24/06/2009

Les yeux d'Horus 6.4.

21 décembre  

Le temps avait passé rapidement et la nuit était fort avancée. Le projecteur s'éteignit et l'illumination fut de nouveau débile. La colonne formée par les assistants, avec Ptah à sa tête, se reforma et se dirigea vers le fond de la salle. Mais au lieu de s'approcher de la porte de la chapelle centrale, elle s'approcha de la porte de droite.

-Osiris renaît de l'orient, précédant l'apparition d'Amon-Râ (le soleil) -proclama Ptah.- Montons attendre son apparition et ouvrons nos coeurs à l'Ere Nouvelle.

Il ouvrit alors la porte, derrière laquelle il y avait un escalier en colimaçon qui montait à la terrasse qui couvrait complètement la grande salle. Tous le suivirent et se disposèrent en ligne, orientés vers l'est, sous une petite toiture. Ils s'assirent en position de scribe et se mirent à méditer. Kaminsky sentit que le sol était tiède, de même que celui de la salle et de la cour, malgré que l'hiver commençait. Sans aucun doute, il y avait un système secret de chauffage par porcelaine radiante, sans quoi -à peine vêtus de légères tuniques- ils se seraient fortement refroidis risquant l'hypothermie ou, au moins, une forte bronchite.

Le ciel était couvert: il n'y avait aucune espérance de voir apparaître Sirius, l'étoile d'Isis, dans le ciel nocturne. Pendant les derniers soixante jours, comme chaque année, Orion et Sirius n'avaient plus été visibles. Ceci était le temps que durait l'embaumement d'un pharaon et pendant lequel l'Egypte restait sans son guide, puisque le nouveau pharaon assumait seulement après la fermeture de la tombe. La réapparition de Sirius coïncidait avec le solstice d'hiver et annonçait que la constellation d'Orion -symbole d'Osiris- revenait aussi dans le ciel, bien que cela n'était pas facilement observable. C'est pourquoi les égyptiens prenaient l'apparition de Sirius comme signe astronomique et religieux pour célébrer l'an nouveau et attendre la crue du Nil qui fécondait la terre, puisqu'ils considéraient Isis comme la "Reine des dieux", la "Force fécondante de la nature" et la "Déesse de la maternité et de la naissance".

Kaminsky repassa en esprit toute cette symbologie, se rappelant aussi -une fois de plus- que cela n'était qu'une réinterprétation et une forme d'enseigner la vérité sur le Dieu priomordial et unique, mais avec tant de facettes que les égyptiens avaient choisi ce moyen particulier pour le faire connaître et enseigner ses vertus. Se concentrant sur ces concepts, il se rendit compte qu'une grande paix l'envahissait et que sa conscience devait lumineuse. En même temps, il se sentit extraordinairement uni à ses compagnons: c'était comme s'ils formaient, dans cette ambiance de paix et d'illumination, un seul esprit, une seule conscience. Serait-ce une forme de télépathie? De communion spirituelle?

Finalement, le ciel commença à s'éclairer. L'aube arrivait. Personne n'avait pu observer Sirius, mais tous savaient qu'elle était au rendez-vous, tout comme le soleil qui n'était pas plus visible. Ils se levèrent.
- Osiris a ressuscité! -proclama Ptah, et tous répétèrent la formule.
- Et il nous a donné la vie pour connaître l'Ere Nouvelle! Remercions les dieux! -ajouta-t'il.

Et tous se prosternèrent. Ensuite, il formèrent de nouveau une file à la suite du duc, descendirent l'escalier et traversèrent la grande salle, maintenant complètement illuminée. Ils sortirent dans la cour, enlevèrent leur tunique qu'ils conservèrente, pliée, sur leurs bras pendant qu'ils traversaient le bassin rempli d'eau au centre de la cour. Au sortir de la piscine, Kaminsky sentit une suave brise chaude qui le sècha rapidement et, comme les autres, il remit sa tunique. Ils sortirent ensuite du temple et entrèrent au palais. Dans la petite salle, ils laissèrent les masques puis continuèrent vers la salle-à-manger. Toutes les tapisseries avaient disparu et les murs resplendissaient de blancheur. Excepté le mur du fond, où l'on voyait maintenant la même image d'Isis avec Horus qu'ils avaient vu dans le temple, mais avec Osiris les contemplant.

Ils s'assirent à la table, qui était couverte de nourritures typiques de l'Ancienne Egypte: des petits pains, du poisson sec, des gâteaux au miel, res racimes de raisin, des pots de lait. Le duc se tint debout et se dirigea aux convives:
- Mes frères, célébrons le commencement de l'Ere Nouvelle. L'heure est arrivée de changer le monde et de rétablir la culture des nefilim. Nous mangerons pour la dernière fois à la façon égyptienne comme nous et nos prédécesseurs l'avons fait depuis deux mille ans. Ensuite nous nous reposerons et nous nous retrouverons à l'heure du déjeuner pour commencer notre travail de rénovation. Bon appétit!

Tous mangèrent, mais les conversations furent rares et à peine susurrées. Il semblait que tous continuaient à être imbus du recueillement de la nuit. Ils terminèrent rapidement et s'en furent en silence à leurs chambres.