Le téléphone sonna sur le bureau du comissaire Servais. C'était le téléphoniste de la centrale interne.
- Comissaire, vous avez un appel d'une personne qui ne veut pas s'identificer. Elle m'a dit qu'elle voulait parler au "capitaine Servais" et que cela devait être suffisant.
- En effet. Il y a très peu de personnes qui savent que j'ai abandonné l'armée avec le grade de capitaine. Ce doit être un ancien compagnon. Passez-le moi.
Un moment après, il entendait une voix connue.
- Comment allez-vous, mon capitaine? Je suis l'ex-lieutenant Lacroix.
- Lacroix! Quel plaisir de t'entendre! Comment vas-tu? Que puis-je faire pour toi?
- C'est plutôt moi qui peut faire quelque chose pour toi, vieux compagnon. J'ai vu la nouvelles d'hier sur la femme qui a été agressée. Ne serait-ce pas un coup raté de l'assassin de la série que la presse a baptisée "les crimes des tétons"?
- Ah oui. Qu'est-ce qui te fait penser cela?
- Il se fait que je connais cette jeune fille, au moins de vue. Elle est une anfitrione dans un club appelé "De Six à Six". Quelle coïncidence, non?
- Et qu'est-ce que c'est, ce club?
- En théorie une version occidentale des fameuses maisons de thé japonnaises, où des jolies filles servent de leur mieux les hommes qui font partie du club. Mais en réalité, je crois que les geishas locales sont des prostituées de haut niveau, disposées à satisfaire n'importe quel type de caprice de leurs visiteurs, pour autant que la rémunération soit adéquate évidemment.
- Et comment sais-tu cela? Tu es membre de ce club?
- Tu te fiches de moi? Je suis fidèle à ma femme et je n'ai pas les moyens de payer ce qu'ils exigent. Je suis gérent d'une petite chaîne de supermarchés, mais je ne peux pas payer l'adhésion qui est au moins aussi haute que pour le meilleur club de golf. Sans parler de ce que coûte chaque visite. C'est un de mes fournisseurs qui m'a invité, pour la seule visite permise à des non-membres, comme pour les tenter. Je m'imagine que l'homme se serait gagné un bon décompte ou une visite gratis si je m'étais inscrit.
- Et c'est quand tu as vu cette fille?
- En effet. Le club fonctionne, comme son nom l'indique, entre six heures du soir et six heures du matin. Il y a six "compagnes" ou "anfitriones" qui servent seulement six hommes, bien qu'il semble que quand l'un s'en va peut en arriver un autre. La "Madame" qui gère le lieu n'apparait pas lors de la première visite. Il faut la contacter plus tard, à un autre horaire, si on accepte de se faire membre. La jeune fille en question s'occupait d'un autre homme dans la salle commune qui est comme un bar. On y parle, on boit et après, à un certain moment, l'un ou l'autre disparait avec sa compagne. Je suppose qu'ils vont faire ce que l'on fait dans les hôtels galants. Quelques uns, comme mon collègue et moi cette fois, s'en vont après avoir satisfait des caprices moins douteux.
- Il me semble que cela vaudrait la peine d'étudier cet endroit.
- C'est ce que je croyais. Mais il serait impossible pour tes hommes d'y entrer sans un ordre de perquisition. Comme je t'ai dit, il faut être membre ou être invité par un membre, et réserver d'avance. Il est clair qu'ils n'invitent pas des policiers.
- Je les ferai observer de l'extérieur, mais cela me semble insuffisant. Comme tu as été invité, ne pourrais-tu pas te faire membre et me servir d'informant?
- Je t'ai déjà dit que je ne peux pas me le permettre. La seule inscription vaut siete mille euros. Et je ne sais pas ce que coûte chaque visite: ils n'informent leurs tarifs qu'après ce payement initial.
- Je pourrais arranger qu'on te le prête. Mais il me faudra plus d'information. Nous verrons ce que donne l'observation pendant quelques jours et j'aimerais parler avec la personne qui t'a invité. Peux-tu me donner ses coordonnées?
- Je ne sais pas. Cela ne va pas lui plaire et je ne veux pas avoir d'ennuis avec lui. La déception qu'il a eu quand je lui ai dit que je "réfléchirais" à son invitation suffit, et je n'en ai plus parlé.
- Je ne lui dirai pas que tu m'as informé et, si le résultat est comme je l'espère, tu lui diras que tu as pensé à son invitation et que tu l'acceptes. Je l'interrogerai et, s'il ne coopère pas, nous attendrons qu'il apparaisse au club et nous l'arrêterons pour manque de coopération. Nous l'obligerons alors à nous raconter tout ce qu'il sait. Il est marié?
- En effet.
- Ainsi, nous pourrons le menacer de raconter à sa femme où il va. S'il refuse et si, finalement, quelqu'un du club est lié aux assassinats, nous l'accuserons de recèlement ou, tout au moins, de difficulter une enquête criminelle.
- D'accord. Ainsi, je serai couvert et le sans-vergogne aura au moins une grande frayeur. Il s'appelle Sigisfred Van Acker et est le gérent de la laiterie Melkbaar qui me fournit les produits laitiers. A part sa propre production, el représente au Bénélux plusieurs multinationales laitières. Tu peux donc t'imaginer la quantité d'argent qu'il manipule. Ses bureaux sont à l'avenue Franklin Roosevelt, au coin de l'avenue Air-Marshal Cunningham.
- Je vois. Près du Bois de la Cambre.
- C'est cela.
- J'irai le voir personnellement.
- Prends rendez-vous. Il voyage assez bien et tu pourrais perdre ton déplacement.
- Non. Je veux le surprendre. J'enverrai un de mes hommes se renseigner s'il est là, sous un quelconque prétexte. Je te contacterai après, selon la façon dont avance l'enquête préliminaire. Je n'aimerais pas me retrouver avec une autre victime: il vaut donc mieux avancer avec précaution. Le criminel s'est très bien couvert jusqu'à présent et nous ne pouvons pas l'alerter. Donne-moi ton téléphone.
Servais anota les numéros du bureau et du mobile de Lacroix et ils coupèrent. Ensuite, le comissaire appela son assistant Remy et le chargea de faire une brève visite à Melkbaar. Ensuite il réunit la petite équipe à sa disposition pour couvrir le "cas des Six" et l'organisa pour la surveillance du club "De 6 à 6", dont Lacroix lui avait aussi donné l'adresse.
- Comissaire, vous avez un appel d'une personne qui ne veut pas s'identificer. Elle m'a dit qu'elle voulait parler au "capitaine Servais" et que cela devait être suffisant.
- En effet. Il y a très peu de personnes qui savent que j'ai abandonné l'armée avec le grade de capitaine. Ce doit être un ancien compagnon. Passez-le moi.
Un moment après, il entendait une voix connue.
- Comment allez-vous, mon capitaine? Je suis l'ex-lieutenant Lacroix.
- Lacroix! Quel plaisir de t'entendre! Comment vas-tu? Que puis-je faire pour toi?
- C'est plutôt moi qui peut faire quelque chose pour toi, vieux compagnon. J'ai vu la nouvelles d'hier sur la femme qui a été agressée. Ne serait-ce pas un coup raté de l'assassin de la série que la presse a baptisée "les crimes des tétons"?
- Ah oui. Qu'est-ce qui te fait penser cela?
- Il se fait que je connais cette jeune fille, au moins de vue. Elle est une anfitrione dans un club appelé "De Six à Six". Quelle coïncidence, non?
- Et qu'est-ce que c'est, ce club?
- En théorie une version occidentale des fameuses maisons de thé japonnaises, où des jolies filles servent de leur mieux les hommes qui font partie du club. Mais en réalité, je crois que les geishas locales sont des prostituées de haut niveau, disposées à satisfaire n'importe quel type de caprice de leurs visiteurs, pour autant que la rémunération soit adéquate évidemment.
- Et comment sais-tu cela? Tu es membre de ce club?
- Tu te fiches de moi? Je suis fidèle à ma femme et je n'ai pas les moyens de payer ce qu'ils exigent. Je suis gérent d'une petite chaîne de supermarchés, mais je ne peux pas payer l'adhésion qui est au moins aussi haute que pour le meilleur club de golf. Sans parler de ce que coûte chaque visite. C'est un de mes fournisseurs qui m'a invité, pour la seule visite permise à des non-membres, comme pour les tenter. Je m'imagine que l'homme se serait gagné un bon décompte ou une visite gratis si je m'étais inscrit.
- Et c'est quand tu as vu cette fille?
- En effet. Le club fonctionne, comme son nom l'indique, entre six heures du soir et six heures du matin. Il y a six "compagnes" ou "anfitriones" qui servent seulement six hommes, bien qu'il semble que quand l'un s'en va peut en arriver un autre. La "Madame" qui gère le lieu n'apparait pas lors de la première visite. Il faut la contacter plus tard, à un autre horaire, si on accepte de se faire membre. La jeune fille en question s'occupait d'un autre homme dans la salle commune qui est comme un bar. On y parle, on boit et après, à un certain moment, l'un ou l'autre disparait avec sa compagne. Je suppose qu'ils vont faire ce que l'on fait dans les hôtels galants. Quelques uns, comme mon collègue et moi cette fois, s'en vont après avoir satisfait des caprices moins douteux.
- Il me semble que cela vaudrait la peine d'étudier cet endroit.
- C'est ce que je croyais. Mais il serait impossible pour tes hommes d'y entrer sans un ordre de perquisition. Comme je t'ai dit, il faut être membre ou être invité par un membre, et réserver d'avance. Il est clair qu'ils n'invitent pas des policiers.
- Je les ferai observer de l'extérieur, mais cela me semble insuffisant. Comme tu as été invité, ne pourrais-tu pas te faire membre et me servir d'informant?
- Je t'ai déjà dit que je ne peux pas me le permettre. La seule inscription vaut siete mille euros. Et je ne sais pas ce que coûte chaque visite: ils n'informent leurs tarifs qu'après ce payement initial.
- Je pourrais arranger qu'on te le prête. Mais il me faudra plus d'information. Nous verrons ce que donne l'observation pendant quelques jours et j'aimerais parler avec la personne qui t'a invité. Peux-tu me donner ses coordonnées?
- Je ne sais pas. Cela ne va pas lui plaire et je ne veux pas avoir d'ennuis avec lui. La déception qu'il a eu quand je lui ai dit que je "réfléchirais" à son invitation suffit, et je n'en ai plus parlé.
- Je ne lui dirai pas que tu m'as informé et, si le résultat est comme je l'espère, tu lui diras que tu as pensé à son invitation et que tu l'acceptes. Je l'interrogerai et, s'il ne coopère pas, nous attendrons qu'il apparaisse au club et nous l'arrêterons pour manque de coopération. Nous l'obligerons alors à nous raconter tout ce qu'il sait. Il est marié?
- En effet.
- Ainsi, nous pourrons le menacer de raconter à sa femme où il va. S'il refuse et si, finalement, quelqu'un du club est lié aux assassinats, nous l'accuserons de recèlement ou, tout au moins, de difficulter une enquête criminelle.
- D'accord. Ainsi, je serai couvert et le sans-vergogne aura au moins une grande frayeur. Il s'appelle Sigisfred Van Acker et est le gérent de la laiterie Melkbaar qui me fournit les produits laitiers. A part sa propre production, el représente au Bénélux plusieurs multinationales laitières. Tu peux donc t'imaginer la quantité d'argent qu'il manipule. Ses bureaux sont à l'avenue Franklin Roosevelt, au coin de l'avenue Air-Marshal Cunningham.
- Je vois. Près du Bois de la Cambre.
- C'est cela.
- J'irai le voir personnellement.
- Prends rendez-vous. Il voyage assez bien et tu pourrais perdre ton déplacement.
- Non. Je veux le surprendre. J'enverrai un de mes hommes se renseigner s'il est là, sous un quelconque prétexte. Je te contacterai après, selon la façon dont avance l'enquête préliminaire. Je n'aimerais pas me retrouver avec une autre victime: il vaut donc mieux avancer avec précaution. Le criminel s'est très bien couvert jusqu'à présent et nous ne pouvons pas l'alerter. Donne-moi ton téléphone.
Servais anota les numéros du bureau et du mobile de Lacroix et ils coupèrent. Ensuite, le comissaire appela son assistant Remy et le chargea de faire une brève visite à Melkbaar. Ensuite il réunit la petite équipe à sa disposition pour couvrir le "cas des Six" et l'organisa pour la surveillance du club "De 6 à 6", dont Lacroix lui avait aussi donné l'adresse.