26 décembre
Ainsi, le 26 décembre au matin, le détective décida de passer personnellement par le bureau de Servais à la PJF, rue Fritz Toussaint, à Ixelles, au lieu de l'appeler par téléphone. Il y avait beaucoup à dire et il serait plus utile de le faire face à face. Le policier le reçut tout de suite.
- Ainsi donc les crimes t'on suivi durant tout ton voyage -lui dit ce dernier-. Mais pas comme tu pensais.
- En effet. Et il est clair que ce qui les unit, ce n'est pas moi, mais bien le mythe d'Osiris et la légende du solstice d'hiver, qui aurait été très spécial cette année.
- En tous cas, il l'aura été, avec ces tremblements de terre et ces éruptions! Mais, pour nous, le point n'est pas là. J'ai trouvé le livre "Fleuve sacré", que tu m'avais indiqué, et j'ai lu avec horreur le récit du festival d'Osiris. Je crains que c'est quelque chose de ce genre qu'ils réalisèrent à Naples. J'ai déjà envoyé une copie à la police locale, au travers d'Interpol. Je leur ai aussi signalé que les personnes attaquées à Osernj suspectaient fortement l'intervention de la maffia napolitaine. Mais il m'ont répondu que la "camorra" napolitaine avait été éliminée en 1922 par le gouvernement fasciste de Mussolini. Cependant, des bandes semblables à la Camorra ont continué à opérer, bien que depuis 1984 les confessions de plusieurs chefs camorristes ont permis de désarticuler une grande partie de l'infrastructure qu'ils avaient reconstruite au cours des années soixante1. Il pourrait donc subsister quelques petits groupes, qui sont difficiles à découvrir et à éliminer. Ils dirent qu'ils n'ont pas de références d' "Il Secolo Nosso", mais il est possible qu'ils trouvent des pistes chez Giulio Carmona, le coleccionniste assassiné. Ils croient que cette personne n'était pas très "propre" et investiguaient ses relations depuis quelque temps. Il pourrait y avoir du nouveau de ce côté. A part cela, toutes les recherches sur les cas que tu connais -Bruxelles, Paris, Turin, Naples et Osernj- sont maintenant coordonnées par le bureau d'Interpol en Italie. Cela ne me plait pas beaucoup. La police italienne a été infiltrée par la maffia depuis toujours et de nombreux juges ont perdu la vie quand ils ont trop progressé. Pourvu que le pouvoir d' "Il Secolo" n'arrive pas à tant que cela et qu'ils trouvent les coupables.
- Au moins six d'entr'eux ont déjà trouvé leur châtiment à Osernj.
- C'est vrai. Mais quel est le cerveau qui les contrôlait? C'est celui-là qu'il faut découvrir!
- Ce doit être quelqu'un qui a assez de pouvoir -visible ou dans l'ombre- et qui a une grande admiration pour l'Ancienne Egypte, comme Giulio Carmona.
- Ou un égyptologue ou un conservateur de musée, comme celui de Milan, qui a disparu.
- Tu ne peux pas douter de lui. Il a assisté au congrès qui eut lieu ici, avec Kaminsky, Robertson et bien des autres. Et il est allé ensuite à Osernj, où il a échappé de justesse à la mort.
- Et tu crois que parce qu'il était là-bas il est hors de soupçons?
- Kaminsky m'a dit qu'ils ont réalisé une cérémonie traditionnelle, mais qui n'avait rien à voir avec le récit de Wilbur Smith. Et le duc lui a assuré que ce récit n'a aucun fondement -à part le mythe- et tous les égyptologues présents pensaient de même. Le responsable des crimes doit avoir participé à la cérémonie qu'ils ont réalisée chez Carmona. Ce ne doit pas être un bon égyptologue s'il a suivi un rituel qui n'est pas légitime. Quelqu'un l'a trompé en le lui donnant et il ne s'en est rendu compte que trop tard. Parce qu'il espérait obtenir quelque chose et ne l'a pas eu. C'est pourquoi il a tenté d'obtenir plus d'information à Osernj, et il y a aussi raté son coup.
- Tu dois avoir raison. J'essayerai de convaincre les italiens: tu leur donnes maintenant une piste de plus.
- A propos de leur donner des pistes: je ne pourrais pas aller là-bas et travailler avec eux? J'ai été dans tous les endroits où quelque chose s'est passé, sauf à Naples. Cela pourrait être utile. Plus encore grâce à mon contact avec Kaminsky et, à travers lui, avec le duc d'Osernj.
- Hum... je ne sais pas s'ils accepteront la collaboration d'un détective privé. Tu sais que la police est jalouse. Et pour ce qui d'Osernj, cela passe par la police tchèque.
- Mais les tchèques n'étaient pas là quand cela s'est passé. La seule différence, c'est qu'eux ont quatre cadavres.
- Et les enregistrements de vidéo. Et accès direct au duc.
- D'accord. Et moi, je n'ai pas été dans le palais. Mais le duc n'était pas là non plus quand c'est arrivé. Pourquoi ne me réintègres-tu pas dans la force seulement pour ce cas? Il y a quelque chose qui l'empêche?
- Non, cela est possible. On pourrait t'envoyer comme spécialiste. Je devrai consulter le grand chef.
- J'ai toujours eu une bonne relation avec lui. Il m'a dit qu'il le regrettait beaucoup quand je suis parti.
- En effet. Je crois que tu lui plaisais. Le fait que tu aie suivi de très presque tous les cas qui nous occupent pourrait aussi aider à le convaincre. Je lui parlerai cet après-midi.
- D'accord. Je serai à mon bureau. Salut!
- Je te tiendrai au courant. Bye!
Au milieu de l'après-midi, Trompel recevait le coup de fil de Servais.
- Le directeur est d'accord pour te réincorporer le temps que dure cette affaire et t'envoyer à Naples. Il a trouvé que c'était une bonne idée pour pressionner un peu les italiens et assurer leur probité, au cas où la maffia se serait infiltrée. Il demandera de plus ta reconnaissance par Interpol comme chargé des relations internationales de ce cas, sur la base de tes voyages et présence sur les lieux depuis le début ici. Ainsi les italiens seront obligés de collaborer.
- C'est une bonne nouvelle. Je t'en remercie, surtout au nom de professeur Kaminsky et de ses amis d'Osernj. Quand puis-je partir?
- Il y a un vol d'Alitalia pour Naples qui part demain à onze heures dix de Zaventem. Je vais t'envoyer ton code de réservation pour retirer ton billet à l'aéroport. Et aujourd'hui, avant six heures, un commis t'apportera ta plaque de la PJF à ton bureau. Tu n'auras de comptes à rendre qu'à moi. Et ton contact là-bas sera l'inspecteur Andrea Bianchi.
- Parfait. Alors, je te contacterai de Naple..
- D'accord. Bon voyage!
- Ainsi donc les crimes t'on suivi durant tout ton voyage -lui dit ce dernier-. Mais pas comme tu pensais.
- En effet. Et il est clair que ce qui les unit, ce n'est pas moi, mais bien le mythe d'Osiris et la légende du solstice d'hiver, qui aurait été très spécial cette année.
- En tous cas, il l'aura été, avec ces tremblements de terre et ces éruptions! Mais, pour nous, le point n'est pas là. J'ai trouvé le livre "Fleuve sacré", que tu m'avais indiqué, et j'ai lu avec horreur le récit du festival d'Osiris. Je crains que c'est quelque chose de ce genre qu'ils réalisèrent à Naples. J'ai déjà envoyé une copie à la police locale, au travers d'Interpol. Je leur ai aussi signalé que les personnes attaquées à Osernj suspectaient fortement l'intervention de la maffia napolitaine. Mais il m'ont répondu que la "camorra" napolitaine avait été éliminée en 1922 par le gouvernement fasciste de Mussolini. Cependant, des bandes semblables à la Camorra ont continué à opérer, bien que depuis 1984 les confessions de plusieurs chefs camorristes ont permis de désarticuler une grande partie de l'infrastructure qu'ils avaient reconstruite au cours des années soixante1. Il pourrait donc subsister quelques petits groupes, qui sont difficiles à découvrir et à éliminer. Ils dirent qu'ils n'ont pas de références d' "Il Secolo Nosso", mais il est possible qu'ils trouvent des pistes chez Giulio Carmona, le coleccionniste assassiné. Ils croient que cette personne n'était pas très "propre" et investiguaient ses relations depuis quelque temps. Il pourrait y avoir du nouveau de ce côté. A part cela, toutes les recherches sur les cas que tu connais -Bruxelles, Paris, Turin, Naples et Osernj- sont maintenant coordonnées par le bureau d'Interpol en Italie. Cela ne me plait pas beaucoup. La police italienne a été infiltrée par la maffia depuis toujours et de nombreux juges ont perdu la vie quand ils ont trop progressé. Pourvu que le pouvoir d' "Il Secolo" n'arrive pas à tant que cela et qu'ils trouvent les coupables.
- Au moins six d'entr'eux ont déjà trouvé leur châtiment à Osernj.
- C'est vrai. Mais quel est le cerveau qui les contrôlait? C'est celui-là qu'il faut découvrir!
- Ce doit être quelqu'un qui a assez de pouvoir -visible ou dans l'ombre- et qui a une grande admiration pour l'Ancienne Egypte, comme Giulio Carmona.
- Ou un égyptologue ou un conservateur de musée, comme celui de Milan, qui a disparu.
- Tu ne peux pas douter de lui. Il a assisté au congrès qui eut lieu ici, avec Kaminsky, Robertson et bien des autres. Et il est allé ensuite à Osernj, où il a échappé de justesse à la mort.
- Et tu crois que parce qu'il était là-bas il est hors de soupçons?
- Kaminsky m'a dit qu'ils ont réalisé une cérémonie traditionnelle, mais qui n'avait rien à voir avec le récit de Wilbur Smith. Et le duc lui a assuré que ce récit n'a aucun fondement -à part le mythe- et tous les égyptologues présents pensaient de même. Le responsable des crimes doit avoir participé à la cérémonie qu'ils ont réalisée chez Carmona. Ce ne doit pas être un bon égyptologue s'il a suivi un rituel qui n'est pas légitime. Quelqu'un l'a trompé en le lui donnant et il ne s'en est rendu compte que trop tard. Parce qu'il espérait obtenir quelque chose et ne l'a pas eu. C'est pourquoi il a tenté d'obtenir plus d'information à Osernj, et il y a aussi raté son coup.
- Tu dois avoir raison. J'essayerai de convaincre les italiens: tu leur donnes maintenant une piste de plus.
- A propos de leur donner des pistes: je ne pourrais pas aller là-bas et travailler avec eux? J'ai été dans tous les endroits où quelque chose s'est passé, sauf à Naples. Cela pourrait être utile. Plus encore grâce à mon contact avec Kaminsky et, à travers lui, avec le duc d'Osernj.
- Hum... je ne sais pas s'ils accepteront la collaboration d'un détective privé. Tu sais que la police est jalouse. Et pour ce qui d'Osernj, cela passe par la police tchèque.
- Mais les tchèques n'étaient pas là quand cela s'est passé. La seule différence, c'est qu'eux ont quatre cadavres.
- Et les enregistrements de vidéo. Et accès direct au duc.
- D'accord. Et moi, je n'ai pas été dans le palais. Mais le duc n'était pas là non plus quand c'est arrivé. Pourquoi ne me réintègres-tu pas dans la force seulement pour ce cas? Il y a quelque chose qui l'empêche?
- Non, cela est possible. On pourrait t'envoyer comme spécialiste. Je devrai consulter le grand chef.
- J'ai toujours eu une bonne relation avec lui. Il m'a dit qu'il le regrettait beaucoup quand je suis parti.
- En effet. Je crois que tu lui plaisais. Le fait que tu aie suivi de très presque tous les cas qui nous occupent pourrait aussi aider à le convaincre. Je lui parlerai cet après-midi.
- D'accord. Je serai à mon bureau. Salut!
- Je te tiendrai au courant. Bye!
Au milieu de l'après-midi, Trompel recevait le coup de fil de Servais.
- Le directeur est d'accord pour te réincorporer le temps que dure cette affaire et t'envoyer à Naples. Il a trouvé que c'était une bonne idée pour pressionner un peu les italiens et assurer leur probité, au cas où la maffia se serait infiltrée. Il demandera de plus ta reconnaissance par Interpol comme chargé des relations internationales de ce cas, sur la base de tes voyages et présence sur les lieux depuis le début ici. Ainsi les italiens seront obligés de collaborer.
- C'est une bonne nouvelle. Je t'en remercie, surtout au nom de professeur Kaminsky et de ses amis d'Osernj. Quand puis-je partir?
- Il y a un vol d'Alitalia pour Naples qui part demain à onze heures dix de Zaventem. Je vais t'envoyer ton code de réservation pour retirer ton billet à l'aéroport. Et aujourd'hui, avant six heures, un commis t'apportera ta plaque de la PJF à ton bureau. Tu n'auras de comptes à rendre qu'à moi. Et ton contact là-bas sera l'inspecteur Andrea Bianchi.
- Parfait. Alors, je te contacterai de Naple..
- D'accord. Bon voyage!
27 décembre
Le lendemain à onze heures dix, l'avion d'Alitalia avec Trompel à bord décollait de Bruxelles vers l'Italie. Dans l'avion, on lui servit un sandwich et une boisson fraîche pour tout déjeûner. Il devait changer d'avion à Rome, avec une demi-heure d'attente. Après quatre heures de voyage, il arrivait à Naples. Avant d'aterrir, il put voir par la lucarne de l'avion la grande colonne de fumée qui s'élevait du cratère du Vésuve. Comme beaucoup de volcans de la planète, il était entré en activité le 21 décembre.
Personne ne l'attendait à l'aéroport. Il prit un taxi et se fit conduire à l'adresse de la police, la Questura di Napoli, qui est à la Via Medina. A la réception, il demanda à parler à l'inspecteur Andrea Bianchi. Le garde lui répondit qu'il n'était pas là. Trompel montra la plaque de la PJF belge et demanda quand il reviendrait. Le policier, avec mauvaise mine, lui répondit qu'il ne savait pas. Qu'il pouvait attendre ou bien revenir le lendemain. Le belge s'assit pour attendre et se mit à lire un journal qu'il avait pris à l'aéroport en sortant de Bruxelles. Au bout d'une heure, il en eut assez et dit au garde qu'il reviendrait le lendemain matin et lui demanda d'avertir Bianchi qu'il venait en mission d'Interpol. Il sortit et, comme il ne connaissait pas Naples, il prit de nouveau un taxi pour aller cette fois à l'hôtel Palazzo Alabardieri, à la Via du même nom. Il l'avait trouvé la veille par Internet. Il put constater que l'hôtel n'était pas très près: il mit plus de quarante minutes, mais il y avait beaucoup de circulation et le taxi avançait lentement. C'était un hôtel assez neuf et d'un prix abordable malgré son nom de «palais». Mais c'est la police italienne qui aurait dû lui offrir un logement.
Il s'enregistra à la réception, plaça ses bagages dans la chambre et descendit ensuite pour sortir faire une promenade et se familiariser avec les alentours. Avant de sortir, il demanda une carte de la ville. Il put ainsi constater que le nombril de Naples est son centre historique, d'origine gréco-romaine. Il se promena dans les ruelles avec de nombreux ateliers d'artisans et découvrit les fameuses librairies de Part'Alba et les cafés de la piazza Bellini. Il en profita pour y boire un bon capuccino et de manger quelque chose avant de rentrer à l'hôtel pour passer la nuit.
Personne ne l'attendait à l'aéroport. Il prit un taxi et se fit conduire à l'adresse de la police, la Questura di Napoli, qui est à la Via Medina. A la réception, il demanda à parler à l'inspecteur Andrea Bianchi. Le garde lui répondit qu'il n'était pas là. Trompel montra la plaque de la PJF belge et demanda quand il reviendrait. Le policier, avec mauvaise mine, lui répondit qu'il ne savait pas. Qu'il pouvait attendre ou bien revenir le lendemain. Le belge s'assit pour attendre et se mit à lire un journal qu'il avait pris à l'aéroport en sortant de Bruxelles. Au bout d'une heure, il en eut assez et dit au garde qu'il reviendrait le lendemain matin et lui demanda d'avertir Bianchi qu'il venait en mission d'Interpol. Il sortit et, comme il ne connaissait pas Naples, il prit de nouveau un taxi pour aller cette fois à l'hôtel Palazzo Alabardieri, à la Via du même nom. Il l'avait trouvé la veille par Internet. Il put constater que l'hôtel n'était pas très près: il mit plus de quarante minutes, mais il y avait beaucoup de circulation et le taxi avançait lentement. C'était un hôtel assez neuf et d'un prix abordable malgré son nom de «palais». Mais c'est la police italienne qui aurait dû lui offrir un logement.
Il s'enregistra à la réception, plaça ses bagages dans la chambre et descendit ensuite pour sortir faire une promenade et se familiariser avec les alentours. Avant de sortir, il demanda une carte de la ville. Il put ainsi constater que le nombril de Naples est son centre historique, d'origine gréco-romaine. Il se promena dans les ruelles avec de nombreux ateliers d'artisans et découvrit les fameuses librairies de Part'Alba et les cafés de la piazza Bellini. Il en profita pour y boire un bon capuccino et de manger quelque chose avant de rentrer à l'hôtel pour passer la nuit.