Pendant ce temps, les deux visiteurs s'étaient approchés des échoppes et, tenaillés par la faim, prirent chacun un fruit de l'une d'elles. Le vendeur vit, surpris, comment deux pommes s'élevaient seules dans l'air puis disparaissaient, et il ne sut comment réagir.
Trompel réclama alors à son compagnon.
- Rentrons chez nous. Vous devez tranquiliser votre femme, qui est très préoccupée. Vous pourrez toujours revenir plus tard si vous le voulez.
- Vous avez raison. J'étais si enthousiasmé que je l'ai oubliée et elle ne mérite pas cette souffrance. Retournons. Mais nous profiterons de prendre des photos.
Les deux sortirent leur téléphone mobile et chacun prit des photos de ce qui attirait son attention pendant qu'ils retournaient vers le palais et parcouraient les couloirs qui conduisaient à la grande salle avec le portique entre les univers. Ils se rendirent compte qu'il y avait beaucoup de mouvement, croisant constamment des gardes blancs qui allaient dans diverses directions, mais n'étaient toujours pas découverts par eux.
Quand ils arrivèrent à l'entrée de la salle, ils virent que l'accès était fermé par une porte à deux battants. Ils cherchèrent une manivelle pour l'ouvrir, mais ne la virent pas. Comme elle était aussi marquée par un sablier, De La Rue tenta divers mouvement avec sa main appuyée sur lui, mais sans succès. Il dit alors à Trompel de retourner le sablier.
- Mais cela pourrait annuler l'effet d'invisibilité -retruqua ce dernier.
- Attendez quelques segondes, puis remettez la position actuelle. Je suppose qu'ainsi, nous ne serions visibles que ces brèves secondes. Il n'y a personne tout près et on ne nous verra donc pas.
Le détective suivit les instructions, mais la porte ne s'ouvrit pas.
- Nous sommes bloqués. On a dû découvrir notre fuite et activé un mécanisme qui nous empêche d'entrer dans la salle.
- Je crois que avez raison.
A ce moment, un groupe d'une demi-douzine de gardes blancs s'approcha d'eux, mais ils ne dirigeaint par vers eux leurs arquebuses. Et les deux étrangers se rendirent compte facilement qu'ils n'étaient plus invisibles. Un des gardes, qui ne portait pas d'armes mais un collier avec une figure lumineuse, se dirigea à eux avec une légère inclinaison:
- Sequer placet [Veuillez nous suivre]
Trompel et De La Rue purent voir que l'objet brillant du collier était une figure en bas-relief qui représentait aussi ... un sablier.
Les gardes les entourèrent mais cela sembla plus un cortège avec garde d'honneur qu'une arrestation.
- On dirait qu'ils ont changé d'attitude -dit Trompel à son compagnon-.
- Ils se sont peut-être rendu compte que nous avons maintenant un pouvoir spécial.
- Mais ils semblent savoir comment l'annuler.
- Peut-être est-ce un effet propre de la salle d'entrée. Essayez de retourner le sablier.
Trompel le fit, sans le sortir de sa poche, mais il fut évident que cela ne servait à rien. Le groupe continua son trajet et on les mena dans la salle où De La Rue avait été interrogé. Les trois hommes que les y attendaient se levèrent et les saluèrent d'une légère inclinaison et leur firent signe de s'asseoir. Tous les trois portaient la même insigne brillante que le chef de la patrouille qui les avait amené: la marque du sablier. Deux chaises avaient été placées face à la grande table des interrogateurs, et ils prirent place.
- Nuntii Tempore sunt? [Vous êtes des Messagers du Temps?] -demanda celui qui semblait présider la comission, cette fois en latin, langue que -sans doute- quelques experts dominaient, puisqu'elle semblait être la racine de la langue actuelle.
- Nos tempore peregrini. Mission servet comesque. [Nous sommes des voyageurs du temps. Notre mission est d'observer et de raconter.] - répondit De La Rue.
- Veni seculum altius aut inferos? [Vous venes du monde supérieur ou du monde inférieur?]
- Secula ultra tres. Advenimus Iusto Seculum. [Les mondes sont plus de trois. Nous venons du Monde Juste.] - et, pour Trompel, il ajouta: Cela peut être dangereux. S'ils nous croient des messagers, nous pourrions facilement nous tromper et les offenser. Et, si c'est une affaire religieuse, nous pourrions être traités comme sacrilèges. Il vaut mieux être ambigus.
- Pourquoi ne vous êtes-vous pas manifesté lors de votre premier interrogatoire? Pourquoi n'êtes vous pas parti alors? demandèrent-ils alors à l'intention de De La Rue.
- Vous n'avez pas fait les questions correctes et n'avez pas compris ma réponse. Et je devais attendre mon compagnon.
- C'est lui qui a apporté le Pouvoir?
- Il en est le porteur. Moi, je suis les yeux et la bouche.
- Que devez-vous faire?
- Nous vous demandons la permission pour observer et rendre compte de nos observations. Si vous nous le donnez, nous devons retourner le confirmer à nos Supérieurs (Ça, c'est pour retourner tranquiliser ma femme -dit-il à Trompel en français, alors qu'il continuait à parler latin avec l'interrogateur-) et ensuite nous reviendrons accomplir notre mission. Si vous n'acceptez pas, nous partirons et ne reviendrons pas.
- Cela est étrange pour nous. Nos anciens textes parlent de Messagers, pas d'observateurs.
- Nos supérieurs décideront s'ils envoyent ou non des messagers. Cette décicion ne nous revient pas. Mais avant, ils leur faut nos observations.
- Nous aussi, nous avons des supérieurs et ce sont eux qui prennent les décisions. Entre temps, nous vous prions de rester ici. On vous apportera à manger et à boire.
Les trois dignitaires se retirèrent. Quelques minutes plus tard, deux femmes apparurent, portant des plateaux avec des fruits, des biscuits et des jus de fruits, qu'une fois seuls ils mangèrent et burent avec appétit. Ils ne doutèrent pas que des gardes étaient restés derrière les portes.