28/12/2010

Colonisation 2.1.


Chapitre 2. Les dieux descendus du ciel


Las paléolingüistes de l'Université de La Lagune, à Ténérife, et de quelques autres universités à niveau mondial, avaient travaillé plus de deux ans á traduire les fameuses plaques trouvées dans les "catacombes" de Los Órganos, une fameuse falaise du nord de Ténérife (voir "Omyx: Encuentro Interplanetario"). Et les techniciens en microfilms, joints aux experts en informatique, avaient travaillé presqu'autant de temps pour agiliser la transposition des microarchives omyxiennes en documents que les lingüistes puissent lire.

Les plaquettes, dont on trouva des milliers, étaient faites d'un matériel semblable à du verre, parfaitement rectangulaires et presqu'entièrement noires. Mais, avec attention, on pouvait découvrir de petits points translucides, qui leur donnait l'apparence de microfiches. En utilisant des agrandisseurs photographiques, on avait découvert alors que chaque point translucide était en réalité l'équivalent d'un micropoint rempli d'une sorte d'écriture. Les premières études montrèrent qu'il s'agissait d'une espèce de forme primitive de grec combinée avec des pictogrammes de style égyptien, et l'on put déterminer -grâce à quelques substances qui leur étaient adhérées, qu'elles devaient avoir une antiquité supérieure à six mille ans. Le matériel des plaques elles-mêmes ne put être totalement identifié: il s'agissait d'une espèce de céramique, mais plusieurs de leurs composants étaient totalement inconnus sur Terre. Personne ne put expliquer comment avait pu être obtenue la transparence des points et moins encore comment ils avaient pu être microgravés.

La presse, qui sut de la découverte mais pas du contenu, baptisa rapidement l'ensemble comme "Bibliothèque de l'Atlantide", car l'une de légendes des Îles Canaries prétendaient qu'elles étaient le vestige de cette zone engloutie. Les paléontologues qui étudiaient les écrits mis à jour furent énormémement surpris et déroutés par leur variété et complexité. En appelant au cunéiforme, au grec primitif et à l'égyptien le plus ancien, ils pouvaient traduire près de quatre-ving pour cent des mots, mais même ainsi la plupart des textes restaient incompréhensibles pour eux. Ils contenaient beaucoup de formules apparemment mathématiques ou chimiques et des schémas de physique. Les graphiques et dessins étaient généralement plus faciles à interpréter et ce furent finalement des physiciens et des mathématiciens qui aidèrent le plus à interpréter le matériel découvert et à développer un nouveau dictionnaire. Il fallut des années pour reproduire les textes trouvés et des universités du monde entier constituèrent des équipes interdisciplinaires destinées à l'étude des microfiches. C'est ainsi qu'apparut un ensemble de plaques qui racontait l'histoire de ceux qui les avaient confectionnées.

Ce qui suit est la traduction des "Chroniques de la colonisation du système solaire" par les omyxiens.

* * *

La grande nef des colons était arrivée finalement au système Shamash et était repassée de la quatrième à la troisième dimension. L'appareil, de plus d'un kilomètre de long, enmenait près de vingt mille personnes, toutes spécialistes dans divers secteurs du savoir, et l'équipement dont elles pourraient avoir besoin pour travailler sur de nouvelles planètes. Le voyage leur avait pris dix mois de la quatrième dimension de l'espace, en utilisant la seule façon pratique -à cette époque- pour aller d'un système stellaire à l'autre sans perdre de nombreuses années. Cela était possible grâce à leur connaissance des six dimensions de l'espace-temps et à l'existence des moteurs hyperlumineux combinés avec les champs antigravitationnels.

Dans le navire voyageaient des représentants des deux peuples qui habitaient Omyx: les kentois (centaures) et les néfiliens (nefilim). Les kentois avaient été des guerriers et étaient les spécialistes en travaux lourds et utilisation de machines. Les néfiliens étaient des spécialistes des arts et des sciences mentales: depuis la philosophie jusqu'à l'informatique. Ils dominaient aussi l'astronomie, et celle-çi combinée avec les mathématiques, leur avait permis de résoudre les problèmes des voyages interstellaires.

Les scientifiques néfiliens savaient depuis longtemps que l'espace n'a pas trois dimensions mais cinq, malgré que nous ne sommes capables de n'en observer que trois avec nos sens et que les autres dimensions n'ont aucune importance au niveau local. Mais cette connaissance et celui du comportement fluctuant de la quatrième dimension spatiale était fondamentale pour les voyages spatiaux à longue distance. Dans la quatrième dimension, les distances de l'espace qui nous semblent planes dans les différentes directions apparaissent en réalité comme formées par une suite alternée de courbes, comme les vagues de la mer. Mais ces "vagues" ne sont pas statiques: elles se meuvent constamment, s'applatissant ou se relevant, se rapprochant ou s'éloignant. Ainsi, la géographie astronomique montre de constantes variations en matière de distances relatives. Si nous prenons une carte sur papier avec quelques systèmes stellaires et nous faisons que cette feuille forme des plis comme un accordéon, nous pouvons voir que quelques étoiles se rapprochent. Les unes seront sur le haut d'une crête et les autres dans un creux. Ainsi, le meilleur moyen de voyager d'une étoile à l'autre, écourtant la route (et le temps de voyage) est de la faire par la quatrième dimension quand les deux étoiles sont sur le haut de leur vague et quand ces vagues se rapprochent le plus.

Cela implique, évidemment, de disposer d'une technologie qui permette de traverser les barrières de la troisième dimension et d'utiliser la quatrième. Mais, même ainsi, le voyage pourrait être très long si l'on utilisait les moyens de transport conventionnels. Bien que les néfiliens connaissaient déjà les bases de la translation quantique, ce système n'était pas encore applicable à des vaisseaux de passagers. Ni même à des nefs d'exploration automatique, car la transformation quantique nécessaire affectait les mémoires artificielles. Mais ils connaissaient parfaitement la technologie de lévitation magnétique et, avec celle-çi, ils avaient développé la capacité de construire des vaisseaux à capacité antigravitatoire, ce qui permettait que personne, à l'intérieur, ne sente les effets de l'accélération, aussi élevée soit elle. Cela permettait aussi le déplacement à basse vitesse dans la proximité d'une planète, mais n'y permettait pas l'aterrissage car les nefs étaient nécessairement énormes et, en éteignant les moteurs, pouvaient s'enfoncer dans le sol si elles ne disposaient pas de plateformes de grande résistance.

Pour le voyage interplanétaire, ils avaient développé le moteur hyperluminique et l'avaient testé sur des fusées automatiques qui n'avaient pas besoin d'antigravitation. Mais elles devaient développer une accélération maxima pour atteindre et dépasser de 20% la vitesse de la lumière si on voulait écourter le temps de voyage.

[Note: On a effectivement prouvé récemment en laboratoire que, dans des conditions spéciales, la lumière peut voyager à une vitesse supérieure à la limite connue. Cela ne veut pas dire qu'on pourrait "aller plus vite que la lumière", mais bien que la lumière peut être accélérée.]

Seule une forte accélération permet de profiter réellement de la vitesse luminique pour voyager vers d'autres étoiles et d'en revenir en une période de temps humainement utile. Ainsi, les néfiliens construisirent des vaisseaux automatiques hyperluminiques qui, en passant par la quatrième dimension, leur permirent d'explorer les systèmes solaires les plus proches où leurs astronomes avaient découvert des systèmes planétaires où la vie serait possible.

Ayant découvert avec ces sondes, à une distance tridimensionnelle de vingt années lumière, un système qu'il appelèrent Shamah, ils obtinrent des données très prometeuses sur trois des neuf planètes de ce système. Alors que les quatre extérieures étaient gaseuses et les deux plus centrales trop petites et trop chaudes, les trois restantes réunissaient des conditions adéquates pour abriter la vie. [Une des trois devrait disparaître plus tard, laissant les deux que nous connaissons aujourd'hui: la Terre et Mars.] Il n'y avait là-bas aucun indice de civilisation technologique. Et la troisième planète à partir du soleil montrait une énome extension d'eau. Cette découverte mit en marche les plans de construire la nef hyperluminique antigravitatoire capable d'emporter une grande dotation d'omyxiens avec la mission de commencer la colonisation des trois planètes habitables.

21/12/2010

Colonisation 1.4.

De retour à son bureau de Bruxelles, Trompel alluma son ordinateur et y passa les dossiers copiés à Louvain. Il se connecta ensuite au Registre de la Population pour chercher les membres de la famille de Pollion. Ainsi, il découvrit que ses parents étaient morts deux ans auparavent et qu'il ne lui restait qu'une soeur vivant à Namur. Il passa à la connexion spéciale de la PJF avec la compagnie téléphonique et obtint le numéro de Joséphine Pollion. Comme il était déjà plus de six heures du soir, il comptait la trouver chez elle et elle lui répondit en effet immédiatement. Il se présenta et lui demanda si elle avait des nouvelles de son frère.

- Il est parti à la mi-juillet pour l'Arabie Séoudite. A ce que je sais, il devait s'y embarquer pour réaliser des explorations sous-marines dans le Golfe Persique et devait revenir les derniers jours d'août pour reprendre ses cours à l'université début septembre. Pourquoi la police me demande-t'elle cela? Il lui est arrivé quelque chose?
- Le fait est qu'il n'est pas arrivé pour commencer ses cours et le doyen de sa faculté s'est inquiété, nous dénonçant sa possible disparition. Votre frère n'aurait pas dû vous avoir contacté à son retour?
- Oh, c'est le typique savant distrait! S'il a trouvé quelque chose d'enthousiasmant, il aura été obnubilé par sa trouvaille et la publication qu'il pourrait en faire. Comme cela est arrivé plus d'une fois, je ne trouve rien d'étrange s'il se passent deux ou trois mois sans rien savoir de lui, surtout lorsqu'il part en expédition.
- Je comprends alors que son retard ne vous inquiétait pas.
- Pas du tout. Mais s'il ne s'est pas présenté à l'université, je m'inquiète maintenant. Il était très respectueux de ses obligations envers ses étudiants. Sans doute que son assistant, à la faculté, devrait pouvoir vous aider: il doit être au courant de son calendrier et de ses plans.
- J'ai déjà parlé avec elle, et c'est elle qui a alerté le doyen de son absence.
- Je le regrette beaucoup. J'espère que vous pourrez le trouver et que rien de grave ne se sera passé. Je vous en prie: maintenez-moi au courant! Maintenant, vous m'avez sérieursement inquiétée.
- Vous pouvez y compter. Merci, madame Pollion.
- Au revoir, inspecteur.

Trompel calcula l'heure et pensa que c'était une bonne heure au Mexique pour parler avec Gordon Harris. Il avait obtenu ses numéros de téléphone et, à cette heure, il devait être chez lui. Quelqu'un lui répondit d'abord en espagnol, langue qu'il parlait suffisemment bien pour expliquer qu'il désirait parler personnellement avec l'archéologue et comprendre qu'on lui demandait de patienter. Quelques minutes plus tard, il commençait la conversation avec l'intéressé, lui expliquant les raisons de son appel et l'inquiétude surgie à l'université.

Gordon s'étonna du retard mais explica qu'il avait laissé Pollion à Dubai, où il photografiait les tablettes trouvées au fond du Golfe Persique, et travaillait avec le docteur Kauffman à leur traduction. C'était le 15 août et Pollion avait sa date de retour fixée pour le 24.
- Peut-être qu'il s'est enthousiasmé avec une découverte dans ces textes et il est même possible qu'ils soient retournés en mer. Ils parlaient de louer le bateau pour une semaine de plus, parce que l'expédition eut beaucoup plus de succès que prévu et ils voulaient râtisser une zone subaquatique plus ample que l'initiale.
- Ils avaient découvert quelque chose de si important pour retourner inmédiatement et chercher encore plus?
- Nous avons trouvé les fondations d'une grande construction et, à l'intérieur, une espèce de petit dépôt de tablettes précunéiformes. A ce que j'ai pu lire de celles qu'avait déjà traduites Müller, un texte disait que "les dieux vinrent du ciel et divisèrent la mer" et que le créateur était "au coeur du ciel". Il avait créé le monde par étapes (comme le dit la Bible) et il y eut plusieurs essais ratés de création de l'homme, avec de la boue et du bois, jusqu'à ce qu'il combina "une semence et du sang". Le premier homme pouvait voir toute la Terre, qui était ronde, et cela ne plut pas aux dieux qui lui réduisirent la vision. Il fut créé pour rendre culte aux dieux et les servir (travailler pour eux). Vous ne croyez pas que cela pouvait nous pousser à chercher davantage? Nous savons qu'il y eut cinq villes avant le déluge. Ce que nous avons trouvé correspond sans aucun doute à l'une d'elles, peut-être la première, et il faudra d'autres expéditions pour chercher les autres. Mais nous avons trouvé un édifice. N'y en a-t'il pas d'autres tout près? Ayant encore du temps, Pollion et Kauffman, avec ce qu'ils ont traduit, pourraient bien avoir convaincu Ben Rachid de leur financer une autre semaine en mer.
- D'accord. Donc Kauffman est celui qui peut en savoir le plus maintenant au sujet de Pollion.
- Probablement.
- J'essayerai de le contacter. A propos, avez-vous trouvé quelque chose qui relie les sumériens au Mexique? L'assistante de Pollion à l'université m'a dit que vous cherchiez ce genre d'information.
- Il y a en effet des textes présumériens qui désignent les travailleurs humains comme "têtes noires". Mais, à ce que j'ai pu lire maintenant, rien n'indiquait des voyages vers le couchant.
- Je le regrette. J'espère que vous aurez plus de chance dans l'avenir. Merci pour vos informations.
- Si je puis encore vous être utile, ne doutez pas de m'appeler. ET informez-moi de vous progrès, je vous prie. Le retard de mon ami me cause aussi de l'inquiétude.
- Je vous maintiendrai au courant. Au revoir.
- Au revoir.

Trompel passa à son propre ordinateur les dossiers de son pendrive. Il ne pouvait les lire tout de suite car il avait aussi d'autres affaires à suivre. Vu l'heure, il les laissa pour le lendemain. Comme l'avait siggéré Marguerite Luyckx, il commença alors par la farde "Bib-Atlantide", qui le surprit énormément. C'était un matériel qui n'avait pas encore été publié. Et ce sont les premiers chapitres qui suivent.

15/12/2010

Colonisation 1.3.

- Je suis fort surpris que vous pensez établir des relations entre les mayas et les sumériens -dit Trompel, qui avait quelques connaissance d'histoire de l'art-. Il y a vraiment des indices ou c'est une idée folle de cet américain?
- Le docteur Harris n'a rien de fantaisiste. Il y a efectivement des indices sûrs que tant les africains comme des gens de l'est de la Méditerrannée ou de la zone mésopotamique sont arrivés en Amérique il y a des milliers d'années. Je vous recommande de jeter un coup d'oeil, si vous en avez le temps, sur les têtes olmèques, qui ont sans aucun doute des traits clairement africains, et les têtes de Tres-Zapotes, qui ont des traits sémitiques. Le livre "Gateway to Atlantis" [ "Les routes de l'Atlantide" ], de Andrew Collins, peut vous illustrer en détail sur ce sujet. Et, malgré son titre, il ne traite d'aucune fantaisie sur l'Atlantide. Laquelle, d'ailleurs, est de moins en moins considérée comme un mythe bien que sa localisation reste objet de controverse.


[ Note: On ne sait rien de l'arrivée d'africains en Amérique avant Colomb,
ce qui fait des têtes olmèques un grand mystère. ]


- L'Atlantide n'est pas un mythe?
- Tout semble indiquer que non. Vu que l'histoire du déluge universel apparait dans de nombreuses cultures, tant en Inde qu'en Amérique et en Asie Mineure, les probabilités de ce que non seulement de petits villages mais aussi des vraies villes aient été submergées par les flots ne sont pas simplement hautes sinon très sérieusement établies, comme dans le cas de la première colonisation mésopotamique qu'étudie mon professeur. J'ai ici une reproduction qui vous montrera que le déluge doit avoir été connu, par exemple, par les mayas: on l'appelle "le Noé maya".

[Reproduction adjointe, de D.Childress: "Les technologies des dieux", p.62]

Luyckx continue à expliquer:
- Le récit du déluge le plus connu est celui de la Bible, mais nous sommes assez convaincus que ce dernier est une version tardive d'un récit sumérien bien plus ancien. Les excavations géologiques démontrent que la Méditerrannée et la Mésopotamie souffrirent une grande inondation entre les années 4.000 et 3.500 a.C., appellée la Transgression Flandrienne, qui fit monter de trois mètres le niveau des mers. Cette inondation ne put détruire les villes et ne correspondrait donc pas au vrai déluge, qui daterait plutôt d'il y a 10.000 ans, époque de la fin de la dernière grande glaciation, quand le détroit d'Ormuz s'ouvrit et laissa entrer la mer. S'il y avait là des villes ou groupements humains, elles furent rasées. Les côtes actuelles du Golfe Persique datent de 8.000 a.C.

L'une des plus anciennes tablettes sumériennes qu'on ait trouvées, où l'on parle du "navire royal qui descendit du ciel" et de la fondation des cinq premières cités, dit que les dieux se fâchèrent pour les fautes des hommes et décidèrent leur châtiment par le déluge. Mais l'un des dieux eut pitié et dit à Zisudra -le Noé sumérien-:
"Prend ma parole, écoute mes instructions: une inondation couvrira les centres de culte pour détruire la semence de l'humanité. C'est la décision, la parole de l'assemblée des dieux." Il manque ensuite un morceau de tablette, probablement avec des instructions pour que Zisudra construise un bateau, puis le texte continue: "Toutes les tempêtes, exceptionnellement puissantes, attaquèrent ensemble et le déluge couvrit les centres de culte. Pendant sept jours et sept nuits, le déluge couvrit le pays et le grand bateau fut secoué par la temête sur les grandes eaux." Cela concorde de façon extraordinaire avec le récit biblique sur Noé (Genèse 6,13-17), bien que le déluge y dure quarante jours au lieu de sept. (S.N.Kramer: "History begins at Sumer", Univ.of Pennsylvania Press, 1991)

Ces anciens textes sumériens nomment cinq villes construites "avant le déluge": Eridu, Badtibira, Larak, Sippar et Shurrupak. On a trouvé des ruines de plusieurs de ces villes en Irak, mais la plus ancienne, Eridu, date de 5.000 a.C., ce qui signifie que tant elle comme les autres ont été construites après le déluge et bien plus au nord de leur position originale. Ce sont les ruines prédiluviennes que le professeur Pollion espère trouver sous les eaux du golfe.

- Vous avez accès au bureau du professeur et à ses documents? A son ordinateur?
- Bien sûr, vu que je dois parfois le remplacer. Vous voulez les voir?
- Cela me semble indispensable. C'est le premier endroit où je dois chercher des pistes maintenant, car je n'ai rien trouvé à son domicile. Après, je tenterai de toucher ses conpagnons de voyage. J'espère que vous pourrez m'indiquer comment les contacter.
- Nous trouverons ces informations dans son bureau. C'est au deuxième étage. Je vous y mène. Je ne m'étonne pas de ce que vous n'ayez rien trouvé chez lui: à peine s'il y dort. Il est toujours ici, dans son bureau, à la bibliothèque ou en classe. Ou en expédition.

Ils montèrent par l'escalier, lequel -à son arrivée au palier du deuxième étage- ouvrait sur deux longs couloirs remplis de portes de chaque côté.
- Celui-çi est l'étage des professeurs d'histoire -dit la jeune fille, en avançant vers la gauche-. Le bureau de mon tuteur est presqu'au bout.

Arrivés face à la porte 223, elle sortit une clé et ouvrit. La pièce était petite, de pas plus de deux mètres sur trois, avec une table, deux chaises et des étagères sur deux des murs, alors qu'une fenêtre envoyait le plus de lumière vers le mur qui était face à la porte. Comme dans tous les bureaux d'académiciens, les planches étaient pleines de livres et de documents, sauf de rares espaces réservés à une grande carte du Moyen Orient et à quelques photos de cités en ruines et une reproduction qui semblait être un agrandissement d'une tablette couverte de caractères cunéiformes. Le professeur ne pouvait mieux proclamer sa spécialité.

- Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de papiers qui puissent vous être utiles -lui dit-elle alors-. Tout le travail du professeur est dans son ordinateur avec une copie dans le serveur de sécurité de l'université. Il doit aussi, bien sûr, avoir emporté le plus important dans son portable, pour l'expédition.
- Puis-je consulter sa machine?
- Il ne devrait pas y avoir d'inconvénient. Il n'encryptait pas ses archives. Son password d'entrée est "nefilim", un mot sumérien très suggestif pour lui. Je suis sûrement la seule à le connaître, pour pouvoir accéder à ses notes de cours en cas de son absence.

Trompel s'assit face à l'ordinateur, l'alluma, se susprit en voyant qu'il n'ouvrait pas un écran Windows sinon Linux -système d'exploitation généralement réservé à de plus experts mais excellent pour manipuler des bases de données interactives-, séleccionnat l'accès "General" et écrivit la clé "nefilim". Plusieurs dossiers apparurent, l'un desquels avait comme nom "Bib-Atlantide" et un autre "golfepersique". Il montra celui-çi du doigt:
- C'est le directoire de son expédition?
- Oui. Et dans cet autre, marqué "En cours", vous trouverez les dernières choses qu'il a fait et son calendrier.
- D'accord. Je ne voudrais pas vous quitter plus de temps et il n'y aurait pas de sens à ce que je reste ici à étudier tout cela. Je vais copier ces deux dossiers sur mon pendrive et je les explorerai à mon bureau. Si vous découvrez autre chose qui puisse m'aider, téléphonez-moi -et il lui passa une carte de visite-. Si j'ai besoin d'autre chose, je vous avertirai. Comment pourrais-je vous toucher?
- Vous pouvez me laisser un message auprès de la secrétaire de la faculté ou m'envoyer un courriel à joluyckx@ucl.be. Je vous suggère de copier aussi le "Bib-Atlantide": il y a là des éléments clés au sujet des dernières découvertes historiques faites à Ténérife et qui ont été un des principaux motifs qui ont poussé le docteur Pollion à mettre en route son expédition.
- D'accord. Merci. Bonne chance pour vos cours!
- Merci aussi. Pourvu que vous nous rameniez le professeur! C'est un brave homme et un grand expert!

07/12/2010

Colonisation 1.2.

Après avoir déjeûné (dîné, selon la nomenclature belge), il se rendit à la Gare Centrale pour prendre un des trains qui, chaque demi-heure, menaient à la petite ville universitaire de Louvain-la-Neuve. A la place Blaise Pascal se trouvait la Faculté de Philosophie, Arts et Lettres, dont dépendait le Département auquel était adscrit Jean Pollion. Le doyen, qui l'attendait, renvoya une autre visite et le reçut immédiatement, lui expliquant que l'académicien aurait dû être revenu d'une expédition archéologique dans le Golfe Persique, à laquelle il participait durant les mois de vacances afin de ne pas perturber le programme d'enseignement. Mais il ne s'était pas présenté ni avait envoyé de ses nouvelles. L'expédition comptait avec l'appui officiel de la Faculté, mais le financement provenait exclusivement des Émirats Arabes et, à part les techniciens, deux autres enseignants accompagnaient le professeur: le docteur Gordon Harris, de l'Université Nationale Autonome de Mexico et le professeur Heinz Kauffman, un éminent lungüiste allemand, expert dans les anciennes langues de Mésopotamie.

- Vous avez tenté de contacter ces personnes? -demanda Trompel.
- Bien sûr. Mais ils sont introuvables. Le téléphone de Kauffman ne répond pas et à l'UNAM on répond que le docteur Harris est en vacances aux Etats-Unis et rentrera la semaine prochaine.
- Quel était l'objectif du voyage au Golfe Persique?
- Jean Pollion est un expert en sumériens et recherche les origines de la civilisation dans cette région. Il en a étudié divers documents qui parlent de colonisateurs venus avant l'innondation du golfe, ce qui l'a porté à penser qu'il pourrait y avoir là des ruines submergées des premières villes, qui seraient alors les plus anciennes du monde.
- Et quand devait-il être de retour?
- Comme vous le savez, nous inaugurons l'année académique le premier lundi de septembre, soit il y a une dizaine de jours. La coutume est que tous les professerus titulaires soient présents à la cérémonie, mais ce n'est pas obligatoire. Nous ne nous sommes pas inquiétés jusqu'à ce que son assistante m'a averti qu'il n'était arrivé à aucune des deux premières classes et que son téléphone donnait toujours un ancien message. C'est alors que j'ai décídé de faire appel à la police.
- Il aurait donc dû revenir du Golfe fin août?
- Exact. Je ne sais pas la date exacte. Il est possible que son assistante en sache plus. Elle pourra aussi vous informer plus en détail sur le programme de recherche et les plans du professeur. Je lui au demandé de venir pour que vous puissiez l'interroger. Elle doit vous attendre maintenant dans l'antichambre. Si l'unversité peut faire quelque chose de plus pour vous, avertissez-moi. Mais je suis sûr qu'elle pourra vous être plus utile que moi pour aider à trouver le professeur et découvrir ce qui s'est passé.
- D'accord et merci. Je ferai mon possible pour tout combiner avec elle. Au fait, comment s'appelle-t'elle?
- Marguerite Luyckx.
- Bien. Au revoir.
- Merci monsieur Trompel et bonne chance. Pourvu que vous puissiez nous le ramener sains et sauf!

Marguerite Luyckx attendait effectivement le détective auprès de la secrétaire du doyen. C'était une jeune fille de vingt-cinq ans, frêle, blonde et avec de grands yeux verts. Pendant qu'elle conduisait Trompel au bureau où elle travaillait, elle lui expliqua qu'elle préparait son doctorat en histoire et que le docteur Pollion était son directeur de thèse car elle recherchait les éléments qui unissaient entr'elles toutes les premières civilisations, depuis l'Asie jusqu'à l'Amérique, en passant par le Moyen Orient. C'est pour cette raison qu'elle avait été admise comme assistante l'année antérieure et avait collaboré à ses classes. En l'absence de son mentor, elle s'était vue obligée de le remplacer pour dicter la matière correspondante au semestre, en se basant sur le plan de l'an dernier.

Trompel lui demanda quels étaient les plans de l'expédition de Pollion. Elle explica alors qu'elle avait été préparée pendant un an et que le voyage avait été fixé pour juillet et août pour ne pas perturber le programme de cours des trois chercheurs: Pollion, Harris et Kauffman. Gordon Harris était un archéologue américain installé au Mexique, qui travaillait pour l'UNAM et pour le Musée National d'Archéologie. Il explorait les relations entre les sumériens et les mayas, thème sur le lequel il disposait de plusieurs indices. Heinz Kauffman, de Berlin, les accompagnait pour les aider à relire et interpréter les copies des plaquettes sumériennes qui leur servaient de pistes et, éventuellement, traduire celles que -avec de la chance- ils espéraient trouver au fond de la mer.

Ils avaient loué pour un mois un navire d'exploration des entreprises Cousteau, avec un équipement électronique d'exploration et cartographie sous-marine ainsi qu'un groupe d'hommes-grenouilles pour les aider en cas de trouver les ruines qu'ils cherchaient au fond du Golfe Persique.

Elle lui parla aussi des difficultés qu'ils avaient rencontrées pour obtenir les autorisations: la localisation exigeait des permis d'Irak, des États-Unis (encore chargés de la sécurité de ce pays) et de l'Arabie Séoudite, qui contrôlaient tous le golfe. Gordon Harris avait obtenu l'autorisation américaine grâce à ses contacts avec des sénateurs qui patrocinaient quelques uns de ses projets et, par ce conduit, aussi d'Irak. L'expédition étant financée par Ben Rashid, un important sheik propriétaire de puits de pétrole, l'autorisation de l'Arabie -autrement impossible d'obtenir- provint grâce à ce dernier.