Après une bonne nuit de sommeil, Gordon Harris passa le chercher à son hôtel et, après avoir échappé d'une demi-heure d'arrêt dans un des typiques bouchons de la capitale, ils prennaient enfin la route de Teotihuacan, le plus grand site archéologique de la zone, à 45km de la ville. Pendant le trajet, l'archéologue surprit Trompel en lui expliquant que Teotihuacan n'était pas une ville aztèque mais qu'elle était antérieure, car la partie monumetale que tous peuvent voir date d'une période qui va des années 300 à 400 de l'ère chrétienne. Il y a des évidences archéologiques qui démontrent que cette cité fut un point de confluence multi-ethnique et incluait des peuplades de filiation zapotèque, mixtèque et maya, mais l'identité de ses premiers habitants est complètement inconnue. La ville fut un important noeud commercial et politique qui arriva à couvrir presque vingt-et-un kilomètres-carrés, avec une population de cent à deux cent mille habitants. Les toltèques et méxicas (aztèques) ont fait plus tard des excavations pour en extraire des objets précieux.
Il expliqua aussi que le terme "aztèque" n'est pas exact. Ce gentilice est une dérivation de Aztlan (¿Atlantide?), une île mythique de laquelle disaient venir les nahuas, peuple qui habitait les zones de Tenochtitlan et Tlatelolco quand arrivèrent les espagnols. Aujourd'hui encore, dans une grande partie du Mexique et des pays plus au sud, on parle nahuatl. Le terme nahuas se réfère a tous ceux qui ont parlé ou parlent encore cette langue. Pendant la conquête, les habitants du Grand Tenochtitlan étaient en majorité des nahuas et furent connus comme "mexicas" parce qu'ils s'appellaient eux-mêmes mexihcah. Les croniques espagnoles du XVI° Siècle modifièrent ce mot et les appellèrent "mexicains" (mexicanos), comme on le lit dans l'histoire coloniale. C'est seulement depuis le XIX° Siècle que la majorité des historiens, hors de Mexique, ont utilisé le nom et la dénomination d'aztèques pour désigner les mexicas.
Bien que le nom puisse évoquer l'Atlantide, les historiens croient qu'Aztlan correspond en réalité à une identification de l'îlot de Mexico-Tenochtitlan, où se consolidat le mythe de l'élection de l'endroit après la construction de la ville. Les mexicas s'installèrent là, dans les hauts plateaux du centre, entre les siècles XII et XIV, des suites d'une grande migration chichimèque. A cette époque, Teotihuacan -dont le nom en nahuatl signifie La Cité des Dieux ou Le Lieu où se font les Dieux- était déjà détruite et abandonnée, chose qui arriva aux environ de l'année 800.
A Teotihuacan, ce qui attire le plus l'attention ce sont les sculptures et les temples de Tláloc et Quetzalcoatl, les palais de Quetzalmariposa et des Jaguars. La Chaussée des Morts (photo) croise le centre de la zone archéologique, mesurant quatre kilomètres de long sur quarante mètres de large, et unit la Citadelle avec la Place de la Lune. A mi-chemin, on tyrouve l'ensemble de la Place de l'Ouest, et toute le chaussée est bordée d'ensembles d'habitation, probablement occupés par des prêtres à l'époque préhispanique.
Trompel et Harris se rendirent d'abord au Temple de Quetzalcoatl, qui se trouve à l'intérieur de la Citadelle. Il a une façade ornée de têtes de serpents accompagnées de motifs aquatiques comme des écailles et des escargots, des représentations de Tlaloc et du serpent emplumé (Quetzalcoatl). Ils s'en furent ensuite à la Pyramide du Soleil, au centre de la zone archéologique. Ce monument fut construit entre les années 1 et 250 de notre Ere sur une caverne naturelle. Ce bloc s'élève 63 mètres, avec une base quadrangulaire de 222 sur 225 mètres. Sa face principale regarde vers le couchant et là se trouvent les escaliers qui conduisent à sa cîme.
Après lui avoir donné ces informations, Harris laissa Trompel seul, devant se dédier à ses propres recherches. Il expliqua qu'il devait vérifier les petits canaux qui bordent la Chaussé des Morts car il semblait qu'ils formaient un ensemble dont la finalité ne paraissait pas être de simple irrigation.
Trompel ne s'anima pas a faire l'escalade de la pyramide du Soleil, qui lui sembla trop haute, et préféra, comme beaucoup, monter au sommet de celle de la Lune, plus basse, à l'autre extrême de la Chaussée. Construite à la même époque que l'autre, sa base mesure 120 sur 150 mètres, et elle a 42 mètres de haut. De son sommet, on a une excelente vue de tout le panorama.
Finalement, il descendit et se dirigea vers le Palais des Jaguars, au sud-ouest de la Place de la Lune, où il avait rendez-vous avec Harris pour retourner à la capitale. Avant de partir, il put admirer là les restes de peintures murales avec des figures de jaguars sur les murs des pièces qui entourent le patio, d'où le nom du monument.
Pendant toute la visite au site archéologique, il prit de nombreuses photos numériques. De retour à son hôtel, il se mit à les regarder, découvrant avec surprise, que celles des pyramides du Soleil et de la Lune, à la différence des autres, semblaient sous-exposées. Y avait-il quelque chose, dans ces pyramides, qui abosrbait la lumière solaire au point d'obscurcir les photos? Harris était déjà parti et il ne put lui demander s'il savait quelque chose de cet étrange effet.
Dans sa chambre, on lui avait laissé un exemplaire du journal "La reforma". Il se mit à jetter un coup d'oeil rapide sur ses pages et trouva un article qui rendait compte de la nouvelle politique policière décidée par le président Calderon:
[Photos prises sur place par l'auteur]-
"Le gouvernement propose l'élimination de toutes les forces communales et la création de 32 forces, une pour chaque Etat [Le Mexique est fédéral]. «Si nous obtenons qu'au Mexique il n'y ait pas qu'une police fédérale mais 32 polices des Etats très fortes, très confiables, très bien équipées, cela nous permettra de mettre fin à une partie substantielle de ce problème» dit Calderon.
Dans le nord, dans les états frontaliers avec les Etats Unis, toutes la tâches de sécurité seront aux mains des militaires. Dans le reste du pays, la stratégie se centrera sur l'emploi des forces fédérales pour combatrre les cartels, incluant l'armée et la police fédérale. Les 240.000 policiers communaux sont considérés crrompus en majeure partie et peu confiables. Ils sont en réalité une armée des cartels qui sert de vigies, assassinent les rivaux et aident même ^les trafiquants] à lutter contre les forces fédérales.
La campagne pour nettoyre la police locale a trouvé une résistance sanglante de la part des cartels. Le nouveau bourgmestre de Santiago, une ville coloniale près de Monterrey -dans le nord-, a été séquestré, torturé et exécuté par des membres de sa propre police au milieu de l'année après qu'il promit un nettoyage généralisé." [Information réelle]