10.
Franquin et Marchant avaient continué à étudier les mémoires des étudiants que leur logiciel avait copié et intégré, donnant priorité à ce qu'ils avaient obtenu de celui qui avait dit s'appeler Anne Zondag. Marchant prit beaucoup de notes et, finalement, l'après-midi du mercredi, se décida à informer le comissaire Servais.
- J'ai étudié avec attention les enregistrements mentaux que nous avons de Zondag-Ronstadt. Il y a quelques tendances qui pourraient vous intéresser. Il faut tenir compte d'un niveau bas d'éthique pour accepter de trahir un accord de confidentialité et un esprit un peu tordu pour, avec cela, changer en plus d'identité. Mais selon ce que je peux déduire de ses antécédents, il semble jouir de ce genre d'opération et avec les agressions. Il a souvent ennuyé ses compagnons de classe et a même eu des discussions avec ses professeurs universitaires pour les notes qu'ils lui donnaient. Et la résonance magnétique montre qu'il a une activité restreinte dans la zone du cortex préfrontal, qui est celle qui contrôle l'agressivité, ce qui est typique des délinquants violents. Je me demanderais s'il aurait pu tuer Brasseur.
- Est-ce que cela ne serait pas gravé dans sa mémoire?
- Pas dans ce que nous avons ici. Rappelez-vous qu'elle a été copiée plusieurs jours avant l'assassinat. Ce qui est enregistré, c'est son engagement pour épier ce que nous faisions ici à cette étape de notre recherche, mais il peut avoir été engagé après pour attaquer Brasseur et tenter d'obtenir le logiciel complet.
- Merci pour cette information. Nous allons de nouveau l'interroger et vérifier son alibi pour cette nuit-là.
Servais informa aussitôt Trompel et lui ordonna d'interroger de nouveau Ronstadt, toujours aux arrêts.
- Vous avez eu contact avec d'autres membres de l'équipe de Franquin et Marchant?
- Non, je n'ai vu personne d'autre.
- Pas même Brasseur, leur assistant? Vous ne lui avez pas rendu visite le vendredi 8?
- Pas du tout.
- Où avez-vous été la nuit du 8?
- Je ne suis pas sûr. Mais les vendredi, je sors m'amuser.
- Où cela?
- Au You, au Cactus, ou au Havanna Club.
- ¿Vous êtes membre de l'un d'eux? Il n'est pas toujours facile d'entrer...
- Au Cactus j'entre toujours sans problème. Aux autres, il faut souvent graisser la patte au "sorteur" (concierge) pour pouvoir entrer.
- ¿Et auquel étiez-vous le vendredi 8?
- Je ne le sais plus.
- ¿A quelle heure y allez-vous?
- Entre 11 heures et minuit.
- ¿Jusqu'à... ?
- Quatre ou cinq heures du matin.
- Je vais tenter de vérifier cela. Mais vous aurez des ennuis si vous n'avez pas de témoin.
- Demandez à Claude, le barman du Cactus. Lui, il me connait.
- On verra cela.
La nuit, Trompel s'en fut au Cactus, au boulevard du Souverain, pour parler avec le barman.
- Vous connaissez Kurt Ronstadt? -et il montra la photo.
- Oui, c'est un client régulier.
- Quand est-il venu pour la dernière fois?
- La semaine passée, il n'est pas venu, mais bien la semaine avant, accompagné d'une autre personne.
- Vous vous souvenez du jour et de l'heure?
- Vendredi, selon son habitude. Cela a dû être après minuit. D'habitude, il arrive un peu plus tôt et seul.
- Vous avec vu d'autres fois son compagnon?
- Non. C'est la seule fois qu'il est venu.
- Vous connaissez son nom? Vous pourriez le décrire?
- Je n'ai jamais entendu de nom. Il était grand et fort, et je crois que blond. Mais je ne pourrais pas décrire sa figure. Ici passent trop de gens et je ne reconnais que les clients habituels.
- Rien de plus qui ait attiré votre attention?
- Je les ai entendu parler allemand; c'est ce qui a attiré mon attention. Et il avait une tache rouge sur sa manchette. J'ai pensé qu'il venait d'un restaurant et que cela pouvait être une tache de sauce.
Il n'était donc pas nécessaire de visiter le You Night Club ni le Havana Club. Et il semblait bien que Ronstadt était sorti avec l'assassin après le crime. Le jeune homme devait avoir essayé d'utiliser l'ordinateur de Brasseur après que le criminel l'eut éliminé. Et ensuite ils doivent avoir été s'amuser à la discothèque. Le policier devrait remettre son prisonnier sur la selette le lendemain pour obtenir plus de détails sur l'assassin.