29 décembre
Pour passer le temps le dimanche, Trompel pensa visiter les ruines de Pompéi et Herculanum. Il demanda à l'hôtel comment il pouvait le faire, mais il lui dirent que les visites étaient interdites pour des raisons de sécurité, vu l'activité du volcan. Ainsi, il dut passer le dimanche à se reposer et se promener dans la ville. L'après-midi, il reçut un e-mail de Kaminsky.
- Les amphores dont j'ai reçu les photos sont en réalité des vases canopes où l'on conservait les organes internes des momies dans les tombes. J'ai aussi vu sur les photos qu'au-dessus des vases, sur les murs, il y avait des hiéroglyphes qui identifient des temples. Il me semble que les vases furent mis ainsi dans un ordre qui suit la localisation le long du Nil des temples qui conservaient symboliquement les restes d'Osiris: Abydos avec la tête, Busiris la colonne vertébrale, Létopolis l'épaule gauche, etc. Ils tentèrent donc de représenter la géographie sacrée pour mieux suivre le récit mythique. Mais, évidemment, ils se trompaient totalement sur l'idée de la résurrection.
Je suis heureux de savoir que vous avez trouvé l'un des responsables. Qu'un juge soit compliqué dans l'affaire a dû être une grande surprise mais, avec la maffia, tout est possible en Italie. Et notre hypothèse est donc confirmée. J'avertirai le duc d'Osernj que l'enquête a fait de grands progrès. Je vous souhaite que la chance continue à vous sourire!
30 décembre
Le lundi, Trompel rencontra de nouveau Bianchi à la Questura. L'italien confirma que le papyrus trouvé chez Carmona était bien le Livre des Morts volé à Turin. Ils s'en furent au laboratoire.
- Nous avons effectivement trouvé des taches de sang sur la tunique -dit un des techniciens-. Et nous avons identifié d'autres empreintes: les unes sont de Carmona lui-même, qui aura sans doute mis les amphores à leur place avant la cérémonie. D'autres sont d'un nommé Mario Orsini qui travaille à la Banque de Naples, Via dei Mille. Il reste encore une paire d'empreintes à identifier.
- Et que se passe-t'il avec les archives encryptées? -demanda le belge.
- J'ai essayé les noms que vous m'avez donné -dit le cryptologue- et avec Horus cela a fonctionné. Je n'ai pas tout lu, mais il y a des textes, des adresses et des feuilles de calcul. Je crois que cela nous aidera beaucoup.
- Je crois qu'il faudrait aller chercher cet Orsini au plus tôt. A cette heure, il devrait être à la banque, s'il n'a pas pris la fuite. -dit Bianchi, qui appela de nouveau son assistant Pasquale, et ils partirent ensemble en auto.
Quelques minutes plus tard, ils débarquaient devant le siège principal de la banque, cependant qu'une autre patrouille se dirigeait vers le domicile privé d'Orsini. Ils entrèrent et demandèrent où ils trouveraient l'employé. On les envoya au septième étage, où il avait son bureau de chef-comptable. Il ne s'attendait sûrement pas à être découvert car il travaillait normalement et fut très surpris que la police entra et lui passa les menottes.
- Signor Orsini? Vous êtes arrêté!
- Mais pourquoi?
- Pour l'assassinat de Giulio Carmona. Acompagnez-nous à la Questura! Tout ce que vous direz à partir de maintenant pourra être utilisé contre vous. Vous pourrez demander un avocat lorsque nous serons là-bas.
- Ce n'est pas possible! Je ne voulais pas faire cela. Tout à été l'idée de Carmona. Il y a des mois qu'il insistait qu'il fallait réaliser le rituel. Il voulait obtenir la vie éternelle et disait que si nous accomplissions le rituel au pied de la lettre le 21 décembre avant l'aurore, pour la seule fois en vingt siècles, les conditions seraient réunies pour qu'il ressuscite. Mais il n'est pas ressuscité!
Arrivés à la Questura, il fut conduit à une salle d'interrogatoire. Bianchi mit en marche un enregisteur et lui demande de répéter ce qu'il avait dit au moment d'être arrêté, ce qu'il fit. Ensuite on lui demanda qui de plus était présent lors du crime. Il donna les noms de Carmona, Competta et quatre des cambrioleurs de Osernj.
- Comme Carmona voulait être Osiris, le juge Competta a dirigé la cérémonie. Il était aussi fou que Carmona et nous avait menacé de nous accuser et de nous juger si nous ne suivions pas le rituel. Carmona nous enseigna qu'il devait "rendre la maison (son corps) à son Maître (le créateur) pour que -avec le souffle immortel- il se transforme en temple éternel", selon le Livre des Morts. C'est la plus grande oeuvre que peut accomplir l'homme. Cela ne devait avoir de succès que si les conditions astronomiques étaient correctes, comme au solstice d'hiver de cette année.
- Il n'y avait personne de plus? Nous avons trouvé les empreintes digitales d'au moins deux personnes de plus.
- Il y avait une autre personne, mais je ne la connais pas.
- Huit personnes?
- Oui. Carmona comme Osiris et sept pour officier.
- Ce ne devaient pas être quatorce? -demanda Trompel.
- Competta dit qu'il fallait couper le corps en quatorce morceaux et que chacun en prendrait deux, un pour un vase de droite et un autre pour un vase de gauche.
- Et ils coupèrent Carmona vivant? -demanda Bianchi.
- Il dormait. On lui avait donné un puissant anesthésique.
- Et qui l'a découpé?
- La personne que je ne connais pas. Cela devait être un chirurgien car il a travaillé très habilement. C'est lui qui avait aporté l'anesthésique.
L'après-midi, pendant que Bianchi consultait les adresses et les feuilles de calcul, Trompel se mit à lire les textes décryptés. Beaucoup étaient dans des langues qu'il ne comprenait pas et il ne put en tirer aucune information utile. Mais il en trouva un intitulé "Rituale di risurrezione" et, bien qu'il lisait difficilement l'italien, il découvrit que c'était une transcription d'un rituel pour la fête d'Osiris, assez semblable au récit du livre de Wilbur Smith. Il le fit remarquer à l'inspecteur napolitain:
- On dirait que nous avons ici le rituel qu'ils utilisèrent quand il tuèrent Carmona. A ce que je comprend, ils parlent de l'écartèlement et de la mise dans les vases canopes, ces amphores où vous avez trouvé les parties du corps. Comme me l'a confirmé le professeur Kaminsky, ils étaient ordonnés géographiquement selon le cours du Nil.
- En effet, c'est un détail qui peut éclairer les faits, mais cela ne nous dit pas qui y a participé. Nous en connaissons la plupart, mais s'il y avait quelqu'un qui n'a pas touché les amphores et si Orsini ment, il pourra nous échapper.
Un policier arriva alors, tendant une feuille de papier à Bianchi:
- Les collègues de Rome ont bougé rapidement -dit-il-. Ils entrèrent chez la soeur de Competta mais celui-çi n'était pas là et la femme ne savait rien de lui. Mais elle dit que son frère était assez fou depuis un certain temps. Il ne parlait que de l'Egypte et de la "science de la résurrection". Nos collègues ont vérifié toutes les listes de passagers des avions qui sont partis de Rome à partir du 22 et trouvèrent Competta sur un vol à Miami le 24 au soir. Maintenant, il faut espérer que la police américaine essaye de découvrir où il est.
- Je ne m'étonnerais pas qu'il se soit réfugié dans un paradis tropical des Caraïbes -dit Trompel.
- C'est fort possible. Et, dans ce cas, nous ne pouvons rien faire. Espérons avoir plus de chance ici. Allons voir comment vont les choses au laboratoire.
- Nous avons identifié les dernières empreintes -dit un des techniciens-. Il s'agit d'une femme: Francesca della Rivera. Elle est domiciliée à Milan et est professeur d'histoire.
- Nous la fairons arrêter et envoyer ici. Mais alors, ce ne serait pas le chirgien auquel s'est référé Orsini -dit Bianchi-. Il y a quelque chose qui ne colle pas dans sa déclaration. Ou bien il y avait plus de monde ou bien l'un de ceux que nous avons déjà identifié a fait le chirugien.
- Vous avez dit Orsini, chef? -dit le technicien-. Nous avons trouvé plus d'information sur cet homme. Il a été témoin protégé dans un procès contre la Camorra il y a sept ans et il n'a ce nom que depuis lors. Avant, il s'appelait Vittorio Calabresi et était chirurgien. Vous l'avez donc!
- Ce bandit nous a menti! C'est lui qui a tué Carmona.
Après que Bianchi eut envoyé à Milan l'ordre de détention de la femme, ils retournèrent interroger Orsini, mais cela ne servit à rien. Il niait tout, insistant sur son nouveau nom et sa profession de comptable, et qu'il ne connaissait aucun Vittorio Calabresi. Et il ne voulut plus parler du crime. De retour à son bureau, Bianchi téléphona à Alitalia et demanda de vérifier s'il y avait une della Rivera sur les listes de passagers ayant utilisé leurs services entre le 15 et le 24 décembre entre Milan et Naples. Quelques minutes plus tard on lui confirmait qu'elle était partie le 20 au matin et rentrée le 22. Ainsi, elle n'aurait pas de coartade défensive. Avec de la chance, le lendemain on l'amènerait à Naples et ils prourraient l'interroger et -peut-être- terminer l'enquête avant que finisse l'année.