10/03/2009

Les yeux d'Horus 3.3.

14 décembre  
Trompel appela Tordi le lendemain comme indiqué. Celui-çi lui dit qu'il avait peu de temps et que la meilleure façon de s'informer serait de se réunir sur les lieux des faits, où il devait justement se rendre. Il lui demanda où il était et Trompel lui donna le nom de son hôtel.

- Bien. Vous pouvez venir à pied: c'est le mieux. Cela vous prendra une demi-heure. Je serai aussi arrivé à ce moment. Du Corso Filippo Turati, où vous êtes, prenez la Via Paolo Sacchi puis tournez à droite au Corso Vittorio Emanuele II et continuez jusqu'à la Via Giuseppe Luigi Lagrange. Tournez y à gauche: vous arriverez ainsi à la Via Accademia delle Scienze où est le musée. Je vous attendrai à l'entrée.

Ils se rencontrèrent comme prévu. Le musée avait été fermé pour faciliter l'enquête. Ils prirent un couloir latéral et entrèrent dans ce qui devait être le bureau du conservateur. On observait encore le désordre. Tordi résuma les faits, en coïncidence avec ce que Trompel avait lu dans le journal.

- Sait-on déjà comment on l'a tué? -demanda ce dernier. 
- Le légiste dit qu'il a été envenimé. Par une petite piqûre et un venin provenant d'une espèce peu commune de scorpion noir qui tue en trois ou quatre minutes. Il semble qu'on ne le trouve qu'en Egypte.
- Et on a volé quelque chose?
- Le secrétaire du directeur nous a dit qu'il manque un papyrus du "Livre des Morts" de la période ptolémaïque (332-30 a.C.), un des joyaux les plus précieux du musée. Le conservateur a dû le retirer lui-même de sa vitrine car aucune alarme n'a sonné et elle ne porte que ses seules empreintes digitales.
- Il n'y a pas d'autre piste? Le conservateur n'a pas pu identifier son agresseur?
- Il semble que non. Il est possible qu'il n'ait pas été dans son bureau lorsqu'il fut attaqué et qu'il soit arrivé ici avant de predre connaissance. Parce qu'ici, il n'y a aucune trace, aucune autre empreinte. Sauf ce qui semble un petit message, mais très cryptique. Selon ce qu'a informé votre comissaire Servais c'est quelque chose qui, sans doute, vous intéressera et que vous pourrez peut-être nous aider à comprendre: le docteur Armentini avait un stylo à la main et, en soulevant son corps, nous avons trouvé en-dessous, sur le bureau, une feuille de papier où il avait écrit "société de l'oeil Osernj". Cela vous dit quelque chose?
- Le docteur Kaminsky, égyptologue de l'université Carolinum de Prague, m'a demandé d'enquêter sur la disparition de bijoux égyptiens appelés Oeil d'Horus, dans plusieurs musées, comme vous doit l'avoir dit le comissaire Servais. Il m'a aussi dit qu'il doit exister une société secrète formée par des personnes qui se considèrent prêtres d'Osiris et utilisent ces bijoux. C'est peut-être ce que signifie "société de l'oeil". Mais je ne sais pas ce que signifie Osernj.
- Nous avons cherché ce mot et nous avons découvert qu'il existe, dans les Carpates, une petite principauté indépendante de ce nom. Avec Monaco et Andorre, ce doit être l'un des plus petits pays d'Europe, comme aussi Saint Marin, ici. Cela aura-t'il une relation avec cette société secrète?
- Je ne le sais pas. Je contacterai immédiatement el professeur Kaminsky pour le lui demander. Il n'y a pas d'autre égyptologue dans ce musée? Ou n'y a-t'il pas d'archéologue étranger en visite ici?
- Non. Le musée a très peu de personnel et le docteur Armentini se plaignait du manque d'aide, fruit du manque de budget. Quant aux visites, ni la secrétaire ni le garde se rappellent d'avoir vu personne la veille au soir. Mais le conservateur peut avoir reçu quelqu'un par la porte latérale sans que personne ne le sache. En quatre minutes il pouvait être de retour à son bureau.
- C'est une possibilité, mais n'esplique toujors pas trop la séquence avec le vol. mais je crois que je ne peux pas vous aider davantage pour le moment et je vous distrairais. Dès que j'aurai des nouvelles du docteur Kaminsky, je vous avertirai. Je vous appelle au même téléphone?
- Ce serait parfait. Je compte sur vous. Bonne chance!
- A vous aussi. Au revoir!

Trompel retourna à son hôtel et ouvrit son laptop. Kaminsky n'était pas disponible sur Messenger et il ouvrit donc son courrier électronique, trouvant un message du professeur lié au vol à Paris:

- "Cette affaire de la pierre sort un peu du schéma que j'avais en tête. Mais il faut se rappeler qu'Isis est l'épouse d'Osiris et la mère d'Horus. Elle joue un rôle fondamental dans le mythe et dans le rite, car c'est elle qui réunit les morceaux du corps de son mari et, ainsi, rend possible sa résurrection. La pierre volée est marqué d'une ankh qui est un synbole de vie et un attribut des dieux. Cette sorte de croix confère à la momie du défunt le don de la vie, et il est donc possible qu'elle joue un rôle dans le rituel, mais ce devrait être sous la forme d'une amulette ou d'un bâton. Je ne vois pas comment on utiliserait une pierre, à moins que ce ne soit une pièce qui manque dans la salle ou le temple où aura lieu la cérémonie.
Quant à nos "amis", j'ai pu savoir qu'ils ont loué une auto pour une semaine. Cela signifie qu'ils ont abandonné Prague mais qu'il est peu probable qu'ils quittent le pays ou que, en tous cas, ils ne s'éloigneraient pas beaucoup de la frontière car, dans le cas contrarie, il leur aurait été plus facile de voler vers une autre capitale.
Je suis dans l'attente de vos nouvelles de Turin. Bonne chance!"

Trompel accusa réception de ce message et envoya un compte-rendu de ce qui s'était passé dans cette ville. Il ajouta ses questions spécifiques au sujet du message "société de l'oeil Osernj" laissé par le conservateur.