25/08/2009

Les yeux d'Horus 9.1.

L'heure était venue de dîner et le majordome annonça que tout était prêt dans la salle-à-manger. Les confrères s'y rendirent et la conversation se développa mais dans une ambiance de tristesse due aux événements de ce jour.

- Vous rendez-vous compte qu'aujourd'hui se terminait le "Cinquième Soleil" selon le calendrier maya? -demanda Oscar Véliz, le mexicain-. Mais le monde s'est secoué le 21.
- Mais nous, nous avons été secoués aujourd'hui -répondit Jane Wilson-. Et trois de nos amis ont perdu la vie.
- Et pour le pays, le jour qui sera noté dans l'histoire, sera aussi celui d'aujourd'hui, grâce aux annonces du duc -ajouta Jack Doorman.
- Devons-nous remplacer les frères morts aujourd'hui? -demanda Jane Wilson.
- Pendant plus de deux millénaires, la tradition a été que nous soyons quatorce -répondit le duc-. Nous n'allons pas la changer. Mais rien n'indique que nous devons le faire de suite. Il n'était urgent de remplacer Robertson qu'à cause de la cérémonie du 21. Je propose d'attendre que le Centre de Recherche fonctionne pendant quelque temps et choisir alors entre nos hommes de science, à la vue de leur qualité et leur dédication. S'ils ne sont pas à la hauteur dans ce domaine, ils pourront obtenir les connaissances sur l'Ancienne Egypte et l'Atlantide à l'Institut et ensuite être initiés. 
- Cela me semble une proposition excellente, vu les changements que nous commençons -dit Yerkov, qui était arrivé après une échappée en ville sans sa bague, ce qui n'avait pas permis de le localiser.
- Mais ne perdons pas de vue notre principale fonction -répliqua Al Zahari-. Ce qui est fondamental, c'est la philosophie que le projet doit s'insuffler pour l'avenir. Et cela exige une étude longue et profonde, ainsi qu'une grande conviction. C'est pour cela que les égyptologue ont toujours été en majorité dans notre société.
- En effet -dit le duc-. Et je vous donne la raison à tous deux: incluons des scientifiques, mais à condition qu'ils professent cette philosophie, ce qui a d'ailleurs toujours été la norme de la Société et n'a jamais été oubliée. Et conservons la majorité d'égyptologues. Ou au moins, avec eux, d'archéologues qui dominent les anciennes cultures du Moyen-Orient, surtout de l'Assyrie, avec une bonne connaissance du cunéiforme et des tablettes qui se réfèrent à la période atlante.
- Le duc à raison -dit John Connor-. Nous oublions parfois les textes cunéiformes. Ils n'ont pas beaucoup d'information scientifique et n'ont pas été apportés ici par les prêtres de l'Oeil d'Horus, mais ils contiennent beaucoup d'information historique sur les nefilim.

Tous se montrèrent d'accord. Le dîner se termina et la conversation languit. Tout le monde était fatigué suite aux émotions de la journée et ils se retirèrent rapidement à leurs chambres.


Chapitre 9

24 décembre  
Le matin suivant, au petit déjeûner, Kaminsky demanda:
- Nous avons encore du travail en commun ou notre réunion se termine maintenant?
- Comme je vous ai dit hier, qui le désire peut rester ici pour passer les fêtes ou prendre des vacances. Mais vous êtes maintenant tous libres de vous retirer. Je vous demande seulement que nous restions en contact étroit par notre réseau encrypté sur Internet, comme convenu. Comme vous êtes nouveau, professeur, avant de partir je vous recommande de regarder le catalogue de ma bibliothèque. Je m'imagine qu'il doit y avoir une bonne quantité de documents que vous ne connaissez pas et qui vous intéresseront. Je peux vous en faciliter des copies ou vous les envoyer en format numérique. Ce que vous pouvez utiliser librement est clairement signalé et aussi ce qui doit rester confidentiel.
- Je vous en remercie beaucoup. Puis-je emporter le livre de l'Oeil d'Horus?
- Je vous rappelle que le vôtre a été volé et que la police tchèque ne nous l'a pas encore rendu. De plus, ce format est un peu grand et lourd, n'est-ce pas? Je vous enverrai une copie numérique, mais pour un usage strictement personnel et réservé.
- Merci bien. Je profiterai de la matinée pour cela. Je vous laisserai une liste de ce qui m'intéresse à l'heure du déjeûner. Mais j'aimerais partir inmédiatement après celui-çi pour atteindre le car qui part pour Prague, pour pouvoir passer là-bas la Noël avec ma famille.

Les autres européens, Connor et van der Berg, qui étaient venus ensemble de Prague en voiture louée, dirent qu'ils retourneraient aussi à Prague ce même jour, pour rentrer à temps chez eux pour célébrer la Noël. Les autres annoncèrent qu'ils resteraient encore quelques jours, pour rentrer à Prague et y prendre l'avion après Noël. Doorman installerait le serveur d'internet et activerait le nouveau réseau. Seul Yerkov resterait indéfiniment à Krönfeldt. Il s'était déjà libéré de son travail antérieur et se dédierait à chercher ses nouveaux collaborateurs.

Kaminsky passa toute la matinée dans la bibliothèque, regardant le catalogue et les archives. Il découvrit de nombreux papyrus qu'il ne connaissait pas. Il y avait aussi des incunables et autres documents médiévaux, en latin, qui rendaient compte de l'histoire de la Société de l'Oeil d'Horus à cette époque. C'était une mine d'or pour un archéologue et un historien! Mais son intérêt n'était pas d'étudier l'histoire de la Société, mais seulement de mieux connaître son origine et les fondements de son existence et de ses projets. En fonction de cet objectif, il choisit les titres et rédigea la liste qu'il remit ensuite au duc.

- Très bon choix, professeur! -dit le duc-. Je vois que vous avez capté l'essence de votre fonction. J'en suis très heureux. J'attendrai vos plans pour le Centre et l'Institut. Et n'oubliez pas que, à partir de maintenant, vous êtes attendu ici tous les 20 décembre pour notre rencontre annuelle et la cérémonie du solstice.
- Vous pouvez compter sur moi! Je n'y manquerai pas. Et je vous remercie de nouveau de l'invitation et de la confiance, regrettant de nouveau mes soupçons initiaux.
- Ne parlons plus de cela, docteur. Vous êtes maintenant l'un des nôtres et seulement cela et le futur comptent.

Le déjeûner terminé, Kaminsky salua ceux qui restaient. Ceux qui voyageaient ensemble en auto étaient partis avant le petit-déjeûner pour arriver à temps à Prague et prendre le train ou l'avion le même jour. L'archéologue passa par l'auberge pour payer la note de Trompel. Ils partirent ensuite ensemble et s'en furent à l'agence de voyages, d'où partait l'autocar. Ils s'assirent de nouveau ensemble. Durant le trajet, le tchèque raconta de nouveaux détails sur les projets du Parc du Futur, bien que demandant que le journaliste en garde la réserve. Trompel lui demanda ensuite plus d'informations sur l'attaque à la forteresse et ce qu'avait fait la police tchèque. L'égyptologue le mit alors au courant de la tentative d'arrestation et la mort des assaillants durant leur fuite.
- Un suicide. C'est l' "omerta", la loi du silence des hommes de la maffia -dit le belge-. Je ne crois pas qu'il puisse subsister des doutes. Pourvu que la police découvre leur identité. Mais il sera sûrement difficile de démontrer leurs liens avec les affaires d'Italie que nous connaissons.

Ils arrivèrent à temps à la gare de Prague pour que Trompel prenne l'express de nuit pour Cologne. Ils prirent congé dans la gare, où le belge acheta un billet pour le wagon à couchettes. Il voyagerait ainsi toute la nuit en dormant et pourrait prendre ensuite à Cologne le TGV pour Bruxelles, où il arriverait au milieu de la matinée. L'après-midi, il irait voir sa soeur et ses neveux. Il n'avait pas besoin de porter des cadeaux: la coutume belge était toujours de faire des cadeaux aux enfants le six décembre, pour la fête de Saint Nicolas. Le commissaire Servais passerait aussi sûrement la fête en famille et il ne pourrait pas le contacter avant le jour suivant.