21/04/2009

Les yeux d'Horus 4.2.

Quand il entrèrent dans la principauté, Kaminsky demanda où le détective pensait loger et il rèpondit qu'il ne savait pas, car il n'avait trouvé nulle part de l'information sur les hôtels.
- Je vous conduirai -dit Kaminsky-. Je dois déjeuner avant d'aller au château, où l'on ne m'attend qu'au cours de l'après-midi. Il n'y a pas de grand hôtel, mais il y a une bonne auberge où vous pourrez loger et où nous pourrons nous restaurer.

Quelques minutes plus tard, le car entrait dans la petite ville et s'arrêtait devant le local de l'agence de voyages. Ils descendirent tous les deux et récupérèrent leurs bagages.
- Nous prenons un taxi? -demanda Trompel.

Kaminsky se mit à rire. 
- Ici, il n'y a pas de taxis, monsieur Trompel, ni de transport en commun. Ils sont inutiles. Vous pouvez traverser toute la ville en moins d'une heure à pied si vous vous dépêchez. Nous serons en cinq minutes à l'auberge.

Ils y arrivèrent effectivement après une brève marche. Kaminsky présenta son compagnon au propriétaire, qu'il connaissait déjà, et l'aida à s'enregistrer. Il lui dit qu'il l'attendrait à la table du coin le plus éloigné de la porte, pour déjeuner ensemble. Et pendant que Trompel portait ses bagages dans sa chambre, il demanda à parler à sa cousine, Joos Kampjn. Il alla s'asseoir dans le coin et sa cousine arriva rapidement. Après les salutations de rigueur, il la mit au courant de l'invitation du duc et de ce qu'il pensait qu'il pourrait se passer quelque chose d'étrange durant le week-end. Raison pour laquelle l'accompagnait secrètement un détective privé belge. Il lui demanda qu'elle l'aide dans la mesure du possible et avec la plus grande discrétion. Il lui demanda aussi quelle était la situation dans la ville ces jours çi. Kampjn lui explica alors que, comme tous les ans, la plupart du personnel et de la garde du duc était libre du 20 au 25 décembre. Et entre le 20 et le 23 au matin, personne ne pouvait entrer ni sortir de la forteresse. El le 21 au soir, il y aurait un feu d'artifice pour célébrer le solstice et l'an nouveau, comme d'ailleurs tous les ans.

A ce moment, Trompel arriva et Kaminsky lui fit signe de les accompagner. Il lui présenta sa cousine et lui dit qu'il pouvait recourir à elle pour n'importe quel besoin, même ceux qui "étaient propres de sa profession". Elle retourna à la cuisine après avoir pris la commande du déjeuner. L'égyptologue répéta alors à son ami ce qu'elle venait de lui dire au sujet de la fermeture de la forteresse et des vacances du personnel.

- Cela ne vous paraît pas l'idéal pour un rite secret? -lui dit-il.
- C'est ce qu'il semble. La seule fête que connait la population, c'est le feu d'artifice.
- Oui. Et comme vous avez vu en arrivant, les maisons sont aussi décorées des tradicitionnelles guirlandes de Noël, que l'on commence à mettre avant le 21. Ce jour là, toute la ville doit avoir un air de fête. Mais elle ne connait que l'association entre le solstice et la Noël, et que cela -pour le duc- semble plus important que le premier janvier.

Ils étaient encore en train de parler lorsqu'un jeune homme qui entrait à l'auberge vit les deux hommes et, reconnaissant l'égyptologue, s'approcha pour le saluer. Il lui parla en tchèque, ce qui empêcha Trompel de suivre la conversation.

- Professeur Kaminsky! Quelle heureuse surprise de le rencontrer ici! Qu'est-ce qui vous amène dans ce coin perdu?
- Zidovske! Tu es de Osernj? 
- Oui, professeur. Ma famille vit ici.
- Zidovske a assisté à quelques uns de mes cours à la Carolinum -dit-il en français à l'intention de Trompel. Et il poursuivit en tchèque avec l'élève:- Voici monsieur Trompel, de Belgique. Nous nous sommes rencontrés dans le car qui vient de nous amener. Il est journaliste et veut écrire quelque chose sur les fêtes de fin d'année à Osernj. Tu étudiais à l'Institut d'Histoire, n'est-ce pas? Tu as fini la carrière?
- Il me faut encore terminer ma thèse de licence, professeur. Mais c'est difficile à faire ici. Il y a très peu de matériel spécialisé à la bibliothèque de la ville et personne n'a accès à Internet. Il faudra que je retourne à Prague en janvier, mais c'est très coûteux pour ma famille. Et sans licence, je ne pourrais pas enseigner dans le lycée local.
- Mais il doit y avoir beaucoup de matériel au palais. Le duc est connu comme un grand amateur d'histoire, tout spécialement d'histoire ancienne.
- C'est ce que l'on dit, mais il n'a jamais permis à un étudiant d'entrer au palais. Nous sommes très ennuyés par les restrictions qu'il impose. Il ne nous laisse pas nous développer et maintient le pays dans le passé. Tous ceux qui ont étudié à l'extérieur nous en avons discuté et nous avons présenté une pétiition au bourgmestre mais il l'a refusée. Ainsi le mécontentement augmente de plus en plus.
- Je le regrette beaucoup. Cela pourrait conduire à une situation explosive.
- Vous avez fort raison, professeur. Mais je ne peux vous en dire plus. Et à quoi doit-on votre visite?
- J'ai aussi de la famille ici. Mais cette fois je suis venu à cause d'une invitation du duc, pour assister à la fête du solstice. Il semble que je pourrai connaître le palais.
- C'est heureux pour vous! Bonne chance! Je dois parler avec l'aubergiste. Je vous laisse.
- Zidovske, en le pensant bien, si tu parles français ou, sinon, en allemand, tu pourrais peut-être donner un coup de main à monsieur Trompel pour son reportage, puisque tu connais bien l'histoire de la principauté. Il va être ici jusqu'à Noël, je crois.
- En ce moment, c'est impossible. Mais je serai heureux de le faire demain ou après-demain. Bien que je ne pourrais parler qu'allemand avec lui.
- Il s'en arrangera. Merci et au revoir!
- Au revoir, professeur!