Avec ce que Servais avait anoté durant son entrevue avec Van Acker, à Wenduyne, et les archives du disque dur, la police put avoir une vision claire des opérations de la fausse ONG "Ecologie Nouvelle". Sa finalité était en réalité totalement contraire à sa déclaration officielle. Pour se justifier et maintenir sa façade, elle apportait -de Bruxelles- de petites contributions aux mouvements écologistes de divers pays de l'Union Européenne. Elle se chargeait aussi, dans le cadre de ses activités légales, de réaliser des campagnes publicitaires de "blanchissement d'image" pour diverses firmes transnationales qui étaient régulièrement le blanc des écologistes pour détruire l'environnement ou exploiter la main d'oeuvre en pays sous-développés. La plupart de ces activités apparaissaient dans les livres comptables officiels. Ce qui n'apparaissait pas là, mais bien dans les feuilles de calcul de Van Acker, c'étaient les autres opérations, comme le financement de groupes anarchistes et maisons d'"okupas", qui recevaient la mission d'hostiguer les écologistes, bien que les anarchistes, dans certains cas, préféraient attaquer les "impérialistes". L'ONG apparaissait aussi comme le principal client et financiste du bureau local de Sekurelek, dont la mission principale avait été la surveillance de ses associés résidant en Belgique, et une autre la préparation de l'attaque à la Bourse, qui avait été l'opération la plus complexe réalisée et destinée à salir l'image des écologistes. On pouvait aussi voir des payements réguliers à divers individus, souvent désignés par des surnoms, ce qui rendrait difficile leur identification.
Les policiers ne purent interroger Philippe Gossiaux, le gérent de la fabrique de papier: il fut assassiné le jour même où ils allaient aller le visiter. Il avait reçu une balle dans le coeur et on avait couvert sa tête d'un mouchoir, ce qui attira fortement l'attention de Servais. Cela semblait montrer un sentiment de honte ou de repentir de l'assassin. L'homme d'affaires était seul chez lui la nuit précédente et personne du voisinage n'avait rien observé d'anormal.
Les homme de Sekurelek continueraient-ils à faire du "nettoyage", pour effacer leurs traces et celles d'Ecologie Nouvelle? S'ils avaient éliminé Gossiaux, Van Acker restait une cible possible et aussi Chapelle, ainsi que la secrétaire de l'ONG, bien que celle-çi -semblait-il- ne savait pratiquement rien. Servais décida de les chercher et protéger. Il envoya Trompel au bureau de l'ONG et une autre équipe chercher Chapelle.
Quand Trompel arriva à la Tour Midi, il trouva la secrétaire faisant des paquets avec les quelques documents qui étaient restés là et avec ses objets personnels.
- Ils ont emporté l'ordinateur -dit-elle au détective- et m'ont ordonné de fermer le bureau. Ils m'ont payé le mois et l'allocation de licenciement.
- Puis-je voir ce document de licenciement?
- Le voici.
C'était une feuille avec entête de l'ONG, qui informait succintement de la fermeture du bureau de Bruxelles, du licenciement et du payement, et ordonnait comme dernière tâche de réunir tous les papiers qui restaient et de les envoyer à Cobelpap pour les recycler. Il était signé par James Slate en qualité de chef du service de sécurité, par procuration des directeurs d'Ecologie Nouvelle.
- C'est normal que cela soit signé par Slate? -demanda Trompel-.
- C'est la seule personne avec laquelle j'ai eu un contact direct. Je devais recourrir à lui s'il y avait un problème avec l'ordinateur, toutes les autres communications avec mes chefs se faisant par celui-çi.
- Et vous n'avez jamais connu d'autre nom?
- Non. Seulement leur charge. C'est Slate qui m'a reçu ici quand on m'a engagé et qui m'a expliqué ce que je devais faire.
- D'accord. Vous devez savoir, si vous ne l'avez pas lu déjà dans la presse, qu'un des directeurs d'Ecologie Nouvelle a été assassiné. Un autre a été menacé et est sous notre protection. Et Sekurelek a complètement vidé ses bureaux. J'espère que vous n'êtes pas en danger, puisque vous ne connaissez aucune de leurs activités illégales, mais si vous vous sentez surveillée ou en danger, appelez-moi immédiatement ou appelez le comissaire Servais.
Et il lui donna son numéro de GSM et celui de Servais, puis la quitta.