08/12/2009

L'héritage 5.4.

Après la conversation téléphonique avec Lefranc, Trompel passa boire une bière au bar Daikiri de l'avenue du Prado. Il buvait à la barre, quand entrèrent deux agents de police.. Ils se mirent à demander les documentos d'identité à tous les clients, en commençant par ceux qui étaient les plus proches de la porte. Quand ils arrivèrent à la barre, Trompel leur montra son passeport de la Communauté Européenne. Ils le regardèrent page par page.

- Un gringo! [terme despectif] -dit l'un d'eux.
- Que venez-vous faire ici, petit gringo? -dit l'autre.- Nous n'aimons pas les gens qui viennent du Chili. Ils nous ont volé la mer et ça, nous ne l'oublions pas.
- Vos problèmes avec le Chili ne m'intéressent pas. Je fais du tourisme. Je voudrais connaître les ruines de Tiwanaku -répondit Trompel, faisant fort attention à pronocer le nom de cet endroit à la manière bolivienne.
- Tiwanaku! Tiens! Vous êtes peut-être archéologue?
- Pas du tout. Mais je m'intéresse pour le passé.
- Eh bien, nous sommes fiers de notre passé. Et nous allons nous assurer de mieux vous le faire connaître. Accompagnez-nous!
- Pourquoi? Et où?
- Vous le verrez bien. En route!

Et ils le conduisèrent dehors. Au bord du trottoir était stationnée une auto avec le moteur en marche et les portes ouvertes du côté droit. Deux hommes en civil, armés, regardaient la porte du bar.

- Le gringo veut connaître Tiwanaku -dit l'un des agents, le poussant hors du bar et leur faisant un signe.
Les civils prirent alors Trompel par les bras et l'obligèrent à monter dans la voiture qui parti à toute allure vers le haut de la ville. Le belge vit qu'ils prenaient la route qui allait vers l'aéroport. Allait-on le déporter? Bien qu'il savait que c'était aussi la route à Tiahuanaco, il ne pensait pas que les hommes armés l'emmenaient faire une visite guidée du site.

Ils n'allèrent ni vers l'aéroport ni vers les ruines. Ils arrivèrent au village de El Alto. Il y avait une barricade à l'entrée de la rue et des sentinelles qui les arrêtèrent. Il y eut un échange dans une langue que Trompel ne comprenait pas, probablement du quechua, puis l'auto continua jusqu'à s'arrêter devant le poste de police. Il était donc aux mains des rebelles du Sentier du Soleil qui avaient pris d'assaut la petite ville. Sans lui dire un mot, on le fit enrer et, au fond des installations, on l'enferma dans une cellule. Elle n'avait pas plus de deux mètres sur deux, était fermée par une grande grille et était totalement vide.

Après avoir attendu quelque temps debout, il opta pour s'assoir par terre. Il entendait constamment des bruits de pas. Le temps passa lentement. Il finit par s'ennuyer et se mit à crier:
- Je suis belge. Je veux parler à Tupas Inti. Je viens négocier le paiement d'une rançon.

Il le répéta plusieurs fois, jusqu'à ce qu'un homme vêtu d'un poncho à la façon indigène et armé d'une mitraillette s'approcha de la grille.
- Tu veux donc parler à Tupac Inti! Qui crois-tu que tu es? Personne ne parle avec lui! C'est notre chef, mais nous ne l'avons jamais vu. Pourquoi le verrais-tu, toi?
- Il a demandé de l'argent pour libérer l'abbé Guido Lefranc. Je viens de la part de son père pour discuter ce paiement.
- Pourquoi devrais-je te croire? Les affaires d'Inti sont ces affaires, pas les nôtres. Je ne sais pas qui est ce curé. Je n'ai jamais entendu parler de lui.
- Pourquoi me retenez-vous ici? Je suis entré légalement dans ce pays et je n'ai commis aucun délit.
- Mais tu sais de choses de Tupac Inti. Et tu l'accuses. Tu n'est pas un ami. Tu es venu nous espionner et nous t'avons trouvé à La Paz. Nous n'aimons pas les espions gringos. Tu auras sous peu ta récompense.

Et l'homme s'en fut, laissant Trompel encore plus inquiet qu'avent.