Le docteur Marchant arriva le mardi midi. Il se dirigea de suite au laboratoire, où on maintenait le professeur Franquin alimenté par sonde intravéneuse. Il se sentit plus tranquile en voyant que ses signes vitaux étaient normaux, mais plus inquiétant en ce qui concerne ce qui pourrait être arrivé à son cerveau. Il s'installa devant un terminal du superordinateur du projet MEMO, introdusit sa clé d'accès et activa une routine qui permettait de vérifier tous les paramètres.
Alors que Servais avait pensé tout d'abord que le cas n'était pas d'ordre policier, ce qui c'était passé avec Brasseur avait changé complètement son évaluation. En conséquence, averti de l'arrivée du médecin, il était allé à l'université et observait ce que faisait le spécialiste, qui le lui expliquait au fur et à mesure.
- Les paramètres sont normaux. Les transmissions entre le cerveau de Franquin et la machine sont minimes: elles correpondent à un état de repos, comme le sommeil ou un coma induit. La routine actuellement en route dans l'ordinateur est celle qui consomme le plus de temps des processeurs: l'intégration des contenus obtenus des cerveaux des sujets expérimentaux. Mais il y a un problème avec la routine de contrôle: elle est "loop", c'est-à-dire en cicuit vicieux, et cela ne me permet d'effectuer aucune opération. Il faut qu'un experts s'introduse dans le programme pour interrompre cette séquence et rétablir l'accès au menu général ou au système de fermeture. Cela est hors de mes compétences.
- Vous ne pouvez éteindre la machine?
- Non sans un risque très grave. Quand on "copie" un serveau, on ne peut interrompre le processus sans courrir le risque d'affecter le sujet connecté. Pour cela, quand quelqu'un touche Franquin, ule alarme se déclenche de façon automatique, pour avertir du danger. Vous l'avez entendue.
- Qui pourrait nous aider? Le chef d'informatique a dit qu'il n'y pouvait rien.
- Je crois que le seul capable de cela est Luther Benson, le chef d'informatique et spécialiste en réseaux neuronaux du Laboratoire d'Informatique Cérébrale de Murcia, en Espagne. Je le connais, à la suite du cas de l'ingénieur d'Aosta, agressé au Jardin Botanique en 1998. Les deux travaillaient sur un projet Esprit de création et insertion d'implants artificiels dans le cerveau. Il est consulteur de notre projet et connait en grande partie son développement.
- Je me souviens de d'Aosta et que vous nous avez aidé dans ce cas. Celui-là serait-il en relation avec le cas pr´sent?
- Du point de vue scientifique, ils sont en relation, car les deux s'inscrivent dans l'étude des réseaux neuronaux du cerveau et spécialement dans l'étude de la structure et du contenu de la mémoire. d'Aosta, qui collaborait à cet autre projet, avait eu un accident et fut le premier à porter ce genre d'implant. Ce que nous essayons de faire ici est un développement beaucoup plus ample.
Un "réseau neuronal" est une construction informatique (généralement simulée dans un superordinateur) qui essaye de reproduire la structure du cerveau et sa façon de travailler. La perspective et conception actuelle de celle-çi a été exposée par Marvin minsky (1927-), professeur au MIT) dans son livre "La société de l'esprit" (1987).
- Je comprends. Les gens qui ont séquestré d'Aosta en 1998 pourraient être intéressés, mais les responsables sont encore en prison, si je ne me trompe. Cela n'empèche pas qu'un autre consortium industriel puisse être intéressé. Je ne peux donc écarter l'hypothèse d'un espionage industriel.
- En effet, cela me semble possible.
- Que pouvons nous faire pour le professeur Franquin?
- Jusqu'à ce que nous puissions le déconnecter sans risque, il faudra le maintenir comme maintenant. C'est le même traitement qu'en cas de coma induit. Il n'a pas de fièvre et n'a donc pas besoin de médicament. Seulement de l'alimentation, l'hygiène et un appui kinésiologique, même si l'alarme sonne.
- D'accord. Cela signifie que nous avons besoin de Benson, de Murcia. Vous pouvez le contacter? Il pourra venir?
- Je fais l'appeler de suite. Vu la gravité de la situation, je ne crois pas qu'il y verra un inconvénient.
- Mais j'aimerais comprendre ce qui c'est passé, pour mieux orienter l'enquête criminelle. Si ce projet est encore confidentiel, que pouvez-vous medire?
- Il me semble que ce qui est confidentiel, ce sont les aspects techniques. Je peux vous dire en termes plus simples ce que nous faisons. Vous savez peut-être que, dans les dernières années, on a fort avancé dans la détection des activités des neurones et qu'on a même pu enregistrer certaines pensées. On connait aussi mieux la localisation de la memoire et la façon d'activer les souvenirs. MEMO a deux grands objectifs: le premier est de copier de façon numérique toute la mémoire d'un sujet, et le second d'intégrer les mémoires de plusieurs sujets dans une grande mémoire commune, organisée et fonctionnelle, pour voir si elle peut fonctionner ensuite de façon indépendante. Nous ne savons pas jusqu'où nous pourrons arriver. Certains experts pensent qu'une sorte de "super-esprit" pourrait en naître, mais j'en ai mes doutes.
- Et à quelle étape êtes-vous arrivés?
- Nous avons déjà "copié" les mémoires de plusieurs sujets. Le professeur Franquin et son assistant copèrent leur propre cerveau et vérifièrent la validité des données, bien que nous ne savons pas si cela représente la totalité du pouvoir mental. Nous étions arrivés à l'étape d'intégration. Selon le programme, Franquin et Brasseur devaient la commencer hier. Je ne sais pas s'il ont fait une vérification la nuit de vendredi ou s'ils décidèrent de l'avancer. Comme je vous ai dit, elle devait commencer hier et elle est de fait en ours, mais ils auraient dû être ici ensemble pour la surveiller.
- Et vous, vous ne deviez pas être ici aussi?
- cela n'était pas nécessaire. Il s'agit essentiellement d'un travail informatique. Si tout allait bien, j'aurais à évaluer et analyser le résultat, pour projetter l'expérience. Mais ce qui vient de se passer est un écueil important. Si Franquin ne se récupère pas, avec la perte de Brasseur, il y aura un problème de personnel, qu'il faudra former avant de pouvoir reprendre le contrôle et reprogrammer les nouvelles étapes. Il y aurait aussi une enquête de l'université et de la DG III, la Direction Générale pour l'Industrie, de la Comission Européenne, chargée des projet Esprit (http://www.cordis.lu/esprit/). Dans ce cas, le projet pourrait même être abandonné.
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Dans un endroit inconnu...
- Qu'avez-vous su des gens du projet MEMO?
- Il semble que Franquin soit dans le coma et ils n'ont pas encore pu l'éveiller. Marchant ne sait rien d 'informatique et n'est d'aucune aide. Le chef d'informatique, Mousin, ne sait rien du projet mais a accès au superordinateur et aux copies de sécurité.
- Il nous les faut. C'est peut-être l'homme adéquat. Il nous faut décider que faire. Et je ne me fierai plus de l'imbécile qui a tué Brasseur.