Le jour suivant, la servante de Durand lui donna una licence médicale pour une semaine et lui proposa de lui envoyer sa cousine pour la remplacer, laquelle -à ce qu'elle disait- avait d'excelentes références et était disponible. Durand, heureux de ne pas devoir chercher une autre personne ou de rester sans cette aide -ce qui aurait rendu son épouse furieuse- accepta l'offre, sujette à la vérification des références.
Le lendemain tôt se présentait la "cousine", envoyée par la DST, qui lui montra une lettre de recommendation signée par le premier ministre en personne et avec cachet officiel. Le banquier, qui connaissait très bien la signature et le cachet, n'osa pas téléphoner au premier ministre: il serait sûrement mal vu de douter ainsi de sa signature et de l'ennuyer avec une chose de si peu d'importance. Quand, le soir, il revint de son bureau, son téléphone était intervenu et des micros avaient été installés par sa nouvelle employée dans son living et son bureau.
C'était un vendredi, jour sacré des musulmans. Ibn Sahlad, qui était resté à Bruxelles, se dirigea à la mesquite du Parc du Cinquantenaire pour la prière de midi. Cette mesquite avait été le pavillon d'exposition d'un pays arabe lors de l'exposition mondiale qui avait eu lieu à Bruxelles au début du Vingtième Siècle. Elle avait été remise aux musulmans il y avait quelques années, pour leur culte. Après la prière et en compagnie d'autres assistants, le prince traversa le parc à pied et se dirigea vers la rue Belliard, tournant ensuite dans la rue Froissart. Là, au numéro 33, il sonna à la porte d'un petit restaurant algérien, fermé ce jour mais pas pour lui et ses amis. Quelques uns étaient déjà à l'intérieur et d'autres arrivèrent peu après. Tous étaient membres ou sympathisants du PNI. Après avoir partagé un dîner assez simple, les convives rendirent compte de ce qui s'était passé dans les cellules du parti. Alors que ceux qui assistaient silencieusement aux réunions de curieux et sympathisants signalaient qu'il n'y avait rien de neuf, les membres du parti résumirent le contenu des réunions. Ainsi, leur chef se maintenait au courant de façon directe et personnelle de ce qui se passait dans les bases du parti. Il demanda tout spécialement quels étaient les progrès des propositions législatives inspirées par la sharia, la loi musulmane. Lui-même avait signalé à ses coreligionaires quels préceptes devaient être suggérés sans courrir le risque d'une réaction adverse.
Un des présents demanda quand ils pouvaient espérer prendre le pouvoir. Ibn Sahlad lui rappela comment fonctionnait la démoccratie belge et la date des élections.
- Aux élections régionales nous espérons obtenir une plus grande votation, mais cela ne nous donnera pas le pouvoir: nous devrons former une alliance avec un autre parti ou plusieurs. Ensuite nous ferons campagne pour les élections fédérales. Il est presque sûr que nous les gagnerons et, une fois que le PNI formera le gouvernement, on proclamera la république et nous expulserons ensuite le gouvernement des infidèles.
Les applaudissements se multiplièrent et ensuite, en petits groupes, ils commencèrent à partir et à se disperser.
Quelques jours plus tard, Trompel rendait son rapport sur sa visite aux ACEC. Le policier-journaliste avait quelques connaissances d'informatique et son rapport fut lapidaire: la sécurité serait maximale une fois que les machines seraient installées et il n'y aurait pas moyen de falsifier les registres à posteriori. Toutes les précautions avaient été prises et les contrôles établis. Mais jusqu'à ce que le logiciel soit installé dans les machines, qui assurait que ne serait pas introduit un "vers" qui altérerait les registres? Seulement les programmeurs et le ou les superviseurs! Une bonne programmation pourrait faire qu'une altération soit invisible dans tous les tests préparatoires. Pour plus de sécurité, le programme-père devrait être révisé par un ingénieur de la police et conservé par celle-çi jusqu'à son installation -sous contrôle total- dans les machines à voter. Et il faudrait empêcher qu'elles se connectent au réseau jusqu'à l'heure du transfert des totaux, heure qui devrait être maintenue en secret, tout comme l'adresse IP du serveur-récepteur central. Par la suite, on pourrait sortir manuellement, machine par machine, les résultats et les comparer avec les données reçues par le serveur, pour écarter toute interférence durant la transmission par le réseau, laquelle était le maillon le plus faible, après la production et l'installation du logiciel.
Trompel prépara aussi une version plus superficielle et de plus facile lecture pour le public de La Dernière Heure, mais elle ne fut publiée qu'à une date plus proche des élections, lorsque fut communiquée la liste des locaux où seraient mises les premières machines.
Le lendemain tôt se présentait la "cousine", envoyée par la DST, qui lui montra une lettre de recommendation signée par le premier ministre en personne et avec cachet officiel. Le banquier, qui connaissait très bien la signature et le cachet, n'osa pas téléphoner au premier ministre: il serait sûrement mal vu de douter ainsi de sa signature et de l'ennuyer avec une chose de si peu d'importance. Quand, le soir, il revint de son bureau, son téléphone était intervenu et des micros avaient été installés par sa nouvelle employée dans son living et son bureau.
C'était un vendredi, jour sacré des musulmans. Ibn Sahlad, qui était resté à Bruxelles, se dirigea à la mesquite du Parc du Cinquantenaire pour la prière de midi. Cette mesquite avait été le pavillon d'exposition d'un pays arabe lors de l'exposition mondiale qui avait eu lieu à Bruxelles au début du Vingtième Siècle. Elle avait été remise aux musulmans il y avait quelques années, pour leur culte. Après la prière et en compagnie d'autres assistants, le prince traversa le parc à pied et se dirigea vers la rue Belliard, tournant ensuite dans la rue Froissart. Là, au numéro 33, il sonna à la porte d'un petit restaurant algérien, fermé ce jour mais pas pour lui et ses amis. Quelques uns étaient déjà à l'intérieur et d'autres arrivèrent peu après. Tous étaient membres ou sympathisants du PNI. Après avoir partagé un dîner assez simple, les convives rendirent compte de ce qui s'était passé dans les cellules du parti. Alors que ceux qui assistaient silencieusement aux réunions de curieux et sympathisants signalaient qu'il n'y avait rien de neuf, les membres du parti résumirent le contenu des réunions. Ainsi, leur chef se maintenait au courant de façon directe et personnelle de ce qui se passait dans les bases du parti. Il demanda tout spécialement quels étaient les progrès des propositions législatives inspirées par la sharia, la loi musulmane. Lui-même avait signalé à ses coreligionaires quels préceptes devaient être suggérés sans courrir le risque d'une réaction adverse.
Un des présents demanda quand ils pouvaient espérer prendre le pouvoir. Ibn Sahlad lui rappela comment fonctionnait la démoccratie belge et la date des élections.
- Aux élections régionales nous espérons obtenir une plus grande votation, mais cela ne nous donnera pas le pouvoir: nous devrons former une alliance avec un autre parti ou plusieurs. Ensuite nous ferons campagne pour les élections fédérales. Il est presque sûr que nous les gagnerons et, une fois que le PNI formera le gouvernement, on proclamera la république et nous expulserons ensuite le gouvernement des infidèles.
Les applaudissements se multiplièrent et ensuite, en petits groupes, ils commencèrent à partir et à se disperser.
Quelques jours plus tard, Trompel rendait son rapport sur sa visite aux ACEC. Le policier-journaliste avait quelques connaissances d'informatique et son rapport fut lapidaire: la sécurité serait maximale une fois que les machines seraient installées et il n'y aurait pas moyen de falsifier les registres à posteriori. Toutes les précautions avaient été prises et les contrôles établis. Mais jusqu'à ce que le logiciel soit installé dans les machines, qui assurait que ne serait pas introduit un "vers" qui altérerait les registres? Seulement les programmeurs et le ou les superviseurs! Une bonne programmation pourrait faire qu'une altération soit invisible dans tous les tests préparatoires. Pour plus de sécurité, le programme-père devrait être révisé par un ingénieur de la police et conservé par celle-çi jusqu'à son installation -sous contrôle total- dans les machines à voter. Et il faudrait empêcher qu'elles se connectent au réseau jusqu'à l'heure du transfert des totaux, heure qui devrait être maintenue en secret, tout comme l'adresse IP du serveur-récepteur central. Par la suite, on pourrait sortir manuellement, machine par machine, les résultats et les comparer avec les données reçues par le serveur, pour écarter toute interférence durant la transmission par le réseau, laquelle était le maillon le plus faible, après la production et l'installation du logiciel.
Trompel prépara aussi une version plus superficielle et de plus facile lecture pour le public de La Dernière Heure, mais elle ne fut publiée qu'à une date plus proche des élections, lorsque fut communiquée la liste des locaux où seraient mises les premières machines.