Pendant qu'ils continuaient à déjeuner, Kaminsky explica à Trompel ce que lui avait dit l'étudiant et ils essayairent vainement de'élaborer un plan pour que le déctective puisse savoir ce qui se passerait à l'intérieur de la forteresse. Quand Joos Kampjn apporta le dessert, Kaminsky lui demanda directement -en allemand, pour que son compagnon comprenne- qui pouvaient entrer habituellement à la forteresse. Elle répondit que seuls les gardes et les empoyés jurés, lesquels étaient une dizaine.
- Personne de plus? -insista Kaminsky, qui le savait déjà.
- Aussi les invités du duc, comme vous, évidemment. Il y a aussi le chauffeur de la camionette des provisions. Mais il ne peut pas en descendre. Il passe la porte du grand mur et stationne devant la porte de service du palais. Là, les gardes s'occupent de décharger. Ensuite ils lui passent la liste des nouveaux achats par la vitre de la portière et il doit s'en aller. Il n'a jamais vu rien de plus que le vestibule de service.
- C'est mauvais cela! J'aurais voulu que mon ami entre demain, avant la soirée si possible.
- Je ne vois pas comment. La camionette ira demain matin et ne retournera pas avant le 23 avec les nouvelles provisions. Mais il se pourrait que les étudiants profitent des vacances des gardes pour manifester et cela pourrait peut-être causer une distraction. Il y a beaucoup d'effervescence entre les jeunes d'ici. Ceux qui ont étudié à Prague et ailleurs ont présenté une pétition au bourgmestre mais il l'a refusée, sûrement après avoir consulté le duc. Et les étudiants en sont furieux. Je suis sûre qu'ils profiteront des fêtes pour se faire entendre. Mais je doute fort qu'ils puisse forcer la porte de la forteresse.
- Tu devras être attentif, mon ami -dit Kaminsky à Trompel. Puis il se dirigea de nouveau à sa cousine:- Tu connais ce Zidovske?
- C'est un neveu de propriétaire de l'auberge.
- On peut lui faire confiance? Il a quelque chose à voir avec le mouvement des étudiants?
- Je crois que c'est l'un des leaders. Et il sait donc garder un secret.
- Alors, tu pourrais peut-être tâcher de savoir ce qu'ils comptent faire. Et lui recommander monsieur Trompel comme un allié.
- Je verai ce que je peux faire. Je parlerai au patron. J'ai confiance en lui.
- D'accord.
Le repas terminé, et après un autre brin de conversation, l'égyptologue prit congé de son ami.
- L'heure est venue de ce que je me rende au château. Il vaudra mieux que vous ne m'accompagniez pas. L'aubergiste vous donnera un petit plan de la ville et vous pourrez vous approcher de la forteresse plus tard, si vous voulez. Ne courrez pas de risques inutiles. Si vous ne trouvez pas un moyen sûr de me suivre, ne le faites pas. Je vous contacterai dès que cela me sera possible.
- Bonne chance alors! J'espère vous revoir sain et sauf au plus tôt!
Kaminsky prit sa valise et Trompel monta à sa chambre. Quinze minutes plus tard, l'invité du duc se présentait devant la lourde porte de la forteresse. Deux militiens y montaient la garde et lui demandèrent pour quel motif il prétendait entrer. Il montra alors la carte d'invitation du duc et ils lui demandèrent un document d'identité pour vérifier qu'il était bien la personne invitée. Avec les deux documents en main, l'un des gardes communica l'information par un walkie-talkie. Il reçut l'approbation et dit au visiteur d'attendre quelques minutes. Enfin la porte s'ouvrit et un majordome lui donna la bienvenue, prit sa valise et l'invita à le suivre.
En entrant, il vit sur sa gauche un bâtiment de briques rouges, collé au mur, avec un aspect de fabrique. Cela devait être la caserne de la milice de la principauté. Un large chemin menait plus loin, jusqu'au palais. Celui-çi était une construction de deux étages, de style renaissance, avec des tours aux deux coins visibles. Du chemin, on ne voyait pas le troisième bâtiment qui, comme il savait, complétait la propriété. Sous la tour de gauche, il vit une petite porte. Une dérivation du chemin passait devant et contournait le coin. C'était sans doute l'entrée de service par où entraient les employés et les provisions. Le majordome le conduisit à l'entrée principale. Elle donnait sur un ample vestibule, au centre duquel partait un grand escalier d'honneur, qui conduisait à l'étage. L'empoyé se dirigea vers celui-çi.
- Le maître vous recevra à la tombée du soir. En attendant, il vous prie de rester dans votre chambre, de vous reposer et de vous préparer pour la réception officielle.
Ils montèrent et suivirent un couloir décoré de cadres de la Renaissance, d'armes et d'armures du Moyen-Age. Rien, jusqu'à présent, ne faisait penser à l'Egypte. Jusqu'à ce que le majordome ouvrit la porte de la chambre destinée à l'invité. Elle était d'une rigueur monacale. Murs blancs, un lit avec une couette tout aussi blanche, une commode -sur laquelle l'employé déposa la valise- et un petit bureau très simple avec une chaise. Mais il y avait deux chose surprenantes: au mur, une reproduction d'une ancienne peinture égyptienne montrant la déesse Isis assise, avec son fils Horus sur les genoux. Tout comme Marie avec l'enfant Jésus. Et à côté du bureau, un lutrin avec un grand livre de couverture richement décorée ... d'un grand Oeil d'Horus.
- Vous avez là de la lecture pour passer le temps -dit le majordome- si vous savez lire les hiéroglyphes. Le maître espère qu'il en soit ainsi et que vous reconnaissiez le contenu. Reposez-vous. Changez-vous si vous voulez. Il y a une petite salle de bain pour votre usage exclusif. (Kaminsky n'avait pas vu la porte, en partie caché par la porte par où il était entré).