28 décembre
Le matin suivant, il arrivait à huit heures et demie à la Questura. Cette fois le policier de garde, au vu de sa plaque, fit un appel téléphonique et, quelques minutes plus tard, un civil venait à sa rencontre et le saluait en français.
- Je suis l'inspecteur Bianchi. On m'a dit que vous êtes venu hier, mais je n'étais pas ici l'après-midi et nous ne savions pas très bien ce qui vous amenait. Après six heures est arrivé un avis d'Interpol qui nous a indiqué votre mission. Je vous prie de nous pardonner. Vous avez trouvé un hôtel?
- En effet. J'ai logé au Palazzo Alabardieri, mais il est un peu loin. Tout au moins si l'on considère la lenteur de la circulation.
- Oui, il y a toujours beaucoup de bouchons. C'est un bon hôtel. Si vous voulez, on peut vous installer plus près. A charge d'Interpol, bien sûr.
- D'accord. Je vous en remercie.
- Ainsi, vous avez été présent sur tous les lieux qui sont liés à l'affaire Carmona. Une histoire de rituel égyptien selon vous.
- C'est ce que nous avons pu déduire en associant toutes les données que nous avons obtenues et l'information que nous a donné le professeur Kaminsky, égyptologue de l'université Carolinum de Prague, qui a été à Bruxelles et à Krönfeldt. Ce fut aussi lui qui me conseilla de visiter les musées de Paris, Turin et Milan après le vol et l'assassinat qui ont eu lieu à Bruxelles. Il soupçonnait que des vols auraient aussi lieu dans ces autres musées.
- Mais il n'y eut de vol qu'à Turin, accompagné d'un assassinat, selon ce que je sais.
- Il y a aussi eu un vol à Paris, mais pas dans un musée. Ce fut une pierre avec un symbole égyptien, enlevée des fondations de l'église de Saint-Sulpice. A Milan, il n'y a pas eu de vol, mais il se fait que le conservateur du musée égyptien a aussi voyagé à Osernj où il a rencontré le professeur Kaminsky et fut témoin du cambriolage du palais. C'est lui qui a reconnu les assaillants comme étant des napolitains.
- Cela est en effet ce que nous a communiqué la police tchèque, via Interpol. Mais l'affaire de Paris n'était pas dans le rapport que nous avons reçu.
- Je n'ai pas parlé avec la police française et je l'ai appris par le journal, lorsque j'étais à Paris. Je peux vous fournir une copie de ce qui a été publié. Mais nous pouvons demander à Interpol-Paris de nous envoyer plus d'information. De toutes façons, ils doivent déjà disposer à Paris du résumé général que j'ai fait et qui pourrait les aider, de même qu'à vous. Je peux l'extraire de cette clé USB
Bianchi inséra le petit dispositif USB dans son ordinateur et déchargea les documents, passant à lire le résumé.
- C'est assez clair -dit-il, après un moment-. Il n'y a pas de doute qu'il y a de bons indices pour impliquer uniquement des italiens. Mais il n'y a qu'à Osernj où on a pu relever des empreintes digitales. Nous les avons déjà analysées et il s'agit effectivement de délinquants locaux. Et les empreintes de quatre d'entr'eux étaient aussi dans la maison de Carmona, la victime ici. En ce moment, nous essayons de connaître ses relations. Et de vérifier cette histoire au sujet d' Il Secolo Nosso.
- ¿Vous ne connaissiez pas ce groupe?
- Ce nom apparaît dans nos archives, mais nous ne savions pas qu'il pouvait être actif actuellement.
- Et que savez-vous de ce Giulio Carmona?
- C'est un drôle d'oiseau. Il apparaissait comme homme d'affaires et se comportait comme tel. Mais s'il possédait une entreprise, ce n'était pas en Italie. Son goût pour les antiquités surtout archéologiques était connu, mais rares étaient ceux qui pouvaient voir sa collection. Nous tâchons en ce moment de suivre ses comptes banquaires. Et les connexions entre eux ne semblent pas très saines. Cet homme pourrait avoir été un personnage important de la camorra, mais tout à fait dans l'ombre. Peut-être était-il même le banquier ou le contable de l'un ou l'autre groupe.
- Ce qui pourrait expliquer ses liens avec Il Secolo Nosso, de même que son goût pour l'Egypte pourrait expliquer pourquoi le rituel s'est tenu chez lui.
- C'est, pour le moment, la meilleure explication que nous avons, grâce aux pistes que nous avons reçues après l'attaque d'Osernj. Au fait, c'est vous qui avez découvert ce récit de Wilbur Smith sur le festival d'Osiris?
- Je l'ai transmis à la PJF belge, mais je l'ai reçu du professeur Kaminsky. C'est un expert en religion égyptienne.
- Il nous a fort aidé. Sans lui, nous n'aurions jamais compris ce qui s'est passé à San Rocco. Au début, nous pensions qu'il s'agissait d'un rituel satanique.
- A San Rocco?
- Oh! Via San Rocco est où se trouve la propriété de Carmona, près du parc Capadimonte, au nord-ouest de la ville.
- ¡Pourrais-je visiter cet endroit? Peut-être trouverais-je encore quelque chose qui n'aie pas attiré votre attention du fait de ne pas connaître le contexte.
- Cela me semble indiqué. Nous pouvons y aller de suite, avec mon auto de service.
- Merci. Allons-y alors.
Ils sortirent par une porte de derrière, accédant au parking de la Questura, et Bianchi se mit au volant d'une Fiat sans identification. Une demi-heure plus tard, ils arrivaient à la résidence de Carmona, près du Parco di Capadimonte. Un agent leur ouvrit la grille du petit parc devant la maison. Ils stationnèrent devant la porte et l'inspecteur introduisit le belge dans un luxueux vestibule puis le conduisit vers un bureau-bibliothèque. Un des pans d'étagères était déplacé et laissait voir un escalier de pierre qui descendait au sous-sol. Ils descendirent. Les lumières apparurent automatiquement au fur et à mesure qu'ils avançaient et arrivaient dans une grande gallerie, pleine de vitrines avec des pièces archéologiques et avec les murs couverts d'oeuvres d'art. Au fond, presqu'en face de l'escalier, mais à vingt mètres, on voyait un mur blanc sur lequel était peint un énorme Oeil d'Horus polychromé. A environ deux mètres devant lui, il y avait une table de marbre, sans aucun doute fort ancienne, couverte d'une tache grenate: du sang séché.
- Le corps doit avoir été découpé sur cette table -dit Bianchi-. mais les morceaux n'y étaient pas. Nous les avons trouvés, séparés, dans une espèce d'amphores réparties le long des murs latéraux. Ils ont été transportés au laboratoire technique.
- Je ne sais pas grand chose des coutumes des anciens égyptiens. Il serait bon qu'un expert voie ces amphores et aussi leur place ici: cela pourrait avoir une signification précise. Vous avez ici un égyptologue?
- Nos archéologues locaux sont experts en ruines de Pompeï et Herculanum, pas en Egypte. Il ne peuvent nous aider.
- Ne pourriez-vous pas demander à monsieur Confalonieri qu'il vienne de Milan pour vous donner un coup de main? Il est non seulement expert en Egypte et témoin de l'attaque à Osernj: il sait aussi beaucoup sur les rituels, à ce que je sais. Et, comme je vous l'ai dit, c'est lui qui nous a donné la piste qui pointe vers Il Secolo Nosso.
- En faisant la somme de tout cela, je dois reconnaître qu'il pourrait nous être utile. Mais demain c'est dimanche et mercredi prochain c'est la Nouvelle Année. Je crois que le mieux serait de l'inviter après cette date, si notre directeur est d'accord et s'il est disponible.
- Je crois, en effet, que la date ne nous permet pas d'aller plus vite. Mais si vous pouvez me donner un plan numérique de la salle et une copie des photos des amphores avant qu'elles aient été retirées d'ici, je pourrais les envoyer par courriel au professeur Kaminsky et lui pourrait nous donner son opinion d'ici lundi.
- A peine de retour au bureau, je vous les donnerai ainsi qu'un accès à un ordinateur pour que vous puissiez les envoyer tout de suite. Cela pourrait peut-être rendre innécessaire le déplacement du docteur Confalonieri.
- Et vous avez trouvé la pierre volée à Paris?
- Nous ne savions rien d'elle: vous venez de me l'apprendre, et nous ne l'avons donc pas cherchée.
- Vous n'aviez donc pas lu avant le rapport d'Interpol?
- ¿Oh! Il me semble me rappeler quelque chose de cela. mais je n'ai pas fait la liaison.
- La croix hansée qui est sur cette pierre est le symbole de la vie et peut être très importante pour sacraliser l'endroit où se réalise le festival d'Osiris. Il est donc fort possible qu'ils l'aient volée pour la mettre ici.
- Et où pourrait-elle être?
- Cherchons!
Ils la trouvèrent rapidement, insérée dans la base de la table de marbre.
- La voici! Ainsi donc, c'étaient bien eux qui l'avaient volée. Tout comme l'Oeil d'Horus de Bruxelles. Ces faits sont maintenant bien liés. Il reste à découvrir le Livre des Morts, de Turin. Pour le moment, je ne sais pas assez pour vous aider davantage ici en bas. Vous avez sûrement déjà découvert tout ce qu'une bonne équipe de détectives et de techniciens peut trouver sur la scène d'un crime. Mais j'aimerais examiner la bibliothèque, en haut. Je pourrais y trouver autre chose.
- Allons-y.
Ils montèrent et Trompel se mit à parcourir des yeux le dos de tous les livres, étagère par étagère. Tot à coup, il retira l'un d'eux et le feuilleta. Puis il appela son compagnon:
- Regardez! C'est le livre de Wilbur Smith, en italien. Le passage sur le rituel du festival d'Osiris y est marqué. Et regardez les livres qui sont sur le même rayon: tous sont sur la religion, la mythologie et l'astronomie égyptiennes. Vous n'avez pas trouvé des papyrus quelque part?
- Il y a un grand coffre-fort derrière une autre étagère. Nous l'avons ouverte et, effectivement, il y avait là quelques papyrus, avec d'autres objets et des livres comptables que nous sommes en train d'analyser.
- Le Livre de Morts n'y était pas?
- Non. Il ne semble pas être au nombre des papyrus que nous avons trouvé. Il n'est pas en-bas non plus: là, il n'y avait aucun document.
- Alors les assassins l'ont emporté.
- Quelle est son importance? Pourquoi le leur fallait-il?
- Il contient les formules pour le passage du défunt à la nouvelle vie et sa résurrection. Selon Kaminsky, ils devaient croire qu'au cours de la cérémonie du solstice, cette année-çi étant extraordinaire selon les croyances égyptiennes -qui coïncident en cela avec le calendrier maya- la personne qui jouait le rôle d'Osiris devait ressusciter et être divinisée. Il est possible que Carmona se soit offert lui-même pour être la victime, avec le fol espoir de ressusciter.
- Cela ne m'étonnerait pas. Nous avons plusieurs indices de sa folie.
- Et vous n'avez rien trouvé où soit mentionné l'Oeil d'Horus, à part la peinture sur la mur de la gallerie?
- Maintenant que vous le signalez, je me souviens qu'entre les archives de son ordinateur on a trouvé un documentaire en vidéo avec ce titre. Mais je ne sais pas s'il y a mention dans un autre document. Il faudrait le demander aux experts qui analysent le disque dur.
- Il serait bon de voir cette vidéo et de savoir s'il y a plus.
- Vous avez raison. Il pourrait y avoir là d'autres pistes. Vous voulez voir autre chose ici?
- Laissez-moi voir les dernières étagères. Vous avez déjà exploré le bureau lui-même, n'est-ce pas?
- Bien sûr. Nous avons emporté tous les documents, mais là, il n'y avait rien sur l'Egypte.
- Je suis l'inspecteur Bianchi. On m'a dit que vous êtes venu hier, mais je n'étais pas ici l'après-midi et nous ne savions pas très bien ce qui vous amenait. Après six heures est arrivé un avis d'Interpol qui nous a indiqué votre mission. Je vous prie de nous pardonner. Vous avez trouvé un hôtel?
- En effet. J'ai logé au Palazzo Alabardieri, mais il est un peu loin. Tout au moins si l'on considère la lenteur de la circulation.
- Oui, il y a toujours beaucoup de bouchons. C'est un bon hôtel. Si vous voulez, on peut vous installer plus près. A charge d'Interpol, bien sûr.
- D'accord. Je vous en remercie.
- Ainsi, vous avez été présent sur tous les lieux qui sont liés à l'affaire Carmona. Une histoire de rituel égyptien selon vous.
- C'est ce que nous avons pu déduire en associant toutes les données que nous avons obtenues et l'information que nous a donné le professeur Kaminsky, égyptologue de l'université Carolinum de Prague, qui a été à Bruxelles et à Krönfeldt. Ce fut aussi lui qui me conseilla de visiter les musées de Paris, Turin et Milan après le vol et l'assassinat qui ont eu lieu à Bruxelles. Il soupçonnait que des vols auraient aussi lieu dans ces autres musées.
- Mais il n'y eut de vol qu'à Turin, accompagné d'un assassinat, selon ce que je sais.
- Il y a aussi eu un vol à Paris, mais pas dans un musée. Ce fut une pierre avec un symbole égyptien, enlevée des fondations de l'église de Saint-Sulpice. A Milan, il n'y a pas eu de vol, mais il se fait que le conservateur du musée égyptien a aussi voyagé à Osernj où il a rencontré le professeur Kaminsky et fut témoin du cambriolage du palais. C'est lui qui a reconnu les assaillants comme étant des napolitains.
- Cela est en effet ce que nous a communiqué la police tchèque, via Interpol. Mais l'affaire de Paris n'était pas dans le rapport que nous avons reçu.
- Je n'ai pas parlé avec la police française et je l'ai appris par le journal, lorsque j'étais à Paris. Je peux vous fournir une copie de ce qui a été publié. Mais nous pouvons demander à Interpol-Paris de nous envoyer plus d'information. De toutes façons, ils doivent déjà disposer à Paris du résumé général que j'ai fait et qui pourrait les aider, de même qu'à vous. Je peux l'extraire de cette clé USB
Bianchi inséra le petit dispositif USB dans son ordinateur et déchargea les documents, passant à lire le résumé.
- C'est assez clair -dit-il, après un moment-. Il n'y a pas de doute qu'il y a de bons indices pour impliquer uniquement des italiens. Mais il n'y a qu'à Osernj où on a pu relever des empreintes digitales. Nous les avons déjà analysées et il s'agit effectivement de délinquants locaux. Et les empreintes de quatre d'entr'eux étaient aussi dans la maison de Carmona, la victime ici. En ce moment, nous essayons de connaître ses relations. Et de vérifier cette histoire au sujet d' Il Secolo Nosso.
- ¿Vous ne connaissiez pas ce groupe?
- Ce nom apparaît dans nos archives, mais nous ne savions pas qu'il pouvait être actif actuellement.
- Et que savez-vous de ce Giulio Carmona?
- C'est un drôle d'oiseau. Il apparaissait comme homme d'affaires et se comportait comme tel. Mais s'il possédait une entreprise, ce n'était pas en Italie. Son goût pour les antiquités surtout archéologiques était connu, mais rares étaient ceux qui pouvaient voir sa collection. Nous tâchons en ce moment de suivre ses comptes banquaires. Et les connexions entre eux ne semblent pas très saines. Cet homme pourrait avoir été un personnage important de la camorra, mais tout à fait dans l'ombre. Peut-être était-il même le banquier ou le contable de l'un ou l'autre groupe.
- Ce qui pourrait expliquer ses liens avec Il Secolo Nosso, de même que son goût pour l'Egypte pourrait expliquer pourquoi le rituel s'est tenu chez lui.
- C'est, pour le moment, la meilleure explication que nous avons, grâce aux pistes que nous avons reçues après l'attaque d'Osernj. Au fait, c'est vous qui avez découvert ce récit de Wilbur Smith sur le festival d'Osiris?
- Je l'ai transmis à la PJF belge, mais je l'ai reçu du professeur Kaminsky. C'est un expert en religion égyptienne.
- Il nous a fort aidé. Sans lui, nous n'aurions jamais compris ce qui s'est passé à San Rocco. Au début, nous pensions qu'il s'agissait d'un rituel satanique.
- A San Rocco?
- Oh! Via San Rocco est où se trouve la propriété de Carmona, près du parc Capadimonte, au nord-ouest de la ville.
- ¡Pourrais-je visiter cet endroit? Peut-être trouverais-je encore quelque chose qui n'aie pas attiré votre attention du fait de ne pas connaître le contexte.
- Cela me semble indiqué. Nous pouvons y aller de suite, avec mon auto de service.
- Merci. Allons-y alors.
Ils sortirent par une porte de derrière, accédant au parking de la Questura, et Bianchi se mit au volant d'une Fiat sans identification. Une demi-heure plus tard, ils arrivaient à la résidence de Carmona, près du Parco di Capadimonte. Un agent leur ouvrit la grille du petit parc devant la maison. Ils stationnèrent devant la porte et l'inspecteur introduisit le belge dans un luxueux vestibule puis le conduisit vers un bureau-bibliothèque. Un des pans d'étagères était déplacé et laissait voir un escalier de pierre qui descendait au sous-sol. Ils descendirent. Les lumières apparurent automatiquement au fur et à mesure qu'ils avançaient et arrivaient dans une grande gallerie, pleine de vitrines avec des pièces archéologiques et avec les murs couverts d'oeuvres d'art. Au fond, presqu'en face de l'escalier, mais à vingt mètres, on voyait un mur blanc sur lequel était peint un énorme Oeil d'Horus polychromé. A environ deux mètres devant lui, il y avait une table de marbre, sans aucun doute fort ancienne, couverte d'une tache grenate: du sang séché.
- Le corps doit avoir été découpé sur cette table -dit Bianchi-. mais les morceaux n'y étaient pas. Nous les avons trouvés, séparés, dans une espèce d'amphores réparties le long des murs latéraux. Ils ont été transportés au laboratoire technique.
- Je ne sais pas grand chose des coutumes des anciens égyptiens. Il serait bon qu'un expert voie ces amphores et aussi leur place ici: cela pourrait avoir une signification précise. Vous avez ici un égyptologue?
- Nos archéologues locaux sont experts en ruines de Pompeï et Herculanum, pas en Egypte. Il ne peuvent nous aider.
- Ne pourriez-vous pas demander à monsieur Confalonieri qu'il vienne de Milan pour vous donner un coup de main? Il est non seulement expert en Egypte et témoin de l'attaque à Osernj: il sait aussi beaucoup sur les rituels, à ce que je sais. Et, comme je vous l'ai dit, c'est lui qui nous a donné la piste qui pointe vers Il Secolo Nosso.
- En faisant la somme de tout cela, je dois reconnaître qu'il pourrait nous être utile. Mais demain c'est dimanche et mercredi prochain c'est la Nouvelle Année. Je crois que le mieux serait de l'inviter après cette date, si notre directeur est d'accord et s'il est disponible.
- Je crois, en effet, que la date ne nous permet pas d'aller plus vite. Mais si vous pouvez me donner un plan numérique de la salle et une copie des photos des amphores avant qu'elles aient été retirées d'ici, je pourrais les envoyer par courriel au professeur Kaminsky et lui pourrait nous donner son opinion d'ici lundi.
- A peine de retour au bureau, je vous les donnerai ainsi qu'un accès à un ordinateur pour que vous puissiez les envoyer tout de suite. Cela pourrait peut-être rendre innécessaire le déplacement du docteur Confalonieri.
- Et vous avez trouvé la pierre volée à Paris?
- Nous ne savions rien d'elle: vous venez de me l'apprendre, et nous ne l'avons donc pas cherchée.
- Vous n'aviez donc pas lu avant le rapport d'Interpol?
- ¿Oh! Il me semble me rappeler quelque chose de cela. mais je n'ai pas fait la liaison.
- La croix hansée qui est sur cette pierre est le symbole de la vie et peut être très importante pour sacraliser l'endroit où se réalise le festival d'Osiris. Il est donc fort possible qu'ils l'aient volée pour la mettre ici.
- Et où pourrait-elle être?
- Cherchons!
Ils la trouvèrent rapidement, insérée dans la base de la table de marbre.
- La voici! Ainsi donc, c'étaient bien eux qui l'avaient volée. Tout comme l'Oeil d'Horus de Bruxelles. Ces faits sont maintenant bien liés. Il reste à découvrir le Livre des Morts, de Turin. Pour le moment, je ne sais pas assez pour vous aider davantage ici en bas. Vous avez sûrement déjà découvert tout ce qu'une bonne équipe de détectives et de techniciens peut trouver sur la scène d'un crime. Mais j'aimerais examiner la bibliothèque, en haut. Je pourrais y trouver autre chose.
- Allons-y.
Ils montèrent et Trompel se mit à parcourir des yeux le dos de tous les livres, étagère par étagère. Tot à coup, il retira l'un d'eux et le feuilleta. Puis il appela son compagnon:
- Regardez! C'est le livre de Wilbur Smith, en italien. Le passage sur le rituel du festival d'Osiris y est marqué. Et regardez les livres qui sont sur le même rayon: tous sont sur la religion, la mythologie et l'astronomie égyptiennes. Vous n'avez pas trouvé des papyrus quelque part?
- Il y a un grand coffre-fort derrière une autre étagère. Nous l'avons ouverte et, effectivement, il y avait là quelques papyrus, avec d'autres objets et des livres comptables que nous sommes en train d'analyser.
- Le Livre de Morts n'y était pas?
- Non. Il ne semble pas être au nombre des papyrus que nous avons trouvé. Il n'est pas en-bas non plus: là, il n'y avait aucun document.
- Alors les assassins l'ont emporté.
- Quelle est son importance? Pourquoi le leur fallait-il?
- Il contient les formules pour le passage du défunt à la nouvelle vie et sa résurrection. Selon Kaminsky, ils devaient croire qu'au cours de la cérémonie du solstice, cette année-çi étant extraordinaire selon les croyances égyptiennes -qui coïncident en cela avec le calendrier maya- la personne qui jouait le rôle d'Osiris devait ressusciter et être divinisée. Il est possible que Carmona se soit offert lui-même pour être la victime, avec le fol espoir de ressusciter.
- Cela ne m'étonnerait pas. Nous avons plusieurs indices de sa folie.
- Et vous n'avez rien trouvé où soit mentionné l'Oeil d'Horus, à part la peinture sur la mur de la gallerie?
- Maintenant que vous le signalez, je me souviens qu'entre les archives de son ordinateur on a trouvé un documentaire en vidéo avec ce titre. Mais je ne sais pas s'il y a mention dans un autre document. Il faudrait le demander aux experts qui analysent le disque dur.
- Il serait bon de voir cette vidéo et de savoir s'il y a plus.
- Vous avez raison. Il pourrait y avoir là d'autres pistes. Vous voulez voir autre chose ici?
- Laissez-moi voir les dernières étagères. Vous avez déjà exploré le bureau lui-même, n'est-ce pas?
- Bien sûr. Nous avons emporté tous les documents, mais là, il n'y avait rien sur l'Egypte.