18/08/2009

Les yeux d'Horus 8.3.

Au palais, tous avaient déjeûné et les policiers tchèques étaient arrivés. L'hélicoptère avait atterri sur la pelouse devant le mur de la forteresse. Les arrivants, le chef de la police et deux techniciens, se joignirent au duc et à ses compagnons dans la bibliothèque. Les membres de la société racontèrent ce qui était arrivé et ce qu'ils avaient observé personellement. Ensuite le duc montra les enregistrements des caméras de surveillance. Le chef de la police indiqua alors qu'il ne voyait pas la nécessité de parcourir le palais étant donné qu'il n'y avait aucun espoir de trouver des empreintes: les vidéos permetttaient de voir que tous les assaillants portaient des gants ce qui, de plus, était confirmé par ce qu'ils constatèrent en observant les deux malfaiteurs tombés à l'entrée du temple.

- Les seules pistes que nous pourrons obtenir -dit le policier- sera ce que nous diront les corps des bandits morts. Nous pouvons les emporter, pour que les étudient nos médecins légistes. Nos laboratoires sont à votre disposition, selon notre pacte d'assistance.
- Je vous en remercie -dit le duc-. Nous ne sommes pas équipés pour ce type de travail. De plus, il s'agit sûrement de délinquants internationaux et vous êtes membre d'Interpol, ce qui peut être utile. Nous ne serions pas étonnés qu'un clan de la maffia soit impliqué.
- La maffia ici? Qu'est-ce qui vous fait croire cela?

Paolo Confalonieri l'informa alors au sujet du groupe "Il Secolo Nosso" et de son intérêt pour la célébration du solstice selon le style égyptien antique. Il expliqua que le duc avait beaucoup d'information à ce sujet, entr'autres des papyrus de grande valeur qui étaient, semblait-il, ce que cherchaient les attaquants. Mais il ne parla pas de la cérémonie osirienne qui avait eu lieu dans le temple. Il signala aussi, comme fait connexe, l'assassinat et le vol qui avait eu lieu à Turin et qui était, sans doute, de la responsabilité du même groupe.
- Le professeur Kaminsky nous a informé de cet attentat -dit-il-. Il le sut par un journaliste belge qui est de passage ici dans la ville. Qui lui a aussi raconté qu'un égyptologue a été tué à Bruxelles et un bijou égyptien volé d'un musée de cette ville. Tout cela semble connecté. Il pourra vous l'expliquer mieux que moi. Mais où est-il?
- Il est justement allé voir ce journaliste pour qu'il informe la police belge avec laquelle il est en contact et demander s'il y a du nouveau là-bas. La personne assassinée à Bruxelles était un de nos amis. Mais Kaminsky devrait déjà être de retour. C'est bizarre! Je vais essayer de le localiser.

Le duc marca alors un nouveau numéro de téléphone et appela l'auberge. L'hôtelier lui répondit que Kaminsky était parti depuis près de deux heures, après avoir parlé avec le belge.
-Kaminsky a quitté l'auberge il y a près de deux heures. Il devrait être de retour depuis longtemps. Je vais tâcher de trouver où il est. Voyons d'abord la ville.

Il écrivit alors des instructions sur son clavier virtuel et un plan de la ville apparut sur l'écran de vidéo. Deux marques lumineuses scintillaient. La plus forte correspondait à la forteresse. L'autre, plus débile, signalait un point éloigné. Le duc déplaça le curseur vers ce point et ordonna un agrandissement qui montra de façon plus détaillée le plan d'un secteur de la ville. La marque signalait une maison bien précise.

- Le voilà! L'autre marque correspond à nous.
- Votre ami porte un indicateur de position? -demanda le policier.
- Quelque chose comme cela, oui. Je ne peux vous donner les détails: c'est une technologie que nous venons de développer.
- Je ne savais pas que vous étiez si avancés ici. Vous m'aviez déjà surpris avec vos mesures de surveillance et maintenant avec ce système.
- Nous savons déjà où il est, mais pas pourquoi. Il nous avait dit seulement qu'il allait parler avec le journaliste à l'auberge. Pourvu que rien ne lui soit arrivé. Je vais envoyer le chercher.

Le duc sortit alors parler avec le chef des gardes et lui donna une série d'instructions. Le militaire réunit une patrouille en tenue de combat et ils partirent au trot vers la maison indiquée. Ils s'en approchèrent discrètement, pour attaquer à l'improviste au cas où Kaminsky aurait été séquestré. Dans les circonstances actuelles, il valait mieux être prêt à tout, avait averti le duc. Un des gardes frappa à la porte, qui fut ouverte peu après par une femme.
- Pardon, le professeur Kaminsky est ici? Le duc désire le voir au plus tôt.
- Attendez un moment -dit la femme, qui laissa la porte ouverte.

Pendant qu'elle rentrait, le militien vit un signe convenu à ses compagons et le capitaine le remplaça devant la porte pendant que les autres se détendaient et s'éloignaient quelque peu. Kaminsky apparut sur le seuil.
- Vous me cherchez? -dit-il.
- Professeur Kaminsky? Le duc est préoccupé par votre retard -dit le militaire-, et désire que vous rentriez au plus tôt pour informer aussi les policiers tchèques qui sont arrivés.
- Je dis au revoir et je vous accompagne.

Le capitaine fit alors un signe définitif à ses hommes, qui s'éloignèrent rapidement. Kaminsky sortit et ils cheminèrent ensemble vers la forteresse. En arrivant, le professeur vit l'hélicoptère tchèque devant la poterne qui étaient gardée par des militiens à l'extérieur et à l'intérieur. En entrant, il vit que les pompiers étaient partis et que des gardes entraient et sortaient de la caserne noircie par la fumée de l'incendie. Les corps des gardes tués avaient disparu. 

- On vous attend dans la bibliothèque -dit le capitaine en le laissant à l'entrée du palais.
- Où aviez-vous donc disparu? -dit le duc, quand il entra dans la salle-. Après ce qui s'est passé ici, nous étions inquiets pour vous.
- Je vous prie de m'excuser. Je ne pensais pas qu'il pouvait encore y avoir des problèmes de sécurité. Après avoir parlé avec le journaliste, je suis aller visiter mes cousins qui vivent ici, pour les tranquiliser. Ils avaient su par l'aubergiste que j'étais au palais et tout le monde dans la ville sait déjà que celui-çi a été attaqué et qu'il y a eu des morts.
- Je ne savais pas que aviez de la famille ici. Ils ne vous ont pas vu à l'hôtel de ville?
- Une de mes arrière-grand-mères était d'Osernj. Ce n'est pas la première fois que je viens. Et, vraiment, je n'ai pas pensé qu'il pouvaient avoir connu ma présence au Conseil.
- D'accord. Si nous avions su que vous aviez de la famille, nous vous aurions attendu plus tranquillement.
Mais si vous ne saviez pas que j'ai ici de la famille, comment m'avez vous trouvé?
- Nous vous avons donné une bague, docteur, que vous portez au doigt et qui est syntonisée avec un détecteur qui est ici. Nous avons tous la même.

C'était vrai. Au cours de la cérémonie d'initiation, on lui avait passé au doigt un anneau avec une petite pierre en forme d'ankh. De l'osirine à n'en pas douter. C'était incroyable combien de fonctions cette pierre pouvait avoir, pensa Kaminsky.

- Y a-t'il des nouvelles de Bruxelles? -demanda ensuite le duc.
- Rien de neuf dans le cas de Robertson. Mais ils nous ont dit qu'il y avait eu un autre assassinat, à Naple, le 21. Il s'agit d'un riche collectionniste d'art qui avait de nombreuses pièces égyptiennes. On l'a écartelé. En quatorce morceaux, comme dans le mythe d'Osiris. Et on avait peint un grand Oeil d'Horus sur le mur. A cause de cet oeil, la police belge pense à un lien avec le vol du musée de Bruxelles. Je leur ai parlé de nos soupçons en ce qui concerne Il Secolo Nosso. Et ils m'ont demandé si je savais quelque chose d'un rituel égyptien où l'on coupait une personne en quatorce morceaux. Je leur ai dit de lire le mythe d'Osiris et que le romancier Wilbur Smith assurait la découverte d'un papyrus où était décrit un festival où se réalisait un crime de ce genre. Mais, pour ma part, je ne connais aucun document ancien qui confirme ces détails. Cette découverte est peut-être une invention. L'un d'entre vous en sait-il plus?
- Je ne connais pas ce livre, mais je peux vous assurer que nous n'avons aucun registre d'un rituel sanglant. Et je crois que nous avons ici des copies de tout ce qui se réfère à Osiris dans l'Antiquité. 
- Vous parliez d'un riche coleccioniste napolitain. Ce ne serait pas Giulio Carmona? - demanda le conservateur du musée de Milam.
- Je ne sais. On ne m'a pas dit son nom.
- Cet homme était fameux -continua Confalonieri-. Il avait une galerie extraordinaire mais très peu de gens pouvaient la voir. J'ai eu cette chance et j'ai pu vérifier qu'il avait une colection égyptienne surprenante. Et je doute fort qu'il l'ait obtenue par des moyens légaux. Cela pourrait expliquer le lien avec Il Secolo Nosso.

A ce moment sonna le téléphone satellital du policier tchèque. Il écouta l'information puis le retransmit aux personnes présentes. 

- On a trouvé la jeep sur une route qui allait vers le sud-est, vers l'Allemagne. Elle essayait de forcer le barrage policier et il y a eu un affrontement. Un de nos hommes est tombé mais le véhicule a été arrêté et tous ses occupants sont morts. Deux d'entr'eux sont tombés sous nos balles. Les deux autres, se voyant encerclés, se sont suicidés. Ils ne portaient évidemment aucun document. Dans la jeep, nous avons récupéré le sac avec ce qu'ils avaient volé ici, ainsi que des cartes et des photos satellitales de Kronfeldt et de la forteresse. Les corps seront transférés à Prague, pour l'examen légiste. Nous vous enverrons le sac, monseigneur, et nous vous maintiendrons au courant de nos progrès et de ce pourra nous dire Interpol. Vous pouvez me faciliter copie des vidéos de surveillance?
- Si vous me donnez quelques minutes, je vous ferai une copie en DVD -dit Doorman, s'approchant de la table et marquant le clavier virtuel.

Quelques instants plus tard, une rainure s'ouvrait sous le moniteur et un disque en sortait. Le duc prit une enveloppe adéquate dans un petit tiroir, y mit le DVD et le remit au policier.
- Si vous avez quatre délinquants, je ne crois pas nécessaire que vous emportiez les deux qui sont tombés ici -dit-il, préférant que l'on ne découvre pas comment ils étaient morts-. Nous pouvons nous en occuper.
- Si vous le désirez, je n'ai aucun inconvénient. En effet, avec ces quatre, nous pouvons savoir maintenant tout le nécessaire. Nous emporterons cependant les photos et les empreintes digitales de ceux qui sont ici. Cela peut être important. Et j'espère que vous pourrez les conserver quelques jours en congélateur, au cas où nous en aurions besoin de toutes façons.
- D'accord. Nous avons un petit congélateur à la morgue de l'hôpital. Nous vous les garderons une semaine. mais je ne crois pas que ce soit possible plus longtemps.
- Ce sera sûrement suffisant. Mes techniciens ont maintenant tout ce qui peut nous être utile.
- Merci beaucoup pour être venus aussi vite et pour votre collaboration.
- Nous sommes à votre service chaque fois que vous en avez le besoin. Adieu!

Les techniciens étaient déjà sortis et avaient pris des photos et les empreintes des assaillants. Ils attendaient près de l'hélicoptère. Leur chef leur donna le DVD, ils montèrent dans l'appareil et décollèrent.