24/07/2012

Agence du Temps 4.4


Le document du CERN continuait:

    Le cas de Silicon Valley et Microsoft

Le "décollage" vertigineux de la firme d'informatique Microsoft, à la fin du XX° Siècle, restait un mystère pour beaucoup. Mais nous avions envoyé un agent pour enquêter sur le développement de Silicon Valley et pour donner un "coup de pouce" à la diffusion des ordinateurs personnels.
  
    "Silicon Valley désigne le pôle des industries de pointe situé dans la partie sud de la Région de la baie de San Francisco en Californie, sur la côte ouest aux États-Unis. Même si cette région n'est pas une vallée à proprement parler, l'expression désigne souvent par métonymie l'industrie des technologies de pointe en général. La ville de San José est la plus grande ville de Silicon Valley.
Le nom de Silicon Valley, forgé en 1971 par un journaliste local, Don Hoefler, fut inspiré par la concentration d'entreprises de semi-conducteurs et d'informatique dans la vallée de Santa Clara en Californie. ...
C'est là que s'est véritablement forgée l'image d'entreprises parties de rien (jeunes pousses, ou startups) souvent dans une résidence familiale (avec par exemple, le Garage Hewlett-Packard où a été lancé Hewlett Packard à Palo Alto, devenu un musée, symbole du rêve américain et monument historique) pour devenir des géants technologiques et industriels (comme Apple à Cupertino ou Sun Microsystems et Intel à Santa Clara)." (Wikipedia)

Comme programmé, notre agent pu se faire ami d'un ingénieur de Xerox et, un jour où ils parlaient du futur des ordinateurs autour d'une bière, lui dit qu'ils ne pourraient se massifier que s'ils représentaient des choses connues, comme le bureau où les gens travaillent. Il prit un serviette de papier et y traça un rectangle:
- Ça, c'est l'écran, et il pourrait représenter la superficie du bureau. Je mets dessus les fardes -il dessina d'autres rectangles- et, comme on ne peut voir ce qui est en-dessous, je mets aussi dessus le bac à papier, où on jette les brouillons et vieux papiers. A côté, ou au-dessus, nous pouvons mettre les feuilles des documents sur les lesquels nous travaillons.

Son ami de la Xerox, qui travaillait en Recherche et Développement, lui raconta un autre jour qu'il avait programmé un écran avec le dessin fait sur la serviette. L'agent lui demanda s'il pouvait le voir avec un ami. Il était aussi devenu ami du jeune Steve Jobs, qui commençait à fabriquer ses Apple II. C'est ainsi que les deux furent visiter Xerox, où Jobs vit la simulation du bureau. Il se jura alors que quand il disposerait d'une puce suffisemment puissante, tous ses ordinateurs utiliseraient ce typoe d'interface. Ainsi sont nés le Lisa -qui n'eut pas de succès à cause de son prix- puis les Macintosh, a partir de 1984.

    Note: Le Xerox PARC, en 1973, fut le premier ordinateur personnel et le premier à utiliser la métaphore du bureau et l'"interface graphique d'utilisateur", mais fut un prototype.

Pendant ce temps, en 1975, était née Micro-Soft -plus tard Microsoft-, fondée par Bill Gates et Paul Allen. Ils avaient acheté l'Altair 8800, un petit ordinateur fabriqué par la société MITS, pour lequel ils avaient pu acquérir le langage de programmation Basic. Postérieurement, ils achetèrent le sistème d'exploitation 86-DOS, qui fut la base du MS-DOS. Et, au lieu de vendre le produit, comme s'était l'habitude, inventèrent le système des licences d'utilisation, qui serait la base de leur enrichissement, grâce à un accord avec IBM pour que les ordinateurs personnels fonctionnent avec le MS-DOS et le Basic.

- Nous n'avons pas pu convaincre Steve Jobs de licencier le système d'exploitation du Macintosh. Ainsi, la domination de Microsoft avec son système DOS et ensuite Windows pour PC n'a pu être compensée. C'est dommage, car la popularisation de l'informatique aurait été beaucoup plus ample et rapide. Mais nous avonc pu pousser un peu le système d'interface graphique, auquel Bill Gates et Microsoft durent se rendre (c'est "Windows", fort inspiré du Macintosh). Comme nous le savons, l'histoire est ce qu'elle est et nous ne pouvons plus la changer à postériori. Notre principal bénéfice est de savoir les raisons et les détails de quelques faits, bien que dans des cas très particuliers nous pouvons accélérer un peu certains développements.
- Mais nous avons pu convaincre Bill gates de rester à Redmond. S'il avait déménagé à San José, il pourrait avoir freiné le développement de Silicon Valley et monopolisé toutes les iniciatives.
- S'il en aurait été ainsi, nous nous avons anoté un succès important. Mais nous serons les seuls à le savoir.
- Comme il correspond.
- En effet.
- L'agent de France n'a pas pu empêcher que Jeanne d'Arc soit brûlée.
- Le bête Gilles de Rais est arrivé trop tard et n'a pu voir que les cendres.(*)

   (*) On sait en effet que, durant les derniers jours de Jeanne, un compagnon d'armes de ce nom prépara une attaque contre le contingent de mercenaires, à Rouen, pour libérer la Pucelle. Mais il prit trop de retard et ne put rien faire.


- Je ne sais pas pourquoi nous avons autorisé ce projet: libérer Jeanne n'aurait rien changé.
- L'objectif initial n'était pas d'empêcher son sacrifice mais d'altérer le cours de procès pour l'acquitter. Et nous prétendions vérifier la possibilité d'intervenir pacifiquement dans une époque éloignée ainsi que le charactère "non-modificable" de l'histoire. En comparaison avec ce que nous avons obtenu au XX° Siècle, cela démontre que plus la mentalité scientifique est débile et plus réduite la technologie, plus il est difficile d'influencer les gens qui ont un rôle clé. Nous ne pouvons avoir de succès que lorsque l'Histoire montre que nous l'avons eu. C'est le seul paradoxe acceptable et cohérent malgré tout.
- Quelqu'un avait pensé qu'on pourrait convaincre l'évêque Cauchon de ce que Jeanne n'était pas une sorcière?
- Il fallait être là et le tenter pour vérifier scientifiquement cette hypothèse!
- Et au XX° Siècle, il n'y avait pas de gens aussi obtus?
- La même chose se serait passée avec Hitler et Jomeini! Mais au XX° Siècle, on pouvait intervenir d'une autre façon, comme on vient de le prouver avec Bill Gates et Tim Berners-Lee.
- Et le coup Tim Berners-Lee a été magnifique. Cela a avancé la World Wide Web d'une dizaine d'années ou plus selon nos calculs.
- Grâce, aussi, à ce que nous avons eu du succès avec Silicon Valley.
- Cela démontre aussi qu'il est important d'avoir des plans plus complexes.
- D'accord. Il faut travailler en fonction des règles du chaos historique.
- Et nous avons un autre succès: avoir conduit Savorinsky, à la fin du XXI° Siècle, à appliquer à l'Histoire la mathématique du chaos.

    [Note: la "théorie du chaos" s'exprime dans de nombreux aspects de la nature et on suppose déjà qu'elle pourrait s'appliquer à l'Histoire.]

- Mais l'accident de collisionneur qui démontra la factibilité du voyage dans le temps n'a pas été le produit de nos travaux. Il sera toujours un accident.
- En effet. Il y a bien des choses que nous ne pouvons changer. Il me semble que ce qu'on vient de résumer doit être classé dans deux catégories: quand il n'y a pas de succès et quand nous pouvons freiner ou accélérer ce qui est inévitable. Nous n'avons rien pu obtenir de plus, et je suis sûr que toute autre chose est impossible. Nous n'avons pas encore pu le démontrer mathématiquement, mais c'est logique: produire un changement radical aurait de tels effets que nous ne serions pas ici pour en parler.
- Ce principe logique a été visualisé d'emblée quand on a créé l'Agence et c'est la raison pour laquelle notre Protocole d'Action interdit des actions qui pourraient altérer le cours de l'Histoire. Peut-être que la libération de Jeanne d'Arc aurait causé une telle altération, et pour cela a été impossible. Il existe des forces que nous n'identifions pas encore et qui assurent la stabilité de l'Histoire.
- De ce fait, la Science du temps continue a être en développement et nous avons plus d'ingénieurs que d'agents-voyageurs.