Une explosion suivie d'un court bruit de cascade réveilla Trompel en sursaut. Il s'appêtait à se glisser sous le lit pour se protéger lorsque, mieux réveillé, il se rendit compte qu'un voisin peu sensible aux convenances sociales venait d'utiliser les toilettes adjacentes. Un coup d'oeil à son réveil l'informa qu'il était à peine une heure et demie du matin et qu'il avait à peine dormi une heure. Maudissant le bruit intrus, il tenta de retrouver le sommeil, mais il semblait que la partie analytique de son cerveau en avait décidé autrement et préférait passer en revue les derniers événements.
Ce que l'abbé Bochout lui avait dit au passage au sujet du trafic de drogue l'avait inquiété et, à l'aéroport de Santiago, il avait acheté une revue qui abordait ce thème. Il alluma la lumière, chercha la revue et se mit à lire. L'article abordait le trafic de la cocaïne dans les pays andins et se basait sur un rapport des Nations Unies [réel, divulgué en juin 2008] qui commençait avec l'Argentine, où avait été enregistré le plus haut taux de consommation de cocaïne de l'Amérique du Sud et le deuxième de toute l'Amérique, après les Etats-unis. Mais ce pays n'est pas un producteur. La drogue lui arrivait de la Bolivie et du Chili.
Le Chili avait été constitué en couloir, spécialement pour envoyer la drogue du Pérou et de la Bolivie vers l'Europe. Trompel savait déjà ce qui se passait dans des quartiers comme La Legua. Mais il lut de plus que, dans les "poblaciones" (quartiers périphériques) du sud de Santiago, les narcos recourraient aux anciens membres des groupes subversifs d'extrême gauche. Beaucoup de ceux-çi avaient mis en vente leurs services durand la deuxième moitié de la décade de 1990, quand les vols de banques et de transports de valeurs se firent de plus en plus risqués. "Des gens qui, après avoir lutté contre la dictature de Pinochet fut laissée à son sort après le retour à la démocratie" et qui facilièrent alors aux trafiquants l'accès à de meilleures armes, leur enseignèrent à esquiver la police et à minimiser les interceptions téléphoniques. [Journal "El Mercurio" - Revue "El Sábado", 7-02-2009]
Au Pérou, tout comme en Colombie, les narcos s'étaient unis à la guérilla, dans ce cas le Sentier Lumineux. Mais ensemble, ils avaient été déroutés au temps du président Fujimori et, actuellement, en entendait peu parler de trafic dans ce pays. Il était cependant indoutable qu'il servait encore -tout au moins- de corridor pour encheminer la drogue depuis la Colombie vers le Chili, car étaient nombreuses les confiscations faites par la police chiliennes dans l'extrême nord du pays et à l'aéroport de Pudahuel (Santiago) dont l'origine était le Pérou.
Bien que moins importante que la Colombie, la Bolivie est un producteur nuturel de cocaïne -de fait, le tiers de la production mondiale en provient- car les plantations de coca y sont légales, formant partie de la culture ancestrale des anciennes populations quechuas. Son destin semblait de ce fait inévitable: suivre la route de beaucoup de nations latinoaméricaines et convivre avec le trafic de drogue, son argent et les morts que produisent cette fortune. "Aucun pays n'héberge le narcotrafic sans compromettre, tôt ou tard, son propre Etat avec ces intérêts. Et aucun Etat ne se nettoye facilement du narcotrafic une fois que celui-çi l'a perforé, parce qu'il n'y a pas suffisemment d'argent propre pour pouvoir atteindre la grandiose générosité de l'argent facile et illégal." [El Mercurio, 21.08.2008]
Bien que la chronique journalistique parlait souvent des crimes des cartels colombiens et mexicains, la Bolivie n'était pas exempte de ce fléau, bien qu'il y sembla beaucoup moins sanglant. Cependant, dans le cours de l'année, il y avait eu une vingtaine d'assassinats dans la capitale bolivienne et ses alentours, tous liés au trafic, selon les déclarations de la police. Les plus récentes avaient été deux citoyens colombiens tués dans un centre commercial et trois hommes d'affaires argentins troués de balles et abandonnés dans un terrain vague. Un de ces derniers avait fait un apport considérable à la campagne électorale du président l'année antérieure et approvisionnait de produits pharmaceutiques un service de l'Etat.
Un autre article était une transcription du Wall Street Journal sur ce qui se passait au Mexique. Mais ce qui se passait à la frontère des Etats-Unis n'intéressait plus Trompel. Ce qui l'intéressait, c'était ce qui se passait à la frontière entre la Bolivie et le Chili. Les commentaires de l'abbé Bochout avaient mis en marche quelques circuits de son cerveau et son intuition lui disait que tout cela pouvait être lié à la disparition de l'abbé Lefranc. Le comissaire Figueroa lui avait dit que les ´sequestres étaient peu courants au Chili. Mais ils l'étaient en Colombie et au Mexique, où le narcotrafic dominait tout. Lefranc avait-il eu quelque chose à voir avec les trafiquants du Chili? Il éteignit la lumière et s'endormit.
Ce que l'abbé Bochout lui avait dit au passage au sujet du trafic de drogue l'avait inquiété et, à l'aéroport de Santiago, il avait acheté une revue qui abordait ce thème. Il alluma la lumière, chercha la revue et se mit à lire. L'article abordait le trafic de la cocaïne dans les pays andins et se basait sur un rapport des Nations Unies [réel, divulgué en juin 2008] qui commençait avec l'Argentine, où avait été enregistré le plus haut taux de consommation de cocaïne de l'Amérique du Sud et le deuxième de toute l'Amérique, après les Etats-unis. Mais ce pays n'est pas un producteur. La drogue lui arrivait de la Bolivie et du Chili.
Le Chili avait été constitué en couloir, spécialement pour envoyer la drogue du Pérou et de la Bolivie vers l'Europe. Trompel savait déjà ce qui se passait dans des quartiers comme La Legua. Mais il lut de plus que, dans les "poblaciones" (quartiers périphériques) du sud de Santiago, les narcos recourraient aux anciens membres des groupes subversifs d'extrême gauche. Beaucoup de ceux-çi avaient mis en vente leurs services durand la deuxième moitié de la décade de 1990, quand les vols de banques et de transports de valeurs se firent de plus en plus risqués. "Des gens qui, après avoir lutté contre la dictature de Pinochet fut laissée à son sort après le retour à la démocratie" et qui facilièrent alors aux trafiquants l'accès à de meilleures armes, leur enseignèrent à esquiver la police et à minimiser les interceptions téléphoniques. [Journal "El Mercurio" - Revue "El Sábado", 7-02-2009]
Au Pérou, tout comme en Colombie, les narcos s'étaient unis à la guérilla, dans ce cas le Sentier Lumineux. Mais ensemble, ils avaient été déroutés au temps du président Fujimori et, actuellement, en entendait peu parler de trafic dans ce pays. Il était cependant indoutable qu'il servait encore -tout au moins- de corridor pour encheminer la drogue depuis la Colombie vers le Chili, car étaient nombreuses les confiscations faites par la police chiliennes dans l'extrême nord du pays et à l'aéroport de Pudahuel (Santiago) dont l'origine était le Pérou.
Bien que moins importante que la Colombie, la Bolivie est un producteur nuturel de cocaïne -de fait, le tiers de la production mondiale en provient- car les plantations de coca y sont légales, formant partie de la culture ancestrale des anciennes populations quechuas. Son destin semblait de ce fait inévitable: suivre la route de beaucoup de nations latinoaméricaines et convivre avec le trafic de drogue, son argent et les morts que produisent cette fortune. "Aucun pays n'héberge le narcotrafic sans compromettre, tôt ou tard, son propre Etat avec ces intérêts. Et aucun Etat ne se nettoye facilement du narcotrafic une fois que celui-çi l'a perforé, parce qu'il n'y a pas suffisemment d'argent propre pour pouvoir atteindre la grandiose générosité de l'argent facile et illégal." [El Mercurio, 21.08.2008]
Bien que la chronique journalistique parlait souvent des crimes des cartels colombiens et mexicains, la Bolivie n'était pas exempte de ce fléau, bien qu'il y sembla beaucoup moins sanglant. Cependant, dans le cours de l'année, il y avait eu une vingtaine d'assassinats dans la capitale bolivienne et ses alentours, tous liés au trafic, selon les déclarations de la police. Les plus récentes avaient été deux citoyens colombiens tués dans un centre commercial et trois hommes d'affaires argentins troués de balles et abandonnés dans un terrain vague. Un de ces derniers avait fait un apport considérable à la campagne électorale du président l'année antérieure et approvisionnait de produits pharmaceutiques un service de l'Etat.
Un autre article était une transcription du Wall Street Journal sur ce qui se passait au Mexique. Mais ce qui se passait à la frontère des Etats-Unis n'intéressait plus Trompel. Ce qui l'intéressait, c'était ce qui se passait à la frontière entre la Bolivie et le Chili. Les commentaires de l'abbé Bochout avaient mis en marche quelques circuits de son cerveau et son intuition lui disait que tout cela pouvait être lié à la disparition de l'abbé Lefranc. Le comissaire Figueroa lui avait dit que les ´sequestres étaient peu courants au Chili. Mais ils l'étaient en Colombie et au Mexique, où le narcotrafic dominait tout. Lefranc avait-il eu quelque chose à voir avec les trafiquants du Chili? Il éteignit la lumière et s'endormit.