21/12/2010

Colonisation 1.4.

De retour à son bureau de Bruxelles, Trompel alluma son ordinateur et y passa les dossiers copiés à Louvain. Il se connecta ensuite au Registre de la Population pour chercher les membres de la famille de Pollion. Ainsi, il découvrit que ses parents étaient morts deux ans auparavent et qu'il ne lui restait qu'une soeur vivant à Namur. Il passa à la connexion spéciale de la PJF avec la compagnie téléphonique et obtint le numéro de Joséphine Pollion. Comme il était déjà plus de six heures du soir, il comptait la trouver chez elle et elle lui répondit en effet immédiatement. Il se présenta et lui demanda si elle avait des nouvelles de son frère.

- Il est parti à la mi-juillet pour l'Arabie Séoudite. A ce que je sais, il devait s'y embarquer pour réaliser des explorations sous-marines dans le Golfe Persique et devait revenir les derniers jours d'août pour reprendre ses cours à l'université début septembre. Pourquoi la police me demande-t'elle cela? Il lui est arrivé quelque chose?
- Le fait est qu'il n'est pas arrivé pour commencer ses cours et le doyen de sa faculté s'est inquiété, nous dénonçant sa possible disparition. Votre frère n'aurait pas dû vous avoir contacté à son retour?
- Oh, c'est le typique savant distrait! S'il a trouvé quelque chose d'enthousiasmant, il aura été obnubilé par sa trouvaille et la publication qu'il pourrait en faire. Comme cela est arrivé plus d'une fois, je ne trouve rien d'étrange s'il se passent deux ou trois mois sans rien savoir de lui, surtout lorsqu'il part en expédition.
- Je comprends alors que son retard ne vous inquiétait pas.
- Pas du tout. Mais s'il ne s'est pas présenté à l'université, je m'inquiète maintenant. Il était très respectueux de ses obligations envers ses étudiants. Sans doute que son assistant, à la faculté, devrait pouvoir vous aider: il doit être au courant de son calendrier et de ses plans.
- J'ai déjà parlé avec elle, et c'est elle qui a alerté le doyen de son absence.
- Je le regrette beaucoup. J'espère que vous pourrez le trouver et que rien de grave ne se sera passé. Je vous en prie: maintenez-moi au courant! Maintenant, vous m'avez sérieursement inquiétée.
- Vous pouvez y compter. Merci, madame Pollion.
- Au revoir, inspecteur.

Trompel calcula l'heure et pensa que c'était une bonne heure au Mexique pour parler avec Gordon Harris. Il avait obtenu ses numéros de téléphone et, à cette heure, il devait être chez lui. Quelqu'un lui répondit d'abord en espagnol, langue qu'il parlait suffisemment bien pour expliquer qu'il désirait parler personnellement avec l'archéologue et comprendre qu'on lui demandait de patienter. Quelques minutes plus tard, il commençait la conversation avec l'intéressé, lui expliquant les raisons de son appel et l'inquiétude surgie à l'université.

Gordon s'étonna du retard mais explica qu'il avait laissé Pollion à Dubai, où il photografiait les tablettes trouvées au fond du Golfe Persique, et travaillait avec le docteur Kauffman à leur traduction. C'était le 15 août et Pollion avait sa date de retour fixée pour le 24.
- Peut-être qu'il s'est enthousiasmé avec une découverte dans ces textes et il est même possible qu'ils soient retournés en mer. Ils parlaient de louer le bateau pour une semaine de plus, parce que l'expédition eut beaucoup plus de succès que prévu et ils voulaient râtisser une zone subaquatique plus ample que l'initiale.
- Ils avaient découvert quelque chose de si important pour retourner inmédiatement et chercher encore plus?
- Nous avons trouvé les fondations d'une grande construction et, à l'intérieur, une espèce de petit dépôt de tablettes précunéiformes. A ce que j'ai pu lire de celles qu'avait déjà traduites Müller, un texte disait que "les dieux vinrent du ciel et divisèrent la mer" et que le créateur était "au coeur du ciel". Il avait créé le monde par étapes (comme le dit la Bible) et il y eut plusieurs essais ratés de création de l'homme, avec de la boue et du bois, jusqu'à ce qu'il combina "une semence et du sang". Le premier homme pouvait voir toute la Terre, qui était ronde, et cela ne plut pas aux dieux qui lui réduisirent la vision. Il fut créé pour rendre culte aux dieux et les servir (travailler pour eux). Vous ne croyez pas que cela pouvait nous pousser à chercher davantage? Nous savons qu'il y eut cinq villes avant le déluge. Ce que nous avons trouvé correspond sans aucun doute à l'une d'elles, peut-être la première, et il faudra d'autres expéditions pour chercher les autres. Mais nous avons trouvé un édifice. N'y en a-t'il pas d'autres tout près? Ayant encore du temps, Pollion et Kauffman, avec ce qu'ils ont traduit, pourraient bien avoir convaincu Ben Rachid de leur financer une autre semaine en mer.
- D'accord. Donc Kauffman est celui qui peut en savoir le plus maintenant au sujet de Pollion.
- Probablement.
- J'essayerai de le contacter. A propos, avez-vous trouvé quelque chose qui relie les sumériens au Mexique? L'assistante de Pollion à l'université m'a dit que vous cherchiez ce genre d'information.
- Il y a en effet des textes présumériens qui désignent les travailleurs humains comme "têtes noires". Mais, à ce que j'ai pu lire maintenant, rien n'indiquait des voyages vers le couchant.
- Je le regrette. J'espère que vous aurez plus de chance dans l'avenir. Merci pour vos informations.
- Si je puis encore vous être utile, ne doutez pas de m'appeler. ET informez-moi de vous progrès, je vous prie. Le retard de mon ami me cause aussi de l'inquiétude.
- Je vous maintiendrai au courant. Au revoir.
- Au revoir.

Trompel passa à son propre ordinateur les dossiers de son pendrive. Il ne pouvait les lire tout de suite car il avait aussi d'autres affaires à suivre. Vu l'heure, il les laissa pour le lendemain. Comme l'avait siggéré Marguerite Luyckx, il commença alors par la farde "Bib-Atlantide", qui le surprit énormément. C'était un matériel qui n'avait pas encore été publié. Et ce sont les premiers chapitres qui suivent.