15/10/2013

Cérébral 12


12. (Vendredi, 12° jour)

Le lendemain, le laboratoire confirma que les empreintes de Ronstadt étaient sur le clavier de l'ordinateur de Brasseur. Il n'échapperait pas à l'accusation d'assassinat et se verait obligé à dénoncer son complice. Ils avaient aussi terminé l'analyse de l'ADN d'un cheveu trouvé sur les vêtements de Brasseur: ce n'était pas de lui ni de Ronstadt et, devait, donc, être de l'assassin.

Avec ces données, Trompel interrogea de nouveau le détenu.
- Vous avez été chez Brasseur et l'homme qui est allé avec vous, après, au Cactus y était aussi avec vous. Nous avons trouvé vos empreintes sur le clavier de l'ordinateur et des traces d'une autre personne dans l'appartement. Donc, ou bien vous m'expliquez ce qui s'est passé, ou bien nous vous accusons de l'assassinat.

Le jeune d'homme perdit tout aplomb.
- Cela a été horrible. L'homme a forcé la serrure et est entré, me disant d'attendre. Ensuite, il me fit entrer et j'ai vu qu'il avait coupé la gorge de l'assistant du profeseeur Franquin. Il me dit de faire "ce qui me correspondait" et que lui m'avait "ouvert la route". Cela m'a rendu nerveux et je n'ai pas pu établir la connection. J'ai cassé l'ordinateur comme j'ai pu et ensuite nous sommes partis. Alors, il m'a dit qu'il avait besoin de se relaxer et m'a demandé de le conduire à un night-club, parce qu'il connaissait très peu Bruxelles. Je l'ai donc emmené au Cactus. Quand il eut assez bu, il prit congé et je m'en suis retourné seul chez moi.
- Comment avez-vous pris contact avec lui? Où vous êtes-vous rencontrés?
- Quand on me donna les instructions pour obtenir le logiciel en accédant à la demeure de Brasseur, ils me dirent qu'ils enverraient "un spécialiste" pour m'en assurer l'entrée et que nous nous rencontrerions devant sa porte. Ils me donnèrent l'adresse et l'heure et il attendait devant la porte quand j'y suis arrivé.
- Comment s'apelle-t'il?
- Je n'en sais rien. Quand je suis arrivé, il m'a demandé si j'étais Ronstadt puis me dit qu'il venait m'aider. Il m'a aussi demandé si je parlais allemand. Ensuite, on a toujours parlé dans cette langue.
- Vous pourriez le décrire, pour un portrait-robot?
- Sûrement.
- Je vais appeler un dessinateur.

Du numéro de téléphone donné à Ronstadt on ne put rien découvrir: c'était un "prêt-à-jeter" pré-payé. Faire un appel permettrait peut-être de le localiser, mais ce serait risqué et pourrait alerter les contactés. Le portrait, au contraire, pouvait être envoyé à tous les bureaux de police et à Interpol.

Cet après-midi, dans le journal "Le Soir", qui se distribuait après cinq heures, apparut la nouvelle suivante:

"Chef d'informatique de l'Université Saint-Luc accusé d'espionage
Mr Mousin, chef du système informatique de cette université, a transmis à une entreprise étrangère un logiciel développé par les professeurs Franquin et Marchant dans le cadre d'un projet Esprit de l'Union Européenne. Ce projet correspond à une étude de la mémoire des êtres humains et tente de produire une copie de cette mémoire, en appui de la création d'une mémoire qui opérerait avec un système d'intelligence artificielle. On spécule qu'il pourrait être utilisé par une puissance étrangère pour détecter des dissidents au moyen de l'exploration non-volontaire de leur mémoire. Malgré que la fille de l'ingénieur Mousin a été séquestrée pour obtenir ce logiciel par le chantage, la police a été incapable de détecter l'opération et n'a prêté aucune collaboration pour récupérer la jeune fille."
Le comissaire Servais reçut le journal peu avant de quitter son bureau pour rentrer chez lui.
- C'est un gros mensaje! - grommela-t'il, furieux-. Qui leur pourrait avoir dit cela?

Il appela Trompel et lui montra le journal.
- Ils ne nous révéleront pas leur source -répondit celui-çi, se basant sur son expérience de journaliste-. Mais aucun éditeur n'aurait permis cette publication sans avoir vérifié les antécédents. S'ils nous accusent et accusent Mousin, ils doivent avoir d'autres données qu'ils ne publient pas, sûrement tergiversées. Nous pouvons exiger qu'ils nous donnent celles-là.
- Et nous devons démentir totalement cette information. Préparez-moi un communiqué de presse. Nous l'enverrons inmédiatement à tous les média. Et j'avertis notre département légal pour que les avocats fassent la réclamation pertinente.
- Il nous faut faire attention avec le communiqué. Les voleurs peuvent avoir fait publier cela pour vérifier, dans une éventuelle réponse, si le logiciel qu'ils ont obtenu est légitime. Nous ne pouvons rien permettre de deviner de cela. Et l'université ne devrait pas s'y risquer non plus.
- J'avertirai à Franquin et Marchant. J'ai reçu une information de la police allemande -ajouta le comissaire-. Rosenwald n'a pas d'antécédents pénaux là-bas, mais il apparait comme gérent d'une entreprise de sécurité appelée "Geheimeziechereit (GeZi)", dont le siège est à Aix-la-Chapelle. Je voudrais que vous alliez là lundi prochain pour en savoir plus. J'arrangerai qu'un collègue allemand vous accompagne.

Ensuite, au travers des mécanismes d'Interpol, Servais se communiqua avec la police d'Aix-la-Chapelle pour leur expliquer de quoi il s'agissait et convenir le travail en commun. Une fois l'accord fixé, il en informa son subordonné, qui était déjà rentré chez lui, au sujet de l'endroit où il devait se rendre et le nom de son contact. Trompel se réunirait avec un inspecteur allemand et les deux visiteraient GeZi pour parler avec Rosenwald.