31/03/2009

Les yeux d'Horus 3.6.

Trompel venait de mettre fin à sa conversation avec Servais quand sonna l'alarme de son Messenger. C'était Kaminsky qui tentait de le contacter.

- Vous n'allez pas le croire! Je viens de recevoir un luxueuse carte d'invitation envoyée par le duc d'Osernj. Il me dit que, connaissant mes recherches et publications relatives à l'ancienne religion égyptienne, il serait très heureux si je pouvais me rendre à Krönstedt pour célébrer avec lui les prochaines festivités de la renaissance d'Osiris. Il attendra mon arrivée le 19, pour pouvoir consacrer toute la journée du 20 à la préparation de la cérémonie qui aura lieu durant la nuit, afin de célébrer l'aube de la nouvelle année égyptienne.
Cela a une double implication. Cela confirme d'abord mes hypothèses au sujet de l'existence et de la fonction du temple qui jouxte le palais du duc. Et cela devrait me permettre de percer ses secrets. Cela me rapprochera sans aucun doute de la Société de l'Oeil d'Horus. Si ses objectifs sont innocents, je pourrai peut-être arriver à en faire partie. Mais, au vu des meurtres de Robertson et Armentini, cela pourrait aussi être un terrible piège. Si le festival va être sanglant, il leur faut une victime. Quoi de mieux que d'inviter un innocent, connaisseur des rites classiques et étranger à la Société? Malgré tout, refuser ne me semble pas plus sûr. Les collègues qui appartiennent à la Société n'hésiteraient pas à me dénigrer auprès des autres confrères et, à la longue, je pourrais perdre ma chaire à l'université. Mais s'ils me suspectent d'avoir découvert quelque chose, ils pourraient encore trouver le moyen de me quitter la vie. Je n'ai donc pas le choix: je dois y aller.
- C'est réellemet risqué! -répondit Trompel-. A votre place, je l'éviterais. Votre vie est plus importante.
- Le savoir est plus important, monsieur Trompel, surtout si nous pouvons dénoncer des assassins qui trahissent le sens profond de la religion égyptienne. Ils transgressent la loi de Maât, la déesse de la vérité et de la justice, qui pèse dans sa balance l'âme des défunts et qui régissait la vie des pharaons, des juges et des prêtres. S'ils ont tué, ils ont trahi Maât et seront dévorés par Seth au lieu de ressusciter avec Osiris. Mais vous avez raison sur une chose: c'est risqué. Et pour cela, j'ai encore besoin de votre aide. J'espère que vous pouvez venir et que nous pourrons nous rencontrer à Krönfeldt avant de me jetter dans le gueule du loup qui m'attend peut-être.
- D'accord. Je ne peux contredire votre désir de justice. Comment puis-je arriver à Osernj?
- Venez à Prague et, à l'aéroport, prenez un taxi et faites vous conduire à l'hôtel Evropa, dans la rue Vaclavske namesti. Il y a toujours là quelqu'un qui parle français. Demandez-y un taxi pour 7h30 le 19 et faites-vous alors conduire au terminus des bus internationaux. Chaque matin à huit heures il y a un bus pour Osernj. Il ne faut pas réserver: il n'est jamais rempli. Je prendrai le même bus mais, au cas où l'on nous observerait, faisons comme si nous ne nous connaissions pas et lions conversation à bord comme deux inconnus qui vont au même endroit. Nous arriverons à Krönstedt pour déjeuner. Il semblera naturel que nous allions ensemble à l'hostal Skorpka, vous pour y loger -il n'y a pas beaucoup de choix- et moi pour déjeuner avant d'aller au palais. Ainsi nous pourrons manger ensemble sans lever de soupçons et faire des plans sans qu'on nous écoute. De plus une de mes cousines y travaille comme cuisinière et, en cas de besoin, pourra nous être utile pour échanger des messages: votre laptop et votre mobile y seront totalement inutiles car il n'y a pas de connection.
- D'accord. Nous nous verrons au départ de Prague.

Tous deux se déconnectèrent alors. Trompel était très préoccupé. Une fois que Kaminsky entrera au palais, comment pourront-ils se communiquer? Plus encore: comment pourrat-il le protéger?
Comme il put vérifier sur Internet, il était impossible de voyager de Turin directement à Prague de façon rapide. Il fallait prendre l'avion à Rome et y changer pour prendre un autre à Prague. Ou bien il fallait prendre le train et traverser le nord de l'Italie, la Suisse et l'Allemagne, avec seulement quelques fragments du trajet en TGV, ce qui prendrait plus d'une journée et serait épuisant. Il chercha alors les sorties aériennes de Milan et découvrit que, certains jours, il y avait un vol direct de Milan à Prague. Il y en avait un le surlendemain dans l'après-midi. Il préférait passer un jour à Milan que passer un jour et une nuit en train. Aller à Milan serait plus commode et, de plus -malgré que cela n'était plus indispensable- il pourrait jeter un coup d'oeil au musée égyptien. En partant tôt de Turin le lendemain matin, il aurait même le temps de visiter le musée le même jour. Il réserva donc une place d'avion par la web d'Alitalia et prit la précaution de chercher aussi sur la Toile l'adresse du musée sur une carte où apparaissait aussi la gare centrale et les lignes de métro.

24/03/2009

Les yeux d'Horus 3.5.

15 décembre  
Trompel se réveillait à peine le jour suivant quand son téléphone mobile sonna. C'était le commissaire Servais qui l'appelait de Bruxelles.

- J'ai des nouvelles. Un des gardes de nuit du musée a confessé finalement qu'on lui avait offert dix mille euros pour retirer l'Oeil d'Horus de la vitrine, avec l'instruction de réacomoder les autres objets pour qu'on ne voie pas le vide. Son contact avait un accent italien et lui dit qu'il était un collectionneur qui voulait compléter sa collection d'amulettes égyptiennes. Il lui dit que cette pièce n'avait pas une très grande valeur parce qu'il en existait de nombreux exemplaires et que, pour cela, il n'avait rien à craindre. De plus, on tarderait longtemps à découvrir son absence et il serait difficile de démontrer sa responsabilité s'il agissait avec précaution. Il pouvait laisser passer un peu de temps et puis chercher un autre emploi, même à l'étranger, ou bien prendre sa pension et jouir de sa nouvelle fortune.
- Mais il n'a pas eu de chance: nous avons découvert le vol la semaine où il a eu lieu!
- C'est ainsi. Et il ne résista plus à notre pression car, après tout, il eut mauvaise conscience.
- Et il n'a pas donné plus de détails sur l'acheteur?
- En cela, nous n'avons pas de chance. Tout s'est passé dans la pénombre, sous les arbres du parc, au moment même où Robertson était séquestré. L'homme portait une gabardine grise et un chapeau qui dissimulait ses traits. Il se maintint toujours en peu en retrait, avertissant le garde qu'il devait marcher sans se retourner. Il lui passa l'argent en liquide, dans une petite serviette où nous n'avons trouvé que les empreintes du garde lui-même. Et tous les billets avaient été utilisés. Il est impossible de dépister leur origine. Tu sais que pour retirer plus de deux mille euros en liquide dans une banque belge il faut avertir à l'avance. Et personne n'a demandé la somme donnée cette semaine là dans aucune banque de Bruxelles. Nous ne pouvons évidemment pas contrôler les banques de toutes les autres villes et encore moins de l'étranger. Ils ont pu retirer l'argent n'importe où dans l'Union Européenne. Nous devons donc fermer l'enquête, ne restant qu'avec le procès contre le garde.
- Quelle malchance! Mais au moins l'assurance interviendra.
- C'est tout ce que nous pouvons faire. Mais la coïncidence avec le meurtre de Robertson m'inquiète quand même. Les deux cas pourraient être liés. Y a-t'il eu du neuf à Turin?

Trompel raconta alors ce qu'il avait découvert, y compris les informations apportées par Kaminsky.
- Mauvaise chose -dit Servais-. Selon ce que je sais, Osernj n'appartient pas à Interpol. Peut-être ont-il un accord avec la police tchèque. C'est ce qui arrive habituellement avec ces états minuscules. S'il se passe quelque chose là-bas, je ne pourrai pas t'aider: les tchèques le considèreront una affaire interne. mais si tu arrives à savoir quelque chose qui nous permette d'identifier notre voleur ou le meurtrier de Robertson, avertis-moi tout de suite.
- D'accord. Je n'y manquerai pas. Et merci pour tout.

17/03/2009

Les yeux d'Horus 3.4.

Comme il n'avait rien d'autre à faire, Trompel ouvrit le chercheur de la Toile et ordonna de rechercher "Oeil d'Horus". Il y avait un nombre important de références, mais presque toutes se référaient au symbole présent dans des peintures, hiéroglyphes et bijoux, ou à sa signification, qu'il connaissait déjà grâce aux explications de Kaminsky. Il ajouta "société" à "Oeil d'Horus" et il n'apparut plus que deux références. L'une d'elles était un vidéo documentaire en espagnol où l'on expliquait que la "société de l'Oeil d'Horus" aurait été un groupe sélect de prêtres qui répondaient uniquement au pharaon, un pouvoir derrière le trône, mais dédié exclusivement au perfectionnement spirituel de la nation. Cette société serait née avant le déluge, ç'est-à-dire 10.940 ans avant le Christ, en Atlantide, et fut la base du développement de la civilisation égyptienne. L'existence d'une civilisation antérieure au déluge est la seule explication possible pour l'apparition abrupte de l'architecture égyptienne, si parfaite, sans exemples d'une évolution à partir de constructions plus primitives.

Bien que la référence à l'Atlantide lui parut fantasieuse, la "société de l'oeil" indiquée par le défunt pouvait bien être la continuation, réelle ou prétendue, de ce groupe de prêtres. Il lui faudrait le confirmer avec Kaminsky. Il changea alors sa recherche et écrivit "Osernj". Cette fois apparut immédiatement un article de l'Encyclopédie Colletive Mondiale. Il signalait que:
  • "Osernj est un des plus petits pays d'Europe, situé dans les Carpathes, à l'est de la République Tchèque, avec une population de 29.000 personnes, qui vivent de l'agriculture et d'une petite mine d'osirine, une pierre semi-précieuse unique au monde et, de ce fait, presqu'aussi chère que le diamant. Krönstedt est sa capitale et l'unique ville. Les maisons se groupent autour d'une ancienne forteresse, résidence du duc d'Osernj, dans laquelle on n'admet pas de visiteurs. Les affaires des citoyens sont traités par un conseil communal dont les membres sont élus démocratiquement, en même temps que le bourgmestre, tous les cinq ans. Et tout citoyen peut se diriger à un conseiller ou demander une entrevue au bourgmestre pour traiter n'importe quel problème qui affecte la ville ou la principauté. Le bourgmestre tient le duc au courant et reçoit ses directives. Le duc assiste chaque trimestre aux réunions solennelles du conseil." 

Il chercha alors Osernj sur Google Earth et obtint une vue satélitale du petit pays. Il fit les agrandissements possibles, obtenant une bonne vue de la petite ville et ensuite de la forteresse. Il observa que, dans celle-çi, il y avait trois bâtiments, l'un desquel semblait avoir une grande cour intérieure. Mais il était impossible de deviner leurs usages, car seuls les toits étaient visibles. Aucune vue latérale ni photo n'était disponible.

C'était tout. Cela n'aidait pas beaucoup à révéler le mystère. Autre chose que Kaminsky devrait aider à résoudre. Il laissa son ordinateur allumé, espérant que l'archéologue lui réponde promptement. Il se demanda si à Milan et à Rome il trouverait aussi des vols ou pire. Il sentit alors que son estomac réclamait: il était presque deux heures et il n'avait pas déjeuné. Il descendit donc au restaurant de l'hôtel et demanda une lasagne à la bolognèse et un verre de chianti. Le choix ne parut pas plaire au serveur, mais Trompel n'était pas un gourmet et il choisissait toujours des plats et des boissons connues. Le tourisme culinaire ne l'attrayait pas du tout. Il retourna ensuite dans sa chambre et consulta son ordinateur. Il y avait un message de Kaminsky.

- "J'ai plusieurs nouvelles pour vous. D'abord, on m'a confirmé qu'aux musées de Londres il y a aussi eu des changements dans les collections des bijoux égyptiens exposés. Du musée Rose-Croix de San José de Californie, je n'ai rien pu savoir. Mais souvenez-vous que la société Rose-Croix est particulièrement fermée sinon secrète. Et le fait que Robertson soit venu de San José me semble assez évident à ce sujet.

Quant à la "société de l'oeil", il s'agit sans doute des prêtres égyptiens actuels desquels nous avons parlé, et cela confirme mes soupçons. Et "Osernj" indique aussi sans aucun doute l'endroit où ils vont se réunir pour célébrer le festival d'Osiris. Quand vous m'avez parlé du voyage à Prague des quatre collègues du congrès de Bruxelles, j'y ai pensé comme une possibilité. Vous saurez sûrement déjà qu'Osernj est une petite principauté à la frontière orientale de mon pays. J'y ai de lointains cousins et je les ai visité une fois, pendant mes vacances. A cette occasion, ils m'ont commenté quelques unes des choses étranges de cet endroit. Par exemple, que dans la forteresse, où réside le duc, ne peuvent entrer que les militiens, quelques rares employés et les invités du prince. On sait, par des photos satélitales et des rumeurs, qu'il y a trois bâtiments dans la forteresse: le palais, la caserne et un troisième édifice dont on dit qu'il s'agirait d'un temple de type égyptien. Cela est bien compatible avec ce que montrent ces photos aériennes: il y a un "pylon" d'entrée, une cour suivie d'une grande salle et finalement une petite salle qui doit être le tabernacle ou la chapelle secrète du dieu. Mais n'en savent plus que ceux qui ont pu entrer et il leur est interdit de parler de ce qu'ils ont vu. Les seuls véhicules qui entrent sont la limousine du duc et la camionnette avec les vivres. Dans la ville, qui s'appelle en réalité Krönfeldt, il n'y a pas de réseau d'Internet ni de téléphonie mobile. 

Mais je m'éloigne de notre thème. Ce que je dois vous dire, c'est que le nom même de la principauté viendrait d'"Osiris". Et cela serait confirmé par un ancien papyrus de l'ère ptolémaïque qui indique que quand les assyriens commandés par Cambyse II conquérirent l'Egypte (en 525 aC) et mirent fin à la succession légitime des pharaons locaux, un groupe de prêtres traversa la Méditerranée et se rendit dans le centre de l'Europe, où ils devraient perpétuer la foi en la résurrection et le culte d'Osiris. Les assyriens brûlèrent les bibliothèques et détruisirent les temples, qui furent reconstruits plus tard sur l'ordre d'Alexandre le Grand. Les prêtres qui fuyèrent de Cambyse auraient emporté beaucoup de papyrus et transmis leurs connaissances à leur successeurs en exil.

Le papyrus du Livre des Morts ne peut avoir été volé que pour être utilisé dans un rituel. Il contient des formules sacrées pour assurer le passage dans l'au-delà et la vie future. Le texte est connu, mais les prêtres de la Société de l'Oeil d'Horus pourraient être des puristes et veulent peut-être compter avec les objets originaux. Ils ont sûrement aussi des palettes d'or et d'autres bijoux nécessaires pour le rituel.

Qu'en pensez-vous, mon ami? Il me semble de plus en plus certain qu'on célébrera un festival à Osernj le 21. Peut-être ne vaut-il pas la peine que vous continuiez jusqu'à Milan et Rome. Laissez-moi planifier vos prochaines étapes. Si vous pensez poursuivre votre route demain, voyez votre courrier avant de partir. J'aurai peut-être d'autres nouvelles."

Le message se terminait là. Trompel était d'accord avec Kaminsky: aller à Milan et à Rome n'apporterait pas plus d'éclairecissements, même s'il s'y était passé quelque chose. Mais il n'avait rien d'autre à faire, sauf attendre les nouvelles. Il continua à naviguer sur la Toile et se mit à lire différents articles sur l'Egypte, ses temples et sa religion. Il passa ainsi toute l'après-midi. Il sortit enfin, pour chercher où se restaurer, et termina par manger une pizza puis une bonne glace. Et il but finalement un capuccino. Il rentra à l'hôtel et regarda son ordinateur, mais il n'y avait pas de nouveau message.

10/03/2009

Les yeux d'Horus 3.3.

14 décembre  
Trompel appela Tordi le lendemain comme indiqué. Celui-çi lui dit qu'il avait peu de temps et que la meilleure façon de s'informer serait de se réunir sur les lieux des faits, où il devait justement se rendre. Il lui demanda où il était et Trompel lui donna le nom de son hôtel.

- Bien. Vous pouvez venir à pied: c'est le mieux. Cela vous prendra une demi-heure. Je serai aussi arrivé à ce moment. Du Corso Filippo Turati, où vous êtes, prenez la Via Paolo Sacchi puis tournez à droite au Corso Vittorio Emanuele II et continuez jusqu'à la Via Giuseppe Luigi Lagrange. Tournez y à gauche: vous arriverez ainsi à la Via Accademia delle Scienze où est le musée. Je vous attendrai à l'entrée.

Ils se rencontrèrent comme prévu. Le musée avait été fermé pour faciliter l'enquête. Ils prirent un couloir latéral et entrèrent dans ce qui devait être le bureau du conservateur. On observait encore le désordre. Tordi résuma les faits, en coïncidence avec ce que Trompel avait lu dans le journal.

- Sait-on déjà comment on l'a tué? -demanda ce dernier. 
- Le légiste dit qu'il a été envenimé. Par une petite piqûre et un venin provenant d'une espèce peu commune de scorpion noir qui tue en trois ou quatre minutes. Il semble qu'on ne le trouve qu'en Egypte.
- Et on a volé quelque chose?
- Le secrétaire du directeur nous a dit qu'il manque un papyrus du "Livre des Morts" de la période ptolémaïque (332-30 a.C.), un des joyaux les plus précieux du musée. Le conservateur a dû le retirer lui-même de sa vitrine car aucune alarme n'a sonné et elle ne porte que ses seules empreintes digitales.
- Il n'y a pas d'autre piste? Le conservateur n'a pas pu identifier son agresseur?
- Il semble que non. Il est possible qu'il n'ait pas été dans son bureau lorsqu'il fut attaqué et qu'il soit arrivé ici avant de predre connaissance. Parce qu'ici, il n'y a aucune trace, aucune autre empreinte. Sauf ce qui semble un petit message, mais très cryptique. Selon ce qu'a informé votre comissaire Servais c'est quelque chose qui, sans doute, vous intéressera et que vous pourrez peut-être nous aider à comprendre: le docteur Armentini avait un stylo à la main et, en soulevant son corps, nous avons trouvé en-dessous, sur le bureau, une feuille de papier où il avait écrit "société de l'oeil Osernj". Cela vous dit quelque chose?
- Le docteur Kaminsky, égyptologue de l'université Carolinum de Prague, m'a demandé d'enquêter sur la disparition de bijoux égyptiens appelés Oeil d'Horus, dans plusieurs musées, comme vous doit l'avoir dit le comissaire Servais. Il m'a aussi dit qu'il doit exister une société secrète formée par des personnes qui se considèrent prêtres d'Osiris et utilisent ces bijoux. C'est peut-être ce que signifie "société de l'oeil". Mais je ne sais pas ce que signifie Osernj.
- Nous avons cherché ce mot et nous avons découvert qu'il existe, dans les Carpates, une petite principauté indépendante de ce nom. Avec Monaco et Andorre, ce doit être l'un des plus petits pays d'Europe, comme aussi Saint Marin, ici. Cela aura-t'il une relation avec cette société secrète?
- Je ne le sais pas. Je contacterai immédiatement el professeur Kaminsky pour le lui demander. Il n'y a pas d'autre égyptologue dans ce musée? Ou n'y a-t'il pas d'archéologue étranger en visite ici?
- Non. Le musée a très peu de personnel et le docteur Armentini se plaignait du manque d'aide, fruit du manque de budget. Quant aux visites, ni la secrétaire ni le garde se rappellent d'avoir vu personne la veille au soir. Mais le conservateur peut avoir reçu quelqu'un par la porte latérale sans que personne ne le sache. En quatre minutes il pouvait être de retour à son bureau.
- C'est une possibilité, mais n'esplique toujors pas trop la séquence avec le vol. mais je crois que je ne peux pas vous aider davantage pour le moment et je vous distrairais. Dès que j'aurai des nouvelles du docteur Kaminsky, je vous avertirai. Je vous appelle au même téléphone?
- Ce serait parfait. Je compte sur vous. Bonne chance!
- A vous aussi. Au revoir!

Trompel retourna à son hôtel et ouvrit son laptop. Kaminsky n'était pas disponible sur Messenger et il ouvrit donc son courrier électronique, trouvant un message du professeur lié au vol à Paris:

- "Cette affaire de la pierre sort un peu du schéma que j'avais en tête. Mais il faut se rappeler qu'Isis est l'épouse d'Osiris et la mère d'Horus. Elle joue un rôle fondamental dans le mythe et dans le rite, car c'est elle qui réunit les morceaux du corps de son mari et, ainsi, rend possible sa résurrection. La pierre volée est marqué d'une ankh qui est un synbole de vie et un attribut des dieux. Cette sorte de croix confère à la momie du défunt le don de la vie, et il est donc possible qu'elle joue un rôle dans le rituel, mais ce devrait être sous la forme d'une amulette ou d'un bâton. Je ne vois pas comment on utiliserait une pierre, à moins que ce ne soit une pièce qui manque dans la salle ou le temple où aura lieu la cérémonie.
Quant à nos "amis", j'ai pu savoir qu'ils ont loué une auto pour une semaine. Cela signifie qu'ils ont abandonné Prague mais qu'il est peu probable qu'ils quittent le pays ou que, en tous cas, ils ne s'éloigneraient pas beaucoup de la frontière car, dans le cas contrarie, il leur aurait été plus facile de voler vers une autre capitale.
Je suis dans l'attente de vos nouvelles de Turin. Bonne chance!"

Trompel accusa réception de ce message et envoya un compte-rendu de ce qui s'était passé dans cette ville. Il ajouta ses questions spécifiques au sujet du message "société de l'oeil Osernj" laissé par le conservateur. 

03/03/2009

Les yeux d'Horus 3.2.

Il arriva à la gare à temps pour prendre le train de 15h54. Après un voyage à la vitesse de 350km/h, il arrivait deux heures plus tard à Lyon. De là, le train continuait vers Turin, un trajet de 300 kilomètres, dont 134km en tunnels sous les Alpes. Il arriva ainsi à Turin, où il s'installa à l'hôtel Lancaster, sur le Corso Filippo Turati, à quelques minutes à pied de la gare. Il était à nouveau trop tard pour aller au musée, et il sortit donc pour parcourir les environs. Au coin de la rue, il y avait une librairie qui offrait des journaux. Un titre attira son attention: "Conservateur du Musée Egyptien assassiné". Il acheta un exemplaire et retourna à l'hôtel pour déchiffrer la nouvelle à son aise. Il ne savait pas l'italien mais, connaissant le français et l'espagnol, il était assez facile de comprendre cette langue. Le journal ne donnait pas beaucoup de précisions. Le conservateur, Giulio Armentini, avait été trouvé dans son bureau par un garde de sécurité la nuit antérieure. Le garde était entré car il avait trouvé bizarre que la lumière soit allumée et que le directeur soit encore là si tard, quand son habitude était de se retirer à l'heure de fermeture du musée. Il le trouva couché sur son bureau comme s'il dormait mais, en lui prenant le poul, il se rendit compte qu'il était mort. Il appela le service d'urgence et la police arriva avec les infirmiers. Il était clair qu'un étranger avait été dans le bureau et avait désordonné les rayons de la bibliothèque et les tiroirs, ce qui faisait de l'assassinat la cause la plus probable du décès. Le journaliste espérait plus d'informations pour le lendemain.

Trompel pensa tout de suite que cela pouvait être en relation avec le cas qui l'occupait. Il lui fallait obtenir plus de détails, mais il ne pourrait accéder à la police sans recommendation. Il teléphona donc à son ami Servais, à la PJ de Bruxelles et lui raconta ce qu'il venait de lire, lui demandant s'il pouvait lui faciliter le contact avec la police de Turin. Servais lui répondit qu'il ne devrait pas y avoir de difficulté: il préparerait un bref rapport et l'enverrait par fax à Turin, appelant en même temps le contact d'Interpol dans cette ville. Il lui téléphonerait un peu plus tard pour lui donner le nom de la personne à contacter à Turin.

- A propos -ajouta Servais-, nous avons interrogé les gardes du musée du Cinquantenaire. L'un d'eux nous a dit qu'il avait été abordé le lundi précédent par quelqu'un qui parlait avec un fort accent italien et qui lui avait offert "l'affaire de sa vie", soit une forte somme pour dérober un petit objet d'une des vitrines. Personne ne se rendrait compte du larcin avant que soit fait un inventaire, ce qui lui donnerait beaucoup de temps pour prendre le large. Mais le garde s'offusca et signala qu'il travaillait de jour et que n'importe qui pourrait l'observer.
- Il a pu décrire son interlocuteur?
- Ce lui fut impossible car il fut abordé au parc, sous les arbres, lorsqu'il sortait du travail et il faisait déjà sombre. Il ne put identifier que son accent. Mais cela nous fait penser que l'homme doit avoir insisté avec un autre garde, sans doute de la dotation de nuit. Nous les interrogeons maintenant et les pressionnons au maximum. L'intéressé ne résistera pas longtemps. Je te tiendrai au courant.

Vers huit heures et demie, le téléphone mobile de Trompel sonna. C'était Servais qui lui confirmait le contact à Turin. Il devait appeler Giuseppe Tordi à la première heure du jour suivant pour convenir un rendez-vous.