01/01/2013

Ecologie 9

9.

Quand le surveillant arriva devant la maison de Van Acker, il ne vit rien d'anormal. Mais quand il ouvrit la porte, il se trouva nez à nez avec l'agent de police qui l'attendait, arme au poing, et lui ordonna de lever les mains, puis lui mit les menottes. Le policier avertit alors ses compagnons, qui attendaient derrière le coin de la rue, dans un véhicule sans identification. On embarca le détenu et on le conduisit à la centrale de la PJ, l'un des agents faisant de même avec l'auto du délinquant.

Presque à la même heure, Trompel se dirigeait à la banque avec l'inspectrice Yernault. Là, ils eurent une conversation avec le gérent de services aux clients, lui montrant l'ordre de perquisition et lui demandant d'accéder de façon discrète à la salle des coffres. Assurée l'absence de témoins, il ouvrit le coffre de Van Acker et retira le disque dur, qui était caché entre divers papiers privés qui n'étaient d'aucun intérêt pour la police et furent laissés à leur place. Avec le disque dans une poche, ils sortirent de la banque comme n'importe quel couple de clients.

De retour à la centrale, ils remirent le disque à la section d'informatique pour son analyse. Trompel s'en fut ensuite interroger l'homme arrêté à la maison de Van Acker. Celui-çi répondit qu'il n'était qu'un simple surveillant, employé par l'agence de sécurité Sekurelek, dont le directeur-gérent était Gregory Revinskov, et que son chef direct était James Slate. Il fut mis au cachot jusqu'à en savoir plus. Trompel chercha alors les noms obtenus dans les bases de données de la police. Le détenu, qui s'appelait Gaston Claes, n'avait aucun antécédent délictuel ou de type judiciaire. Slate était enregistré comme citoyen nord-américain entré au pays par l'aéroport de Zaventhem l'année précédente. Revinskov, pour sa part, était aussi entré par Zaventhem, à la même date, mais était reparti un mois après. Il avait la nationalité ucrainienne et résidence aux Etats-Unis.

Trompel et Yernault se réunirent de nouveau et se dirigèrent à l'adresse de Sekurelek donnée par Claes. Elle était dans le même édifice et au même étage que les bureaux de l'Ecologie Nouvelle. ¿Une coïncidence? En entrant, ils trouvèrent l'endroit presque vide. La première place avait été sans nulle doute la réception: il y avait un bureau et une chaise, mais aucun document ni aucun autre équipement. La seconde était plus grande, avec d'étroites tables le long des murs et de nombreux cables et prises, tant du réseau électrique comme d'un réseau informatique. Il devait y avoir eu plusieurs ordinateurs et systèmes d'observation. Mais il serait impossible de savoir qui était surveillé et s'il y avait quelqu'un de plus que Van Acker, ou quelles seraient les autres activités. Les techniciens pourraient éventuellement relever des empreintes digitales, mais ils connaissaient déjà l'identité des suspects. Il aurait été plus utile de trouver des registres des opérations financières, mais il n'en restait aucune trace.

Pendant qu'ils inspectionnaient l'endroit, ils entendirent un bruit étrange, comme un murmure ou cri étouffé, qui semblait venir d'une autre pièce, voisine, qui devait être le WC, le seul endroit qu'ils n'avaient pas inspecté. Prenant son arme, avec Yernault derrière lui, Trompel en ouvrit la porte. Assis au sol, ligoté et avec la bouche couverte par une bande adhésive, était Remy, l'adjoint de Servais.

Quand ils le délivrèrent, celui-çi explica qu'il ne savait pas où il était. On l'avait emmené là deux jours plus tôt, avec un capuchon sur la tête, qui ne lui avait pas permis d'observer le trajet. Mais il avait entendu, au travers de la porte, des conversations sur les opérations d'écoute et surveillance, et avait mémorisé les noms de Van Acker et Gossiaux. Sans doute quelqu'un était en péril, car il entendit dire que "nous devrons nous défaire de lui". Les voix furent toujours de deux personnes, mais il y eut des conversations téléphoniques en anglais, dont il ne put capter le sens malgré qu'il comprenait cette langue.

Deux jours plus tard arriva l'information d'Interpol et du FBI. Revinskov était un ex-agent du KGB, résident aux Etats-Unis. Le FBI informait que Sekurelek était une agence de sécurité enregistrée, qui offrait ses services dans plusieurs villes de ce pays mais qui était sous surveillance du fait d'être apparemment impliquée dans plusieurs opérations illégales de compagnies transnationales. Il informait aussi que la banque HSBC était sous enquête des autorités financières car son siège au Mexique avait été dénoncé pour blanchissement d'actifs et avait dû fermer vingt mille comptes aux îles Caïman.