12/05/2009

Les yeux d'Horus 5.2.

Ils entrèrent dans la construction et se trouvèrent dans une cour au centre de laquelle il y avait un grand bassin. De chaque côté de celui-çi, il y avait cinq autres personnes, toutes avec des masques dorés qui, dans certains cas, représentaient des dieux égyptiens.

- Laisse ta tunique et baigne-toi dans le bassin -exigea Ptah.

Kaminsky vit qu'il y avait un escalier pour y descendre et un autre pour en sortir. Tous lui firent signe d'avancer et de traverser le bassin. L'eau lui arrivait au cou. Il comprit qu'il devait se submerger complètement un instant, étant ainsi "baptisé" dans l'antique religion. Il continua ensuite à avancer et sortit de l'eau. On lui rendit sa tunique.

- Tu viens de sortir des eaux primordiales. Tu es un homme neuf, pour une ère nouvelle -récitèrent tous les assistants dans l'ancienne langue.

Tous avancèrent alors derrière les trois premiers "dieux" et autour de lui, jusqu'à une grande porte qui fermait le passage vers la première salle. Là, tous s'arrêtèrent et lui laissèrent le passage.

- Avance -lui dit-on. Et il s'approcha de la porte. Mais à ce moment elle semble s'enflammer et il fit un pas en arrière.
- Auras-tu le courage de traverser le feu? -demanda Ptah.

L'archéologue comprit que c'était une sorte de mirage, un vieux truc propre de la magie des prêtres égyptiens. Espérant découvrir s'il s'agissait d'un piège, il répondit alors:
- Seuls peuvent traverser les flammes sacrées ceux qui ont l'âme pure aux yeux de Maât. Me suivrez-vous tous?
- Tu oses en douter?
- Si l'un de vous à quelque chose à voir avec la mort de Robertson et d'Armentini, j'ose déclarer qu'il ne pourra pas me suivre et devrait se retirer.
- De quoi parles-tu? -demanda Ptah.
- Vous ne savez pas que Dick Robertson, archéologue de l'Université de Californie, et Giulio Armentini, conservateur du musée égyptien de Turin, ont été assassinés après le congrès de Bruxelles et qu'il y a des indices qui pointent vers des admirateurs de la culture égyptienne comme nous?
– Si l'un d'entre nous est lié à ces crimes, qu'il le dise maintenant. Nul de souillera la demeure des dieux -dit Ptah. Et, avec son sceptre, il pointa à tout de rôle vers tous ses compagnons. Un à un, ils niairent de la tête.
- Bien -poursuivit-il-, personne n'accepte de responsabilité. Traverseras-tu le feu ou insisteras-tu dans tes accusations et nous abandonneras-tu?
- Je n'ai accusé personne. J'ai demandé une confirmation.

Il avança alors et poussa la porte. Auncune flamme ne le brûla mais il vit que la porte brillait comme de l'or, fulgurant par un probable truc électronique. Et la porte s'ouvrit sous sa pression. Tous le suivirent. La salle était obscure, sauf pour deux lignes lumineuses qui serpentaient, séparées, depuis la porte jusqu'au fond. Une des lignes était bleue et l'autre était verde. Derrière Kamisnky, Ptah parla de nouveau:

- Il y a deux chemins qui s'ouvrent pour l'initié et qui mènent à la coupe d'Osiris. L'eau et la terre, séparés par le feu. Tu as passé par l'eau et par le feu. Avance maintenant par la terre.

Kaminsky avança dans la direction indiquée par la ligne verte, traversant en ligne droite ses méandres.
- Tu as démontré l'importance de la rectitude -déclara Ptah-. Maât est satisfaite. Quel est ton désir le plus profond?
- Le secret de la connaissance ultime.
- Alors, suis-moi.

Tous se rassemblèrent devant trois petites portes qui s'ouvraient au fond de la grande salle. Ptah s'arrêta devant la porte centrale.
- Ce que tu verras maintenant, tu ne pourras jamais l'oublier et tu en resteras lié pour toujours à notre fraternité. Tu as maintenant la dernière occasion pour te retirer. Si tu ne le fais pas, tu dois jurer que tu garderas le secret de ce que tu verras ici aujourd'hui et demain.
- Sur ma vie présente et future, en prenant Osiris comme témoin, je le jure.

Ptah manoeuvra alors le verrou et la porte s'ouvrit. A l'intérieur, au centre et sur un piédestal, il y avait un objet couvert par un voile qui laissait deviner une source lumineuse. Sur le piédestal était peint en couleur un oeil: l'Oeil d'Horus.

- Le feu protège la coupe de la connaissance au coeur de l'obscurité -continua le grand prêtre-. Là réside l'essence d'Osiris, inaccessible aux profanes. Qui boit de cette coupe ne connaîtra pas la seconde mort car il sera porteur des formules de connaissance qui conservent les dieux en vie. Boiras-tu de cette coupe au risque de perdre ta vie actuelle?
- J'en boirai.

Ptah ôta alors le voile, découvrant le vase d'or avec deux anses en forme d'ankh, la croix de la vie, qui reposait sur un cube lumineux. Il prit la coupe et la passa à Kaminsky. L'égyptologue la prit et but. C'était un liquide épais avec un étrange mélange de saveurs, à la fois doux et amer. Isis lui reprit la coupe et Thot lui présenta un papyrus enroulé.
- La connaissance t'appartient.

Et la petite salle s'illumina toute entière. Mais le nouvel initié n'arriva pas à toucher le papyrus ni à admirer la décoration des murs. La lumière l'éblouit et il sentit que le sommeil l'envahissait. Il s'évanouit. Le liquide qu'il avait bu contenait sans doute un puissant narcotique. Ou le tuait-on à ce moment? Mais ceci n'était pas le rituel de la fête d'Osiris ni la date correcte!