La conspiration
Chapitre 1. "Nouvelle Indépendance"
Informations de presse
Sri Lanka, 12 mars (UPI) - L'ambassadeur de Belgique à Sri Lanka (Ceylan), Marc André de Belleville, a été assassiné hier par un franc-tireur quand il sortait de so domicile. Les autorités accusent les rebelles tamils, qui ataquent `an'importe quelle autorité ou personnalité accessible.
Santiago du Chili, 27 mars (REUTER) - L'ambassadeur de Belgique à Santiago, Claude Daniel van der Meer de Walkeren, a été assassiné lorsqu'il abandonnait l'ambassade. Son véhicule a explosé quand il sortait du parking souterrain de l'édifice Forum, avenue de la Providence, où l'ambassade à ses bureaud, au onzième étage. La police croit que les auteurs sont des "décrochés" du MIR, le bras armé du Parti Communiste au temps du président Allende, ou bien des guérilleros mapouches qui réclament l'autonomie indigène dans le sud du pays. Ce sont les seuls qui disposeraient des moyens et de l'entraînement nécessaire pour ce genre d'attentat.
Bruxelles, le 6 avril
- Hier, plusierus domiciles ont été peints de croix gammées -disait le commissaire Servais au jeune inspecteur Trompel, lui tendant une feuille avec une liste de noms et d'adresses-. Regarde les noms.
- Tous commencent par un petir "de". Seulement des aristocrates"! Et dans plusieurs villes: Bruxelles, Liège, Namur, Mons... Seulement des francophones?
- Nous n'avons pas encore de rapports des Flandres. Ils arriveront bientôt, s'il s'y est passé la même chose. Là-bas, il y a peu de "de".
- Mais il y a des "van de" et l'un ou l'autre comte flamand.
- C'est vrai, mais l'aristocratie a toujours été principalement francophone.
- Une des composantes de nos traditionnels problèmes pseudo-lingüistiques!
- Tu connais l'Histoire aussi bien que moi: la bourgeoisie des Flandres était francophone. Elle a joué un rôle important dans la séparation des Pays-Bas et l'indépendance de 1830, mais le peuple ne l'appréciait pas.
- Et ils en arriveraient aujourd'hui à taxer les aristocrates de nazis en peignant ces croix gammées?
- ¿Qui sait? Tu as entendu parler du Front de l'Indépendance?
- Je crois que c'était un des groupes de la Résistence pendant la Deuxième Guerre, celui qui regroupait les partisans du Parti Communiste.
- Exact. Cela ne te rappelle pas un nom plus contemporain?
- Dans quel sens?
- Un groupe politique...
- Vous vous référez au mouvement wallon "Nouvelle Indépendance"?
- En effet. Que sais-tu de lui?
- Peu de choses. Je crois qu'il est actif à Liège et Namur. Il a obtenu là un petit pourcentage al dernières élections régionales, qui lui a donné un seul député.
- C'est cela. Et nous n'en savons pas plus, ce qui m'inquiète. Je voudrais que tu ressortes ton accréditaion de journaliste et prépare une note sur eux pour ton ancien journal. Ils se sentiront flattés et j'espère que cela te permettra de faire de bons contacts et que tu t'informeras de choses utiles pour nous. Tu es nouveau ici et personne ne te connaît encore comme plicier. Tâche de les convaincre que tu les appuyes. Infiltres-toi le plus possible, qu'ils gagnent confiance en toi. Je suspecte qu'ils hébergent plusieurs préjugés. Ne viens plus ici si ce n'est pas indispensable. Fais-moi rapport par téléphone.
- D'accord, chef. Je serai un agent secret. Pardon, un simple journaliste de "La Dernière Heure".
- Et vu que tu as appris assez sur l'analyse de documents, fais-toi una base de données pour accumuler tout ce que tu trouveras et qui peut être en relation avec ce cas. Considère toute information d'actualité, tant politique que criminelle, tout comme celle que je t'enverrai. On verra si l'analyse nous éclaire le panorama.
- Bonne idée, chef. Je connais quelques trucs très intéressants pour obtenir une bonne analyse.
Trompel s'en fut alors au siège de La Dernière Heure où il parla avec son ancien rédacteur en chef puis passat au Centre de Documentation. En fin de journée, il téléphona à Jean Servais.
- Chef, j'ai été au journal pour informer le chef de rédaction de ma mission d'enquêter discrètement sur la "Nouvelle Indépendance", pour qu'il m'épaile officiellement et me permette de publier de temps en temps. J'en ai profité pour alors voir ce qu'ils ont au Centre de Documentation sur ce parti. Il n'y a pas grand'chose, à part quelques informations de la campagne électorale et une copie des statuts. Ce ne sont que généralités: revaloriser l'homme, promouvoir l'égalité et la participation, réformer l'Etat, etc. Mais il apparait aussi que c'est un mouvement qui cherche à développer le "pouvoir populaire", contre les bourgeois et les grans propriétaires. Cela sonne marxisme révisé. Et les votes qu'ils ont obtenu semblenet venir surtout des quartiers où il y a beaucoup de chômeurs et d'anciens immigrants qui ont obtenu la nationalité et le droit de vote. Je vais vous envoyer par mail une copie de ce qui a été publié. Ce n'est pas grand'chose mais cela vous donnera une permière idée. Sauf le président et la députée, je n'ai trouvé aucun nom de militants, mais bien les adresses des sièges à Liège et Namur, où on peut demander de l'information et s'affilier. Cela me sera utile pour entrer en contact. J'irai demain à Liège.
Deux jours après, Trompel téléphonait de nouveau.
- Chef, c'est moi. J'ai fait contact à Liège. Ces types sont fous. Ils étaient fascinés et heureux par ce qu'a publié la presse sur l'apparition des croix gammées sur les maisons des "aristos" comme ils les désignent. Ils m'ont dit qu'il n'avaient aucun inconvénient à ce que l'on sache qu'ils en sont les auteurs et qu'ils continueraient avec d'autres mesures de propagande. Mais ils ne voulurent pas me donner de détails. J'ai feint d'être tout heureux comme eux et ils m'ont invité à une réunion de sympathisants après-demain. Je vous tiendrai au courant.
Il passa ces deux jours à chercher sur la toile des informations sur le parti et ses membres connus. Ensuite, il s'en fut de nouveau à Liège pour assister à la réunion informative. Le jour suivant, il en informait Servais.
- Chef, j'ai assisté à la réunion informative du PNI. Ce qui semble le plus convaincre les gens c'est la promesse de main de fer contre la délinquance et la corruption: un plan de "tolérance zéro" comme celui qui fut appliqué à New York. Ils se disent aussi anti-militaristes et attaquent les vieux politiciens: ils disent qu'ils sont des menteurs incorrigibles qui se marchent sur les pieds pour arriver plus haut et se remplir les poches; qu'ils rendent le système politique pervers, suçant le sang de quiconque est à leur portée tout en parlant de patriotisme et pendant que ceux qui les applaudissent ne se rendent pas compte des conséquences.
- J'ai envie de voter pour eux -ironisa Servais.
- Ils m'ont donné une copie de leur "déclaration de principes". Je vous l'envoie par fax. Elle a une forte odeur de marxisme recuit!
Ce qu'envoya Trompel:
Déclaration de Principes
Le Parti Nouvelle Indépendance proclame la nécessité de fortifier toute organisation qui freine et compense la souffrance causée au peuple par la violence économique et celle des délinquants. Dans ce sens, il fomente la création de milices locales et exige de l'État l'appui nécessaire pour qu'elles fonctionnent adéquatement. Il signale aussi les monopoles économiques et financiers comme facteurs de dépendance, de désintelligence entre les forces productives de chaque région et de disconformité sociale. Il propose des réformes des impôts et de nouveaux modèles d'autogestion et de cogestion qui modifient la situation de la propriété et portent à une redistribution progressive de la richesse. La lutte contre l'aristocratie et le monopole économique, organiseur et idéologique est l'attitude de base que nous proposons pour un nouveau gouvernement et que nous exigeons de nos militants. D'accord avec ces principes, la royauté et les titres de noblesse devront Être abolis et le pays devra se constituer en république, renouvellant ses institutions juridiques et politiques sur la base de l'idée de remplacement du vieux par le nouveau.