Le numéro de la plaque minéralogique de l'ambulance fut communiquée à tous les commisariats du pays et spécialement à la gendarmerie, qui contrôle les routes. Deux jours plus tard, par hasard, un policier qui vérifiait des camionnettes à un parking de Bastogne s'approcha d'une ambulance dont la présence lui semblait étrange. Il vit de l'arrière que son numéro correspondait à l'avis de recherche et s'approcha de la portière avant pour voir si le chauffeur était présent. A ce moment, le véhicule partit à toute vitesse. L'agent donna l'alerte par radio et un cordon de contrôle fut établi autour de la ville. Sur l'une des routes de sortie, l'ambulance balaiya la barrière et continua sa course, suivie par des gendarmes en moto. L'un d'eux fit feu et arriva à toucher un des pneus, ce qui fit perdre le contrôle au conducteur. Elle sortit de la route et tomba de côté dans un ravin qui séparait la route des champs voisins.
Lorsque les gendarmes s'en approchèrent, ils virent que le conducteur était une femme et qu'elle avait été attourdie par le choc, mais n'avait pas de blessure visible. Il l'arrêtèrent et inspectionnèrent le véhicule. L'ambulance avait deux couchettes et était aménagée comme un "mobilhome", comme l'avait signalé Jacques Vandeput. Ils ne trouvèrent aucune arme mais il y avait un ordinateur portatif. Sur le moment, il ne purent y entrer, car l'accès au contenu était protégé par un mot-clé. Les documents d'identité de la femme confirmèrent qu'elle était Martine Lemie et on la conduisit au commissariat central de la PJ, à Bruxelles, pour son interrogatoire. L'ordinateur fut envoyé au laboratoire d'informatique.
Tandis qu'on procédait à la persécution, la police locale avait reçu un appel de la servante d'un autre prêtre, qui les alertait de la présence d'un inconnu dans la maison parroissiale de Bastogne. Pendant qu'elle parlait, on entendit un coup de feu. La police se déplia inmédiatement pour encercler la maison, mais l'assassin s'était déjà échappé.
Accusée des crimes, Martine Lemie-Vandeput protesta, réclamant son innocence. De l'assassinat du curé de Sainte-Gertrude, elle dit ne rien savoir et qu'il était en parfaite santé quand elle était sortie de la cure, après une brève conversation avec lui. Mais elle refusa de parler de ses déplacement des jours suivants et d'indiquer si elle voyageait seule ou accompagnée. Il n'explica pas non plus pourquoi elle s'était enfuie du parking de Bastogne et refusa de donner le mot-clé de l'ordinateur, se justifiant en disant qu'il contenait de l'information privée et attendrait le conseil de son avocat.
- Dans tout cela, il y a quelque chose qui cloche -commenta Servais à Trompel-. Pourquoi se serait-elle enfuie si elle n'avait rien à se reprocher et ne portait pas d'arme? Pourquoi n'a-t'elle jamais dit à son mari où elle était ni justifia son voyage quand elle l'appelait? Tous les appels furent près des lieux des crimes et cela ne peut être une coincidence. Moins encore si nous savons maintenant qu'elle a pu obtenir la liste des prêtres accusés. Si elle n'a pas commis les crimes, elle a du aider quelqu'un.
- Que se passe-t'il avec son frère? Il connait les armes et a un fort sentiment anticlérical.
- Il nous a donné des alibis...
- Mais les distances sont courtes dans notre pays et, tant par la route qu'en train, on peut arriver partout en deux heures. Ni l'hôtel d'Ostende ni l'apart-hôtel de Bruxelles peuvent assurer qu'il ne s'est pas absenté pendant quatre ou cinq heures.
- C'est sûr. Il pouvait parfaitement être en compagnie de sa soeur.
- Je m'imagine qu'elle lui préparait le terrain, visitant les futures victimes pour connaître les lieux et informer ensuite son frère.
- Il nous faudra l'interroger de nouveau, et beaucoup plus durement. Et vérifier avec précision où il était au moment de l'assassinat de Bastogne.
- Ne pourrions-nous pas perquisitionner à son apart-hôtel, pour y chercher l'arme?
- Oui, je crois que nous devrions le faire. Je demanderai l'ordre.