10.
- Voici le livre le plus ancien que nous avons, mais personne ne sait le lire, parce que nous ne connaissons pas ces signes...
- C'est du grec. Bien que ma spécialité est le Moyen Age, j'ai dû apprendre un peu de grec. Son titre est "Les guerres des dieux".
- Cela me dit quelque chose -dit Trompel-. Il y a quelque temps, j'ai été à la recherche du professeur Jean Pollion, dont la spécialité était la Mésopotamie et j'ai beaucoup lu sur les dieux de l'époque.
- Voyons comment il commence... "Quand les dieux arrivèrent sur la Terre, ils s'installèrent dans une zone fertile entre deux fleuves..."
- La Mésopotamie! Comme je vous disais!
- "Le plus grand des dieux était Zeus et, à mesure que croissaient les colonies, les dieux chargés d'elles furente de plus en plus puissants et terminèrent par désafier Zeus, qui était resté dans le ciel..."
De la Rue traduisait en français, ce qui empêchait les primusiens de comprendre.
- Je vous ai entendu pronocer le nom de Dzeus -intervint maître Urim-. C'est étrange: le nom du Premier Maître était Dzeus Mentor.
- Les textes qu'utilisait Jean Pollion désignaient tous les chefs comme des dieux -dit Trompel, qui avait compris l'observation faite en latin-. Le plus important était le dyaus o zeus Piter, d'où vient Jupiter. Il y avait aussi les dyaus Enki, Enlil, Marduk et Seth. Seth enferma Marduk dans la grande pyramide d'Egypte et Ishtar fut envoyé le libérer. Il y a des tablettes cunéiformes qui racontent cette "Guerre de la Pyramide". Ishtar dut aussi lutter contre Zu, pour récupérer les "tables des destinations", qui servaient à guier les vaisseaux aériens.
- Il me faudrait du temps pour lire ce livre et voir s'il nous apporte quelque chose. Le traduir ne m'est pas facile. Laissons-le pour le cas où nous ne trouvions pas d'autre piste -décida De La Rue-. S'il est fort antérieur au Premier Maître, je doute qu'il soit utile.
- Si, d'ici, nous voyageons vers le sud, nous arrivons à la grande mer intérieure? -demanda Trompel, qui fut traduit par son compagnon.
- Bien sûr, la Mare Internum -répondit Urim-. Et au sud de celle-çi, il y a un grand continent couvert de forêts et habité par des sauvages à peau noire. Il nous a été impossible de traiter avec eux.
- Et à l'est?
- Il n'y a que des terres vierges et des édifices en ruines. Il semble que le cataclysme y a tout détruit.
- Atlantis?
- Ce nom apparait en effet dans l'un de nos plus anciens textes. Mais il s'agirait d'une légende encore plus ancienne.
- Dyaus Master pourrait être venu de là?
- Je ne le crois pas. La légende d'Atlantis est trop ancienne. Mais les textes disent qu'il est venu de l'est et qu'il a "traversé les marismes du temps". Nous n'avons pu découvrir ce que cela signifiait.
- Racontez-nous donc son histoire!
- Vous donc, qui venez du Monde des Justes, ne la connaissez pas? Comment est-ce possible?
- Comme je vous l'ai dit, nos livres et nos récits coïncident en bien des points mais ne sont pas identiques. C'est ainsi que nous avons l'histoire de Israal -ou Israel, pour nous- mais pas celle d'Ismar. Nous voulons savoir si ce que vous avez au sujet du Premier Maître correspond à ce que nous avons. En combinant les deux récits, nous pourrons peut-être trouver de nouvelles pistes qui conduisent vers son sépulcre.
- En bref, voilà l'histoire:
-
"Dzeus Mentor traversa les marismes du temps et arriva avec quelques compagnons au centre de la pénincule, près de la rivière Tibère, à une ville appelée Roma.
Il y proclama que l'ange Gabriel lui avait indiqué qu'il avait été choisi comme porte-parole de tous les dieux. En se basant sur les révélations de l'ange, il prêcha la parole de Chronos, el Dieu Suprême, prédisant qu'il y aurait un Jugement Universel à la Fin des Temps. Et qu'avant la Fin, il y aurait de grandes tribulations causées par les Injustes. Et pour être préparé, il faut respecter les Sept Commandements, rendre culte à Chronos et être toujours attentif aux événements historiques qui permettent de prévoir la Fin.
Beaucoup de romains se convertirent et, ainsi, s'est développée la Chronophilie, religion du Temps Final. Dzeus Mentor continua ensuite son chemin, prêchant cette foi sur la route qui menait vers le nord, en suivant l'armée qui conquérait cette région.
La légende ajoute qu'il est mort aux mains des barbares, quand ceux-çi attaquèrent un des camps qui avait été installé près d'ici. Ses restes furent récupérés par les survivants et mis en sécurité par une cohorte qui arriva les secourrir. Elle dit aussi qu'on lui construisit un sépulcre, mais on ne dit pas où.
- Le mot pour désigner l'ange Gabriel ou les compagnons de Dzeus Mentor était "néfilim" ou "anunnaki"? -fit demander Trompel.
- Vous connaissez ces mots? En effet, les compagnons étaient des "néfilims". Nous l'avons traduit par compagnons, car nous ne savions pas ce que cela signifiait. Et Gabriel était un "anunnaki", ce qui fut traduit par "ange". Vous en connaissez un autre sens?
De La Rue précisa la réponse et la question à Trompel, qui avait difficile à suivre le dialogue. Celui-çi lui donna l'information demandée:
- Les anunnakis étaient "ceux qui descendirent du Ciel à la terre", dieux "de base", chargés du travail sur la terre. Ils apparaissent avec des ailes dans certains reliefs sumériens, ce qui a porté à les appeler anges. Les néfilims sont "ceux qui furent jetés à terre", les travailleurs d'un grade inférieur aux anunnaki.
- Ainsi, nous devrions trouver le sépulcre du Premier Maître, mais nous n'avez pas plus de piste à ce sujet?
- Nous pourrions relire les textes d'histoire de son époque, mais je doute que nous puissions y trouver quelque chose, vu que nos historiens n'y ont pas réussi auparavent. La seule chose que nous pouvons déduire, c'est que, si les restes furent mis en lieu sûr, cela a dû être vers le sud. Le pire serait que le sépulcre soit dans la zone qui a été recouverte par la mer.
- Si c'était nécessaire, nous pourrions amener de notre monde un équipement pour explorer sous la mer, si vous n'en avez pas -se risqua à proposer De La Rue-. Et il n'y a pas d'anciens monuments, romains, qui puissent nous guider?
- A quatre lieues vers le sud, il y a un monument qui a plus de mille ans et rappelle, semble-t'il, l'endroit où il fut assassiné.
- Je crois que nous devrions le voir et l'étudier en détail.
La nuit était tombée, et Urim les conduisit à une auberge, face à la place, pour passer la nuit. De La Rue décida d'aborder alors le problème des achats et payements.
- Comment pourrons-nous payer notre séjour? Sans aucun doute, la monnaie de notre monde n'a pas cours ici. Nous avons apporté des anneaux d'or et d'argent. Nous pouvons payer avec eux, ou bien vous pouvez nous les changer dans votre propre monnaie?
- Vous ne devez pas vous préoccuper de votre logement. Vous êtes nos invités, plus encore si vous nous aidez à récupérer le Temps. Mais si vous désirez acheter quelque chose pour votre compte, je serai heureux de vous changer un peu de métal précieux pour notre monnaie demain.
- Merci, Maître!
Pendant que le maître les présentait à l'aubergiste et donnait des instructions pour qu'ils soient traités comme des invités importants, Trompel regardait les alentours. Cela semblait être une taverne typique de la fin du Moyen Age, comme l'on voyait sur les peintures de l'époque, avec de grandes tables et des bouteilles, cruches et tonneaux derrière le comptoir. L'illumination, à part la lumière naturelle qui entrait par les fenêtres, provenait de lampes à gas. Ce qui attira le plus son attention, ce fut, au dessus du comptoir, une grande horloge où les chiffres semblaient mis à l'envers: au lieu du 12 était le 6, le neuf au lieu du 3, etc. Il semblait ainsi qu'ici, on commençait donc à compter les heures à six heures du matin et non à minuit.
Une fois dans leur chambre, il le commenta à De La Rue:
- C'est l'ancien système latin -lui dit ce dernier-. Nos six heures du matin sont les "primes", neuf heures les "tierces" et midi les "sextes". Cela resta ainsi jusqu'à il y a peu dans le système des prières du clergé et des religieux, qu'ils appelaient "les heures".