Chapitre 4.
Quelques jours plus tard, un autre curé apparut mort, avec le même modus operandi. Au blog pedojuges.blogspot.com, comme vit Trompel, on avait ajouté un autre spot de vidéo qui montrait le prêtre recevant une balle et tombant à terre. Il put aussi vérifier que ce blog devenait très populaire, recevant des milliers de visites, raison pour laquelle il demanda un ordre de restriction qui obligerait les fournisseurs locaux d'internet d'empêcher l'accès, au moins dans le pays, vu qu'il était impossible d'obtenir cela à l'extérieur.
Dans cette cure, il y avait une femme de ménage qui était accompagnée d'un fils affecté d'autisme. Alors qu'un détective interrogeait la femme, le garçon répétait sans cesse une série de chiffres et lettres. Le policier demanda à la femme ce que cela signifiait, mais elle répondit que son fils était passionné par les mathématiques et répétait constamment des choses de ce genre lorsqu'il entendait une question, mais qu'elle n'y comprenait rien. Ainsi, l'agent n'y prit pas garde. Mais il avait enregistré la conversation et, de ce fait, aussi les élucubrations du gamin.
En écoutant l'enregistrement et les explications de la bonne au sujet de la condition de son fils, Trompel pensa qu'il pouvait y avoir là un indice. Surtout en tenant compte que la femme était dans la maison lors de ce qu'elle avait décrit comme un cambriolage, qu'elle n'avait pas entendu parce qu'elle avait le sommeil pesant. Mais rien n'assurait que son fils dormait aussi, et il avait bien pu être témoin du crime. Il chercha donc des informations sur l'autisme et il découvrit qu'un autiste fixe son attention sur n'importe quel détail de son intérêt, sans prêter attention au contexte. Donc, dans ce cas, ce serait sur n'importe quelle combinaison de chiffres que le garçon aurait pu voir. Il les annota donc et finit par trouver qu'il s'agissait de deux séries qui n'auraient de sens, sûrement, que pour la police. La première série se terminait par SW40, ce qui indique un pistolet Smith & Wesson .40. Cela ne pouvait être que l'arme utilisée par le criminel, car la balle était effectivement de .40. La série suivante était sans aucun doute possible une plaque minéralogique: le garçon avait peut-être regardé la sortie de l'assassin par une fenêtre et vu la plaque du véhicule où il était monté.
Le détective chercha immédiatement ce numéro de plaque au registre des véhicules et trouva qu'il s'agissait d'une ambulance particulière, achetée en "deuxième main" au nom de Jacques Vandeput, le frère de madame Lemie. Ce dernier fut cité a la PJ pour expliquer la situation.
- Quand avez-vous acheté ce véhicule?
- Quelques mois avant de partir au Congo. Comme je n'ai pas d'appartement et que l'armée me change fréquemment de destination, cela m'a semblé plus pratique pour passer mes jours libres, avec la possibilité d'aller n'importe où. Et elle était beaucoup moins chère qu'une caravane.
- Et vous ne l'utilisez pas actuellement?
- Non. Quand je suis parti au Congo, je l'ai laissée à ma soeur. Je n'ai pas pensé la lui demander à mon retour. Je suis revenu sans y penser à mon habitude antérieure de loger dans l'apart-hôtel. C'est un des effets de la tension dans ce genre de conflits: on oublie certaines choses.
- Vous ne savez donc pas où elle est?
- Elle devrait être au garage. A moins que ma soeur n'aie décidé de voyager avec elle. Qu'en sais-je?
Il n'y avait pas de motif suffisant pour l'arrêter, et il fut donc libéré, après l'avoir averti de ne pas sortir de Bruxelles, chose, en réalité, difficile de contrôler.