24/02/2009

Les yeux d'Horus 3.1.

Chapitre 3

12 décembre  

Le mardi, après le repas de midi, Trompel s'en fut en métro à la Gare du Midi, d'où partaient les TGV. Il avait réservé une place dans les Thalis de 15h15. Moins d'une heure plus tard il débarquait à la Gare du Nord de Paris. Là, il descendit au métro et prit un train de la ligne 4 en direction de la Porte d'Orléans. A la station Strasbourg-Saint-Denis, il changea à la ligne 8, direction Balard, où il continua jusqu'à la sation Richelieu-Drouot qui est près du coin du boulevard Haussman, où était son hôtel, l'Ambassador. Il était trop tard pour aller au musée. Une fois dans sa chambre, il ouvrit son ordinateur portatif. Il n'y avait pas de nouvelles de Kaminsky. Pour passer le temps et s'imbuer de l'air local, il chercha la page web du journal L'Express et se mit à lire les titres des nouvelles nationales. A la fin, une petite note attira son attention:

"Etrange vol à l'église de Saint-Sulpice"
"Ce matin, le sacristain de l'église de Saint-Sulpice alerta la police de l'etrange disparition d'une pierre qui formait partie des anciens soubassements du temple. Seuls les archéologues savent, habituellement, que l'église a été construite sur les ruines d'un ancien temple dédié à la déesse Isis. Dans les caves, les rares privilégiés qui peuvent y pénétrer peuvent y voir des restes de colonnes, dont quelques unnes portent des symboles typiques d'Egypte dont l'origine n'a jamais pu être éclaircie. Le sacristain vit qu'une pierre avait été retirée d'une des colonnes et ne la trouva nulle part. Le doyen de la cathédrale put préciser que la pierre qui manquait portait gravée une "ankh" ou croix ansée ou encore "de saint Antoine", une croix avec une sorte d'anneau au lieu de sa partie supérieure, qui est un symbole de la vie."


Si on avait volé une ankh à Saint-Sulpice, il était peu probable que l'on ait volé autre chose au Louvre, pensa Trompel. Mais, de toutes façons, il devait s'en assurer.
13 décembre  

Ainsi, le lendemain matin, après avoir pris son petit-déjeuner, il sortit de l'hôtel et se dirigea vers la rue de Richelieu qu'il suivit, pour continuer par la rue de Montpensier, arrivant ainsi en quelques minutes au musée du Louvre. Il avança vers l'entrée principale, maintenant sous la pyramide de cristal créée par l'architecte I.M.Pei et construite dans la cour principale suite à la pression de l'ex-président Mitterand, contre l'avis de beaucoup de critiques. Il descendit l'escalier de marbre jusqu'au hall souterrain, où étaient les guichets. Il repoussa l'idée d'acheter un catalogue: avec les 65.000 pièces exposées -ou même plus-, il ressemblerait à un botin téléphonique. Très cher et totalement inutile dans son cas. Il paya son entrée et observa le plan du musée, pour trouver les salles égyptiennes. Il vit ainsi que les salles 1 à 19, au rez-de-chaussée, contenaient une présentation thématique de la civilisation égyptienne, alors que les salles 20 à 30, au premier étage, offraient une approximation chronologique et évolutive. Pendant qu'il se dirigeait par là, il vit les caméras de télévision qui semblaient tout surveiller. Mais il savait parfaitement qu'il ne s'agissait que de faux, des dissuasifs sans fonction réelle. Il aurait fallu des dizaines de personnes pour surveiller les milliers d'écrans correspondants s'il fallait couvrir tout le musée. Les mesures de sécurité réelles étaient moins visibles et beaucoup plus effectives. Si quelqu'un essayait de forcer une vitrine ou de dépendre une peinture, une forte grille fermerait immédiatement la salle où elle se trouvait et alerterait les agrdes du musée en même temps que la police.

Arrivé aux salles égyptiennes, Trompel chercha celle qui correspondait à la religion. Le musée offrait un parcours spécial au sujet d'Osiris, avec une crypte qui contenait une statue du dieu alors qu'a gauche et à droite il y avait des chapelles pour Amon, Toth, Medamud et d'autres dieux. Il ne vit pas de chapelle pour Horus. Il jetta un rapide coup d'oeil dans les autres salles. Il lui serait évidemment impossible de découvrir s'il manquait un Oeil d'Horus. Il s'approcha donc d'un garde et lui demanda si on avait fait, dans les dernières semaines, un changement dans la colection exposée.

- Je me souviens d'avoir vu ici quelques bijoux, il y a quelque temps. Mais je n'ai pas pu les trouver aujourd'hui. ¿On a changé quelque chose récemment?
- Vous devez être venu il y a longtemps -répondit le garde-. Que je sache, le dernier changement date d'il y a au moins huit mois. Mais, effectivement, il ne s'agissait que d'objets mineurs. Les grandes pièces ne se changent presque jamais. 
- C'est vrai, il a passé plus d'un an depuis ma dernière visite.
- EVous cherchiez quelque chose en particulier?.
- Oh, seulement des amulettes comme on mettait sur les momies.
- Alors vous pouvez monter à l'étage: là, il y a plusieurs momies. Vous y verrez peut-être ce que vous cherchez.
- Merci. Je le ferai.

Et il se dirigea vers l'escalier, pour ne pas inquiéter le garde s'il allait d'un autre côté. Il fit un passage rapide par le premier étage, descendit par un autre escalier et sortit du musée. Il n'y avait là aucun indice de quoi que ce soit d'anormal. Les mesures de sécurité étaient telles que, si quelque chose avait disparu, la presse en aurait informé en grands titulaires et le garde aurait été au courant. Il retourna à son hôtel et tenta de se mettre en contact avec Kaminsky par Internet, mais il n'était pas en ligne. Il rédigea alors un message de courrier électronique pour le mettre au courant du vol à Saint-Sulpice et demandant si cette pierre pouvait être en relation avec son cas. Il l'informa aussi qu'il pensait partir ce même jour pour Turin afin d'y poursuivre ses recherches. Il fit rapidement sa valise, paya sa facture et s'en fut à la Gare de Lyon, où il pourrait prendre le TGV pour Turin.

18/02/2009

Les yeux d'Horus 2.3.

 (Suite de la représentation du meurtre d'Osiris)

Ma dame Lostris, quand je la conduisit à la scène, regarda à peine les désagréables taches qui restaient sur les pierres. Je la mis à sa place et j'arrangeai les torches pour la lumière lui face bénéfice. Bien que j'étais habitué à la voir, sa beauté me produisit un noeud dans la gorge et me remplit les yeux de larmes. Je la laissai cachée par un rideau de toile et je sortis face au public. Tous, depuis le pharaon jusqu'au dernier vassail, étaient captivés par ma voix quand ma prose suave décrivit le tristesse d'Isis et de sa soeur Nephtalys pour la mort d'Osiris. Quand je descendis de la scène et le rideau se leva montrant la figure apeinée d'Isis, l'audience lança une exclamation au vu de sa beauté. Après l'horreur et le sang du premier acte, la présence de ma dame était terriblement touchante.

Isis commença à entonner la lamentation des morts, et sa voix fascinante parcourut les ténébreux salons du temple. En bougeant la tête suivant la cadence de sa vois, la lumière des torches se reflètait sur la lune de bronze qui couronnait sa coiffure. Nephtys entra en scène et entonna un duo avec sa soeur, puis elles s'eloignèrent ensemble, prises de la main, pour chercher les morceaux disséminés du corps d'Osiris. Bien sûr, je n'avais pas mis les vrais morceaux du corps pour qu'elles les trouvent. Pendant l'intervale, mes aides les récupérèrent et, selon mes instructions, les remirent aux embaumeurs. Je payerais de mon propre pécule les funérailles de la victime. Il me semblait que c'était la moindre des choses que je pouvais faire pour compenser à cette créature infortunée la part qui me revenait de son assassinat.

Pour représenter le corps du dieu, j'avais chargé des artisans funéraires de la nécropole de me construire une magnifique reproduction d'Osiris en carton avec tout le gala royal et, dans la posture de la mort, avec les bras croisés sur la poitrine. Puis j'avais coupé l'image en treize morceaux qui s'unissaient à la perfection, comme les cubes enfantins. Pendant que les soeurs recueillaient ces morceaux, elles entonaient des louanges pour les diverses pièces: ses mains et ses pieds, ses jambes et son tronc, et enfine sa tête divine. Quand, enfin, elle complétèrent le corps d'Osiris, avec l'exception du talisment manquant, elles se demandèrent à voix haute comment le rendre à la vie.

- Il n'existe qu'une manière de rendre la vie à notre frère et seigneur aimé. -Je mis les paroles dans la bouche de la déesse Nephtys.- L'une de nous doit réaliser l'acte de la génération de son corps morcelé, pour qu'il soit de nouveau entier et récupère l'étincelle de vie. [...]

À mon signal, le rideau tomba et la dame Lostris abandonna rapidement la scène. Sa place fut occupée par une des courtisanes les plus distinguées, qui vendait en général ses faveurs au palais de l'amour proche du port. [...] Quant la déesse substituée occupa sa place, on alluma les torches de la partie postérieure de la scène pour jeter son ombre sur le rideau blanc. La femme commença à se dénuder de la façon la plus provocative. [...] Pendant que ma dame Lostris prononçait ses paroles sur un côté de la scène, l'ombre de son alter ego s'inclinait sur la figure momifiée d'Osiris et faisait une série de gestes mystiques.

- Mon cher frère, par les étranges et merveilleux pouvoirs qui me furent concédés par notre père Amon-Râ, je te rend ces parties viiriles que le cruel Seth t'a arrachées avec tant de cruauté -entonna ma dame.

J'avais équipé la figure d'Osiris d'un artefact que l'on pouvait élever en tirant d'un fin fil qui, partant de son corps, passait par une poulie accrochée au toit du temple et qui arrivait à mes mains. Aux paroles d'Isis, le fallus de bois de la longeur de mon bras s'éleva avec une splendeur majestueuse, en complète érection. Quand Isis le caressa, je tirai du fil obtenant qu'il se secoue. Le public en jouit, mais jouit encore plus du moment où la déesse monta sur le corps du dieu. [...] Quand arriva le moment crucial de l'exhibition, les torches s'éteignirent et le temple s'enfonça dans l'obscurité. A ce moment, je refis la substitution des personnages et quand les entorches se rallumèrent, ma dame Lostris se trouvait debout au centre de la scène avec un enfant nouveau né dans les bras. Une des esclaves de la cuisine avait été suffisemment considérée pour accoucher quelques jours auparavent et je lui avais demandé son rejeton à prêter pour l'occasion.

- Je vous présente le fils nouveau né d'Osiris, dieu de l'autre monde, et d'Isis, déesse de la lune et des étoiles... Saluez le jeune Horus, dieu du vent et du ciel, faucon des étoiles! " (Traduit et résumé de Wilbur Smith: "Río Sagrado", pp.115-127)

13/02/2009

Les yeux d'Horus 2.2.

Le second texte, très bref, avait été écrit par Kaminsky et était le suivant:

Les "Mystères d'Osiris" se célébraient à Abydos et étaient l'une des fêtes les plus importantes du Moyen Empire; elle consistait en une conmémoration de la mortt, de l'enterrement et de la résurrection d'Osiris, avec la promesse de vie éternelle pour les assistants et leurs défunts. Elle se composait de cinq parties, différents jours:
- la procession des prêtres, qui culminait avec un combat contre les ennemis d'Osiris, comme symbolisme de l'expulsion des forces du chaos;
- la procession funéraire d'Osiris par la nécropole d'Abydos;
- le voyage en barque du dieu jusqu'à Poker, où était sa tombe mythologique (celle qui fut du pharaon Dyer);
- la nuit de vigile du défunt Osiris, avec sa postérieure régénération, transfiguration en esprit et couronnement (c'est la partie la moins connue et la plus secrète);
- le retour heureux de l'image du dieu au temple d'Abydos, dans l'allégresse générale.

Le troisième document se référait au "Festival d'Osiris" et avait une note préliminaire ajoutée par le professeur:

- Ceci est un récit de ce qui arrivait, peut-être, durant la nuit de vigile, pendant la partie secrète du rituel, en présence seulement du pharaon -qui était le pontife suprême-, de sa femme, du grand vizir et de tous les prêtres du temple. Ce n'est pas un récit "oficiel": c'est une adaptation que Wilbur Smith a inclu dans l'un de ses romans. Si je l'ai choisi, c'est parce qu'il suit d'assez près ce qui apparaît dans un papyrus découvert il y a peu mais dont l'authenticité n'est pas assurée, et qui inclut une partie sanglante qui n'apparait pas dans les textes classiques. J'ai fort peur qu'il puisse inspirer quelques fanatiques à une date aussi spéciale que celle de cette année. C'est l'écrivain qui parle:

"Sur la scène, Osiris se promenait au paradis qu'il avait créé et l'état d'âme du piblic était préparé pour le moment dramatique où apparaissait Seth avec un cri qui glassait le sang. Bien que tous s'y attendaient, la présence puissante et haïe effrya l'audience et les femmes crièrent et se voilèrent le visage mais en épiant entre leurs doigts tremblants.

- Qu'as-tu fait, mon frère? -cria Seth pris d'une furieuse jalousie-. Tu te mets au-dessus de moi? Ne suis-je pas aussi un dieu? Tu t'attribues à toi seul toute la création, de telle façon que moi, ton frère, je ne peux la partager avec toi?

Osiris lui répondit avec calme; la drogue [prise avant la représentation] lui donnait une dignité froide et lointaine.
- Notre père, Amon-Râ, nous l'a donnée à tous deux. Mais il nous a aussi donné le droit de choisir la meilleure manière d'employer notre pouvoir, pour le bien ou pour le mal.

Les paroles que j'avais mises dans la bouche du dieu résonnèrent dans le temple. C'étaient les meilleures que j'avais écrites et le public en fut fasciné. Mais seul moi, entre tous, je savais ce qui allait se passer, et la beauté et le pouvoir de ma propre oeuvre croissèrent pendant que je me préparais pour les événements.

Osiris arriva à la fin de son discours.
- Voici le monde comme je l'ai révélé. Si tu veux le partager dans la paix et l'amour fraternel, tu es le bienvenu. Mais si tu viens en son de guerre, si le mal et la haine remplissent ton coeur, je t'ordonne que tu te retires.

Il leva alors son bras droit, couvert du lin diaphane et resplendissant de sa tunique et il signala le chemin par où Sethe devait abandonner le paradis terrestre. Mais Seth baissa ses épaules velues comme un buffle et mugissa avec tant de force que la salive vola de ses lèvres et forma un nuage puant à cause de ses dents pourries. Je pus le sentir d'où je me trouvais. Ensuite, il leva sa large épée de bronze et courrut attaquer son frère. Comme cela n'avait pas été essayé avant la représentation, Osiris fut pris de surprise et resta avec le bras tendu. L'épée de Seth descendit avec force en sifflant et la main d'Osiris fut séparée de son poignet aussi proprement que la grappe de raisin que je coupais de la vigne de ma terrasse. Elle toma aux pieds d'Osiris et y resta avec les doigts encore tout tremblants.

La surprise fut si complète et l'épée si affilée que, pendant quelques instants, Osiris ne bougea pas, sauf un léger tremblement. Le public dut croire qu'il s'agissait d'un truc théâtral et que ce qui était tombé était une fausse main. Comme le sang ne jaillit pas tout de suite, ils en restèrent encore plus convaincus. Ils se montraient très intéressés mais pas alarmés, jusqu'à ce qu'Osiris lança un cri terrible et se prit le moignon par l'autre main. Ce n'est qu'alors que le sang jaillit entre ses doigts et tâchat sa tunique blance, comme si c'était du vin. Sans lâcher le moignon, Osiris traversa la scène en trébuchant et commença à crier. Ce cri, haut et clair, d'agonie mortelle brisa l'état d'âme des spectateurs et ils comprirent à ce moment qu'il ne s'agissait pas d'un trucage, adoptant un silence horrifié.

Avant qu'Osiris arrive au bord de la scène, Seth le poursuivit en sautant sur ses jambes tordues. Il attrapa le moignon et en tira pour qu'Osiris revienne au centre de la scène, où le jetta tout de son long sur le sol de pierre. La couronne de fer blanc de la tête d'Osiris tomba et ses cheveux noirs couvrirent ses épaules pendant qu'il restait couché dans une flaque grandissante faite de son propre sang.

- Par pitié, pardonne-moi la vie! -cria Osiris, et Seth lança un gros rire. Ce fut un rugissement d'authentique diversion. Rasfer [l'acteur] s'était transformé en Seth, et Seth s'amusait énormément. Ce rire sauvage réveilla le public et le sortit des transes où il était tombé. Cependant, l'illusion était complète. Il ne croyait plus voir une oeuvre de théâtre: ce spectacle horrible s'était converti pour eux en réalité. Les femmes criaient et les hommes rigissaient de furie en voyant l'assassinat de leur dieu.

- Ne le tues pas! Ne tues pas le grand dieu Osiris! -criaient-ils, mais aucun ne se leva de son siège ni courrut à la scène pour essayer d'empêcher que la tragédie continue. Ils savaient que les luttes et les passions des dieux étaient au-delà de l'influence des mortels.

Osiris tendit le bras sain et avec la main qui lui restait attrapa les jambes de Seth. Sans laisser de rire, Seth lui prit le poignet, lui tira le bras en l'inspectant comme le ferait le boucher avec le cou de la chèvre avant de le sectionner.

- Coupes-le! -cria quelqu'un dans la multitude, une voix ivre de sang. L'état d'esprit du public avait changé à nouveau.
- Tues-le! -cria un autre.

J'ai toujours été préoccupé par la façon que le sang et la mort affectent jusqu'aux hommes les plus paisibles. Moi-même j'étais excité par cette scène terrible, malade et horrifié, c'est vrai, mais intérieurement fervorisé par une excitation maladive.

Avec un nouveau coup de son épée, Seth coupa le bras et Osiris toma en arrière, laissant le membre dans les mins sanglantes de Seth. Il essayait de se mettre debout mais n'avait plus de mains pour s'appuyer. Ses jambes tremblaient de façon spasmodique et il tournait la tête de tous côtés sans arrêter de crier. J'essayai de m'obliger à ne pas regarder mais je ne pus éloigner les yeux de la scène. Seth divisa le bras en trois morceaux, le coupant à la hauteur du poignet et du coude. Et, un à un, il lança les morceaux dans le public. Pendant que les fragments tournaient en l'air, ils moullaient de gouttes de couleur rubi ceux qui étaient en-dessous. Les spectateurs rugissaient comme les lions du jardin zoologique du pharaon à l'heure de manger et levaient les mains pour attraper ces reliques sacrées de leur dieu. Seth continuait son oeuvre avec rafinement. Il amputa d'abord les pieds d'Osiris à la hauteur des chevilles. Puis les jambes, coupant les genoux et les cuisses à la hauteur des hanches. A mesure qu'il lançait les morceaux vers la populasse, celle-çi en demandait plus.

Alors, il finit par le décapiter, ce qui fut pour moi un soulagement. Il leva la tête par les cheveux pour que la multitude puisse l'admirer. Même à ce moment, les yeux du pauvre être tournaient follement dans leurs orbites, contemplant le monde pour la dernière fois. Ces yeux, enfin, se ternirent, et Seth jetta la tête au public. Ainsi prit fin le premier acte de notre oeuvre, avec des applaudissements tonitruants qui menaçaient de faire trembler les murs de pierre du temple. Pendant l'intervale, mes esclaves nettoyèrent la scène, éliminant les vestiges évident de la boucherie qui venait d'avoir lieu. [...] 

04/02/2009

Les yeux d'Horus 2.1.

Chapitre 2 (1)

Le premier document reçu était une transcription du mythe d'Osiris:

"Osiris, le premier né de Nut, fille de Ra (le soleil), était l'héritier du royaume d'Egypte et représentait le côté bon, la régénération et la fertilité de la terre, alors que son frère Seth représentait le côté obscur, l'aridité et les zones désertiques. Avec le temps, Osiris se maria avec sa soeur Isis et se convertit en roi d'Egypte. A cette époque, l'humanité vivait en état sauvage et ce fut Osiris qui enseigna à son peuple à cultiver les champs, profitant des inondations annuelles du Nil, et à semer et récolter les aliments. Il leur enseigna aussi à cultiver les vignes, à obtenir le vin et à fabriquer la bière à partir de l'orge. Mais il ne leur enseigna pas seulement à s'alimenter et cultiver, mais il leur donna aussi les lois pour vivre en paix, la musique et la joie, et les instruisit dans le respect des dieux.

Quand Osiris termina ces tâches, il partit proclamer son enseignement sur d'autres terres, laissant l'Egypte à la charge de Isis, qui gouverna sagement en l'absence de son mari. Mais Seth haïssait son frère, sa puissance et sa popularité, en raison de quoi -en l'absence d'Osiris- il confabula un plan avec soixante-douze autres conspirateurs et la reine de Kush (Ethiopie). En secret, il obtient les mesures exactes du corps de son frère et fabrica un coffre de bois noble, richement orné, comme le méritait un roi, dans lequel le corps d'Osiris s'ajusterait parfaitement. Après le retour de ce dernier, Seth décida d'offrir un grand banquet en l'honneur de som frère et Isis, au courant de la possible conspiration, avertit Osiris, qui ne vit rien de mal à concourir au banquet. La fête, à laquelle assistaient les conspirateurs, fut grande, avec les meilleures nourritures et les meilleures boissons du royaume. A un moment de la fête, lorsque les coeurs des invités étaient joyeux, Seth montra le coffre et dit d'une voix douce: "Je donnerai ce coffre á celui dont le corps s'encastrera dedans à la perfection". Les invités essayairent un à un, mais aucun ne l'obtint car il était toujours trop grand ou trop petit. Osiris, émerveillé par sa facture, l'or incrusté et les riches peintures, s'approcha et dit "Laissez-moi aussi essayer". Il l'essaya donc et vit qu'il y tenait parfaitement, déclarant: "J'y entre parfaitement et il sera donc à moi". Et Seth lui répondit "Il est à toi, mon frère, et le sera pour toujours", fermant alors brusquement le couvercle, le clouant ensuite avec l'aide des autres invités et le scellant avec du plomb fondu. Le coffre fut transporté vers le Nil où on le jetta. Hapi, le dieu du Nil, le transporta jusqu'à la côte phénicienne, près de la ville de Byblos, où les vagues le lancèrent contre le tronc d'un tamaris, dans lequel il resta encastré. L'arbustre grandit et se convertit en un arbre grandiose, avec le coffre à l'intérieur de son tronc. L'arbre devint fameux dans ce royaume et le roi Malcandre fut averti de son extraordinaire apparence. Il s'approcha de l'endroit et ordonna que l'arbre soit coupé pour lui et qu'il en soit fait un pilier pour soutenir le toit de son palais.

Isis, ayant appris la trahison de Seth, se proposa de retrouver le cadavre de son époux pour lui donner juste sépulture, digne d'un dieu, et partit à sa recherche. Après avoir déambulé par toute la terre, elle apprit que le coffre était arrivé à la ville de Byblos. Elle se rendit à cette ville où elle se révéla comme une déesse. Les rois lui offrirent alors les meilleurs présents qu'elle pouvait imaginer, mais elle ne demanda qu'une chose: le grand pilier du centre du palais. Quand on le lui offrit, elle l'ouvrit sans effort et en retira le coffre de bois et d'or, rendant le pilier au roi. Elle chargea alors le coffre dans un bateau offert aussi par le roi et retourna en Egypte. A son arrivée, elle cacha le coffre dans les marécages du delta du Nil et s'en fut chercher son fils Horus. Masi Seth, qui chassait des jabalis durant la nuit, trouva le coffre et le reconnut. Furieux, il l'ouvrit, prit le corps d'Osiris et le coupa en quatorze morceaux qu'il répartit tout au long du Nil pour qu'il serve d'aliment aux crocodiles.

Isis devait recommencer ses recherches. Peu à peu, elle récupéra chacun des morceaux du corps, les enveloppant dans de la cire aormatisée et, à chaque endroit où elle trouva un morceau, elle remit aux prêtres la figure, les obligeant à jurer qu'ils l'enseveliraient et la vénèreraient. Seul un morceau ne put être récupéré, le membre masculin, mangé par des poissons qui furent maudits à partir de ce moment. Isis reconstruit le corps et, avec sa magie, reforma le membre manquant. Avec l'aide d'Anubis, elle l'embauma, le transformant en la première momie d'Egypte, et elle le cacha en un lieu qu'elle seule connaissait et qui est resté secret jusqu'aujourd'hui.

Selon la tradition, aux quatorce endroits où Isis trouva des parties du corps d'Osiris les égyptiens construisirent des temples en l'honneur du dieu." (Traduction résumée de egiptologia.org)