Le vendredi, Luther Benson arriva de Murcia. Un chauffeur de l'université l'attendait à l'aéroport de Zaventhem et le conduisit inmédiatement au laboratoire, allant ensuite laisser sa valise à l'hôtel Mozart, au centre de Bruxelles.
Marchant l'attendait. Il lui avait expliqué la situation par téléphone, et le conduisit tout de suite à une des consoles des ordinateurs. Il introduisit le mot de passe et laissa Benson examiner sur l'écran l'information du fonctionnement des appareils.
- Les paramètres sont parfaits. A ce que je vois, le processus d'intégration s'est terminé il y a peu. Seul le procédé de contrôle des signes vitaux de Franquin fonctionne encore. Mais le transfert de données est minime, ce qui est logique, vu qu'il est dans le coma: ses fonctions cognitives sont suspendues. Ce qui ne fonctionne pas, c'est l'accès au menu principal. Quelques lignes du logiciel principal ont dû être altérées accidentellement. Malheureusement, il est impossible de les corriger ou de remplacer complètement le logiciel par une copie valide sans arrêter le fonctionnement, et nous savons que ce serait extrêmement dangereux pour Franquin. Il faut créer un autre "accident", qui réinstalle les lignes corrompues pendant que le programme fonctionne. Je pourrais faire cela si je pouvais connaître les lignes altérées et créer une sorte de virus qui les réintroduise de force. ¿Vous avez la copie de sécurité du logiciel?
- A ce que je sais, elle est dans un disque dur externe, dans le coffre fort du département. Le chef d'informatique doit pouvoir le sortir.
- Il me faut qu'il le connecte et me dise si c'est une copie exacte du programme en cours, réalisée peu avant l'accident.
- Je vais lui demander de venir.
Marchant appela Charles Mousin, qui arriva après quelques minutes. Il confirma que la copie était parfaitement actualisée, car elle avait été faite l'après-midi du même vendredi de l'accident, avant que Franquin et Brasseur ne se soient connectés. Benson lui demanda alors de connecter le disque à une autre console et lui demanda s'il disposait d'un logiciel de comparaison automatique de textes. Mousin le lui confirma, car cela était utilisé fréquemment, justement pour détecter des variations entre diverses versions tant de textes normaux comme de logiciels. Il lui indiqua comment y accéder et l'utiliser. Quant la connexion fut prête, Benson procéda a créer un nouveau directoire sur le disque de sécurité et y copia le logiciel qui était en fonctionnement. Vu son extension, cela prit près d'une heure. Ensuite, il ouvrit une nouvelle fenêtre sur l'écran et lança l'application de comparaison, attendant l'apparition des différences. Après quelques minutes, les lignes altérées apparurent, à côté des lignes originelles. Il se mit alors à écrire un logiciel viral qui pourrait être "injecté" pour effectuer la correction et récupérer ainsi le contrôle.
Marchant était parti faire classe. Quant il en sortit, un élève qui s'était prêté pour les tests du programme s'approcha de lui et lui demanda comment avançait le projet. Il répondit que la phase d'intégration avançait mais qu'il restait beaucoup de travail pour analyser les résultats. Il ne lui donna pas plus de détails et ne parla pas de l'accident de Franquin. L'élève lui dit alors qu'il avait lu dans la presse que l'assistant avait été assassiné et lui demanda si cela était en rapport avec le projet. Il répondit que cela était un problème de la police et n'avait pas de réponse à ce sujet. Ensuite, il rentra chez lui.
Benson fit une deuxième copie du programma altéré et lança vers celui-çi l'attaque correctrice, pour vérifier que le changement se ferait de la façon attendue et sans affecter le reste de son fonctionnement. Une fois qu'il vit que le processus se terminait, il lança de nouveau le programme de comparaison, entre la copie correcte et la copie maintenant altérée par son virus. Ce premier test ne donna pas la résultat qu'il attendait. Il trouva deux erreurs dans le programme de son virus et les corrigea. Il effaça donc le résultat de son test, la remplaçant par la première copie du logiciel qui continuait à contrôler l'état de Franquin. Il lança de nouveau son virus, maintenant corrigé, et refit la comparaison. Cette fois, le résultat fut correct: il pourrait maintenant rétablir le fonctionnement normal.
Plusieurs heures avaient passé: il était presque minuit. Marchant n'était plus là et Mousin lui avait fait porter du café et des sandwiches. Il téléphona à Marchant.
- Mon virus est prêt pour attaquer le logiciel principal et j'ai vérifié qu'il fonctionnera comme il se doit. Vous voudriez être ici lorsque je le ferai?
- Par mesure de sécurité, je crois que cela vaudrait mieux, en effet.
- Vous venez maintenant, ou nous pouvons attendre à demain?
- Vous devez être fatigué. Franquin est toujours en bonne condition et je ne crois pas que quelques heures de plus puissent l'affecter. Allez dormir et rejoignons nous demain à huit heures. Je vous appelle un taxi pour aller à votre hôtel. Attendez-le à la sortie du bâtiment. Il sera là dans dix minutes.
- D'accord et merci. Nous nous verrons demain.