids nécessaire. Et peut-être qu'un nouveau leader surgira grâce à notre présence renforcée à la Chambre.
- Dieu t'écoute!

Trompel avait obtenu l'information qu'il désirait. Le "travail" terminé, il pouvait passer à des choses plus agréables. Il invita de nouveau son amie à souper au City2 et, après s'être promenés par la rue Neuve et avoir regardé des vitrines du centre commercial, ils montèrent au restaurant, dédiant la conversation à quelques programmes de télévision, à des souvenirs d'enfance et d'autres thèmes intimes. Il était clair qu'ils approfondissaient leur amitié et se sentaient mutuellement attirés. Ce fut très clair quand ils se séparèrent: ils se mirent d'accord de se rencontrer à nouveau, mais cette fois seulement pour sortir se promener. Ce serait le dimanche après-midi. Le PNI laissait ce dimanche libre pour Darbée, pour qu'elle se repose de la campagne électorale. Mais après, elle devait de nouveau penser à des réunions du parti et à la future campagne pour les élections fédérales. "A moins que tu ne te décide à m'accompagner aux activités de campagne", dit-elle à Trompel, un peu comme blague. "Et pourquoi pas?", lui répondit celui-çi sur le même ton, bien qu'il ne savait pas trop si son chef l'approuverait ni s'il voulait réellement s'impliquer à ce point dans un projet "républicain" qu'il ne partageait pas du tout.