27/10/2009

L'héritage 4.1

Deuxième partie

Chapitre 4

C'était l'année 2004, sept ans auparavent, un matin de mars. Jef Trompel était à son bureau de la rue Fossé aux Loups. Il n'y avait que deux semaines qu'il avait abandonné la Police Judiciaire belge pour s'établir à son compte. Le téléphone sonna et le détective entendit une voix inconnue:
- Monsieur Trompel?
- Lui-même, pour vous servir.
- Je m'appelle Antoine Lefranc. Je voudrais vous confier une affaire, tout au moins si vous parlez espagnol.
- Je parle espagnol, français, flamand, bruxellois, arabe, anglais: tout ce qui se parle à Bruxelles et qui peut être nécessaire pour faire honneur à ma profession.
- La chose est importante, car l'affaire qui m'amène vous obligera probablement à voyager au Chili.
- Dites-moi de quoi il s'agit, et je vous dirai si cela entre dans mes possibilités.
- Bien. Voilà: Mon fils est parti au Chili il y a trois ans. Il y aura bientôt un mois que je n'ai plus reçu de nouvelles de lui, et il aurait dû arriver la semaine passée, après être passé part la Bolivie, le Pérou et la Colombie. Et je viens de recevoir un e-mail qui me demande une rançon pour sa libération. Et pas moins d'un million de dollars. J'ai réussi à contacter un prêtre belge qui vit à Santiago et le connaissait très bien, mais selon lui il aurait quitté le pays à la date que je connaissais, après une étrange accusation de persécution sexuelle. Nous ne pouvons recourrir à la police chilienne vu qu'officiellement il a quitté ce pays, et il est possible qu'un organisme local de sécurité soit impliqué dans l'affaire. Selon la police belge, que je viens de consulter, il est sûr qu'il n'est pas arrivé ici. C'est le commissaire Servais qui m'a donné votre nom et votre téléphone. Nous voudrions bien savoir où est mon fils et ce qui lui est passé. Et s'il est possible d'éviter ou de réduire la rançon, car elle est totalement en dehors de mes moyens. Si vous pouvez vous faire charge de ce cas, quelles seraient vos conditions?
- Si je n'avais aucun contact au Chili, je déclinerais sans doute votre demande. Mais il se fait que j'ai un cousin professeur à l'Université Catholique de Santiago, qui pourra sûrement m'aider sur place en cas de besoin. Le prêtre belge que vous signalez sera aussi sûrement une grande aide. Quant aux conditions, je vous réclamerai 800 euros par semaine plus les frais: voyages, hôtels, paiement éventuel d'informateurs, etc. Je vous ferai au moins un rapport par semaine, pour justifier la semaine suivante et mes déplacements.
- Pouvons-nous fixer nous aussi nos conditions?
- Quelles seraient-elles?
- D'abord un contrat écrit. Ensuite la possibilité de réévaluer la situation et suspendre éventuellement votre enquête au reçu de chacun des rapports. Des déplacements hors du trajet Bruxelles-Santiago et escales intermédiaires devraient compter sur notre autorisation écrite. Et l'enquête ne devrait en aucun cas durer plus de deux mois. Nos possibilités financiaires ne le permettraient pas.
- C'est d'accord. Je pense que si je n'arrive à rien en six semaines, c'est que le cas est vraiment perdu. Et je le lamenterais beaucoup, évidemment.
- Quand pouvez-vous commencer?
- Je viens de le faire. Vous aurez demain le contrat. Je voudrais voir ce e-mail, mais une copie ne me sert à rien: il me faut avoir accès à l'original que vous avez reçu, pour tâcher d'en détecter l'origine. Puis-je vous rendre visite? J'en profiterais pour vous interroger plus longuement sur le disparu. A propos, comment s'appelle-t'il?
- Il s'appelle Guy Lefranc; moi je suis Antoine et ma femme s'appelle Louise. Vous pouvez venir demain matin si vous le voulez. L'adresse est boulevard Lambermont 1485 à Schaerbeek, près du parc Josaphat.

Après s'être mis d'accord sur l'heure du rendez-vous, Trompel et Lefranc raccrochèrent.

Trompel descendit au rez-de chaussée de l'immeuble où il avait son bureau, au 28 de la rue Fossé-aux-Loups, et sortit vers la droite, où était l'Agence "Air Stoper" qu'il utilisait régulièrement. Il y entra et demanda qu'on lui réserva un billet pour Santiago le plus tôt possible. La connection la plus rapide était Bruxelles-Paris-Santiago, par Air France et il serait en tête de la liste d'attente pour le surlendemain, ce qui était une chance, car tout était réservé pendant au moins trois semaines. En sortant, il prit maintenant vers la gauche et entra à la Librairie Castaigne où il acheta un guide sur le Chili qui contenait des cartes, entr'autres une du centre de Santiago. L'avoir en poche lui serait plus utile que de devoir se connecter à Internet chaque fois qu'il voudrait une information.

A l'heure convenue, il entrait chez Antoine Lefranc, face au parc Josaphat. Son client le reçut et le fit monter à son bureau, qui était au premier étage de l'hôtel de maître qu'il occupait. Il offrit un siège au détective, face au meuble de bureau et prit place dans un fauteuil d'exécutif de cuir, de l'autre côté. Ensuite il lui explica:
- Ce message, après le retard de mon fils, nous a rendu très appréhensifs. Comme je vous ai dit, j'ai tout de suite téléphoné au père Bochout, le supérieur des prêtres diocésains belges au Chili et curé de la paroisse de San Cayetano, où Guy fut vicaire un certain temps. Il m'a dit que mon fils était parti à la date convenue et pensait qu'il serait déjà arrivé ici. Il ne savait rien d'éventuelles difficultés au cours de ce voyage et ne pensait pas que les accusations de persécution sexuelle -dont mon fils avait été l'objet et qui avaient été écartées par la justice- puissent être à la source d'un séquestre.
- Voyons donc cet e-mail. Vous êtes connecté à Internet en ce moment?
- Oui. Je vous le montre tout de suite.

Lefranc manipula la souris puis tourna l'écran vers Trompel. Le mail disait:
-Padre Guido en notre pouvoir. Mettre un millon de dolares sur compte 81-72-377694-136 International Bank Caiman Island. Avez une semaine. Non police ou mort.

L'expéditeur était tupac@gmail.com et le mail était accompagné d'une photo qui devait ètre déchargée. Le détective décida de la regarder plus tard. Il devait maintenant voir les données complémentaires de l'envoi, pour tâcher de savoir d'où il provenait réellement. Il cliqua sur l'option qui permettait de voir ces détails d'origine mais les données relatives au serveur d'origine étaient pervertis et inutilizables. Celui qui avait envoyé le message savait comment couvrir ses traces.

20/10/2009

L'héritage 3.

Chapitre 3

Trompel retourna à la maison Lefranc, descendit au sous-sol et repassa à la cave où étaient les vieilles peintures. Mais aucune ne ressemblait aux travaux de Breughel. Il bougea les cadres, regardant derrière, mais il n'y avait que des toiles d'araignées. Rien d'écrit non plus, ni sur les murs ni au revers des peintures. Il repartit pensatif: la piste devait être autre chose.

Il jugea alors qu'il devait aller au musée, pour voir la peinture donnée. Le Musée des Beaux Arts était fermé ce jour-là et il passa une aprtie de la nuit à penser au problème, sans que lui vint une autre idée. Le matin venu, il prit un tram et s'en fut à la rue Royale, près du Sablon, où était le musée. Il demanda où était le cadre et alla directement là: il représentait des gens buvant dans une taverne. A première vue, cela ne lui disait rien. Aucune pièce de la maison de Lefranc ne pouvait être assimilée à cette tarverne. Mais il s'agissait peut-être d'un détail qu'il ne reconnaîtrait que sur place. Il décida dond d'acquérir una copie assez grande de la peinture et, l'emportant roulée, retourna au boulevard Lambermont. Comme elle pouvait désigner une autre peinture, il commença par revisiter les places où il y avait des cadres de peintres flamands: le salon et la salle à manger. Mais rien de ces illustrations ni du reste de la décoration ne coïncidait avec la peinture de Breughel.

Il descendit alors de nouveau au sous-sol et entra à la cave aux cadres. De nouveau, aucune des reproductions ne pouvait être associée à l'oeuvre trouvée. Quelle serait donc la piste? Peut-être un détail des murs de la taverne breughelienne? Il l'examina donc en détail puis les murs de la cave. Et il découvrit le point commun: un ancrage en fer forgé, semblable à une croix de Saint André, dans le haut d'un des murs. Il étira la main et tenta d'en tirer, mais le fer ne bougea pas. Il ne s'enfonçait pas non plus sous la pression. Il tâcha alors de le fer tourner dans l'un et l'autre sens. Au deuxième essai, il entendit un craquement et sentit passer une légère bouffée d'air frais tandis que bougeait légèrement le plus grand des cadres appuyés au même mur et qui descendait jusqu'au sol. Il s'en approcha et le retira du mur: derrière, une partie du mur avait disparu et il voyait l'entrée d'un petit tunnel.

Il dut se courber pour entrer et, quand il eut passé le seuil, une petite ampoule s'alluma. Il y avait un étroit escalier tournant, de pierre, qui descendait à un niveau inférieur. En bas, face aux derniers degrés, il y avait une porte métallique avec, au-dessus, un écusson moyenâgeux couronné d'un casque à plumes. Mais la porte était fermée et il ne put l'ouvrir. Il y avait une serrure et il lui en fallait, évidemment, maintenant trouver la clé. Où cela? Il devait donc y avoir une nouvelle piste quelque part. Il chercha dans sa mémoir ce qui, dans la maison, pourrait être en relation avec cette porte. La seule piste qui lui sauta aux yeux était le casque empenné. Il se souvint alors de la collection de statuettes du salon, où il y avait des hommes vêtus selon l'usage de différentes époques de l'histoire et, entr'eux, un chevalier du Moyen Âge en armure et avec casque.

Il remonta quatre à quatre les escaliers et courrut au salon mais il eut beau manipuler et secouer la statuette, il ne trouva aucune indication et elle ne sonnait pas creuse, au cas où elle aurait contenu la clé. Cela devait être une fausse piste, bien trop facile. Il examina d'autres statues, mais toutes étaient solides et n'avaient aucun message à leur base.

Il retourna alors au tunnel et à la fameuse porte qu'il examina de nouveau avec plus d'attention. Bien qu'il avait manipulé le pommeau en tentant de l'ouvrir, il n'en avait pas remarqué les détails, très difficiles à apercevoir en raison de la basse illumination de l'endroit. En le touchant de la pointe d'un doigt et en écarquillant les yeux, il vit qu'il y était gravée une couronne. Une couronne royale. Et dans la chambre à coucher principale, il y avait une photo de Lefranc avec le roi Baudouin: une autre possible coïncidence. Et une piste? Plus calme, il monta à la chambre et, prenant le cadre, le démonta, trouvant une clé entre le carton et la photographie.

Trompel redescendit à la cave cahée et ouvrit la porte sans difficulté. Il se trouva alors dans une petite pièce voûtée, où une lampe néon s'alluma automatiquement lorsqu'il entra. Il n'y avait là qu'une petite table et une chaise; et sur la table un petit ordinateur portable. Il s'approcha et s'assit devant l'ordinateur, qu'il alluma. A ce moment, la porte se ferma avec un coup sec qui le fit sursauter et il faillit renverser la chaise.
- J'espère que Lefranc n'aura construit ce puzzle pour finir par m'enfermer ici jusqu'à ce que je meure de faim -pensa-t'il-. La réponse doit être dans cet ordinateur.

Le système d'exploitation termina de se charger et de lancer une application. La face d'Antoine Lefranc apparut sur l'écran et commença à parler:
- Monsieur Trompel ... si vous êtes bien Joseph Trompel, bien sûr, chose qu'il nous faudra vérifier ... J'Espère que vous ne serez pas fâché parce que j'ai fait fermer la porte. Elle s'ouvrira à nouveau lorsque vous aurez démontré que vous êtes la personne que j'attends. S'il n'en est pas ainsi, vous resterez ici pour toujours, à moins que le vrai Joseph Trompel ne vous libère.

- Je vais vous faire une série de questions. Répondez aussi brièvement que possible. Le programme analisera vos réponses. Quelle fut l'arme du crime contre mon fils?
- Un poignard.
- Cela, l'assassin le savait aussi, ainsi que ceux qui l'on trouvé et, sans doute, ceux qui ont ordonné sa mort. Allons à quelque chose de plus personnel. Comment avez vous su qui l'a tué?
- Par la confession de l'assassin, lorsque j'étais à El Alto.
- Qu'a-t'on trouvé d'inattendu sur le corps de mon fils?
- Un tatouage.
- Qu'est-ce qu'il représentait?
- Un soleil.
- Qu'avait-il d'extraordinaire?
- Personne ne l'avait jamais vu et il semblait frais.

Trompel commeça alors à se souvenir des péripéties de son enquête au sujet de la disparition de Guy Lefranc, qui l'avait mené quelques années plutôt à voyager au Chili et en Bolivie.

13/10/2009

L'héritage 2.

Chapitre 2

 Pendant qu'il retournait à son bureau, Trompel se répétait sans cesse la même question: pourquoi Antoine Lefranc avait-il signé Guy? Il se souvenait parfaitement de cette enquête, qui l'avait obligé à voyager au Chili et en Bolivie pour essayer de retrouver Guy Lefranc et où lui-même avait été séquestré et où, finalement, il n'avait trouvé qu'un cadavre. En effet, Guy Lefranc avait été trouvé avec un poignard dans sa main, la même arme avec laquelle il avait été tué, ce qui était un contresens. Pourtant, cela n'avait pas inquiété la police bolivienne qui l'avait trouvé près de ruines de Tiahuanaco, avait conclu à un suicide (!) et ne l'avait pas pu identificar avant l'arrivée du détective belge.

Mais pourquoi son père revenait-il sur ces faits après sept ans, alors que les responsables étaient en prison?

Le lendemain, avec la lettre en main, Trompel se rendit à la maison des Lefranc, au boulevard Lambermont, en face du parc Josaphat. Il entra dans le vestibule, faiblement illuminé par les rayons de lumière qui pénétraient par la petite lucarne de la porte d'entrée et par la porte entr'ouverte d'une place qui donnait vers la rue. Bien que le sol était couvert d'un tapis, ses pas résonnaient dans le vide absolu de la maison.

Il entra alors dans la première pièce, un salon commode, avec plusieurs fauteuils et un divan de cuir, une petite table centrale en verre et, au mur, une étagère avec une collection de statuettes. Sur les côtés, pendaient des cadres avec des reproductions de peintures flamandes de Rubens, van Eyck et Jordaens. La place suivante était la salle à manger, avec les meubles habituels, modernes et de bonne qualité, et aussi des copies de peintures classiques aux murs. Ensuite venaient la cuisine et un cabinet de toilette pour les visites.

Trompel monta alors les escaliers, trouvant le bureau du défunt -où il avait été reçu des années auparavent-, la chambre à coucher principale, en suite avec la salle de bain. et la chambre du fils avec une autre petite salle de bain. Dans la chambre principale, il vit une photo d'Antoine et sa femme en compagnie du roi Baudouin et une autre d'Antoine avec Guy. Dans le bureau, un mur entier était couvert d'une étagère pleine de livres et avec quelques statuettes de personnages fameux comme Napoléon. A un autre mur, il y avait aussi des cadres. Il ne serait pas étrange que l'un d'eux cache un coffre-fort mais, en ce moment, il ne désirait pas le chercher: il voulait d'abord avoir une connaissance générale des lieux. Le mur face à la porte d'entrée donnait vers la rue et était percé de deux fenêtres. Sur le meuble de bureau, il y avait une photo du fils disparu et une autre de l'épouse.

Revenant à l'escalier, le détective monta à l'étage suivant. Là, il y avait deux chambres meublées simplement qui donnaient vers la rue et, du côté postérieur de l'immeuble, deux mansardes avec lucarnes. Il redescendit, pensatif, et se rappela que ce type de maison avait un grand sous-sol. Au fond du vestibule, il découvrit un autre escalier qui y descendait et l'interrupteur qui permettait de l'illuminer, car l'endroit était totalement obscur. Il descendit. Ouvrant une porte après l'autre, il trouva d'abord la cave au chauffage central, puis le tanque de combustible, une pièce remplie de caisses et divers objets au rebus, et enfin une cave apparemment vide, sauf encore quelques cadres anciens pendant aux murs. Il y avait finalement une laverie, avec une machine à laver moderne et une sécheuse de linge. Il retourna alors au rez-de-chaussée et s'assit dans l'un des fauteuils du salon pour continuer à réfléchir.

Cette première inspection de la maison ne lui avait donné aucune idée au sujet de ce que Lefranc voulait qu'il découvrisse. Il se demanda alors quelle était la première piste dont il disposait. Ce ne pouvait être que la signature de la lettre: Guy au lieu d'Antoine. Lefranc avait-il voulu ainsi lui indiquer qu'il devait chercher une photo de son fils? Celle de son bureau peut-être? Il monta donc de nouveau et la regarda des deux côtés. Il n'y avait rien de particulier en vue. Il la sortit alors du petit cadre. Au verso, il y avait deux chiffres: 29.11. Le plus probable lui sembla que ce soit une date: 29 novembre. Il savait que ce ne pouvait être la date de la mort de Guy, vu que la date exacte n'avait pas été établie et que, de toutes façons, elle correspondait au mois de mars. Serait-ce la date de son anniversaire? Il décida alors de téléphoner au notaire et de lui demander si cette date lui disait quelque chose. Celui-çi lui confirma que c'était la date anniversaire mais aussi que le testament portait aussi la date du 29 novembre, de 2003.

Cette date était donc doublement importante. Mais cela ne lui disait toujours pas ce qu'il devait chercher. Il pensa alors qu'il pourrait être utile de consulter les journnaux de cette date et du lendemain. Il s'était peut-être passé autre chose que Lefranc aurait jugé important pour lui et pourrait être une autre piste. Il quitta donc la maison et s'en fut à la Bibliothèque nationale, au Mont des Arts, pr`s de la Gare Centrale. Il y demanda les journaux du 29 et du 30 novembre 2003. Le 29, il ne trouva rien d'intéressant. Mais le 30, Le Soir mentionnait que monsieur Lefranc avait fait don au Musée des Beaux Arts d'une peinture méconnue de Breughel, qu'il "avait découverte cachée dans sa cave". Le détective se souvint alors de la cave avec vieilles peintures. Cela devait être la piste!

06/10/2009

L'héritage 1.

Cette semaine commence un nouveau roman!

  • Le groupe terroriste péruvien Sendero Luminoso réalise des attaques armées en Bolivie pour financer la réarticulation dans son pays, a dénoncé hier le journal La Razon de La Paz, qui recueille les déclarations d'un policier, lequel a signalé que "les groupes irréguliers estiment que réaliser un braquage en Bolivie est un jeu d'enfant." (El Mercurio, Santiago, 7-3-2009)

    Aucun pays n'héberge le trafic de drogues sans compromettre, plus tôt que tard, son propre Etat dans ces intérêts. Et aucun Etat se nettoye facilement du trafic quand celui-çi l'a perforé, parce qu'il n'y a pas d'argent licite capable d'atteindre la grandiose générosité de l'argent facile et illégal. (El Mercurio, Santiago, 21-8-2008)



Chapitre 1

Jef Trompel avait été convoqué par le notaire Jean Dufresne, ce qui avait été pour lui une énorme surprise. Le notaire, dont l'élégant bureau se trouvait dans l'ample et riche avenue Louise, lui avait seulement dit qu'il s'agissait d'un testament. Devrait-il peut-être chercher les héritiers perdus d'un riche défunt? Cela n'était pas très courant mais cela lui était arrivé au moins une fois dans sa carrière de détective privé. Mais pas avec maître Dufresne, qu'il ne connaissait pas. Ainsi, il ne s'expliquait pas la convocation et ce fut avec une grande curiosité qu'il entra dans l'étude. Maître Dufresne, après l'avoir salué et invité à s'assoir, commença à expliquer ce qui était arrivé:

- J'ai appris que monsieur Antoine Lefranc a été votre client. Comme vous le savez sans doute, du fait de la mort de son fils il est resté sans héritier. Ainsi, à la suite de sa propre mort, ses biens devaient passer à ceux qu'il désignerait par testament ou bien, au cas où il n'y aurait personne, ils passeraient à l'Etat. Eh bien, monsieur Lefranc a fait un testament et m'a chargé d'appliquer les dispositions qu'il contient. Je vous ai convoqué parce que vous avez été désigné héritier, tout comme aussi la Fondation Saint-Vincent-de-Paul. La fondation recevra les biens meubles, que je ne suis pas autorisé à faire connaître, alors que vous avez droit à l'immeuble où vivait mon client. Comme vous devez le savoir, la fondation est exempte des droits de succession, étant une institution philanthropique. Mais il n'en est pas de même pour vous. Et n'étant pas membre de la famille, dans votre cas le taux est le plus haut. Comme la valeur foncière de la maison est de troiscent mille euros, vous auriez à payer cent trente mille. Si vous ne disposez pas de cette quantité pour payer la taxe avant d'entrer en possession de l'immeuble, je peux mettre celui-çi en vente de telle façon que vous en touchiez le prix et puissiez ainsi remplir votre obligation. Evidemment, je peux aussi le faire si vous payez les droits vous-même mais ne désirez pas conserver la maison. Cependant, avant de prendre une décision, le testament précise qu'il est indispensable que vous preniez connaissance d'une lettre qui vous est dirigée et qui était anexée au testament. Elle est scellée et je ne connais pas -ni dois connaître- son contenu. Vous pouvez la lire maintenant ou bien l'emporter et me communiquer plus tard vos dispositions. Je dois aussi vous remettre les clés de la maison et vous permettre de la visiter à votre gré avant de prendre une décision. Je dois finalement vous signaler que vous disposez d'un mois pour cela et que les impôts doivent être payés au cours du présent exercice fiscal, ce qui vous laisse sept mois. En cas contraire, je devrais procéder à une vente judiciaire.

Trompel se rappelait parfaitement monsieur Lefranc. Son fils unique avait été séquestré sept ans plus tôt et le détective avait été appelé par le triste père pour aider à le retrouver. Disparu à l'étranger, la police belge ne pouvait rien faire et, sans aucune piste, il était impossible de recourrir à Interpol. Mais Lefranc avait confié à Trompel des informations privées qu'il n'avait pas voulu confier à la police et qui avaient été le début du fil d'Ariane et avaient permis de reconstruir le puzzle que l'ancien policier avait réussi à reconstruire, amenant finalement les responsables devant la justice mais sans avoir pu sauver le jeune homme de la mort. Ses services avaient été payés comme il se doit mais le client l'avait assuré que sa reconnaissance perdurerait "jusqu'à sa mort". A l'époque, Trompel n'avait à ces paroles qu'un sens symbolique. Aujourd'hui elles acquéraient un sens bien matériel.

Il reçut donc la lettre scellée et décida de la lire là-même, afin de savoir s'il devrait donner l'une ou l'autre information au notaire. Elle disait:

- Cher monsieur Trompel,
Vous vous souviendrez peut-être que je vous ai promis que ma reconnaissance pour avoir trouvé les assassins de mon fils s'étendrait au-delà de ma mort. Quand vous recevrez cette lettre, il sera manifeste que je n'ai pas prononcé ces mots en vain. Je vous ai légué ma maison. Non par caprice ni, simplement, pour augmenter ma rétribution pour vos services. Cette maison est plus qu'un simple bien foncier. C'est un défi de plus pour vous. Il vous faudra un peu de temps pour découvrir le ou les secrets qu'elle contient et que, j'en suis sûr, vous seul serez capable de dévoiler et de mettre à profit. Visitez-la et cherchez les pistes que j'y ai laissées, des pistes qui vous indiquerons quoi faire avec la maison. Mais ne parlez de cela à personne, sauf avec le notaire quand vous saurez que cela est indispensable. Il pourrait y avoir d'autres personnes intéressées à vous compliquer la vie.
Ne rejetez pas ce défi et que la chance vous accompagne!
Votre très reconnaissant,
Guy Lefranc.

- C'est bizarre -s'exclama Trompel-. Il me donne des raisons pour conserver la maison et me donne une nouvelle mission. Mais je ne comprends pas le motif. Peut-être le découvrirais-je lorsque je la visiterai. 
- ¿Puis-je encore vous être utile d'une autre façon? -demanda le notaire.
- Je ne le sais pas. J'ai assez d'information dans mes archives de l'investigation de l'assassinat de son fils et je devrai la repasser. En tous cas, je dois faire tout mon possible pour conserver la maison le plus longtemps possible pour faire les dernière volontés du défunt et remplir cette mission. C'est tout ce que je peux vous dire pour l'instant. Je n'ai pas la quantité d'argent requise pour payer les droits de succession mais, si nous arrivons au terme du délai, je tâcherai d'obtenir un prêt. A moins que je n'aie résolu la situation, d'accord avec ces nouvelles instructions, et que je puisse ainsi vous ordonner la vente. Une seule chose: avez-vous plus d'information au sujet de la famille Lefranc?
- Vous voulez dire de ses parents ou ses ancêtres?
- Bien sûr.
- Je le regrette. Mais je n'ai connu que lui. Il s'est adressé à moi la première fois il y a une quinzaine d'année pour un achat d'immeuble. Je n'ai eu de contact avec lui que pour l'une ou l'autre opération de ce type ou un contrat et pour la rédaction de ce testament il y a peu. Il ne m'a jamais rien révélé au sujet de sa famille ni de ses origines.
- Cela aurait pu m'être utile et m'avoir peut-être économosé un peu de travail, mais qu'il en soit ainsi. Ce n'est peut-être pas important. J'espère que lui, au-delà de la mort, pourra me guider. Je vous mercie de m'avoir appelé et je me maintiendrai en contact avec vous au sujet de la maison. Au revoir!
- Je prends note de votre décision actuelle et je vous rappelerai si le délai de payement des taxes approche de sa fin et si je n'ai pas de nouvelles de vous. Bonne chance!