09/11/2010

La conspiration 7.7.

A la maison de la rue de la Prospérité étaient restés deux agents pour arrêter quiconque s'y présenterait. Le même jour que Servais interrogeait Moens, entra un homme qui en avait la clé. Les agents, préparés, lui passèrent les menottes avant qu'il se rende compte de quoi que ce soit. Connaissant la photo, ils se rendirent compte de ce que c'était Oblensky lui-même. Il n'avait pas su que son refuge avait été perquisitionné et était tombé dans la trappe. Et n'avait pas eu l'idée d'établir un code avec ses compères de l'intérieur pour s'assurer avant d'entrer de que la voie était libre. Il tombait enfin aux mains de la police. Il resta inmutable, confiant -comme toujours- qu'il n'y aurait aucune preuve contre lui. Il prétendit être un honnête homme d'affaires, mais sans préciser le genre d'affaire. Il fut donc conduit à la centrale de la PJF, où on le laisser méditer quelques heures dans une cellule.

Ensuite, le commissaire Servais préféra limiter son accusation à l'essentiel et son interrogatoire à ce qui était le plus évident: l'arme donnée à l'homme qui avait tiré sur le cardinal. La vente de cet type d'arme était interdite en Belgique, duquel fait on le considérerait complice d'une tentative d'assassinat. Oblensky protesta, reconnaissant cependant qu'"ocasionnellememnt" il vendait l'une ou l'autre arme à des "collectionneurs". L'ami qui le recevait dans sa maison de la rue de la Prospérité avait reçu la demande de cette arme et lui l'avait obtenue et remise personnellement à l'acheteur pour s'assurrer de ce que celui-çi la connaissait et "ne commettrait pas l'imprudence de l'utiliser pour un acte illégal". Servais préféra ne pas approfondir et attendre les autres arrestations pour le confronter et obtenir des informations plus substantielles.

Le lendemain se produisait l'arrestation de tous les membre du "Noyau" du PNI. Bertrand fut le premier à être introduit au bureau de Servais pour un interrogatoire. Mais il se limita à parler des objectifs officiels du PNI alors que le commissaire insistait sur les objectifs réels, préférant ne pas aborder, pour le moment, le thème de Moens. Quand il termina ce premier -et inutile interrogatoire-, il fit conduire Bertrand dans une petite salle d'interrogatoire où avait déjà été conduit Oblensky. Il resta à les observer par le mirroir polarisé et nota clairement le sursaut de Bertrand quand il aperçut son complice. Cependant, aucun des deux ne fit mine de reconnaître l'autre. Ils se savaient évidemment observés et tout échange leur serait préjuiciable. Ils ne prononcèrent donc pas un mot et ne se regardèrent même plus après le premier contact visuel. Oblensky était assis sur la seule chaise présente et Bertrand dut rester debout. Servais ordonna de les laisser ainsi pendant des heures et passait de temps en temps pour voir comment ils se comportaient. Alors qu'Oblensky semblait dormir, Bertrand tournait comme un lion en cage ou bien s'appuyait quelques minutes de dos au mirroir, tentant peut-être d'attirer l'attention de son complice. Mais celui-çi ne lui prètait pas la moindre attention.

Habitué à commander et se croyant privilégié par son grade, l'ex-général commença à réclamer à renfort de cris d'abord qu'on lui donne de l'eau, puis à manger et, finalement, qu'on le sorte de là. C'est alors que commença une conversation entre les deux détenus.
- Calmez-vous! Ces cris ne servent à rien. C'est ce que veulent ces policiers: que vos nerfs vous trahissent.
- Qu'est-ce que vous en savez?
- J'ai un peu d'expérience.
- De problèmes avec la justice?
- Oh, non. De policiers idiots qui vous arrètent sans aucune preuve et essayent d'obtenir des confessions.
- En cela, je suis d'accord. Je suis général en retraite. J'ai toujours servi mon pays comme le meilleur des patriotes. Et maintenant, ils m'accusent de conspiration et de trahison. Va-t'on voir!
- Et, comme militaire, vous ne savez rien de tactiques d'interrogatoire?
- Je n'ai travaillé ni en intelligence ni à la police militaire. Je m'occupais d'armement. Et d'administration et logistique.
- Alors on vous a arrêté pour vendre des armes? Ou toucher des pots de vin?
- Mais pas du tout! Ils disent que j'ai conspiré pour tuer des aristocrates, pour altérer le processus électoral et prendre le pouvoir. Dans un pays si petit et qui, même ainsi, s'est transformé en fédération! Quel absurde! Et vous, pourquoi êtes-vous ici?
- Ils disent que j'ai vendu une arme et qu'elle a été utilisée pour tirer sur quelqu'un d'important. Même si je l'ai vendue, qu'ais-je à voir avec ce qu'on a fait avec elle?

Bertrand apprenait ainsi pourquoi Oblensky avait été arrêté. Et de ce que le lien avec lui, au travers du tireur Moens, avait été établi. Une chose que Servais ne lui avait pas révélé. Il se rendit compte alors de ce que sa situation était bien plus grave qu'il ne l'avait d'abord pensé. Et préféra guarder silence.