01/10/2012

Ecologie 3

3.

Entretemps, Servais avait été informé de ce que l'automobile de Remy avait été trouvée là où il avait parqué, près de l'Office des Contributions, où il était allé chercher un important dossier relatif à l'ONG "Ecologie Nouvelle". Les inspecteurs d'impôts avaient détecté d'importantes anomalies, les entrées et sorties de fonds ayant des justifications plus que suspectes et une enquête sur les acteurs était devenue de première importance mais sortait des attributions de l'Office. Il était clair que Remy n'avait pas rejoint son véhicule et avait été intercepté peu après être sorti de ces bureaux. Et le plus logique était qu'il ait été séquestré pour obtenir le dossier et empêcher l'enquête. Cela signifiait aussi qu'il y avait une filtration, sans aucun doute au sein même de l'Office, ce qui rendait aussi nécessaire une enquête administrative interne.

Si l'ONG était ainsi déjà alertée, il ne servirait à rien de visiter policièrement ses bureaux. Il faudrait travailler de façon détournée. Servais demanda donc à Trompel de mobiliser ses anciens compagnons du journal "La Dernière Heure" pour réunir toute l'information possible sur l' "Ecologie Nouvelle".

Pour éviter que ses anciens collègues soient au courant de l'intervention de la police, Trompel téléphona à l'éditeur pour demander une réunion confidentielle, hors des locaux du journal.
- Je ne veux pas que mes anciens collègues soient au courant de notre conversation. Rien ne peut se filtrer avant d'arriver aux conclusions, parce que la vie d'un des nôtres peut être risquée. Rejoignons-nous au sous-sol du City2. Nous simulerons une rencontre par hasard y prendrons un café. Je t'expliquerai alors de quoi il s'agit. Demain à onze heures? Je crois que c'est le meilleur moment pour toi.
- D'accord. Nous nous verrons demain. Je suis très intrigué.

A l'heure convenue, le détective rencontra son ancien chef, assis déjà à une des petites tables, prenant un café. Il le saluda et s'en fut chercher sa propre tasse. Ensuite, il commença à lui expliquer de quoi il s'agissait.
- Il se passe quelque chose de bizarre avec l'ONG "Ecologie Nouvelle", selon l'information que nous avons reçu de l'Office des Contributions. Avec nos ingénieurs, ils s'occupent de suivre la trace de l'argent quand ils suspectent des mouvements illégaux. Mais nous voulons en savoir plus au sujet des intentions de ce groupe et, surtout, de ceux qui le dirigent. Mais sans les alerter davantage de l'enquête, car ils pourraient tenter d'effacer leurs traces. Ils savent déjà que l'Office est inquiet et sont peut-être les responsables de la disparition de l'agent qui était aller chercher le dossier. Pour ne pas les inquiéter davantage, nous voudrions un appui journalistique.
- Je pourrai publier quelque chose si nous collaborons?
- Une fois terminée l'enquête, tu en aura la prémisse. Mais personne ne doit savoir que le journal collabore avec la police, pas même le ou les journalistes que tu mettras sur la cas, pour que rien ne se filtre. C'est pour cela que je t'ai demandé de venir ici. Il serait bon que les gens d'Ecologie Nouvelle soient convaincus que rien ne se passe en ce qui les concerne. Le journal pourrait lancer une série d'articles sur les mouvements écologistes, et en publier au moins un avant de leur rendre visite. Ce pourrait être un article par semaine, peut-être dans l'édition du week-end ou d'un supplément, pour ne pas surcharger ton personnel et leur donner le temps de s'y attendre. Mais il faudra faire toutes les questions impertinentes qui soient possibles, bien que sans faire référence aux impôts. Avec l'affaire de la bombe contre les "Verts", tu aurais une justification pour explorer ce qui se passe dans les mouvements tant à faveur comme contre la politique écologiste.
- En principe, je suis d'accord. Mais ce ne sera possible que si ton chef met au moins au courant le directeur, en termes généraux. Sinon, il pourrait me demander d'où vient l'idée de cette série et l'empêcher. Seule l'affaire de la bombe l'intéresse pour le moment. Il n'aime pas beaucoup les écologistes et ne voudrait aucunement leur faire de la publicité gratuite.
- J'avertirai mon chef. Je ne crois pas qu'il y aura des difficultés.
- Pourtant, si j'y pense bien, si nous abordons aussi les groupes contraires à la théorie du réchauffement universel, la série serait plus objective et le directeur pourrait être plus motivé.
- Cela me semble génial. Vous pourriez faire un article sur "Les Verts", à partir du cas de la bombe, puis un autre sur les opposants, et aller après demander à l'"Ecologie Nouvelle" ce qu'ils en pensent, qui ils sont, ce qu'ils font, etc.
- Parfait. Je chargerai quelqu'un d'identifier tous les intéressés et nous commencerons ensuite la série. Je t'enverrai une copie par courriel de tout ce qui arrivera sur mon bureau.
- D'accord. Nous t'en serons très reconnaissants. Et s'il surgit une piste utile et nous devons agir, tu seras le premier à le savoir.

Ils se séparèrent cordialement. Sans l'avoir planifié, Trompel avait obtenu plus qu'il ne l'avait pensé: des informations sur les "anti-écologistes", qui pouvaient être compliqués dans l'attentat.