28/04/2009

Les yeux d'Horus 4.3.

Pendant qu'ils continuaient à déjeuner, Kaminsky explica à Trompel ce que lui avait dit l'étudiant et ils essayairent vainement de'élaborer un plan pour que le déctective puisse savoir ce qui se passerait à l'intérieur de la forteresse. Quand Joos Kampjn apporta le dessert, Kaminsky lui demanda directement -en allemand, pour que son compagnon comprenne- qui pouvaient entrer habituellement à la forteresse. Elle répondit que seuls les gardes et les empoyés jurés, lesquels étaient une dizaine.

- Personne de plus? -insista Kaminsky, qui le savait déjà.
- Aussi les invités du duc, comme vous, évidemment. Il y a aussi le chauffeur de la camionette des provisions. Mais il ne peut pas en descendre. Il passe la porte du grand mur et stationne devant la porte de service du palais. Là, les gardes s'occupent de décharger. Ensuite ils lui passent la liste des nouveaux achats par la vitre de la portière et il doit s'en aller. Il n'a jamais vu rien de plus que le vestibule de service.
- C'est mauvais cela! J'aurais voulu que mon ami entre demain, avant la soirée si possible.
- Je ne vois pas comment. La camionette ira demain matin et ne retournera pas avant le 23 avec les nouvelles provisions. Mais il se pourrait que les étudiants profitent des vacances des gardes pour manifester et cela pourrait peut-être causer une distraction. Il y a beaucoup d'effervescence entre les jeunes d'ici. Ceux qui ont étudié à Prague et ailleurs ont présenté une pétition au bourgmestre mais il l'a refusée, sûrement après avoir consulté le duc. Et les étudiants en sont furieux. Je suis sûre qu'ils profiteront des fêtes pour se faire entendre. Mais je doute fort qu'ils puisse forcer la porte de la forteresse.
- Tu devras être attentif, mon ami -dit Kaminsky à Trompel. Puis il se dirigea de nouveau à sa cousine:- Tu connais ce Zidovske?
- C'est un neveu de propriétaire de l'auberge.
- On peut lui faire confiance? Il a quelque chose à voir avec le mouvement des étudiants?
- Je crois que c'est l'un des leaders. Et il sait donc garder un secret.
- Alors, tu pourrais peut-être tâcher de savoir ce qu'ils comptent faire. Et lui recommander monsieur Trompel comme un allié.
- Je verai ce que je peux faire. Je parlerai au patron. J'ai confiance en lui.
- D'accord.

Le repas terminé, et après un autre brin de conversation, l'égyptologue prit congé de son ami.
- L'heure est venue de ce que je me rende au château. Il vaudra mieux que vous ne m'accompagniez pas. L'aubergiste vous donnera un petit plan de la ville et vous pourrez vous approcher de la forteresse plus tard, si vous voulez. Ne courrez pas de risques inutiles. Si vous ne trouvez pas un moyen sûr de me suivre, ne le faites pas. Je vous contacterai dès que cela me sera possible.
- Bonne chance alors! J'espère vous revoir sain et sauf au plus tôt!

Kaminsky prit sa valise et Trompel monta à sa chambre. Quinze minutes plus tard, l'invité du duc se présentait devant la lourde porte de la forteresse. Deux militiens y montaient la garde et lui demandèrent pour quel motif il prétendait entrer. Il montra alors la carte d'invitation du duc et ils lui demandèrent un document d'identité pour vérifier qu'il était bien la personne invitée. Avec les deux documents en main, l'un des gardes communica l'information par un walkie-talkie. Il reçut l'approbation et dit au visiteur d'attendre quelques minutes. Enfin la porte s'ouvrit et un majordome lui donna la bienvenue, prit sa valise et l'invita à le suivre.

En entrant, il vit sur sa gauche un bâtiment de briques rouges, collé au mur, avec un aspect de fabrique. Cela devait être la caserne de la milice de la principauté. Un large chemin menait plus loin, jusqu'au palais. Celui-çi était une construction de deux étages, de style renaissance, avec des tours aux deux coins visibles. Du chemin, on ne voyait pas le troisième bâtiment qui, comme il savait, complétait la propriété. Sous la tour de gauche, il vit une petite porte. Une dérivation du chemin passait devant et contournait le coin. C'était sans doute l'entrée de service par où entraient les employés et les provisions. Le majordome le conduisit à l'entrée principale. Elle donnait sur un ample vestibule, au centre duquel partait un grand escalier d'honneur, qui conduisait à l'étage. L'empoyé se dirigea vers celui-çi.

- Le maître vous recevra à la tombée du soir. En attendant, il vous prie de rester dans votre chambre, de vous reposer et de vous préparer pour la réception officielle.

Ils montèrent et suivirent un couloir décoré de cadres de la Renaissance, d'armes et d'armures du Moyen-Age. Rien, jusqu'à présent, ne faisait penser à l'Egypte. Jusqu'à ce que le majordome ouvrit la porte de la chambre destinée à l'invité. Elle était d'une rigueur monacale. Murs blancs, un lit avec une couette tout aussi blanche, une commode -sur laquelle l'employé déposa la valise- et un petit bureau très simple avec une chaise. Mais il y avait deux chose surprenantes: au mur, une reproduction d'une ancienne peinture égyptienne montrant la déesse Isis assise, avec son fils Horus sur les genoux. Tout comme Marie avec l'enfant Jésus. Et à côté du bureau, un lutrin avec un grand livre de couverture richement décorée ... d'un grand Oeil d'Horus.

- Vous avez là de la lecture pour passer le temps -dit le majordome- si vous savez lire les hiéroglyphes. Le maître espère qu'il en soit ainsi et que vous reconnaissiez le contenu. Reposez-vous. Changez-vous si vous voulez. Il y a une petite salle de bain pour votre usage exclusif. (Kaminsky n'avait pas vu la porte, en partie caché par la porte par où il était entré).

21/04/2009

Les yeux d'Horus 4.2.

Quand il entrèrent dans la principauté, Kaminsky demanda où le détective pensait loger et il rèpondit qu'il ne savait pas, car il n'avait trouvé nulle part de l'information sur les hôtels.
- Je vous conduirai -dit Kaminsky-. Je dois déjeuner avant d'aller au château, où l'on ne m'attend qu'au cours de l'après-midi. Il n'y a pas de grand hôtel, mais il y a une bonne auberge où vous pourrez loger et où nous pourrons nous restaurer.

Quelques minutes plus tard, le car entrait dans la petite ville et s'arrêtait devant le local de l'agence de voyages. Ils descendirent tous les deux et récupérèrent leurs bagages.
- Nous prenons un taxi? -demanda Trompel.

Kaminsky se mit à rire. 
- Ici, il n'y a pas de taxis, monsieur Trompel, ni de transport en commun. Ils sont inutiles. Vous pouvez traverser toute la ville en moins d'une heure à pied si vous vous dépêchez. Nous serons en cinq minutes à l'auberge.

Ils y arrivèrent effectivement après une brève marche. Kaminsky présenta son compagnon au propriétaire, qu'il connaissait déjà, et l'aida à s'enregistrer. Il lui dit qu'il l'attendrait à la table du coin le plus éloigné de la porte, pour déjeuner ensemble. Et pendant que Trompel portait ses bagages dans sa chambre, il demanda à parler à sa cousine, Joos Kampjn. Il alla s'asseoir dans le coin et sa cousine arriva rapidement. Après les salutations de rigueur, il la mit au courant de l'invitation du duc et de ce qu'il pensait qu'il pourrait se passer quelque chose d'étrange durant le week-end. Raison pour laquelle l'accompagnait secrètement un détective privé belge. Il lui demanda qu'elle l'aide dans la mesure du possible et avec la plus grande discrétion. Il lui demanda aussi quelle était la situation dans la ville ces jours çi. Kampjn lui explica alors que, comme tous les ans, la plupart du personnel et de la garde du duc était libre du 20 au 25 décembre. Et entre le 20 et le 23 au matin, personne ne pouvait entrer ni sortir de la forteresse. El le 21 au soir, il y aurait un feu d'artifice pour célébrer le solstice et l'an nouveau, comme d'ailleurs tous les ans.

A ce moment, Trompel arriva et Kaminsky lui fit signe de les accompagner. Il lui présenta sa cousine et lui dit qu'il pouvait recourir à elle pour n'importe quel besoin, même ceux qui "étaient propres de sa profession". Elle retourna à la cuisine après avoir pris la commande du déjeuner. L'égyptologue répéta alors à son ami ce qu'elle venait de lui dire au sujet de la fermeture de la forteresse et des vacances du personnel.

- Cela ne vous paraît pas l'idéal pour un rite secret? -lui dit-il.
- C'est ce qu'il semble. La seule fête que connait la population, c'est le feu d'artifice.
- Oui. Et comme vous avez vu en arrivant, les maisons sont aussi décorées des tradicitionnelles guirlandes de Noël, que l'on commence à mettre avant le 21. Ce jour là, toute la ville doit avoir un air de fête. Mais elle ne connait que l'association entre le solstice et la Noël, et que cela -pour le duc- semble plus important que le premier janvier.

Ils étaient encore en train de parler lorsqu'un jeune homme qui entrait à l'auberge vit les deux hommes et, reconnaissant l'égyptologue, s'approcha pour le saluer. Il lui parla en tchèque, ce qui empêcha Trompel de suivre la conversation.

- Professeur Kaminsky! Quelle heureuse surprise de le rencontrer ici! Qu'est-ce qui vous amène dans ce coin perdu?
- Zidovske! Tu es de Osernj? 
- Oui, professeur. Ma famille vit ici.
- Zidovske a assisté à quelques uns de mes cours à la Carolinum -dit-il en français à l'intention de Trompel. Et il poursuivit en tchèque avec l'élève:- Voici monsieur Trompel, de Belgique. Nous nous sommes rencontrés dans le car qui vient de nous amener. Il est journaliste et veut écrire quelque chose sur les fêtes de fin d'année à Osernj. Tu étudiais à l'Institut d'Histoire, n'est-ce pas? Tu as fini la carrière?
- Il me faut encore terminer ma thèse de licence, professeur. Mais c'est difficile à faire ici. Il y a très peu de matériel spécialisé à la bibliothèque de la ville et personne n'a accès à Internet. Il faudra que je retourne à Prague en janvier, mais c'est très coûteux pour ma famille. Et sans licence, je ne pourrais pas enseigner dans le lycée local.
- Mais il doit y avoir beaucoup de matériel au palais. Le duc est connu comme un grand amateur d'histoire, tout spécialement d'histoire ancienne.
- C'est ce que l'on dit, mais il n'a jamais permis à un étudiant d'entrer au palais. Nous sommes très ennuyés par les restrictions qu'il impose. Il ne nous laisse pas nous développer et maintient le pays dans le passé. Tous ceux qui ont étudié à l'extérieur nous en avons discuté et nous avons présenté une pétiition au bourgmestre mais il l'a refusée. Ainsi le mécontentement augmente de plus en plus.
- Je le regrette beaucoup. Cela pourrait conduire à une situation explosive.
- Vous avez fort raison, professeur. Mais je ne peux vous en dire plus. Et à quoi doit-on votre visite?
- J'ai aussi de la famille ici. Mais cette fois je suis venu à cause d'une invitation du duc, pour assister à la fête du solstice. Il semble que je pourrai connaître le palais.
- C'est heureux pour vous! Bonne chance! Je dois parler avec l'aubergiste. Je vous laisse.
- Zidovske, en le pensant bien, si tu parles français ou, sinon, en allemand, tu pourrais peut-être donner un coup de main à monsieur Trompel pour son reportage, puisque tu connais bien l'histoire de la principauté. Il va être ici jusqu'à Noël, je crois.
- En ce moment, c'est impossible. Mais je serai heureux de le faire demain ou après-demain. Bien que je ne pourrais parler qu'allemand avec lui.
- Il s'en arrangera. Merci et au revoir!
- Au revoir, professeur!

14/04/2009

Les yeux d'Horus 4.1.

Chapitre 4


Deux heures après, Trompel débarquait à l'aéroport de Prague. Comme suggéré par Kaminsky, il se fit conduire à l'hôtel Evropa, qui était dans la Stare Mesto, la "vieille ville" et le coeur de la cité. Comme il était déjà tard dans l'après-midi, après s'être débarassé de ses bagages, il sortit se promener tranquillement dans les environs. Ses pas le conduisirent à la place communale, la Staromestke namesti, toute proche. Malgré la date et le froid, elle était pleine de touristes, surtout devant le monument au réformateur Jean Hus. Et aussi au coin où est la tour de la montre astronomique où, lorsque sonne l'heure, des automates sortent de la façade puis y rentrent. Trompel continua quelques pas et entra dans un petit restaurant qui était dans l'une des vieilles maisons du quartier. Il y demanda une pecena husa, de la dinde rôtie, avec du bramborak, des pommes de terre à l'ail. Et pour boire, une excelente Pilsner Urquell, vu que la bière est une spécialité du pays (Pilsner est une ville tchèque). Ensuite il fit une autre brève promenade et rentra à son hôtel. Il chercha en vain sur le téléviseur un canal en français y finit par regarder un documentaire en allemand, se limitant à jouir des images. Son allemand n'était pas assez bon pour bien comprendre les commentaires: il ne captait qu'une partie limitée, sans pouvoir suivre la logique. Finalement, il éteignit l'appareil et dormit.

18 décembre  

Le jour suivant, il se leva tard. Il descendit déjeuner et pensa à la meilleure façon d'occuper cette journée, avant d'entreprendre la dernière étape de son voyage et de retrouver Kaminsky. Comme il avait déjà visité Prague, il se souvint de son voyage antérieur, au cours duquel il avait pu visiter tous les endroits atractifs de cette vieille ville et il décida de retourner en voir quelques uns. C'était toujours avec plaisir que l'on descendait par la rue Karlova et que l'on traversait le pont Carlos, avec ses statues des deux côtés et les artisans qui offraient leurs travaux. On arrivait ainsi à la Mala strana, le "petit côté" ou rive gauche de la Vlatava, la rivière qui coupe la ville en deux. Ensuite, il fallait monter la colline par des rues à forte pente pour arriver au fameux palais Hradcany, dont la dernière remodelation date de 1775, et à la cathédrale de Saint Vith, dont la construction avait commencé en 1344 mais ne s'était terminée qu'en 1929. Trompel passa ensuite à l'église de Notre Dame de Lorette, de laquelle on disait qu'elle était une copie exacte de la Maison de Loreto, en Italie, construite entre 1626 et 1631. 

La nuit arrivée, il s'en fut au fameux théâtre de la Lanterne Magique, où le spectacle combine harmonieusement les techniques du théâtre, du mime, du cinéma et de la danse. De retour à son hôtel, il demanda à la réception qu'on le réveille à 6h30 et qu'on lui réserve un taxi pour aller ensuite au terminus des bus internationaux avant huit heures.

19 décembre  

A l'heure convenue, le taxi passa le prendre et le déposa près de l'autocar. Il demanda en allemand un billet pour Osernj et monta dans le car, qui recevait déjà les passagers. Quelques minutes après arriva Kaminsky. Il vit que Trompel était déjà assis, près d'une fenêtre, et que le siège voisin était libre. Il lui demanda alors en tchèque s'il pouvait l'occuper. Trompel ne comprit pas mais vit son geste et en déduisit la question. Il lui fit signe de s'asseoir et lui dit en allemand:
- Ich sprech nicht tcheck.
- ¿Duitch, english, français? -demanda Kaminsky.
- Français -répondit-il.
- Ah, alors nous pourrons nous comprendre. Et parler pendant le voyage, si cela ne vous ennuye pas. J'aime beaucoup pratiquer votre langue. Il n'y a pas grand'chose à faire pendant ce trajet. Je suis Moran Kaminsky, professeur d'archéologie à l'université Carolinum.
- Joseph Trompel, de Bruxelles. Journaliste.
- Oh, belge! Et vous allez à Osernj?
- Oui, c'est cela.
- Tourisme, travail? Il n'y a pas beaucoup à voir à Osernj! Surtout si l'on compare avec Prague.
- Oh, je connais déjà Prague. Ce n'est pas la première fois que j'y viens. Et, oui, c'est plus pour le travail que pour du tourisme dans ce cas, bien qu'en réalité c'est un mélange de ces deux choses.
- Comment cela?
- Le journal pour lequel je travaille a décidé de publier une série d'articles sur la façon dont on célèbre les fêtes de fin d'année dans les plus petits pays d'Europe. -Il fit un clin d'oeil à son voisin.- J'ai des collègues qui ont été envoyés à Andorre et Saint Marin. Moi, on m'a assigné Osernj, un pays dont je n'avais jamais entendu parler auparavent.
- C'est évident. Il est si petit qu'il est difficile de l'appeler un pays. Ce n'est qu'une petite vallée, à la frontière de notre république, avec à peine 29.000 habitants et une ville plus petite que notre Stare Mesto. Mais elle maintient son style médiéval. Et son seul édifice important est la forteresse, que personne ne peut visiter.
- On ne peut pas la visiter? Et il n'y a rien d'autre à voir?
- La forteresse est la résidence du duc, maître et seigneur de la principauté, et personne n'y entre sans invitation. Et les invitations ne sont pas fréquentes, bien que je dois confesser que j'ai eu l'honneur d'en recevoir une.
- Alors, vous y avez déjà été?
- A Krönfeldt, la ville, oui. J'y ai de la famille et je l'ai visitée il y a quelques années. Mais je ne suis jamais entré dans la forteresse. Je viens d'être invité et je pourrai la voir cet après-midi. Le duc est fort amateur d'archéologie et c'est pour cela qu'il a eu la courtoisie de m'inviter.

Il continuèrent à parler de choses sans trascendance, comme de ce que Trompel connaissait de Prague et de quelques voyages de Kaminsky, sans toucher le thème de la religion égyptienne ni de la date spéciale qui approchait.

07/04/2009

Les yeux d'Horus 3.7.

16 décembre  

Le lendemain à sept heures, Trompel abandonna sa chambre, paya sa facture et s'en fut à la gare, où il prit le premier train pour Milan. Deux heures après, il arrivait à la Stazione Centrale. Il trouva l'hôtel Berna, qui était à deux cent mètres de la gare, s'y enregistra et y laissa ses bagages. Quelques instants plus tard, il descendait à la station du métro et prenait la ligne jaune jusqu'à la station du Dôme, où il changea à la ligne rouge. Sur celle-çi, la deuxième station vers l'ouest était la Cairoli, à un pas du musée, qui était dans le Castello Sforzesco, de la Piazza Castello. Il demanda à parler au conservateur: ce serait la façon la plus rapide de savoir quelque chose. Mais on lui répondit qu'il était absent. Il assistait à un congrès à Bruxelles et, de là, devait aller en Allemagne pour dicter des conférences. Il ne reviendrait que pour Noël. Trompel remercia la secrétaire et comprit parfaitement: le conservateur devait appartenir à la Société de l'Oeil et, traversant l'Allemagne et la République Tchèque, se rendait à Osernj.

Il lui restait maintenant l'après-midi libre et aussi le lendemain matin. Il reprit le métro de la ligne rouge jusqu'au Dôme. C'était l'occasion de visiter le centre. Il chercha un bureau de tourisme et le trouva au coin de la Piazza Duomo avec la Via Marconi et y obtint un petit guide pour visiteurs. Mais il était l'heure de déjeuner et il chercha un restaurant avant de faire du tourisme. Il avança par la Via Marconi et trouva un petit bar qui offrait à dîner. Il demanda des "tortelli di zucca", une sorte de raviolis, qu'il arrosa de nouveau de chianti. Il se mit alors a étudier son guide. Il voulait voir la Dernière Cène, de Léonard de Vinci, qui était au Cenáculo Vinciano, mais il vit qu'il fallait réserver la visite au moins un jour d'avance. Il demanda alors le téléphone et appela le numéro signalé pour savoir s'il y avait encore la possibilité de faire la visite le lendemain matin. On accepta sa réservation: comme c'était décembre, il y avait peu de touristes. Ainsi, il ne perdrait pas sa matinée.

Après l'appel, il sortit et retourna à la place du Dôme pour admirer mieux la cathédrale, symbole de la ville. Son guide lui apprit que sa construction avait commencé en 1386 et que c'était la troisième église la plus grande du monde, après Saint-Pierre de Rome et la cathédrale de Séville. Elle est faite entièrement de marbre, avec d'immense statues, arcs, colonnes et pinacles. Les statues sont environ 3.500. Le pinacle le plus haut arrive a 108,5 mètres et est surmonté d'une statue de la Vierge Marie.

De là, il se dirigea, en suivant le guide, vers la Piazza Mercanti, où est le Palazzo della Ragione, un symbole de la période communale de Milan. Du côté opposé se trouve la Loggia degli Osii, construite en marbre blanc et noir, sous commission de Matteo Visconti en 1316. Près de la Loggia se trouve le Palazzo delle Scuole Palatine, projeté par Carlo Buzzi et construit entre 1644 et 1645. Trompel prit ensuite la Via Ragione, où il put admirer la façade de la fameuse Scala, l'opéra de Milan. Le guide recommendait aussi le Palazzo Sforza, ou Castello Sforzesco, mais il avait été là le matin et ne désirait pas y retourner. Il perdrait ainsi aussi l'Arc de la Paix, que Napoléon avait fait construire sur la Piazza Sempione, derrière le Sforza. 

Fatigué de marcher, il revint alors vers le Dôme et reprit le métro de la ligne jaune pour rentrer à son hôtel. Il y ouvrit son courrier électronique, mais il n'y avait pas de nouveau message. Il envoya alors à Kaminsky l'information sur le voyage du conservateur du musée milanais et lui confirma qu'il arriverait à Prague le 17. Il aurait libre toute la journée du 18, avant de voyager à Osernj le 19, comme convenu. Il descendit ensuite pour se restaurer, après quoi il se mit à voir un film sur un canal de cable de sa chambre d'hôtel.
17 décembre  

Le matin suivant, après le petit-déjeuner, un mini-bus passa le chercher pour l'emmener au Cenáculo Vinciano, où il put admirer la Dernière Cène, de Léonard de Vinci. Selon son guide «Cette composition préocupa l'artiste depuis bien avant 1497, année du début de la peinture. Voulant exprimer de façon exacte dans son oeuvre les diverses sensations qu'expérimentaient les apôtres quand le Maître les annonça que l'un d'eux allait le trahir, Léonard étudia avec calme tous les aspects de la physionomie humaine et traça de multiples dessins en préparation de son oeuvre, pour laquelle il épuisa les ressources de son propre pécule»1

Comme Trompel avait lu dans le "Code Da Vinci", de Dan Brown, il reconnut l'aspect féminin du disciple qui apparaît à la droite de Jésus. Mais quant à dire que ce devait être Marie Madeleine, cela ne lui paraissait pas clair du tout. Les experts voient Saint Jean dans cette figure et parlent de sa "douceur angélique". Mais sa position est effectivement bizarre. Après une longue contemplation, le guide appela le groupe et l'invita à abandonner la salle. Le véhicule reconduisit chacun à son hôtel respectif. Trompel retira ses bagages de sa chambre mais les fit garder pendant qu'il déjeûnait à son restaurant. Après cela, il paya sa facture, demanda un taxi et se fit conduire à l'aéroport. A 16h30, il décollait pour Prague.