30/11/2013

Cérébral 15


15. 

Entre-temps, Benson avait demandé à Franquin de lui retransmettre les donnés reçues du projet piraté, lui confirmant qu'il s'agissait de données encryptées qui pourraient identifier l'ordinateur sur lequel fonctionnait le programme. Le lendemain, mercredi, il lui téléphonait pour le mettre au courant.

- Ils ont installé le logiciel dans un ordinateur chinois Tianhe-1A, un superordinateur qui est connu depuis 2010 et opère avec des puces Nvidia Tesla. Cette année là, il a dépassé le CRAY XT5 Jaguar. 
- Alors le vol a été perpétré par les chinois?
- Pas nécessairement. Les chinois peuvent avoir vendu une de ces machines à la Corée du Nord. Elle leur serait utile pour leur projet de missiles balistiques et l'envoi de satellites.
- Alors, ils ont pu aussi reproduire et installer le système d'exploitation?
- Il semble bien qu'il en est ainsi. Ils peuvent avoir acheté au marché noir quelques uns des premiers Blue d'IBM ou d'anciens Cray. Ainsi, ils auraient le système d'exploitation. Et comme leur machine utilise des processeurs Nvidia, le reproduire n'a rien de difficile.
- Enfin, nous savons à peu près où est allé le logiciel. Nous pouvons attendre un transfert de l'information qu'ils obtiendront?
- Je ne le crois pas. Ce que nous avons reçu est une raffale de données qui dure à peine deux secondes. Ils détecteraient facilement et bloqueraient une séquence plus longue.
- Et nous pouvons leur envoyer un ordre pour bloquer ou détruire le programme?
- La bombe logique de destruction est installée. Tout dépend qu'ils ne l'aient pas trouvée. Elle s'activera automatiquement lorsqu'ils tenteront de copier la mémoire de leur troisième sujet. Mais s'il font l'ingénieurie inverse du logiciel, ils finiront par la trouver.
- Il serait logique qu'ils aient fait une copie de sécurité et pourront alors la réinstaller sans la bombe?
- C'est possible.
- Et nous en recevrions l'indication?
- S'ils n'ont pas encore trouvé cette autre trappe.
- Un jeu sans fin?
- Peut-être. Cela dépend de leurs ingénieurs. Espérons avoir été meilleurs qu'eux.
- D'accord.

Servais reçut l'information de ce dialogue entre Benson et Franquin. Quelques minutes après, il recevait un appel d'Aix-la-Chapelle.
- Une bombe a explosé au bureau de GeZi. Comme vous savez, il n'y avait personne là. L'attaquant ne le savait sans doute pas mais savait que Rosenwald avait été libéré.
- Elle n'a affecté que son bureau?
- Cela a été parfaitement calculé et limité. La bombe a été placée dans le conduit d'air conditionné, derrière la grille qui donnait dans son bureau. Sa force a été ajustée pour ne détruire que ce bureau et a été placée par un petit robot qui avança par ce même conduit et dont nous avons trouvé les débris. Un homme, même petit, n'aurait pu passer par là.
- Vous avez averti Rosenwald?
- Nous lui avons envoyé tous les détails.
- Vous savez comment ils ont localisé ce bureau?
- Cela est facile: connaissant sa page web, il suffisait de consulter Whois pour savoir à qui elle appartenait et obtenir l'adresse. Ils doivent ensuite avoir étudié le bâtiment et avoir obtenu les plans de l'air conditionné.
- Cela et envoyer un robot avec des explosifs implique une sérieuse préparation.
- Sans aucun doute. Les moyens ne leur manquent pas.
- S'ils ont tant de moyens, il est bizarre qu'ils ne se soient pas assurés de la présence de Rosenwald. Détruire un bureau vide n'a pas de sens.
- Quand ils surent qu'il était libre, ils doivent avoir pensé qu'il irait à son bureau. Mais la personne qui y entra fut la servante qui le nettoye une fois par semaine. La bombre a dû être activée par un détecteur de mouvement et explosa lorsqu'elle entra. C'est la seule victime fatale.
- Vous avez pu identifier des suspects?
- C'est impossible pour le moment. Nos experts étudient les restes de la bombe. Vous savez qu'il y a toujours une "signature" et nous verrons si nous pouvons l'associer à un autre attentat ou un criminel, mais cela prendra du temps.
- D'accord. Nous pouvons vous aider d'une façon ou d'une autre?
- Si vous obtenez des indications sur d'autres suspects dans ce procès, elles pourraient peut-être nous être utiles. Nous fairons de même s'il y a du nouveau ici.
- Merci. Au revoir.

A ce moment arriva l'inspectrice Yernault. Elle informa Servais que la veille on avait découvert le cadavre d'un jeune homme dans son auto, sur un parking de l'université de Louvain-la-Nueve. Elle était à la tête de l'équipe chargée de ce cas et venait de découvrir que la victime était un étudiant de psychologie qui avait participé à l'étude de Franquin et Marchant, ce pourquoi elle venait en informer le comissaire. Il avait été égorgé par l'arrière. "Tout comme Brasseur" pensa Servais. Cela lierait-il les deux cas? Tenterait-on d'éliminer tous ceux qui étaient au courant du piratage du projet MEMO?

Avec ce cas et l'information reçue de Franquin, Servais reprit contact avec Rosenwald. Celui-çi avait déjà reçu l'information de la police d'Aix-la-Chapelle et aussi celle de Benson. Le comissaire profita de parler de la nouvelle victime égorgée et de raconter que le tueur avait aussi visité le domicile de Ronstadt. L'espion se montra alors fort préoccupé pour Alex Lorand, celui qui l'avait aidé à retenir Joséphine Mousin. Les assassins pouvaient considérer que c'était aussi un "fil rouge" qui devrait être éliminé. Servais se montra d'accord et décida d'en avertir le jeune homme et d'essayer de le protéger. Comme Rosenwald avait été le blanc d'une bombe, il avertit de suite les Lorand, leur conseillant de s'eloigner de leur maison jusqu'à ce que le groupe anti-bombe la visite. Il avertit ensuite cet esquadron pour qu'ils aillent étudier ce domicile.

Sur l'ordre de Servais, Trompel et Yernault partirent à la suite de la camionette de l'esquadron. Quand ils s'approchaient de la résidence des Lorand, à l'avenue des Dryades, à Boitsfort, ils virent venir en sens contraire une moto qui, les voyant, fit demi-tour pour fuir en sens contraire. Trompel dépassa la camionette et se mit à poursuivre la moto, qui semblait être la même qui s'était échappée près de la maison de Ronstadt.

L'homme tenta d'échapper en prenant un sentier pour piétons, à côté d'un terrain de jeux, mais il ne put sauter au-dessus d'une chaîne qui empêchait le passage des autos. Sa moto l'accrocha et il fut lancé, cognant avec violence contre un poteau d'éclairage du terrain. Les policiers étaient descendus de leur véhicule et arrivèrent en courant, pour constater que le fuyard ne reprenait pas conscience. Son casque était cassé et il avait une vilaine blessure à la tête. Pendant que Trompel l'auscultait, Yernault appela une ambulance.

A ce moment, ils entendirent une explosion. Derrière eux, la maison des Lorand était en flammes. Trompel laissa el blessé avec sa collègue et retourna vers la camionette des experts en bombes. Un des techniciens reprenait pied, à mi-chemin entre son véhicule et la maison. Mais l'autre, qui en avait ouvert la porte, gisait sur le sol, à proximité. Son geste avait dû détonner l'explosion et les deux avaient été soufflés par le déplacement d'air. Mais celui qui était plus près semblait blessé, avec l'uniforme en partie brûlé. Heureusement, il portait la grosse protection propre de sa spécialité et, lentement, se mettait debout.

L'ambulance arrivée. Les infirmiers enlevèrent le casque du motocycliste, toujours évanoui, et lui mirent une compresse stérile pour bloquer le sang qui sortait de sa tête, puis le mirent sur la civière. Entretemps, les pompiers étaient aussi arrivés et travaillaient à l'extinction de l'incendie. Un infirmier examina le policier blessé par l'explosion mais ne lui trouva rien de grave. Trompel informa Servais de tout cela par GSM. Celui-çi lui ordonna d'accompagner le motocycliste à l'hôpital dans l'ambulance, et à Yernault de rester sur place dans l'attente des techniciens qui analiseraient la scène une fois que les pompiers terminent leur travail.

Dans l'ambulance, Trompel prit une photo et les empreintes digitales du blessé avec son GSM spécial et les envoya à la centrale. A l'hôpital, il attendit le diagnostic, qui ne tarda pas: l'homme avait une fracture du crâne ouverte, ce qui évitait un hématome intérieur, mais pourrait avoir des séquelles. Une fois la blessure nettoyée et suturée, il fut envoyé à un box de récupération, où Trompel l'attacha au lit avec des menottes. S'il s'agissait du "John Death" signalé par Rosenwald, il tenterait sûrement de s'échapper lorsqu'il reprendrait conscience.

Finalement un autre agent arriva pour le relever et Trompel put rentrer à son bureau. Il rendit compte des derniers détails à Servais. Il n'y avait plus qu'à attendre les résultats de la recherche associée à la photo et aux empreintes du malfaiteur. Ils confirmèrent finalement qu'il n'apparaissait dans aucune base de donnée nationale et envoyèrent l'information à Interpol ainsi qu'à Rosenwald.

Le lendemain, la police allemande leur envoya un résultat: l'homme s'appelait Wolfgang Riebenstahl, ex-miembre de la police d'Allemagne Orientale. Ils n'avaient aucune information au sujet de ses activités: depuis la réunification allemande, c'était un fantôme. Ils l'avaient identifié dans les archives de l'ex-RDA.

L'enquête était terminée et l'assassin hors de combat. Servais et Trompel rédigèrent le rapport final qu'ils devaient envoyer à la Justice.

FIN
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Cette nouvelle est, pour le moment, la dernière terminée récemment.
Je vous invite à connaître la première que j'avais écrite (seulement en espagnol) où apparaissait Jef Trompel, qui est aussi la dernière de sa carrière. Je viens de commencer à la traduire en français. Elle a le format d'«hyper-texte», ce pourquoi elle ne peut être lue sur ce blog. Vous pouvez y entrer à l'adresse 
Les premiers "chapitres" avec leurs compléments sont déjà prèts et je continuerai peu à peu à ajouter des pages, comme d'habitude. La façon de lire en "navigant" sur ces pages vous y est expliquée.

Notez que ce site web disparaîtra en août prochain: lisez-donc tout avant cette date!

15/11/2013

Cérébral 14


14. (Mardi; 16e jour)

Le lendemain, Servais se mit à voir le matériel reçu de Rosenwald. Il y avait une liste de villes où Globalteck avait "fait des affaires" et d'équipements qu'ils avaient acheté, comme aussi de disparitions et accidents suspects de personnes qui avaient eu contact avec eux. Mais rien de cela n'aidait la police belge. Il devait faire autre chose: interroger Alex Lorand, le jeune homme qui avait aidé Rosenwald à séquestrer Joséphine Mousin. Il marqua sur son téléphone le numéro que l'agent de la CIA lui avait donné et lui demanda de se présenter à la PJ. Quand il arriva, il l'interrogea accompagné de Trompel, mais ne put augmenter l'information dont il disposait déjà.

- Ils m'appelèrent par téléphone et je ne sais pas comment ils ont obtenu mon numéro ni comment ils ont su que j'étais ami de Joséphine. Ils m'ont dit qu'ils avaient besoin de lui parler en privé, sans que son père le sache. Je devais seulement prendre et emmener la personne qui l'interrogerait, et l'inviter à monter dans ma voiture. Ils m'assurèrent que rien ne se passerait et qu'ils me payeraient mille euros. Vu la somme et l'assurance de ce que rien ne lui arriverait, je n'ai pu m'y résister. Mais j'ai été effrayé quand cet homme lui mit du chloroforme. Il m'assura de nouveau que rien ne lui arriverait et exigea que je les accompagne à l'hôtel où il l'interrogerait. Je suis rentré chez moi apès l'avoir laissée dans sa chambre. Et quelques heures plus tard l'argent était abonné à mon compte.
- De quelle banque?
- De l'ABN AMRO.
- Vous avez les données de l'origine du transfert?
- C'est d'un compte de cette même banque mais hors du pays.

Peut-être qu'un ordre judiciaire pour la banque pourrait obtenir plus d'information, mais il ne serait pas facile de l'obtenir. Joséphine Mousin n'avait pas voulu faire un procès à son ami, bien qu'elle avait décidé de couper toute relation avec lui. L'ABN AMRO a des succursales dans plusieurs pays d'Europe et d'Asie, ainsi que dans les îles Jersey et Guernesey, et à Curaçao. Sans doute les succursales des îles pouvaient servir pour des opérations noires.

Peu après le départ de Lorand, il recevait un appel de Franquin.
- Comissaire, nous avons reçu les informations de l'ordinateur où a été installé notre fausse copie du Projet MEMO.
- Et vous avez obtenu des donnés utiles pour nous?
- Il y a quelques choses que je ne sais pas interpréter. Je devrai appeler Benson, à Murcia. Ce sont peut-être des data comprimées envoyées par les trappes qu'il a mises. Si quelque chose peut vous être utile, je vous aviserai.
- Et rien n'en indique l'origine, l'endroit où se trouve la machine?
- Tout est passé par le réseau Tor. Le dernier répéteur, qui est le seul que nous voyons, se trouve en Allemagne. La police allemande pourrait le trouver et exiger l'information, mais cela remettrait à l'ordinateur antérieur d'une chaîne qui peut être longue car Tor a 3.200 "noyaux", qui peuvent même se renvoyer plusieurs fois les données avant d'arriver au destinataire final.
- Donnez-moi cette adresse. Je l'enverrai à Interpol pour que les allemands voient ce qu'ils pourraient faire.


  • Note: Tor Project Inc. est une entreprise sans fin de lucre fondée il y a dix ans au Massachusetts, qui a pour fin assurer les communications anonymes sur internet. Elle dépend de volontaires qui prètent leur ordinateur pour réenvoyer et cacher le traffic d'internet, surtout dans le but d'assurer la liberté d'expression dans les pays où il y a contrôle gouvernemental. Mais le réseau est aussi utilisé par des délinquants de tout calibre.


Servais anota l'adresse IP puis fit la demande à Europol et l'envoya aussi à Rosenwald qui, bien que supposé détenu, était retourné en secret à Berlin. Il reçut peu après les remerciements de celui-çi, accompagnés de l'information de la CIA sur le délinquant dont il avait reçu le portrait-robot.

- La CIA connait cet homme et lui a donné le surnom de "John Death". Sa nationalité et son nom réel sont inconnus et il n'a jamais pu être arrêté. Nous avons su de sa présence au moins dans six villes de différents pays où, chaque fois il est apparu, a tué quelqu'un et a de nouveau disparu. Il semble être un expert pour traverser les frontières sans être identifié. Nous croyons qu'il agit sous contrat de services de sécurité de pays anti-occidentaux comme l'Iran et la Corée du Nord. Il ne laisse pratiquement jamais de témoin. Ceux qui ont pu le décrire ont survécu peu de temps, souffrant un accident ou disparaissant sans laisser de trace. Nous vous recommendons de protéger votre témoin, s'il est encore en vie.

Servais mit inmédiatement Trompel au courant, et l'envoya avec Yernault au domicile des parents de Ronstadt. Celui-çi était toujours en garde-à-vue à la PJ, mais il était possible que l'assassin ne le sache pas et aille le chercher chez lui. Quand les deux policier sortaient de leur auto et s'approchaient de la porte, ils en virent sortir le criminel, le reconnaissant par le portrait-robot. Ils sortirent leur arme et l'interpelèrent. A une vitesse incroyable, l'homme leur lança deux poignards -il devait les avoir prèts dans les manches- et s'enfuit en courant. Un des coutaux coupa le bras gauche de Trompel. Les détectives firent feu et une des balles atteignit le fuyard à l'épaule, ce qui ne l'arrêta pas. Il tourna le coin de la rue, monta sur une moto et s'enfuit à toute vitesse.

Yernault fit un tourniquet à Trompel pour arrêter l'hémorragie. Ils ramassèrent les poignards comme moyens de preuve, pour en analyser les empreintes. Ensuite, pendant que son compagnon restait près de l'entrée de la maison, l'inspectrice sonna à la porte et fut accueillie par monsieur Ronstadt. Elle s'identifia et entra. Elle montra alors le portrait-robot.

- Vous avez parlé avec cet homme?
- Il vient de sortir, en effet. Il nous a dit qu'il venait de l'Université Saint-Luc et voulait parler avec Kurt au sujet de sa participation à un projet de recherche.
- Comment s'est-il identifié?
- Il nous a montré une carte avec le logotype de l'université, mais ne portait pas son nom, qu'il ne nous a pas dit.
- Qu'avez-vous dit?
- Que Kurt avait été arrêté et que nous ne savions pas quand il serait libéré.
- Rien de plus?
- Non. Il est parti tout de suite.
- Bon. Cet homme n'appartient pas à l'université et est un dangereux criminel. Si vous le voyez de nouveau, avertissez-nous et, surtout, ne le laissez pas entrer.

Elle leur dit au revoir, sortit et emmena Trompel à l'hôpital qui recevait les policiers blessés, pour faire traiter sa blessure.

01/11/2013

Cérébral 13


13. (Lundi, 15e jour)
 
A Aix-la-Chapelle, le bureau de GeZi semblait encore plus petit que celui qu'occupait Trompel lorsqu'il travaillait comme détective privé. Accompagné du collègue allemand qui l'attendait à la gare du TGV, il s'en furent à l'adresse que ce dernier avait déjà et eurent la chance d'y trouver Rosenwald, l'homme accusé du séquestre, ce qui lui parut assez étrange. Il semblait même les attendre et reconnut de suite ce qui s'était passé.

- En effet, j'ai été chargé de retenir mademoiselle Joséphine Mousin. Vous saurez déjà qu'il ne lui est rien arrivé et si vous m'accusez de séquestre, je vous démontrerez que cela faisait partie d'une opération de bien plus grande envergure, destinée à suivre la trace d'une fausse entreprise qui réalisait de l'espionage scientifique et industriel dans l'Union Européenne et aux Etats-Unis.
- Une opération majeure... Chargée par qui?
- Un travail pour la CIA.
- Ne me faites pas rire.
- Ce n'est pas une blague. Contactez le chargé de presse de l'ambassade des Etats-Unis à Berlin. Il vous le confirmera. Il y a longtemps que nous suspectons de Globalteck et que nous savons qu'ils se dédient au marché noir de la technologie. Ils font croire qu'ils ont une succursale ici, bien qu'officiellement ils ont leur siège en Bulgarie, où nous ne pouvons pas entrer. Je leur ai passé deux fois des informations fausses et nous avons eu la chance de ce qu'ils me contactent pour ce séquestre, et avons assuré la collaboration de l'ingénieur Benson pour arranger un transfert sûr du logiciel avec la possibilité de suivre sa trace.
- Vous connaissiez benson?
- Il nous avait déjà aidé dans d'autres cas. Dès que nous sûmes que Globalteck voulait le projet MEMO de l'Université Saint-Luc, nous l'avons averti, pensant que l'université pouvait lui demander de l'aide puisqu'il avait déjà aidé dans le cas de d'Aosta et BreinWerken. Ce fut une chance qu'on l'invita à venir personnellement à Brxelles. Ainsi, placer les trappes fut plus facile.
- Il y a une relation entre les deux séquestres, de d'Aosta et de Mousin?
- Nous pensons que  BreinWerken était au service de Globalteck, mais cela n'a pas pu être prouvé à l'époque. Il est évident que le modus operandi est assez semblable. Il ont d'abord blessé d'Aosta, n'est-ce pas? Ici, ils attaquèrent Brasseur, mais le criminel exagéra ou bien ne comprit pas les ordres, et ils passèrent au séquestre et au chantage.
- Vous n'avez rien à voir avec le cas de Brasseur?
- Rien du tout. J'ai vu la nouvelle dans le journal et cela m'a effaré. Je ne suis pas un assassin. Ils ont dû d'abord engager ce délinquant mais commirent une erreur et, comme cela tourna mal, il recourrirent -heureusement- à mes services pour retenir Joséphine Mousin.
- Comment vous ont-ils contacté et comment est intervenu le jeune homme qui l'a attirée?
- Ils teléphonèrent à mon mobile, qui se trouve sur la page web de GeZi. Pour la participation de Lorand, ils doivent avoir préparé le terrain d'une façon ou d'une autre. Ils m'ont donné son téléphone et, quand je l'ai contacté, il ne mit aucune objection. Cela m'a un peu étonné, mais j'ai préféré ne pas demander d'explication, pour ne pas me découvrir. Vous pouvez le contacter et le lui demander. En ce moment, il n'y a sûrement plus de danger pour lui.
- Son nom est Lorand?
- Alex Lorand. Je ne connais pas son adresse mais je peux vous donner son téléphone.
- D'accord. Nous l'interrogerons.
- Vous avez envoyé l'information au journal Le Soir?
- Quelle information? Je n'ai rien envoyé aux journaux!

Trompel lui montra le journal, qu'il avait avec lui.
- C'est très bizarre! Cela semble une espèce de vengeance. Ils veulent mettre la police en ridicule?
- Nous tenterons de connaître l'origine de ces mensonges. Mais je doute d'obtenir une piste intéressante.
- Vous allez devoir nous accompagner au comissariat -dit le policier allemand- jusqu'à ce que nous vérifions avec l'ambassade américaine la légitimité de votre intervention.
- Je n'ai aucun inconvénient, au contraire. Ce sont les gages de l'office. Vous pouvez compter sur toute ma collaboration. Il vaudra mieux aussi, pour conserver ma couverture, que vous me traitiez en public comme un délinquant. -Se dirigeant à Trompel, il ajouta: - Avant de sortir, permettez-moi de vous demander de me faire parvenir l'information que le professeur Franquin recevra de la copie du logiciel qu'il a permis de voler. Ce sera capital pour savoir qui est derrière toute cette affaire. Je ne crois pas que ce soit seulement Globalteck, qui n'est sûrement qu'un intermédiaire et responsable du séquestre et de l'assassinat. Mais nous sommes fort désireux de savoir qui veut s'approprier de cette technologie.
- Cela dépendra de nos autorités et des vérifications que nous devons encore réaliser. Mais il me faut que vous aussi vous me donniez toute l'information que vous avez sur Globalteck et comment nous pouvons arriver à eux. Ils affrontent une accusation criminelle pour l'assassinat.
- Voici tout ce que j'ai sur Globalteck -repondit-il, en donnant une petite carte de mémoire SD-. Ce n'est pas grand chose, mais il est indiqué comment il me contactent et comment je peux les informer des progrès d'une opération.
- Vous leur avez dit que vous avez libéré Joséphine Mousin?
- Non. Ils m'ont confirmé qu'ils avaient obtenu ce qu'ils voulaient et que "je pouvais disposer de la fille comme il me plairait". Il ne me fallait pas leur dire ce que je ferais, et je crois même qu'ils préféraient ne pas le savoir. Mais ils devaient encore me payer une partie du prix convenu. La banque devrait m'informer aujourd'hui. Evidemment, il est prévu de chercher l'origine de cet argent, mais j'ai bien peur que ce ne sera pas facile.

Trompel lui montra alors le portrait-robot de l'assassin.
- Vous avez vu cet homme? C'est l'assassin de l'assistant du projet.
- Je ne le connais pas. Mais si vous me donnez ce dessin, je peux l'envoyer à la CIA et ils peuvent consulter leur banque de données. Si je reçois une réponse positive, je vous l'envoie.

Il semblait qu'il n'y avait pas beaucoup plus à dire et le policier allemand passat les menottes à l'agent de la CIA. Ils sortirent ensuite et le conduisirent au poste de police principal d'Aix-la-Chapelle. Là, Trompel rédigea un petit rapport pour la police locale et on fit une copie de la carte SD de Rosenwald, que Trompel emporta à Bruxelles.

Arrivé à la PJ, il mit Servais au courant et lui donna la SD. Le comissaire la copia sur son ordinateur et la lui passat à nouveau pour qu'il fit de même et étudie son contenu. Informé de ce que Benson avait été averti par la CIA, il décida de téléphoner inmédiatement à celui-çi. L'américain installé en Espagne lui confirma que la CIA l'avait mis au courant d'un possible essai de vol du projet MEMO et il avait préparé les trappes à inclure dans le logiciel, convenant ensuite avec Mousin de les inclure, à peine arrivé à Bruxelles.

15/10/2013

Cérébral 12


12. (Vendredi, 12° jour)

Le lendemain, le laboratoire confirma que les empreintes de Ronstadt étaient sur le clavier de l'ordinateur de Brasseur. Il n'échapperait pas à l'accusation d'assassinat et se verait obligé à dénoncer son complice. Ils avaient aussi terminé l'analyse de l'ADN d'un cheveu trouvé sur les vêtements de Brasseur: ce n'était pas de lui ni de Ronstadt et, devait, donc, être de l'assassin.

Avec ces données, Trompel interrogea de nouveau le détenu.
- Vous avez été chez Brasseur et l'homme qui est allé avec vous, après, au Cactus y était aussi avec vous. Nous avons trouvé vos empreintes sur le clavier de l'ordinateur et des traces d'une autre personne dans l'appartement. Donc, ou bien vous m'expliquez ce qui s'est passé, ou bien nous vous accusons de l'assassinat.

Le jeune d'homme perdit tout aplomb.
- Cela a été horrible. L'homme a forcé la serrure et est entré, me disant d'attendre. Ensuite, il me fit entrer et j'ai vu qu'il avait coupé la gorge de l'assistant du profeseeur Franquin. Il me dit de faire "ce qui me correspondait" et que lui m'avait "ouvert la route". Cela m'a rendu nerveux et je n'ai pas pu établir la connection. J'ai cassé l'ordinateur comme j'ai pu et ensuite nous sommes partis. Alors, il m'a dit qu'il avait besoin de se relaxer et m'a demandé de le conduire à un night-club, parce qu'il connaissait très peu Bruxelles. Je l'ai donc emmené au Cactus. Quand il eut assez bu, il prit congé et je m'en suis retourné seul chez moi.
- Comment avez-vous pris contact avec lui? Où vous êtes-vous rencontrés?
- Quand on me donna les instructions pour obtenir le logiciel en accédant à la demeure de Brasseur, ils me dirent qu'ils enverraient "un spécialiste" pour m'en assurer l'entrée et que nous nous rencontrerions devant sa porte. Ils me donnèrent l'adresse et l'heure et il attendait devant la porte quand j'y suis arrivé.
- Comment s'apelle-t'il?
- Je n'en sais rien. Quand je suis arrivé, il m'a demandé si j'étais Ronstadt puis me dit qu'il venait m'aider. Il m'a aussi demandé si je parlais allemand. Ensuite, on a toujours parlé dans cette langue.
- Vous pourriez le décrire, pour un portrait-robot?
- Sûrement.
- Je vais appeler un dessinateur.

Du numéro de téléphone donné à Ronstadt on ne put rien découvrir: c'était un "prêt-à-jeter" pré-payé. Faire un appel permettrait peut-être de le localiser, mais ce serait risqué et pourrait alerter les contactés. Le portrait, au contraire, pouvait être envoyé à tous les bureaux de police et à Interpol.

Cet après-midi, dans le journal "Le Soir", qui se distribuait après cinq heures, apparut la nouvelle suivante:

"Chef d'informatique de l'Université Saint-Luc accusé d'espionage
Mr Mousin, chef du système informatique de cette université, a transmis à une entreprise étrangère un logiciel développé par les professeurs Franquin et Marchant dans le cadre d'un projet Esprit de l'Union Européenne. Ce projet correspond à une étude de la mémoire des êtres humains et tente de produire une copie de cette mémoire, en appui de la création d'une mémoire qui opérerait avec un système d'intelligence artificielle. On spécule qu'il pourrait être utilisé par une puissance étrangère pour détecter des dissidents au moyen de l'exploration non-volontaire de leur mémoire. Malgré que la fille de l'ingénieur Mousin a été séquestrée pour obtenir ce logiciel par le chantage, la police a été incapable de détecter l'opération et n'a prêté aucune collaboration pour récupérer la jeune fille."
Le comissaire Servais reçut le journal peu avant de quitter son bureau pour rentrer chez lui.
- C'est un gros mensaje! - grommela-t'il, furieux-. Qui leur pourrait avoir dit cela?

Il appela Trompel et lui montra le journal.
- Ils ne nous révéleront pas leur source -répondit celui-çi, se basant sur son expérience de journaliste-. Mais aucun éditeur n'aurait permis cette publication sans avoir vérifié les antécédents. S'ils nous accusent et accusent Mousin, ils doivent avoir d'autres données qu'ils ne publient pas, sûrement tergiversées. Nous pouvons exiger qu'ils nous donnent celles-là.
- Et nous devons démentir totalement cette information. Préparez-moi un communiqué de presse. Nous l'enverrons inmédiatement à tous les média. Et j'avertis notre département légal pour que les avocats fassent la réclamation pertinente.
- Il nous faut faire attention avec le communiqué. Les voleurs peuvent avoir fait publier cela pour vérifier, dans une éventuelle réponse, si le logiciel qu'ils ont obtenu est légitime. Nous ne pouvons rien permettre de deviner de cela. Et l'université ne devrait pas s'y risquer non plus.
- J'avertirai à Franquin et Marchant. J'ai reçu une information de la police allemande -ajouta le comissaire-. Rosenwald n'a pas d'antécédents pénaux là-bas, mais il apparait comme gérent d'une entreprise de sécurité appelée "Geheimeziechereit (GeZi)", dont le siège est à Aix-la-Chapelle. Je voudrais que vous alliez là lundi prochain pour en savoir plus. J'arrangerai qu'un collègue allemand vous accompagne.

Ensuite, au travers des mécanismes d'Interpol, Servais se communiqua avec la police d'Aix-la-Chapelle pour leur expliquer de quoi il s'agissait et convenir le travail en commun. Une fois l'accord fixé, il en informa son subordonné, qui était déjà rentré chez lui, au sujet de l'endroit où il devait se rendre et le nom de son contact. Trompel se réunirait avec un inspecteur allemand et les deux visiteraient GeZi pour parler avec Rosenwald.

30/09/2013

Cérébral 11

11. (Jeudi, 11° jour)

Le lendemain, alors que Trompel interrogeait de nouveau Ronstadt, Servais téléphonait au poste de police de Bütgenbach et leur expliquait la situation, demandant s'ils avaient observé des mouvements anormaux dans le village et où pourrait éventuellement être logée une personne séquestrée avec son capteur. On lui répondit qu'il n'y avait aucune maison vide y qu'il n'y avait qu'un petit hôtel, en bord de route, qui pouvait recevoir six passagers et fonctionnait plus comme restaurant. Il promettèrent d'en consulter le registre de clients. Deux heures plus tard, ils rappelaient pour informer qu'il y avait deux passagers dans l'hôtel: un citoyen allemand et une jeune fille belge. Celle-çi semblait malade quand elle était arrivée et fut conduite à sa chambre par l'allemand et un autre homme qui était ensuite parti. Ils expliquèrent qu'elle s'était évanouie en route, que l'homme qui était parti était médecin et qu'ils les avait assurés que ce n'était rien de grave et qu'elle se récupérerait avec deux jours de repos. L' allemand lui portait toujours sa nourriture à la chambre.

Servais demanda alors une observation permanente, pendant que lui et son équipe se dirigeaient vers le village. Il appela alors son assistant et Trompel. Ils prirent une auto et partirent pour la frontière allemande, vu que Bütgenbach était à quelques kilomètres de celle-çi.

Durant le trajet, Trompel rendit compte de son dernier interrogatoire.
- Ronstadt ne reconnait rien. Il continue à insister n'avoir jamais été au domicile de Brasseur. Il dit qu'il avait échangé quelques mots avec l'allemand au club Cactus, mais qu'il ne le connaissait pas avant cela et ne l'avait plus revu après. Cela ne peut être vrai, car il est difficile d'entrer au Cactus sans être membre ou accompagné d'un membre, surtout pour les étrangers. Le portier est très exigeant. Et le barman a vu l'allemand seulement avec Ronstadt.
- Nous savons bien qu'il ment. Il faudrait analyser de nouveau la scène du crime, au cas où il resterait encore une piste.
- Les techniciens n'ont pas pris les empreintes du clavier de l'ordinateur?
- Ils auraient du, mais n'en ont rien dit. S'ils l'ont fait, ils n'auront pas trouvé de piste dans les bases de données.
- Mais ils n'avaient pas celles de Ronstadt. Je les leur ferai prendre et comparer.

Quand ils arrivèrent à l'hôtel, dont la localisation eaxcte leur avait été donnée par la police communale, Servais déposa son assistant Frenet à l'entrée et demanda aux agents locaux d'encercler l'endroit. Il entra avec Trompel, avec l'intention de monter aux chambres occupées par le suspect et son ôtage mais, lorsqu'il demanda les numéros des chambres à la réception, on lui répondit qu'ils étaient partis quelques heures plus tôt. Cela avait dû être quelques minutes avant l'arrivée des policiers locaux chargés de surveiller l'endroit. Servais demanda à voir le registre des hôtes: les noms inscrits étaient ceux de Joséphine Mousin -ils avaient montré sa carte d'identité- et d'Otto Rosenwald. Mousin apparaissait avec résidence à Bruxelles et Rosenwald à Aix-la-Chapelle.
- Ils mirent le nom réel de la fille. N'est-ce pas bizarre? -demanda Trompel.
- Comme le cas n'est pas apparu dans la presse, il n'y avait pas grand risque. Je me demande si Rosenwald est le vrai nom du séquestreur. cela serait beaucoup plus étrange.
- Que faisons-nous maintenant?
- S'ils sont partis, il y a deux possibilités: ou bien ils vont la mettre en liberté, ou bien ils l'emmènent ailleurs pour se défaire d'elle. Je vais téléphoner à son père pour savoir s'il a des nouvelles.
- N'est-ce pas risqué? Ils pourraient encore le surveiller...
- Il a fait ce qu'ils demandaient. Le sort de la fille était décidé et ce doit être ce qui a mis Rosenwald en marche. Notre éventuelle intervention ne doit plus les intéresser.

Servais n'eut pas beaucoup à parler au téléphone.
- On vient d'avertir son père que sa fille a été mise en liberté. Elle est dans une station de service de l'autoroute à la sortie de Liège. Il allait prendre son auto pour y aller, mais je lui ai dit que nous étions tout près et que nous allons nous charger de la prendre. Allons-y.

Ils prirent congé de la police locale et reprirent la route de Liège. Ils trouvèrent la jeune fille là où son père avait indiqué et Servais lui demanda de raconter ce qui s'était passé.

- Après être montée dans l'auto d'un ami, quelqu'un, de l'arrière, m'a appliqué une compresse sur la bouche et le nez, et j'ai perdu connaissance. Je me suis réveillée couchée dans une chambre, avec les yeux bandés mais les bras et jambes libres. Je me suis quitté la bande et j'ai vu que c'était une chambre d'hôtel et qu'il y avait une petite salle de bain. La porte était fermée à clé. Quelques heures plus tard, un homme entra et me dit de ne pas avoir peur, que j'étais en sûreté et que rien ne m'arriverait. Il me demanda seulement de ne pas faire de bêtise, d'avoir de la patience et que je serais promptement mise en liberté.
- Qui vous a prise, pour que vous montiez si facilement dans cette auto?
- C'était le fils d'un collègue de mon père. Je suis sortie plusieurs fois avec lui pour aller à une fête.
- Vous avez pu voir plus tard où vous étiez?
- C'était un petit hôtel, que j'ai vu en sortant, mais je n'ai pu reconnaître la ville: je n'y avais jamais été. En roulant, j'ai vu que nous tarversions un croisement avec une route qui indiquait vers Verviers et que nous continuions vers Liège. Ils me laissèrent finalement à cette pompe à essence et me dirent que mon père irait me chercher. L'homme qui me conduisit me donna ses excuses et répéta qu'il n'y avait aucun danger. Je n'ai jamais vu personne d'autre.

  • Nouvelle du 23/09/2013: Stephen Hawking a afirmé que «le cerveau est comme un programme de l'esprit, comme un ordinateur, et il est donc en théorie possible de le copier dans un ordinateur et donner de cette façon une forme de vie après la mort», selon le journal The Guardian.

16/09/2013

Cérébral 10


10.

Franquin et Marchant avaient continué à étudier les mémoires des étudiants que leur logiciel avait copié et intégré, donnant priorité à ce qu'ils avaient obtenu de celui qui avait dit s'appeler Anne Zondag. Marchant prit beaucoup de notes et, finalement, l'après-midi du mercredi, se décida à informer le comissaire Servais.

- J'ai étudié avec attention les enregistrements mentaux que nous avons de Zondag-Ronstadt. Il y a quelques tendances qui pourraient vous intéresser. Il faut tenir compte d'un niveau bas d'éthique pour accepter de trahir un accord de confidentialité et un esprit un peu tordu pour, avec cela, changer en plus d'identité. Mais selon ce que je peux déduire de ses antécédents, il semble jouir de ce genre d'opération et avec les agressions. Il a souvent ennuyé ses compagnons de classe et a même eu des discussions avec ses professeurs universitaires pour les notes qu'ils lui donnaient. Et la résonance magnétique montre qu'il a une activité restreinte dans la zone du cortex préfrontal, qui est celle qui contrôle l'agressivité, ce qui est typique des délinquants violents. Je me demanderais s'il aurait pu tuer Brasseur.
- Est-ce que cela ne serait pas gravé dans sa mémoire?
- Pas dans ce que nous avons ici. Rappelez-vous qu'elle a été copiée plusieurs jours avant l'assassinat. Ce qui est enregistré, c'est son engagement pour épier ce que nous faisions ici à cette étape de notre recherche, mais il peut avoir été engagé après pour attaquer Brasseur et tenter d'obtenir le logiciel complet.
- Merci pour cette information. Nous allons de nouveau l'interroger et vérifier son alibi pour cette nuit-là.

Servais informa aussitôt Trompel et lui ordonna d'interroger de nouveau Ronstadt, toujours aux arrêts.

- Vous avez eu contact avec d'autres membres de l'équipe de Franquin et Marchant?
- Non, je n'ai vu personne d'autre.
- Pas même Brasseur, leur assistant? Vous ne lui avez pas rendu visite le vendredi 8?
- Pas du tout.
- Où avez-vous été la nuit du 8?
- Je ne suis pas sûr. Mais les vendredi, je sors m'amuser.
- Où cela?
- Au You, au Cactus, ou au Havanna Club.
- ¿Vous êtes membre de l'un d'eux? Il n'est pas toujours facile d'entrer...
- Au Cactus j'entre toujours sans problème. Aux autres, il faut souvent graisser la patte au "sorteur" (concierge) pour pouvoir entrer.
- ¿Et auquel étiez-vous le vendredi 8?
- Je ne le sais plus.
- ¿A quelle heure y allez-vous?
- Entre 11 heures et minuit.
- ¿Jusqu'à... ?
- Quatre ou cinq heures du matin.
- Je vais tenter de vérifier cela. Mais vous aurez des ennuis si vous n'avez pas de témoin.
- Demandez à Claude, le barman du Cactus. Lui, il me connait.
- On verra cela.

La nuit, Trompel s'en fut au Cactus, au boulevard du Souverain, pour parler avec le barman.
- Vous connaissez Kurt Ronstadt? -et il montra la photo.
- Oui, c'est un client régulier.
- Quand est-il venu pour la dernière fois?
- La semaine passée, il n'est pas venu, mais bien la semaine avant, accompagné d'une autre personne.
- Vous vous souvenez du jour et de l'heure?
- Vendredi, selon son habitude. Cela a dû être après minuit. D'habitude, il arrive un peu plus tôt et seul.
- Vous avec vu d'autres fois son compagnon?
- Non. C'est la seule fois qu'il est venu.
- Vous connaissez son nom? Vous pourriez le décrire?
- Je n'ai jamais entendu de nom. Il était grand et fort, et je crois que blond. Mais je ne pourrais pas décrire sa figure. Ici passent trop de gens et je ne reconnais que les clients habituels.
- Rien de plus qui ait attiré votre attention?
- Je les ai entendu parler allemand; c'est ce qui a attiré mon attention. Et il avait une tache rouge sur sa manchette. J'ai pensé qu'il venait d'un restaurant et que cela pouvait être une tache de sauce.

Il n'était donc pas nécessaire de visiter le You Night Club ni le Havana Club. Et il semblait bien que Ronstadt était sorti avec l'assassin après le crime. Le jeune homme devait avoir essayé d'utiliser l'ordinateur de Brasseur après que le criminel l'eut éliminé. Et ensuite ils doivent avoir été s'amuser à la discothèque. Le policier devrait remettre son prisonnier sur la selette le lendemain pour obtenir plus de détails sur l'assassin.

02/09/2013

Cérébral 9


9.

Le même jour, Mousin entendit sonner son téléphone.
- Monsieur Mousin, vous avez tenté de nous tromper. Vous avez injecté un flaireur dans le logiciel que vous nous avez fait décharger. C'était une mauvaise idée. Vous auriez dû penser que nous ne sommes pas bêtes. Nous avons les meilleurs ingénieurs et la première chose qu'ils ont fait a été de filtrer le programme pour y chercher un virus ou une séquence espion. Le nettoyer sans causer de dommage serait fort difficile pour qui ne le connait pas à fond. Donc, si vous voulez revoir votre fille, vous devrez nous donner une copie propre. Si cette fois çi elle ne fonctionne pas correctement, vous ne la reverrez pas.

Mousin envoya de nouveau le message à Franquin par le réseau interne, le mettant au courant.
- Je ne crois pas qu'ils aient tout découvert. Nous avons mis des instructions d'espionage à plusieurs niveaux. Un flaireur simple est en effet facile à détecter et nous nous attendions à ce que cela puisse arriver, mais aussi à ce qu'ils puissent l'annuler facilement. Il semble qu'ils n'ont pas été capables de faire l'ingénieurie inverse nécessaire pour cela. La deuxième trappe est imperceptible, parce qu'elle est dans le système de contrôle des périphériques, sans lesquels il est impossible que le système fonctionne. Dans ce cas, la connection à un autre ordinateur est détectée car il y a échange de messages d'état et ce dernier interprétera le message comme un courriel qui doit être renvoyé à un serveur anonyme, d'où nous l'obtiendrons. Même s'ils le découvrent, ils ne pourront pas le comprendre car il sera encrypté et il leur sera impossible de savoir d'où il vient et où il va. Le troisième niveau correspond à la copie et conservation de sécurité des données légitimes produites par l'utilisation.  Même s'ils détectent ces deux choses, ce sera bien après la mise en marche et après que ma fille soit libérée. Ce sera trop tard pour eux, car le logiciel leur aura donné l'impression de fonctionner normalement. Je leur ai répondu qu'il me fallait attendre la nuit pour pouvoir mettre une autre copie à leur disposition. Ils savent que je ne suis pas membre de l'équipe et qu'il m'est difficile de produire une copie sans faire sonner une alarme. J'ai la liste des lignes à supprimer et il me sera facile de le faire sans toucher les autres trappes. Ils la déchargeront sûrement en fin de nuit et la vérifieront peu après, avant de libérer ma fille. Si leurs ordinateurs sont en ligne, de quelque façon que ce soit, nous recevrons un message; j'ai un canal de réception ouvert et une alarme sonnera. Comme ils emploient le courriel, je suis sûr que cela devra arriver. Ce que je ne sais pas, c'est combien de temps ils prendront pour tout vérifier et produire, éventuellement, des résultats qu'ils ne pourraient lire que sur un autre ordinateur et avec une copie qui nous serait envoyée.

Franquin réexpédiat le message à Servais. Celui-çi demanda:
- Avec les messages attendus, il n'est pas possible de savoir où sont les séquestreurs?
- J'en doute. Nous pourrions savoir où se trouve le superordinateur, mais il pourrait être en Chine ou au Kasakstan. La fille doit être plus près. Nous n'avons aucune possibilité d'accéder à leurs communications avec les rapteurs.
- Mais nous, nous interceptons le téléphone de Mousin. Nos techniciens doivent déjà avoir fixé l'origine de cet appel.
- Espérons-le, comissaire!

Servais appela alors les détectives chargés des écoutes.
- Le téléphone utilisé est un GSM d'une compagnie étrangère. Il n'y a pas moyen d'en connaître le propriétaire, mais nous avons le numéro.
- Vous n'avez pas pu déterminer sa localisation?
- Pas avec précision. Il était près de la station-base de Bütgenbach, et une station-base GSM urbaine a un rayon de couverture de plusieurs centaines de mètres. C'est pratiquement tout le village. Nous devrions nous installer là-bas avec trois postes directionnels pour trianguler la position exacte et l'appel devrait durer au moins deux minutes. Mais, avec un GSM, ils pourraient appeler d'autre part, passant par une autre antenne, et nous les capterions pas.
- Bien. Merci. Je vais voir comment poursuivre avec cette opération.

Trompel, qui avait été envoyé à Rixensart, trouva l'"étudiante" chez ses parents. Il l'arrêta et l'amena à la centrale de la PJ, commençant son interrogatoire dans le véhicule de la PJ. Le jeune homme ne se fit pas prier.
- Ils m'ont engagé pour obtenir le plus d'information possible sur ce logiciel. En m'offrant pour les tests, je pouvais connaître les procédés d'obtention de données, un peu comme le mode d'emploi. Je reconnais que c'est proche de l'espionage industriel, mais Franquin devait savoir que cela pouvait se filtrer.
- Et vous avez signé un accord de confidencialité avec l'université, n'est-ce pas? Vous saviez d'avance que vous alliez le violer et, de plus, vous avez caché votre véritable identité et profession et vous vous êtes déguisé. Vous avez dû avoir de l'aide pour cela, ou bien vous êtes aussi un falsificateur?
- Ils m'ont fait parvenir la carte d'étudiant, avec un premier payement, une "avance pour me motiver", m'ont-ils dit. Comme j'étais sans travail, vu le montant, c'était irrésistible.
- Un chèque ou de l'effectif?
- Cinquante mille euros en billets.
Trompel siffla.
- Et comment vous communiquez-vous avec vos patrons?
- J'ai seulement un numéro de téléphone pour cas d'urgence et une adresse de courriel pour l'envoi d'information.
- Il me faut les deux. Vous avez téléphoné quelque fois?
- Seulement quand j'ai su l'accident et que Franquin était dans le coma. Je les ai averti.
- Et qu'avez-vous entendu.
- Une voix à l'accent allemand. Et de la musique, comme d'un autre téléphone, parce qu'elle a été très brève.
- Quelle musique?
- Le début de la Cinquième Symphonie de Beethoven, la "V".
- Et comment avez-vous su que Franquin était dans le coma?
- Je me suis rendu amis d'un autre étudiant qui participait au projet MEMO et qui étudiait ingénieurie. Il visite régulièrement le laboratoire d'informatique et il a entendu là qu'il s'était passé quelque chose et que les test étaient arrêtés depuis la mort de Brasseur parce que le professeur Franquin était dans le coma.

Trompel transmit cette information à son chef, dès qu'il eut mis Ronstadt en garde à vue. Servais vérifia quelques données et les commenta à son subordonné.
- Le numéro de téléphone n'est pas le même que nous avons détecté lors de l'écoute de Mousin. Il semble donc qu'il y ait plusieurs intermédiaires, avec différentes tâches.
- Et qu'en est-il du courriel?
- Le domaine IP appartient à la compagnie Globalteck que nous a indiqué Franquin, et est confirmé par Ronstadt. Selon WhoIS, la résidence associée est de Bulgarie. Il sera difficile d'obtenir quelque chose de là-bas.
- Et que savons-nous de Ronstadt? Une ascendance allemande?
- En effet. Ses parents sont venus de l'Allemagne de l'Est, à la fin de la guerre.
- Ainsi qu'ils peuvent avoir encore des contacts là-bas. Ou même avoir opéré pour les services d'espionage. Bien que cela ne nous intéresse pas, cela pourrait expliquer comment ils ont contacté Kurt.
- Son contact avait un accent allemand. Ils auraient pu parler cette langue.
- Le contact pouvait ne pas savoir cela. Il peut être un intermédiaire ou même un des séquestreurs, et avoir été engagé seulement pour cette opération, avec un minimum d'information et d'instructions.
- Et le téléphone d'où ils appellent Mousin a été utilisé à Bütgenbach: c'est dans une des communes de langue allemande, près de la frontière. Ainsi, si nous recroisons les pistes, nous pourrions déduire que les rapteurs pourraient être en Allemagne, au service de Globalteck, laquelle est enregistrée en Bulgarie.
- Je demanderai à Interpol si cette entreprise leur est connue. Essaye de savoir de qui est le téléphone auquel pouvait appeler Ronstadt.

15/08/2013

Cérébral 8


8.

Trompel avait réfléchi au sujet de quels pourraient être les séquestreurs ou, en tous cas, de qui pourrait avoir ordonné cette action. Il alla voir Servais.
- Chef, j'ai pensé à ce que pouvait signifier qu'on désire obtenir le logiciel de Marchant et Franquin. Je pense que ce doit être une entreprise non-occidentale ou même un gouvernement, qui veut l'avoir, pour une fin soit politique soit commerciale. Mais ce qui est essentiel c'est qu'ils doivent disposer d'un superordinateur avec assez de capacité de calcul, et donc un Cray de la dernière génération. Et il n'est pas facile d'acheter cela. Le gouvernement des Etats-Unis le considère matériel stratégique et toute vente à l'extérieur doit compter avec une autorisation spéciale. Il est impossible qu'un groupe pirate ait ce type de machine.
- Comment pourraient-ils, alors, employer ce logiciel?
- Demandons à Franquin.

Servais prit le téléphone et appela l'ingénieur pour lui faire la question.
- En effet, je ne crois pas qu'un acheteur légal d'un Cray puisse vouloir nous pirater. Ce n'est pas la façon de travailler des institutions scientifiques sérieuses.
- Ils pourraient obtenir ou fabriquer un superordinateur capable d'émuler un Cray?
- Un superordinateur asiatique n'aurait pas le même système d'exploitation, ce qui est indispensable. La seule chose possible serait d'acheter et faire travailler en parallèle plusieurs machines plus anciennes. Je crois que ce serait possible en joignant quatre des Blue de IBM d'il y a dix ans, qu'on peut trouver dans le marché secondaire ou le marché noir. Dans le marché secondaire il serait facile de connaître l'acheteur: IBM leur suit la piste, pour les services de maintenance. Mais il est toujours possible que, de là, ils passent au marché noir et soient transférés de façon illégale dans un pays qui ne compte pas avec l'acceptation des Etats-Unis. Cela est arrivé plus d'une fois. La CIA a même profité de cela pour filtrer des machines avec des bombes logiques, c'est-à-dire des logiciels occultes que la Compagnie peut activer à distance pour épier les activités ou même désactiver complètement l'ordinateur s'il est utilisé pour des activités que l'on veut annuler.
- Qui pourrait être au courant de telles ventes?
- A part les vendeurs illégaux et la CIA, je ne vois pas qui. Bien qu'Interpol pourrait avoir des pistes. Ils doivent connaître les cas du passé et cela pourrait les orienter.
- D'accord. Merci pour l'information. Je contacterai Interpol, pour voir s'ils peuvent nous aider.

(Mercredi, 10° jour)
- Le lendemain, Marchant reçut du secrétariat de l'université les données demandées au sujet des étudiants qui avaient participé aux tests. Tous moins un coïncidaient parfaitement avec l'information qu'il avait. Mais l'"étudiante d'Histoire", Anne Zondag, était inconnue des autorités. Il le commenta à Franquin:
- Notre "étudiante d'Histoire" n'étudiait pas du tout l'Histoire. Elle n'était même pas élève de l'université. Elle a dû falsifier sa carte d'étudiante, car elle n'apparait pas dans les registres de l'université.
- Analisons le contenu de sa mémoire. Nous en saurons beaucoup plus.
...
- Je vois ici la transcription de sa mémoire épisodique. Selon son histoire de vie, elle est ingénieur en informatique. Et ce n'est pas une femme, mais un homme. Son vrai nom est Kurt Ronstadt, et non Anne Zondag.
- Qu'y a-t'il de ses contacts dans les dernières semaines?
- Elle a un contrat avec une firma appelée Globalteck pour décrire de nouveaux projets, et ils lui recommendèrent de changer d'identité. Ils l'ont engagé pour nous espionner! Je vais avertir le comissaire.

Il fit l'appel inmédiatement.
- Save-vous où il vit? -demanda Servais.
- Sa fiche dit qu'à la rue de Berkendael, à Saint-Gilles, mais selon sa mémoire, il vit encore avec ses parents, à la rue de la Reine, à Rixensart.
- Nous assumerons que l'adresse de Saint-Gilles est fausse. Mais il doit vous avoir donné un numéro de téléphone valide pour le contacter, pour les tests.
- En effet. C'est le 9.640.00.94.
- Un GSM. Je le ferai mettre sous vigilance. Et nous irons visiter ses parents.

01/08/2013

Cérébral 7

7. (Mardi, 9° jour)

Le matin suivant, Servais reçut un appel de Franquin.
- Comissaire, je viens de trouver ici un message de texte de Mousin, par notre réseau interne. Donnez-moi votre adresse de courriel pour vous en envoyer copie. Il s'agit de sa fille.

Servais le lui donna et, peu après, recevait le message qui exprimait ce qui suit:
- Ma fille a été séquestrée. Je ne peux pas parler de cela avec la police et elle ne doit pas s'approcher. Mais les délinquants ne peuvent pas intercepter nos communications internes, et vous pouvez retransmettre ce message au comissaire Servais. On veut que j'obtienne une copie du programme de MEMO et on m'a donné 48 heures pour l'offrir en échange de ma fille. Je peux la voir toutes les six heures pendant quelques minutes en "streaming" d'une caméra web, au travers d'un répéteur qui cache l'adresse IP, et elle se porte bien. J'ai expliqué que les mesures de sécurité du laboratoire rendent impossible de leur donner une copie physique du programme à cause de son extension, car cela impliquerait faire sortir de l'université plusieurs disques durs. Ils ont accepté que je leur donne une clé d'accès pour décharger librement une copie. Mais je ferai -à leur insu- une copie qui contiendra un piège qui nous enverra l'information de tous les proxys (les relais) par où elle passera et, ainsi, nous pourrons savoir où ils sont. Et quand ils essayeront de l'utiliser, elle semblera correcte à première vue, mais je m'arrangerai pour que plusieurs fonctions soient inhabilitées et remplacées par des instructions de retransmission qui, s'ils sont connectés à l'extérieur, nous enverront des informations sur leur propre ordinateur.
J'ai travaillé sur cela avec Benson avant son départ. Il avait pensé que, s'ils avaient été disposés à attaquer Brasseur, ils n'abandonneraient pas facilement et chercheraient une autre façon d'obtenir le programme. Ainsi, il nous a semblé utile de préparer notre propre version, prête pour le piratage.

Servais accusa réception par la même voie et demanda à Franquin de l'avertir à n'importe quelle heure s'il y avait du nouveau. Il demanda aussi comment les séquestreurs se communiquaient avec Mousin et demanda l'information disponible sur tous ceux qui avaient participé au projet ainsi que sur les élèves qui avaient servi de cobayes. Franquin lui confirma que Mousin recevait les instructions par téléphone à son bureau et lui envoya les coordonnées du personnel d'Informatique et des étudiants dans un document annexé. Le comissaire demanda alors l'interception des téléphones du domicile et du bureau de Mousin; ainsi il pourrait monitoriser les appels sans que Mousin le sache. Il appela ensuite Trompel et le mit au courant, lui ordonnant de vérifier les informations sur les élèves impliqués.

A l'université, Franquin et Marchant s'étaient réunis pour continuer à étudier ce qui s'était passé. Franquin mit le médecin au courant du message de Mousin et ils décidèrent de donner priorité à l'information qui pourrait être utile à la police. Mousin révisa les informations dont il disposait sur les étudiants-cobayes, mais rien ne lui parut anormal. Cependant, il envoya la liste de noms au Secrétariat Général de l'université, demandant les données dont eux disposaient et en expliquant le motif. Il proposa ensuite à son co-équipier de vérifier les copies mentales réalisées: si l'un d'eux était impliqué, il y aurait sûrement une piste dans la transcription de sa mémoire. La copie mentale faite par le programme était bien meilleure que le meilleur détecteur de mensonges: tout était enregistré sans pouvoir être falsifié.

  • NOTE: "Copier" la mémoire d'un sujet, comme prévu dans le projet mentionné dans ce roman, suppose qu'on localise les traces correspondant au «fichier épisodique» et au «fichier conceptuel» dans la mémoire du sujet et en quelque sorte à transférer ces informations au système informatique. Produire la copie elle-même n'est pas le plus gros problème, car on a déjà conçu des réseaux de neurones artificiels et il est prévu que, au fil du temps, il sera peut-être possible d'en produire d'extension appropriée. Identifier, de façon générale, les jonctions synaptiques cérébrales correspondant aux types de contenus mentionnés ici n'est pas encore possible, bien qu'on commence à travailler dans ce sens. Et en faire une «copie» est encore  plus fictif. Surtout si l'on tient compte du fait qu'il est possible qu'une partie de la mémoire ne serait pas seulement «contenue» dans les connexions, mais également stockée dans des protéines ou d'autres composants de cellules nerveuses. Sans un processus conscient (ou semi-conscient) d'évocation, il semble donc extrêmement difficile d'«extraire» le contenu de la mémoire. [On suppose ici, pour les besoins du roman, que c'est possible.]

Le processus d '«intégration» par le supercalculateur signifiait qu'ils contaient aussi maintenant avec une «méta-mémoire», ç'à-d. une sorte de carte de son contenu. La connaissance (fichier conceptuel) des différents sujets forme un grand ensemble, mais les histoires personnelles (fichier épisodique) étaient spécifiques et ne se connectaient que lorsque les différents sujets étudiés s'étaient trouvés ensemble pour une activité donnée. Trouver une implication éventuelle de l'un d'eux dans l'assassinat de Brasseur supposait analyser ces histoires personnelles au cours des dernières semaines: ils devraient y trouver des anomalies ou, en l'absence de celles-çi, faire une liste de tous les contacts personnels et la transmettre au comissaire pour enquête.

- Ordonnons d'abord à la machine de faire un examen de la cohérence -suggéra Marchant-. C'est quelque chose qui était prévu de toute façon, car il peut indiquer des failles dans le processus d'intégration. Mais cela peut aussi montrer si un élève a menti au sujet de quelque chose d'important: avoir mémorisé une histoire qui ne coïncide pas avec l'histoire réelle.
- Excellente idée -répondit Franquin, en cherchant dans le menu l'option, qui était déjà prévue, et la mettant en route.
- Je m'en vais à l'hôpital -déclara Marchant-. Cela pourrait prendre des heures. Faites-moi savoir si vous obtenez quelque chose d'inattendu.
- Je l'appelerai. Pour l'instant, il faut laisser le travail à l'ordinateur. Je vais aussi m'occuper de mes classes, pour reprendre le rythme normal.

15/07/2013

Cérébral 6

6. Lundi  (8°Jour)

Le matin du lundi suivant, Servais, Marchant, Franquin et Mousin se réunirent au laboratoire universitaire. Benson était déjà reparti pour l'Espagne. Marchant demanda à Franquin ce qu'il se rappelait du jour de l'accident.

- Vendredi, nous avons revu las algorithmes d'interconnexion nécessaires pour l'intégration des mémoires individuelles. Il y en eut deux qu'il nous fallait améliorer. Quant j'étais sur le point de rentrer chez moi, Brasseur m'a téléphoné de chez lui, me disant qu'il avait trouvé la solution. Je l'arrangeai et nous nous sommes mis d'accord pour véfifier le procédé en nous connectant tous les deux, selon un procédé de télépathie assistée par ordinateur, comme nous l'avions déjà fait plusieurs fois. Tout allait bien jusqu'à ce que j'ai reçu une décharge incompréhensible, comme un éclair, et je me suis évanoui, jusqu'à ce que je me suis réveillé couché et vu Marchant qui m'observait, et Benson devant les contrôles.
- Cette décharge a eu lieu lorsqu'on a tué Brasseur -explica Servais, qui se mit à raconter ce qui s'était passé ensuite et ce qu'ils avaient découvert chez l'assistant.
- Que s'est-il passé avec notre équipement? -demanda Franquin.
- Vous aviez mis en route le processus d'intégration et le superordinateur continua à fonctionner parfaitement, selon ce que nous avons pu vérifier -lui dit Mousin-. La connexion avec Brasseur a été coupée quand son ordinateur a été éteint, et ensuite quelqu'un tenta de le remettre en route et pénétrer infructueusement le circuit d'accès ici, ce qui fut répété un peu plus tard, depuis une autre machine que nous n'avons pu dépister. Le coupe-feu a parfaitement fonctionné et ils n'ont rien pu faire. Notre équipement a continué à vérifier vos signes vitaux et ondes cérébrales, mais la décharge imprévue et la coupure ont affecté les routines d'accès au menu de contrôle et il nous a fallu attendre la venue de Benson pour pouvoir corriger le programme sans courrir le risque de vous affecter.
- C'est pour cela que j'ai été presqu'une semaine dans le coma?
- En effet. Les routines de sécurité fonctionnèrent bien, nous avertissant du risque que signifiait vous déconnecter hors de protocole, mais une décharge comme celle due à la mort de Brasseur n'étaitévidemment pas prévue.
- Qui aurait pensé à une chose pareille?
- Évidemment. Mais nous aurions au moins dû penser à la possibilité d'un infarctus cérébral et avoir mis un filtre pour qu'une chose pareille n'affecte pas les personnes connectées. Ça, c'est ma faute -admit Marchant-. Je le regrette beaucoup.
- Ne vous tracassez pas pour cela. Nous avons toujours vérifié que les participants étaient tout à fait sains. Ce genre d'accident est totalement imprévisible -réplica Franquin.
- Vous ne pouvez pas programmer des ordinateur en pensant que leurs utilisteurs pourraient être assassinés -ajouta Servais.
- De toutes façons. Nous travaillons avec le cerveau et nous devrions prendre davantage en considération la variabilité des conditions si nous voulons pouvoir généraliser nos conclusions.
- Cela est sûr -admit Franquin-. Et maintenant nous avons un matériel exceptionnel: la transmission des ondes du décès de Brasseur, que nous pourrons étudier, et seront un apport extraordinaire à notre recherche, bien qu'il ne compense pas la perte de notre ami.
- Vous pourrez poursuivre vos études comme vous voudrez -dit Servais-, mais nous faisons face à un fait criminel très grave. Notre priorité est de découvrir l'auteur de cette attaque, et votre première obligation consiste à m'aider dans ce sens. Je vois qu'il y a deux fronts à couvrir: ce que les intrus voulaient obtenir et ceux qui peuvent avoir été mêlés à cette affaire. Comme le sait el docteur Marchant, il y a quelques années une entreprise allemande a essayé de le recruter pour obtenir les secrets d'un autre projet Esprit d'informatique neuronale et, quand il refusa, l'ingénieur Jacques d'Aosta, qui y participait, fut séquestré. Il pourrait s'agir de quelque chose de semblable?
- BreinWerken se dédiait à la robotique et était intéressée à l'intelligence artificielle. Ce que nous faisons maintenant est assez différent et je doute que ce soient les mêmes, si quelques uns de ces acteurs sont déjà sortis de prison et sont intéressés -dit Marchant. Mais il peut bien s'agir d'une autre entreprise ou même d'un service d'espionage d'un pays asiatique. La connaissance que nous pouvons obtenir ici et, surtout, les applications qui en dériveraient pourraient être extraordinaires, tant pour leur valeur commerciale comme dans le domaine de la sécurité publique.

Dans l'après-midi, quand Servais allait sortir de son bureau -où il était rentré- on lui passa una appel téléphonique urgent de Mousin.

- Ma fille a disparu. Elle n'est pas arrivée à l'heure habituelle et ma femme est partie à son collège, mais elle n'y était pas restée plus tard que d'habitude. Elle est partie comme toujours avec un petit groupe d'amies.
- Vous avez consulté ses compagnes et d'autres parents?
- Une compagne nous a dit qu'elle l'avait laissée lorsqu'elle s'était mise à parler avec quelqu'un. Elle semblait le connaître, mais la compagne ne l'avait jamais vu. Elle continua son chemin et ne sut plus rien, pas plus que les autres compagnes.
- Je devrai aller voir cette fille. Vous pouvez me donner son adresse?
- Je ne l'ai pas, mais j'ai son téléphone, dans la liste de la classe.
- Quel âge a votre fille?
- Quinze ans.
- Cela me semble suffisant pour qu'elle sache qu'elle ne doit pas parler et encore moins s'en aller avec un inconnu.
- Elle n'aurait jamais fait cela, et c'est ce qui nous déconcerte.

Servais appela Trompel et lui raconta l'appel.
- Il semble sûr que la fille de Mousin connaissait celui qui l'a abordée. C'est la seule explication pour qu'elle le suive.
- Alors, cela pourrait être un ami de la famille.
- Ou quelqu'un qui travaille avec son père et qu'elle connaissait.
- Vous pensez que cela pourrait être en relation avec l'attaque à Brasseur?
- Cela ne m'étonnerait pas et me semble même la meilleure explication. Cela ne peut pas être une coincidence. Ils essayeront de faire chanter Mousin pour obtenir ce qu'ils veulent et n'ont pu obtenir de Brasseur. Ils doivent penser que nous surveillons Marchant et Franquin, alors que Mousin n'est pas directement impliqué dans le projet MEMO mais pourrait leur faciliter l'accès.
- Parlez avec Mousin et demandez des photos de ses amis; obtenez aussi celles des proches à l'université et allez ensuite voir la compagne et montrez-lui ces photos.
- D'accord, chef.

* Dans un endroit inconnu, quelqu'un parle au téléphone...
- Monsieur Mousin, votre fille est en notre pouvoir et se porte bien. Si vous voulez la revoir, c'est facile: obtenez-nous une copie du programme de transfert et intégration des registres cérébraux auquel travaillent Franquin et Marchant. Je vous rappelerai dans 48 heures. Et il vaut mieux que vous n'ayez pas de contact avec la police.

Quand Trompel voulut parler avec Mousin pour lui demander des photos, celui-çi s'excusa. Il dit que sa fille était avec des parents. Et répondit avec des évasives lorsque le détective demanda des précisions. Il lui fut clair que quelque chose s'était passé et que Mousin craignait maintenant les relations avec la police. Il en était d'autant plus sûr que la fille avait été séquestrée et qu'on avait averti le père d'éviter l'intromission de la police. Servais, mis au courant, ordonna une surveillance discrète de la maison et du bureau de Mousin et obtint l'autorisation d'intervenir les téléphones correspondants.

01/07/2013

Cérébral 5

5. (7°Jour)

Marchant, Benson et Mousin se réunirent le samedi matin dans la salle où était Franquin. Une infirmière l'avait lavé et Marchant avait vérifié ses signes vitaux. Pendant que le médecin observait l'écran qui montrait l'état des connexions et les transmissions entre le cerveau de Franquin et l'ordinateur, Benson s'installa à un autre terminal, d'où il pouvait accéder à son virus et le lancer vers le programme maître. Mousin observait aussi, installé à un autre terminal qui lui permettait d'accéder à toutes les machines du centre d'informatique, et disposé à aider là où ce serait nécessaire.
- Je vais lancer le virus -annonça Benson.
- Je suis prêt. Allez-y -dit Marchant.

Quelques minutes passèrent.
- Terminé -dit Benson-. Je vais appeler le menu général. Le voici. Je vois les options "Suspendre transferts" et aussi "Arrêter connexions" et "Suspendre communications". Laquelle est préférable?
- Choisissez "Suspendre communications" -répondit Marchant-. C'est à cela qu'ils étaient lors de l'attentat, selon le registre d'opérations. Franquin et Brasseur étaient en communication lorsque le jeune homme fut attaqué.
- C'est fait.
- Bien. Le circuit ouvert pour la communication entr'eux est maintenant fermé. Maintenant, choisissez "Arrêter connexions".
- C'est fait.
- Parfait. Les signes vitaux de Franquin n'ont pas changé. Il est maintenant libéré.
- Alors, je peux marquer "Terminer et sortir".
- Oui. Nous avons terminé. Je vais l'ausculter. Il devrait pouvoir reprendre esprit.

Quelques minutes plus tard, Marchant confirmait que Franquin était en parfaite condition, mais il ne s'était pas réveillé.
- Je vais lui injecter une petite dose d'adrénaline. Avec cela, il devrait se réveiller.

Franquin, effectivement, commença à s'agiter et ouvrit les yeux. Découvrir qu'il était couché et que trois personnes le regardaient lui sembla fort étrange.
- Que s'est-il passé? Pourquoi suis-je couché? Et que faites vous ici?

Il voulut se lever, mais Marchant l'en empêcha.
- Du calme! Vous avez été une semaine dans le coma.
- C'est pourquoi j'ai si faim! J'ai eu un accident? J'ai été blessé? Mais je suis toujours au laboratoire!
- En effet, vous y êtes resté. D'une certaine façon, vous avez été agressé par connexion nerveuse.

Marchant lui expliqua ce qui s'était passé. Ensuite, il l'aida à se lever et le conduisit chez lui, pour qu'il se récupère pendant le week-end. Ils s'étaient tous mis d'accord pour se retrouver le lundi afin d'étudier tout ce qui s'était passé et de décider le nouveau cours du travail.

14/06/2013

Cérébral 4

4.     (Vendredi, jour 6)

Le vendredi, Luther Benson arriva de Murcia. Un chauffeur de l'université l'attendait à l'aéroport de Zaventhem et le conduisit inmédiatement au laboratoire, allant ensuite laisser sa valise à l'hôtel Mozart, au centre de Bruxelles.

Marchant l'attendait. Il lui avait expliqué la situation par téléphone, et le conduisit tout de suite à une des consoles des ordinateurs. Il introduisit le mot de passe et laissa Benson examiner sur l'écran l'information du fonctionnement des appareils.

- Les paramètres sont parfaits. A ce que je vois, le processus d'intégration s'est terminé il y a peu. Seul le procédé de contrôle des signes vitaux de Franquin fonctionne encore. Mais le transfert de données est minime, ce qui est logique, vu qu'il est dans le coma: ses fonctions cognitives sont suspendues. Ce qui ne fonctionne pas, c'est l'accès au menu principal. Quelques lignes du logiciel principal ont dû être altérées accidentellement. Malheureusement, il est impossible de les corriger ou de remplacer complètement le logiciel par une copie valide sans arrêter le fonctionnement, et nous savons que ce serait extrêmement dangereux pour Franquin. Il faut créer un autre "accident", qui réinstalle les lignes corrompues pendant que le programme fonctionne. Je pourrais faire cela si je pouvais connaître les lignes altérées et créer une sorte de virus qui les réintroduise de force. ¿Vous avez la copie de sécurité du logiciel?
- A ce que je sais, elle est dans un disque dur externe, dans le coffre fort du département. Le chef d'informatique doit pouvoir le sortir.
- Il me faut qu'il le connecte et me dise si c'est une copie exacte du programme en cours, réalisée peu avant l'accident. 
- Je vais lui demander de venir.

Marchant appela Charles Mousin, qui arriva après quelques minutes. Il confirma que la copie était parfaitement actualisée, car elle avait été faite l'après-midi du même vendredi de l'accident, avant que Franquin et Brasseur ne se soient connectés. Benson lui demanda alors de connecter le disque à une autre console et lui demanda s'il disposait d'un logiciel de comparaison automatique de textes. Mousin le lui confirma, car cela était utilisé fréquemment, justement pour détecter des variations entre diverses versions tant de textes normaux comme de logiciels. Il lui indiqua comment y accéder et l'utiliser. Quant la connexion fut prête, Benson procéda a créer un nouveau directoire sur le disque de sécurité et y copia le logiciel qui était en fonctionnement. Vu son extension, cela prit près d'une heure. Ensuite, il ouvrit une nouvelle fenêtre sur l'écran et lança l'application de comparaison, attendant l'apparition des différences. Après quelques minutes, les lignes altérées apparurent, à côté des lignes originelles. Il se mit alors à écrire un logiciel viral qui pourrait être "injecté" pour effectuer la correction et récupérer ainsi le contrôle.

Marchant était parti faire classe. Quant il en sortit, un élève qui s'était prêté pour les tests du programme s'approcha de lui et lui demanda comment avançait le projet. Il répondit que la phase d'intégration avançait mais qu'il restait beaucoup de travail pour analyser les résultats. Il ne lui donna pas plus de détails et ne parla pas de l'accident de Franquin. L'élève lui dit alors qu'il avait lu dans la presse que l'assistant avait été assassiné et lui demanda si cela était en rapport avec le projet. Il répondit que cela était un problème de la police et n'avait pas de réponse à ce sujet. Ensuite, il rentra chez lui.

Benson fit une deuxième copie du programma altéré et lança vers celui-çi l'attaque correctrice, pour vérifier que le changement se ferait de la façon attendue et sans affecter le reste de son fonctionnement. Une fois qu'il vit que le processus se terminait, il lança de nouveau le programme de comparaison, entre la copie correcte et la copie maintenant altérée par son virus. Ce premier test ne donna pas la résultat qu'il attendait. Il trouva deux erreurs dans le programme de son virus et les corrigea. Il effaça donc le résultat de son test, la remplaçant par la première copie du logiciel qui continuait à contrôler l'état de Franquin. Il lança de nouveau son virus, maintenant corrigé, et refit la comparaison. Cette fois, le résultat fut correct: il pourrait maintenant rétablir le fonctionnement normal.

Plusieurs heures avaient passé: il était presque minuit. Marchant n'était plus là et Mousin lui avait fait porter du café et des sandwiches. Il téléphona à Marchant.
- Mon virus est prêt pour attaquer le logiciel principal et j'ai vérifié qu'il fonctionnera comme il se doit. Vous voudriez être ici lorsque je le ferai?
- Par mesure de sécurité, je crois que cela vaudrait mieux, en effet.
- Vous venez maintenant, ou nous pouvons attendre à demain?
- Vous devez être fatigué. Franquin est toujours en bonne condition et je ne crois pas que quelques heures de plus puissent l'affecter. Allez dormir et rejoignons nous demain à huit heures. Je vous appelle un taxi pour aller à votre hôtel. Attendez-le à la sortie du bâtiment. Il sera là dans dix minutes.
- D'accord et merci. Nous nous verrons demain.

01/06/2013

Cérébral 3

3.

Le docteur Marchant arriva le mardi midi. Il se dirigea de suite au laboratoire, où on maintenait le professeur Franquin alimenté par sonde intravéneuse. Il se sentit plus tranquile en voyant que ses signes vitaux étaient normaux, mais plus inquiétant en ce qui concerne ce qui pourrait être arrivé à son cerveau. Il s'installa devant un terminal du superordinateur du projet MEMO, introdusit sa clé d'accès et activa une routine qui permettait de vérifier tous les paramètres.

Alors que Servais avait pensé tout d'abord que le cas n'était pas d'ordre policier, ce qui c'était passé avec Brasseur avait changé complètement son évaluation. En conséquence, averti de l'arrivée du médecin, il était allé à l'université et observait ce que faisait le spécialiste, qui le lui expliquait au fur et à mesure.

- Les paramètres sont normaux. Les transmissions entre le cerveau de Franquin et la machine sont minimes: elles correpondent à un état de repos, comme le sommeil ou un coma induit. La routine actuellement en route dans l'ordinateur est celle qui consomme le plus de temps des processeurs: l'intégration des contenus obtenus des cerveaux des sujets expérimentaux. Mais il y a un problème avec la routine de contrôle: elle est "loop", c'est-à-dire en cicuit vicieux, et cela ne me permet d'effectuer aucune opération. Il faut qu'un experts s'introduse dans le programme pour interrompre cette séquence et rétablir l'accès au menu général ou au système de fermeture. Cela est hors de mes compétences.
- Vous ne pouvez éteindre la machine?
- Non sans un risque très grave. Quand on "copie" un serveau, on ne peut interrompre le processus sans courrir le risque d'affecter le sujet connecté. Pour cela, quand quelqu'un touche Franquin, ule alarme se déclenche de façon automatique, pour avertir du danger. Vous l'avez entendue.
- Qui pourrait nous aider? Le chef d'informatique a dit qu'il n'y pouvait rien.
- Je crois que le seul capable de cela est Luther Benson, le chef d'informatique et spécialiste en réseaux neuronaux du Laboratoire d'Informatique Cérébrale de Murcia, en Espagne. Je le connais, à la suite du cas de l'ingénieur d'Aosta, agressé au Jardin Botanique en 1998. Les deux travaillaient sur un projet Esprit de création et insertion d'implants artificiels dans le cerveau. Il est consulteur de notre projet et connait en grande partie son développement.
- Je me souviens de d'Aosta et que vous nous avez aidé dans ce cas. Celui-là serait-il en relation avec le cas pr´sent?
- Du point de vue scientifique, ils sont en relation, car les deux s'inscrivent dans l'étude des réseaux neuronaux du cerveau et spécialement dans l'étude de la structure et du contenu de la mémoire. d'Aosta, qui collaborait à cet autre projet, avait eu un accident et fut le premier à porter ce genre d'implant. Ce que nous essayons de faire ici est un développement beaucoup plus ample.
Un "réseau neuronal" est une construction informatique (généralement simulée dans un superordinateur) qui essaye de reproduire la structure du cerveau et sa façon de travailler. La perspective et conception actuelle de celle-çi a été exposée par Marvin minsky (1927-), professeur au MIT) dans son livre "La société de l'esprit" (1987).
- Je comprends. Les gens qui ont séquestré d'Aosta en 1998 pourraient être intéressés, mais les responsables sont encore en prison, si je ne me trompe. Cela n'empèche pas qu'un autre consortium industriel puisse être intéressé. Je ne peux donc écarter l'hypothèse d'un espionage industriel.
- En effet, cela me semble possible.
- Que pouvons nous faire pour le professeur Franquin?
- Jusqu'à ce que nous puissions le déconnecter sans risque, il faudra le maintenir comme maintenant. C'est le même traitement qu'en cas de coma induit. Il n'a pas de fièvre et n'a donc pas besoin de médicament. Seulement de l'alimentation, l'hygiène et un appui kinésiologique, même si l'alarme sonne.
- D'accord. Cela signifie que nous avons besoin de Benson, de Murcia. Vous pouvez le contacter? Il pourra venir?
- Je fais l'appeler de suite. Vu la gravité de la situation, je ne crois pas qu'il y verra un inconvénient.
- Mais j'aimerais comprendre ce qui c'est passé, pour mieux orienter l'enquête criminelle. Si ce projet est encore confidentiel, que pouvez-vous medire?
- Il me semble que ce qui est confidentiel, ce sont les aspects techniques. Je peux vous dire en termes plus simples ce que nous faisons. Vous savez peut-être que, dans les dernières années, on a fort avancé dans la détection des activités des neurones et qu'on a même pu enregistrer certaines pensées. On connait aussi mieux la localisation de la memoire et la façon d'activer les souvenirs. MEMO a deux grands objectifs: le premier est de copier de façon numérique toute la mémoire d'un sujet, et le second d'intégrer les mémoires de plusieurs sujets dans une grande mémoire commune, organisée et fonctionnelle, pour voir si elle peut fonctionner ensuite de façon indépendante. Nous ne savons pas jusqu'où nous pourrons arriver. Certains experts pensent qu'une sorte de "super-esprit" pourrait en naître, mais j'en ai mes doutes.
- Et à quelle étape êtes-vous arrivés?
- Nous avons déjà "copié" les mémoires de plusieurs sujets. Le professeur Franquin et son assistant copèrent leur propre cerveau et vérifièrent la validité des données, bien que nous ne savons pas si cela représente la totalité du pouvoir mental. Nous étions arrivés à l'étape d'intégration. Selon le programme, Franquin et Brasseur devaient la commencer hier. Je ne sais pas s'il ont fait une vérification la nuit de vendredi ou s'ils décidèrent de l'avancer. Comme je vous ai dit, elle devait commencer hier et elle est de fait en ours, mais ils auraient dû être ici ensemble pour la surveiller.
- Et vous, vous ne deviez pas être ici aussi?
- cela n'était pas nécessaire. Il s'agit essentiellement d'un travail informatique. Si tout allait bien, j'aurais à évaluer et analyser le résultat, pour projetter l'expérience. Mais ce qui vient de se passer est un écueil important. Si Franquin ne se récupère pas, avec la perte de Brasseur, il y aura un problème de personnel, qu'il faudra former avant de pouvoir reprendre le contrôle et reprogrammer les nouvelles étapes. Il y aurait aussi une enquête de l'université et de la DG III, la Direction Générale pour l'Industrie, de la Comission Européenne, chargée des projet Esprit (http://www.cordis.lu/esprit/). Dans ce cas, le projet pourrait même être abandonné.

Dans un endroit inconnu...
- Qu'avez-vous su des gens du projet MEMO?
- Il semble que Franquin soit dans le coma et ils n'ont pas encore pu l'éveiller. Marchant ne sait rien d 'informatique et n'est d'aucune aide. Le chef d'informatique, Mousin, ne sait rien du projet mais a accès au superordinateur et aux copies de sécurité.
- Il nous les faut. C'est peut-être l'homme adéquat. Il nous faut décider que faire. Et je ne me fierai plus de l'imbécile qui a tué Brasseur.

15/05/2013

Cérébral 2


Servais envoya Trompel à l'adresse de l'assistant, Jim Brasseur. Personne ne répondait quand il sonnait. Il fit tourner la clinche de la porte et découvrit qu'elle n'était pas fermée à clé. Il entra et trouva le jeune homme dans sa chambre, assis devant son ordinateur, mort et baigné de sang. On lui avait coupé la gorge et on avait aparemment détruit son ordinateur, qui était ouvert à terre et encore connecté par des cables à des senseurs liés à sa tête et son corps. C'étaient les mêmes que Servais avait vus sur le professeur Franquin, comme ils purent vérifier grâce aux photos prises par Trompel avec son téléphone mobile. Il appela les techniciens et la morgue, qui arrivèrent peu après pour se charger du cadavre et prendre les empreintes digitales. Avant de s'en aller, il observa de plus près la serrure et vit qu'elle avait été forcée. L'assassin devait être entré sans que Brasseur s'en rende compte.

Entretemps, Servais rencontra Charles Mousin, le chef du Département d'Informatique de l'UCSL, qui lui explica qu'il ne pouvait les aider en ce qui concernait le programme auquel travaillaient Franquin, Marchant et Brasseur. Celui-çi fonctionnait sur un superordinateur où ils avaient accès prioritaire, et il ne connaissait pas le protocole de déconnection. Ils devraient donc attendre le retour du docteur Marchant, qu'il faudrait faire revenir au plus tôt de son congrès vu la gravité de la situation. Par contre, il avait un registre des activités de la machine en ce qui concernait les connections et flux de données, supervisées par une autre machine. Ainsi, Mousin confirma que Franquin et Brasseur étaient simultanément en ligne le vendredi soir et que les transmissions s'interrompèrent à 11h15. La dernière transmission avait été la raffale de données la plus intense et complexe qu'il ait vue mais, n'ayant pas accès au programme, il ne pouvait savoir de qu'elle signifiait. Ce fut ce flux et la déconnection suivante de Brasseur qui affecta Franquin? Après, on avait tenté d'entrer à nouveau au programme, mais l'utilisateur -probablement l'assassin- n'avait pu donner une clé correcte.

Selon le registre d'activité, la déconnection de Brasseur avait eu lieu hors de protocole, par extinction de l'ordinateur sans sortir du programme. Quelques heures plus tard, on avait de nouveau tenté d'accéder au programme de l'extérieur, par une autre ligne, mais sans la clé correcte et le pare-feu avait fermé tous les ports pour l'adresse IP de l'attaquant. De plus, l'IP détecté appartenait au réseau Tor, un système qui masquait le vrais numéro IP, ce qui rendait pratiquement impossible de savoir où se trouvait réellement l'attaquant. Mais la connection interne, entre le laboratoire de Franquin et le superordinateur restait en fonctionnement, et les données transmises étaient minimes: sans doute s'agissait-il de données correspondant aux signes vitaux de Franquin. L'activité indépendante du superordinateur, par contre, continuait à être intense, sans doute le fruit d'un procédé mis en marche par Franquin ou Brasseur avant l'attentat.

2° Jour

Le Département d'Informatique de la police, qui reçut l'ordinateur de Brasseur, put accéder aux données de son disque dur et à son registre d'activités. Ceci confirma l'extinction de la machine alors que les lociels étaient encore en fonctionnement et qu'on l'avait réallumé peu après. On lui avait connecté un dispositif externe, probablement une clé USB qui contenait un logiciel destiné à générer des clés d'identification, et on l'avait utilisé pour tenter d'accéder -sans succès- au superordinateur de l'UCSL. Il était facile de conclure que l'assassin n'avait pas trouvé la façon de suspendre la transmission de données entre Brasseur et le superordinateur, se voyant obligé d'éteindre la machine et la réallumer pour tenter de rétablir l'accès, se voyant bloqué par le coupe-feu de l'UCSL. Avait-il voulu détruire ou copier les données? Ou tout le programme? Pour le moment, il était impossible de le savoir.

*

Dans un endroit inconnu...
- Vous avez pu rétablir d'ici la connection?
- J'ai trouvé et simulé l'adresse IP de Brasseur, mais je n'ai pas pu trouver la clé d'accès. De plus, ils ont bloqué toutes les portes IP. Il est impossible d'entrer de l'extérieur. Ils doivent avoir découvert ce qui arrivé à Brasseur.
- Nous devons trouver quelqu'un qui ait accès au serveur et au programme.