Chapitre 7 Dénonciations
Ce 1er novembre, le journal 'La Dernière Heure' annonçait à la une en grandes lettres: "Journaliste de LDH assassiné dans son appartement". A l'intérieur du journal était l'information qui avait été offerte par la PJ: "Notre journaliste, Joseph Trompel, a été trouvé inconscient avant-hier dans son appartement de l'avenue des Gaulois. Il est décédé hier sans recouvrer la conscience. Le laboratoire de la PJF a établi qu'il a été empoisonné par un produit qui avait été mis sur les touches de son ordinateur et qui pénètre par la peau. Ce type de procédé est très peu courant et la PJ considère que l'attentat ne peut être que le fait d'un expert, probablement pour le compte d'un groupe qui se sentait attaqué par l'une ou l'autre des publications de notre reporter." L'on ajoutait que les funérailles se réaliseraient en privé le mercredi suivant, sans signaler ni l'heure ni l'endroit.
Paula Darbée lut la nouvelle dans le journal et se sentit envahie par une grande peine. Elle se rendit compte alors qu'elle était progressivement devenue amoureuse du "journaliste". Elle appela le central téléphonique du journal pour essayer de savoir où et quand aurait lieu l'enterrement, mais on ne voulut lui donner aucune information. Le détective fut informé de cet appel et ressentit aussi beaucoup de peine pour elle, se promettant de rétablir le contact à peine le cas soit éclairci et qu'il lui soit permis de reparaître en public.
Walckiers, qui était ces jours-là à Charleroi, vit aussi la nouvelle de première page en passant devant un kiosque à journaux et, se souvenant de son entrevue avec Trompel, acheta un exemplaire pour savoir les détails. Une fois au courant, il se souvint que lui-même avait averti ses amis conspirateurs de cette visite et de l'article qui en fut le fruit. Et il se mit à penser que si on avait parlé d'assassiner Darbée, il serait bien possible qu'on aie aussi pensé à se défaire de ce journaliste trop curieux et qu'il pouvait donc être une victime du Noyau du PNI. Cela l'inquiéta et, pendant toute la journée, il pensa à ce qu'il devait faire. Il décida d'informer le lendemain la police de ce qu'il savait. Il ne voulait en aucun cas être le complie d'un assassinat. Ainsi, avant d'aller à son bureau au siège central des ACEC, il se dirigea au bureau local de la PJ, où il raconta les conversations du Noyau du PNI auxquelles il avait assisté, le travail qu'on lui avait assigné pour falsifier les résultats des votes électroniques et le projet d'assassinat de la députée Darbée.
Le détective qui reçut sa déclaration ne prit pas fort au sérieux ses accusations contre Bertrand, Durand et Verstappen. Il ne pouvait pas croire que des gens si connus et importants puissent planifier sérieusement un assassinat. Cependant, il considéra plus sérieusement la référence, très technique, à la fraude électorale. Comme beaucoup, il avait été surpris par les résultats obtenus par le PNI et se les expliquait maintenant. En conséquence, il fit plusieurs questions sur les procédés utilisés et termina en remerçiant l'ingénieur et lui disant qu'en cas de nécessité il serait invité à une nouvelle entrevue. Entre temps, il lui demanda la plus grande réserve. Mais il ne pensa nullement à établir pour lui des mesures de protection.
Après l'avoir vu partir, il rédigea un rapport détaillé mais ne mencionna que brèvement, à la fin, que Walckiers "croyait" que les dirigeants du parti "pourraient penser à provoquer" l'assassinat de la députée Darbée pour créer un "martyr". Il envoya une copie du rapport, sans cette observation finale, au Tribunal Electoral, et la version complète à la Direction Centrale de la PJF à Bruxelles. Ainsi, elle passa d'un bureau à l'autre et n'arriva que deux jours après à celui du commissaire Servais, chargé de tout ce qui avait rapport avec le PNI, lequel envoya aussitôt une copie à la DST. Mais la copie qu'il reçut était passée par bien des mains et un de ses lecteurs avait pris le téléphone et l'avait lue au général Bertrand, qui sut tout bien avant Servais. Le détective de Charleroi ne se próccupa plus de l'affaire. Il avait envoyé son rapport aux autorités compétentes et cela lui parut suffisant.